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EAN : 9782844456243
202 pages
Guy Trédaniel éditeur (04/07/2005)
4.22/5   119 notes
Résumé :
Auteur d’une méthode d’agriculture sauvage qui demande moins de travail à l’homme, moins de ressources à la nature et fournit des rendements comparables à l’agriculture mécanisée, Fukuoka invite à changer d’attitude envers la nature, l’agriculture, la nourriture, la santé physique et spirituelle.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Fukuoka écrit ce livre dans les années 70 pour mettre en garde les paysans japonais contre la technique occidentale. Avec sa machinerie agricole censée faciliter le boulot, la Tekhnè propose de révolutionner des millénaires de culture traditionnelle de la terre. Fertilisants, labourage, insecticides et culture intensive des terres pour produire toute l'année et parfois hors saison deviennent la règle, au détriment de la qualité nutritionnelle et gustative des aliments (ce qui engendrera d'ailleurs une autre industrie, celle des compléments alimentaires et de la pharmaceutique). L'agriculteur n'a en fait aucun intérêt à acheter ces conneries. Il se charge de tâches superflues destinées à légitimer l'utilisation des produits qu'on lui a fourgués en lui assurant qu'ils l'aideraient à accomplir plus facilement son travail. Il enterre les méthodes de culture traditionnelle, croyant que le progrès scientifique est une destination fiable. Il permet l'appauvrissement du sol de ses terres et crée les conditions de l'installation d'un cercle vicieux de dépendance. Enfin, il perd la qualité gustative des aliments qu'il produit.


Fukuoka, après avoir travaillé comme microbiologiste, décide un jour de tout abandonner pour aller faire son potager. C'est par expérimentations successives faites d'échecs et de réussites qu'il parvient progressivement à développer une méthode agricole dite naturelle, n'employant pas de fertilisants chimiques, pas d'insecticide, ne nécessitant pas de labourage ni de désherbage. Par une observation précise des rythmes de croissance des plantes, par l'étendage de paille sèche sur les cultures et par l'utilisation de semis de trèfle blanc pour nourrir la terre et faire concurrence aux mauvaises herbes, il obtient une récolte aussi abondante que celle de ses voisins qui recourent aux produits et techniques compliquées et fatigantes. Mais contrairement à eux, il ne travaille que quelques heures par jour, pour faire ce qui doit être fait, et ne s'use pas à la tâche continuellement.


« Il n'y a pas méthode plus facile, plus simple, pour faire pousser le grain. Elle comporte à peine plus que semer à la volée et répandre la paille, mais il m'a fallu plus de trente ans pour atteindre cette simplicité. »


L'agriculture naturelle, contrairement à l'agriculture industrielle, ne permet cependant pas à celui qui la pratique de s'enrichir. Elle permet seulement de vivre en autosuffisance alimentaire. Pour beaucoup, ça ne sera pas suffisant. Qui veut s'enrichir se détournera de cette méthode, et qui ne peut se contenter de manger seulement ce qu'il produit finira par demander autre chose et encouragera ailleurs la pratique de l'agriculture industrielle.


« Si nous avons une crise alimentaire elle ne sera pas due à l'insuffisance du pouvoir productif de la nature, mais à l'extravagance du désir humain. »


Le principal frein à la diffusion du message de l'agriculture naturelle reste encore et toujours l'insatiabilité de l'homme qui espère l'avènement de son bonheur dans la complexification pénible et torturée de ses désirs. L'agriculture naturelle constitue ainsi, paradoxalement, une victoire contre la pente naturelle de l'homme à nourrir son désir de l'insatisfaction.
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Ce livre n'est pas seulement un ouvrage qui présente une méthode aussi simple que révolutionnaire de pratiquer l'agriculture : c'est une initiation à une école de vie d'harmonie, d'écoute et d'humilité. Influencé par les préceptes du taoïsme et du bouddhisme zen, Fukuoka ne se livre pas à de grandes théories, mais invite par ses remarques, commentaires (parfois mordants) et expériences à se concentrer sur ce qui fait l'origine de notre rapport au monde et l'essence de notre condition au sein de la nature immense, largement inconnue, et merveilleuse.

Au-delà d'une foi sacro-sainte dans les connaissances de la science moderne, qui segmente et dissèque chaque chose une par une, que voyons-nous si nous embrassons le monde d'un seul regard, non-discriminant ? La science a-t-elle vraiment permis d'améliorer notre accès au bonheur ? Les innovations et progrès de la civilisation contemporaine constituent-ils réellement des améliorations de nos conditions de vie ou plutôt un simple déplacement du désir vers un objectif plus lointain, qui rend nécessaire le progrès lui-même ? Quel est le sens de cette soif de connaissances scientifiques, technologiques et économiques que la civilisation a érigé au sommet de ses valeurs, et que peut-elle nous apporter, toutes choses bien considérées ?

Remettant en question ce que sa société considère comme des acquis, l'auteur nous invite à considérer que, bien souvent, la finalité du progrès ne réside pas tant l'amélioration des conditions de vie intrinsèques de l'humain, mais qu'elle propose simplement un modèle de mouvement, perpétuel, incessant, qui finit par se prendre les pieds dans le tapis de son aveuglement.

Peu importe par quel bout l'on prendra ce livre, on finira toujours par se heurter aux questions essentielles qui le sous-tendent, et qui toutes sont la même, formulée de diverses manières : celle de notre rapport au monde. Comme le dit Masanobu Fukuoka lui-même : "Un objet vu isolément du tout n'est pas l'être véritable."
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Blaise Pascal a écrit que l'homme est un roseau pensant. M. Fukuoka décide de le prendre au mot, expérimente le principe philosophique du roseau pensant, dans des champs de riz et de céréales d'hiver ...

Le microbiologiste qu'il était quitte son poste qui consistait entre autres à créer des maladies des plantes ( je ne comprendrais jamais pourquoi ce métier existe). Et il décide alors de faire tout le contraire. de devenir paysan et de tout faire pour créer un milieu sain, non propice aux maladies etc, maladies créées entre autres par les produits chimiques et par les méthodes agressives de l'agriculture moderne. Mais il rejette encore, plus étonnant, la méthode traditionnelle (car elle nécessite trop de travail à son goût) et expérimente, réellement, de nouvelles méthodes, en observant le microcosme et le macrocosme du champ. Il prône pour le non-agir, mais attention, il s'agit quand même d'agir un peu quand même. Il essaie, fait des erreurs. Les arbres du verger de son père n'auront pas résisté bien longtemps à ses expérimentations de jeunesse (il se rend compte que la méthode du non-agir ne marche pas sur des arbres taillés). Il se rend compte plus tard que semer les graines à la volée, c'est parfois assez comique, surtout lorsque les oiseaux rôdent autour ... À retenir la solution des boulettes d'argiles pour les semis.

L'essai traite de technique agricole (ou de non-technique plutôt) mais c'est aussi un traité philosophique qui me rappelle le Walden de Thoreau, en plus plaisant à lire. La différence étant sans doute que Fukuoka est plus empreint de philosophie orientale, de zen, de taoïsme ... ce qui en fait une lecture relaxante. Thoreau, dans mes souvenirs, m'avait plutôt fait l'effet d'un rebelle ( du fait de squatter son terrain sans doute). Mais Fukuoka aussi est un rebelle et un vrai. Il n'est pas tendre avec le Ministère de l'Agriculture qu'il accuse d'hypocrisie, il n'est pas tendre non plus avec les chercheurs aux questions dénuées de sens profond. Et surtout, ne fomente-t-il pas une révolution avec son brin de paille ?
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Il suffit de lire le sous-titre « Une introduction à l'agriculture sauvage » pour se faire une idée du propos de ce livre. L'agriculture industrialisée moderne avec machines, engrais, pesticides, insecticides, intrants divers et OGM mène l'humanité dans une impasse. Ni le producteur, ni le consommateur n'en tirent vraiment profit. Seuls les commerçants, les semenciers, les industriels de la chimie et autres constructeurs de machines agricoles sont gagnants alors que notre santé se dégrade et que le problème de la faim dans le monde, loin d'être résolu, risque encore de s'aggraver. Et là, Fukuoka, avec ses méthodes révolutionnaires de culture, pourrait bien détenir la solution. Depuis des dizaines d'années, il ne laboure plus, sème à tous vents, se contente de récolter le riz puis de resemer des céréales locales d'hiver en laissant la paille sur le sol. Tout repose sur le respect et l'imitation de la nature. Fukuoka n'utilise aucun engrais si ce n'est quelques fientes de ses poules et obtient des rendements équivalents aux meilleurs de l'agriculture moderne, mais sans épuiser la terre et en la rendant d'années en années de plus en plus fertile. En fait, il prône un retour au traditionnel, aux méthodes d'avant les machines, et même d'avant la traction animale. Pour lui, il suffit d'observer la nature, d'être moins intrusif et de toujours lui restituer tout ce qu'on lui prend. Toujours rejeté, méprisé ou moqué par l'institution, il a fait pourtant de nombreux adeptes. Des étudiants du monde entier viennent en stage sur sa ferme pour observer cette révolution tranquille et apprendre pour reproduire chez eux. Il fut l'inspirateur de la permaculture, technique qui rencontre de plus en plus d'écho dans le monde.
Qui veut s'informer sur cette agriculture « sauvage » doit lire ce livre finalement assez peu technique et en forme de témoignage touchant et poétique. le message de paix et de respect de Fukuoka est aussi touchant que passionnant. Il nous fait toucher du doigt combien nous nous sommes éloignés de la nature et combien il est temps de s'en rapprocher. Produire sain, savoureux et local. Tout un programme... Magnifique objectif peut-être moins difficile à atteindre qu'on croît. Il suffit sans doute d'une bonne poignée de paille et d'un soupçon de bon sens.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Entre deux fictions romanesques, il est bon de revenir sur terre. Et de la respecter, cette terre! La lecture de la révolution d'un seul brin de paille nous rappelle combien nous nous sommes éloignés du bon sens pour le seul bénéfice d'un système, avec sa logique de productivité immédiate et de bénéfices à tout prix, même le prix de la pollution par les pesticides et autres produits nocifs. Un homme, Fukuoka, nous prouve par son expérience de plusieurs décennies, qu'on peut cultiver autrement, aussi bien, tout en restant en harmonie avec la diversité naturelle. de lecture agréable, cet ouvrage donne envie d'essayer le pari du respect de la nature. A offrir à Noël à tous nos amis agriculteurs à la fibre un peu écolo... :o)
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critiques presse (1)
LaPresse
16 octobre 2018
Ce classique publié en 1975 parle non seulement d'agriculture, mais aussi de spiritualité, dans la veine taoïste et bouddhiste.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
Je me rappelle qu'il y a quelques années, tôt le matin, quelqu'un était entré précipitemment dans la maison pour me demander si j'avais couvert mes champs d'un filet de soie ou de quelque chose de ce genre. Je ne pouvais pas imaginer de quoi il parlait, aussi suis-je sorti sur le champ pour jeter un coup d'oeil.
Nous venions juste de moissonner le riz, et en l'espace de la nuit le chaume du riz et l'herbe qui y poussait s'étaient entièrement couverts de toiles d'araignées comme de la soie. Ondulant et miroitant avec la brume matinale, c'était un coup d'oeil superbe.
Le prodige, quand ceci arrive, ce qui est rare, c'est qu'il ne dure qu'un jour ou deux. Si l'on regarde de près, il y a plusieurs araignées par centimètre carré. Elles sont si serrées sur le champ qu'il n'y a presque pas d'espace entre elles. Sur un are il doit y en avoir je ne sais combien de milliers, combien de millions. Quand vous venez voir le champ deux ou trois jours plus tard, vous remarquez que des fils de plusieurs mètres de long se sont cassés et ondulent au vent avec cinq ou six araignées s'accrochant l'une à l'autre. C'est comme un duvet de pissenlit ou les graines de pommes de pin sont emportées par le vent. Les jeunes araignées s'accrochent aux fils et sont envoyées voguer dans le ciel.
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Si un seul bourgeon nouveau est enlevé à un arbre fruitier avec une paire de ciseaux, cela peut causer un désordre que l'on ne pourra réparer. Quand elles poussent selon la forme naturelle, les branches s'étalent alternativement depuis le tronc et les feuilles reçoivent uniformément la lumière du soleil. Si cet ordre naturel est brisé les branches entrent en conflit, se disposent l'une au-dessus de l'autre, s'emmêlent, et les feuilles déperissent aux endroits où le soleil ne peut pénétrer. Les dommages causés par les insectes se développent. De nouvelles branches se dessèchent si l'arbre n'est pas taillé l'année suivante.
Les êtres humains font quelque chose de mal avec leurs tripatouillages, laissent non réparés les dommages, et quand les résultats défavorables s'acculument, ils travaillent de toutes leurs forces à les réparer. Quand les actions rectificatives paraissent réussies, ils en viennent à prendre ces mesures pour de splendides réalisations. Les gens refont cela et le refont encore. C'est comme si un fou allait casser les tuiles de son toit en y marchant lourdement. Puis quand il commence à pleuvoir et que le plafond commence à pourrir, il monte à la hâte réparer le dommage, se réjouissant à la fin d'avoir trouvé la solution miracle.
C'est la même chose avec le savant. Il se plonge dans les livres nuit et jour, fatigant ses yeux et devenant myope, et si vous demandez sur quoi, diable, il a bien pu travailler pendant tout ce temps - c'est pour devenir l'inventeur des lunettes de correction de la myopie.
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Les savants pensent qu'ils peuvent comprendre la nature. C'est la position qu'ils prennent. Parce qu'il sont convaincus qu'ils peuvent comprendre la nature, on leur confie son étude et son exploitation. Mais je pense que la compréhension de la nature dépasse la portée de l'intelligence humaine.
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il n'y pas de but auquel l'homme doivent penser.
On ferait bien de demander aux enfants si oui ou non
une vie sans but est dénuée de sens.
Depuis l'époque où il entre à l'école maternelle commence la
souffrance de l'homme.
L'être humain était une créature heureuse mais il créa un monde dur
et maintenant il lutte pour essayer de s'en évader.
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M. Fukuoka est un savant qui se méfie de la science - ou de ce qui trop souvent passe pour science. Cela ne veut pas dire qu'il ne l'utilise pas ou la méprise. Sa méfiance en réalité vient de son sens pratique et de ce qu'il connaît. Comme Sir Albert Howard, Masanobu Fukuoka condamne le morcellement de la science par la spécialisation. Comme Howard, il souhaite poursuivre son sujet dans la totalité, et il n'oublie jamais que sa totalité comprend à la fois ce qu'il connaît et ce qu'il ne connaît pas. Ce dont il a peur dans la science moderne appliquée est son dédain pour le mystère, sa volonté de réduire la vie à ce qui est connu et d'agir avec la prétention que ce qu'elle ne connaît pas peut être ignoré en toute sécurité. "La nature saisie par la connaissance scientifique est une nature qui a été détruite ; c'est un fantôme possédant un squelette mais pas d'âme." Un tel passage rappellera la méfiance exprimée dans notre tradition par ces vers de Wordsworth :
Notre intelligence touche à tout
Déforme les belles formes des choses -
Nous tuons pour disséquer.
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