Un homme portant un étrange chapeau traverse une bourgade rurale à pied, il marche tout droit, toujours au même rythme, sans dire le moindre mot. Autour de lui, des gens le suivent, lui posent des questions, se répondent à eux même, imaginant toutes sortes de théories, lançant diverses rumeurs, la foule et
la rumeur gonflent, un peu ridicule. Pas de cases, les scènes se suivent dans la même image, on a des grandes doubles pages avec un seul décor chacune et les personnages peuvent s'y retrouver plusieurs fois. Tout est vu de loin, vu d'en haut, toujours à la même distance, une vision globale des lieux, le trait est fin et expressif, minutieux mais dynamique, faisant un peu penser aux scènes d'arrière-plan chez
Franquin. Il y a aussi cette ironie sur le monde de la politique locale, de petits coqs de basse-cour, qui font penser au maire de Champignac en Cambrousse, une longue déambulation à travers les bourgades et les hameaux de campagne, une fable ironique sur la vacuité des discours et la futilité des opinions, sur la prétendue information déclinée au conditionnel, sur les préjugés… Les mots sonnent creux, le dessin est éloigné, le héros n'a rien à dire, et pourtant cette bande dessinée en dit énormément.
PS, Lecture incitée par la critique de LeChatAMots que je remercie au passage.