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EAN : 9782072688737
425 pages
Gallimard (17/08/2017)
4.03/5   1601 notes
Résumé :
Lors de l’hiver 1911, l’asile d’aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait depuis l’enfance. Si elle espère d’abord être rapidement libérée, elle finit par se conformer à l'ordre ambiant, consciente que toute révolte se retournera contre elle. Hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la terre tandis que les femmes acco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (400) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 1601 notes
Romanesque, virtuose, bouleversant.

Ce roman d'Anna Hope m'a emporté. Il souffle sur ce livre la force des grands écrivains. Un petit régal.

L'intrigue se déroule dans l'asile de Sharston, dans le Yorkshire, en 1911. A cette époque, des maladies telles qu'un burn-out, une dépression ou l'anorexie vous menaient tout droit à l'asile. Ainsi, trois personnages nous comptent chacun leur tour leur vie au sein de l'institution psychiatrique.

Ella. Nouvelle internée après avoir brisée une vitre dans l'usine où elle travaille.

John. Dont on comprendra petit à petit les raisons de son internement.

Charles. Médecin de l'institution, musicien passionné.

Et ce bal du vendredi soir qui les réunira ? Les détruira ? Je vous laisse en juger car vous devez lire ce livre, perle des sorties 2017.

Anna Hope nous emporte à la suite de ses personnages. Je n'ai pu lâcher ce livre si subtilement écrit. Il se dévore. Littéralement. Un grand souffle romanesque traverse cet ouvrage. On passe d'émotion à consternation, les sentiments y sont subtils, la description de l'époque effarante.

Je vais devoir bientôt lire le Chagrin des Vivants, le premier livre de Mme Hope, tant ce bal m'a fait tournoyer.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Une lecture comme je les aime, riche, puissante, émotionnellement chargée, avec un vrai souffle romanesque qui court de page en page.
La salle de bal, c'est celle de l'asile Sharston, une transposition littéraire de celui de Menston dans le Yorkshire qui a définitivement fermée en 2003. C'est là que l'arrière arrière grand-père de l'auteure a été interné, de 1909 à 1818, un homme déprimé qui « a du travailler très dur et s'est fait beaucoup de souci pour son travail. » Autant dire que c'est d'un sujet sensible que s'est emparé Anna Hope, un sujet qui résonne fort en elle.

1911. La salle de bal, c'est comme une parenthèse incongrue dans la vie des patients de l'asile. Une fois par semaine, pour ceux qui ont été « sages », la possibilité de s'évader dans la danse et la rencontre avec l'autre sexe. C'est là qu'Ella, internée pour avoir cassé une vitre dans sa filature, rencontre John, brisé par un malheur familial. Mais c'est aussi là que le docteur Fuller les observe et cherche à expérimenter ces théories scientifiques.

Ces trois personnages sont magnifiquement incarnés. Pas seulement le couple d'amoureux qu'on aime forcément d'emblée, mais aussi le docteur, mal aimable lui mais si complexe. C'est lui qui permet de faire entrer le roman dans une histoire peu connue et perturbante de l'histoire britannique : la notoriété de l'eugénisme qui s'étend, au début du XXème siècle, bien au-delà de la sphère scientifique pour toucher l'intelligentsia politique. Ou comment le ministre de l'intérieur Winston Chruchill s'est enthousiasmé un temps pour l'idée de stériliser les « inaptes » au système dans le but d'améliorer la « race » ( la loi de 1913 sur la déficience mentale a jusqu'au dernier moment inclus une clause sur la stérilisation forcée ).

La Salle de bal est une oeuvre âpre sur la folie, qu'elle soit visible, attribuée ou cachée. Dans cet asile de Sharston, on peut se retrouver enfermé à vie parce qu'on est fou, mais aussi indigent, déprimé ou juste rebelle à la société. le destin d'Ella et de John est bouleversant, leur histoire d'amour contrariée somptueuse. Tout est subtil et intense dans ce roman, des premières lignes jusqu'à l'épilogue qui m'a profondément émue aux larmes.
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C'est un roman grave, qui rappelle ce que fut l'univers de la psychiatrie expérimentale du début du vingtième siècle, alors qu'aucun garde-fou, sans mauvais jeu de mots, n'existait pour protéger les malades des expérimentations sauvages de médecins inconsidérément téméraires.

Le scénario prend place en Angleterre, mais l'ensemble de l'Europe a été embarquée dans cette mouvance, qui reposait sur les théories eugénistes , présentes en filigrane autant en politique qu'en médecine.

L'auteur illustre le thème en nous proposant un roman choral, qui met au devant de la scène successivement un médecin mélomane qui rêve d'une humanité « améliorée », et plusieurs pensionnaires d'un asile pour aliénés , qui avant que le docteur un peu fêlé ne s'en mêle, avait des allures d'établissement avant-gardiste : autarcie de production des vivres et maintenance collaborative des locaux et de la buanderie, souci du bien être des pensionnaires à qui sont proposées des soirées dansantes au son d'un orchestre qui rassemble les musiciens de la communauté.
Certes les hypothèses psycho-pathologiques paraissent bien surannées, et la violence n'était pas uniquement le fait des patients incontrôlables, mais un certain degré d'empathie , même si le terme était trop récent pour faire partie du vocabulaire courant, transparaissait à travers la volonté de procurer du bien-être aux patients

On mesure aussi le chemin parcouru concernant les modalités d'enfermement, alors qu'une simple demande de la famille suffisait à condamner n'importe qui à un isolement souvent contre-productif sur le plan de la santé mentale.

On s'attache rapidement à ces personnages victimes de circonstances malheureuses. Leur lutte contre l'absurdité du système suscite des sentiments de révolte et on craint pour eux les conséquences code leur indocilité.

cette lecture fait écho à l'ouvrage de Boris Cyrulnik sur l'histoire de la psychiatrie, qui décrivait le cheminement des procédés, dont l'inventivité n'avait d'égal que la cruauté.

L'élégance de l'écriture, gravée et nourrie de compassion contribue à l'impression générale d'un roman réfléchi et digne.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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« La salle de bal » révèle des vérités honteuses et effrayantes ; ce genre de vérités que l'on repousse vite du pied pour les cacher dans un coin d'ombre. Dans ce livre, Hanna Hope les a exhumées de la poussière et de l'oubli.
Une bien vilaine flétrissure que porte l'Europe du XIXème siècle finissant ! On y enfermait pour un rien, ou tout simplement pour s'en débarrasser, des femmes dans des asiles d'aliénés. Au nom de la lutte contre une prétendue « détérioration nationale », on théorisait, voire on légiférait, sur la manière de restreindre la fécondité des classes populaires ou des « anormaux ». J'en reste sans voix.

Considérée par ses juges comme asociale et folle pour un simple mouvement d'humeur, Ella est l'une de ces femmes qui se retrouve enfermée dans un asile d'aliénés. Broyée par un système aveugle et impitoyable, son impuissance, son sentiment d'horreur et d'injustice quand elle comprend ce qui lui arrive vous froisse le coeur.

Nous la voyons mener dans l'asile une vie de labeur et d'humiliation. Ballotée entre ses rêves de fuite et son épouvante de ne jamais pouvoir sortir ce cet enfer, Ella est un personnage absolument bouleversant.

L'intrigue est haletante, et ne laisse aucun temps mort. Elle tourne autour de cinq personnages aux personnalités fortes et complexes, et du bal du vendredi, unique moment de bonheur offert aux pensionnaires méritants.
Que de violence, de désespoir, de peurs, de vilénie dans cette histoire ! Mais aussi que d'amour, de passion avec ces mains grandes ouvertes, ces bras tendus, et ces rêves de ciel bleu…
John, l'homme de l'ombre ! La métamorphose d'Ella ! Les arbres, et les champs, et le ciel uniques témoins d'un grand amour ! le docteur Fuller, homme de pouvoir aux multiples facettes qui fait tant grincer des dents ! La cruauté des gardes et le dédain des médecins ! Clem, la princesse déchue ! Tous ces corps, toutes ces âmes qui se cherchent au bal du vendredi ! Et Dan aux milles vies !
Je ne suis pas prêt de les oublier !

Le livre n'est pas exempt de défauts. La fin m'a notamment paru trop facile. Mais peu importe ! La lecture fut émouvante, ponctuée d'espoirs, de rebondissements, et d'inquiétudes.

Ce fut une lecture commune avec mes amies Cricri124 et Siabelle. Ensemble, nous sommes passés par tous les états. Incompréhension, révolte, compassion, et admiration pour ces excommuniés, ces déchus qui ont su garder la tête haute. Je vous invite à lire leurs billets.

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Angleterre 1911, dans l'asile de Sharston. Le lieu réservé aux aliénés et indigents, aux décors bizarrement soignés, est immense. Ici plus de deux mille hommes et femmes sont internés et séparés, à l'exception du vendredi où quelques-uns sont autorisés à danser en couple dans la salle de bal de l'établissement.

Ce jour-là, l'orchestre est conduit par Charles, un médecin violoniste qui croit aux bienfaits de la musique sur les malades. Mais si au début l'homme espère en la possibilité de guérison de certains, après des balancements personnels il n'exclut plus l'idée de la stérilisation pour purifier la société. Une personnalité ambiguë donc — dont plusieurs patients vont faire les frais — néanmoins en phase avec les théories eugénistes de son époque.

Parce qu'ils sont malades mentaux ou pauvres, des humains sont enfermés — avec une possibilité de recouvrer leur liberté infime — dans un milieu hostile (un euphémisme) où contre toute attente, un homme et une femme vont avoir le courage de s'aimer. Inspirée par l'histoire d'un de ses grands aïeuls qui vécut dans un asile semblable, Anna Hope avec beaucoup d'humanité décrit une société d'exclus et signe, après Le chagrin des vivants, inoubliable, un roman éclairant et émouvant.
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Citations et extraits (256) Voir plus Ajouter une citation
Une fois plongée dans sa lecture, Clem ne relevait jamais la tête : elle disparaissait de manière aussi définitive que si un trou s'était matérialisé et qu'elle s'y était faufilée, et en l'observant Ella se disait qu'elle aussi aurait bien aimé disparaître.
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Il mit toute son attention au service de la tâche à accomplir. Bien que l'alimentation forcée fût une pratique quotidienne à l'asile, cela faisait un bon moment qu'il n'en avait pas administré une lui-même. D'abord, il saisit l'extrémité du tube en caoutchouc, qu'il se mit à insérer dans la gorge. À la première tentative, Miss Church céda à une violente quinte de toux, et le tube fut expulsé, mais lors du deuxième essai Charles se montra plus prudent, et après un haut-le-cœur initial de la patiente le tube passa la gorge et pénétra dans l'œsophage : de la chaise ne provenaient plus de convulsions. Il positionna le bol au sommet du tube en caoutchouc et demanda qu'on lui apporte la mixture. Elle était toute prête, la même qu'on utilisait pour n'importe quel patient qui devait être nourri : des œufs battus, du lait, et des vita- mines ajoutées au tout, la nourriture la plus substantielle possible sous forme liquide, en somme, et franchement, songea-t-il, alors qu'il posait le bol en équilibre au-dessus de l'ouverture du tube et que les yeux de la patiente s'élargissaient, franchement, elle avait de la chance qu'on la nourrisse tout court. Il avait entendu dire qu'à Holloway on versait la mixture par le rectum : punition, et non nutrition, voilà ce qui était proposé là-bas. Il voyait le blanc de l'œil dénudé, la courbe du globe oculaire, les minces veines rouges qui zébraient les côtés. Il commença à verser. Silence. Seul mouvement dans la pièce, celui de la préparation qui passait du bol au tube, seul bruit le discret gloup qui accompagnait la descente de la mixture. Au bout d'un moment, le corps de la patiente fut pris de convulsions, et l'infirmière la plus proche de Charles lui posa une main sur le bras.
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Il y avait le vieux soldat qui ne parlait que des Pachtouns et passait des heures à cirer ses bottes en vue de la bataille. Un vieux de la vieille édenté dénommé Foreshaw, duquel on disait qu'il était là depuis l'ouverture de l'asile, près de trente ans plus tôt, et qu'il avait un jour bu le sang d'un mouton. Une poignée d'Irlandais, dont l'un, à entendre les pointes de son accent, venait forcément du même côté du Mayo que John. Et bien que John ne le connût pas d'avant, il reconnaissait la fêlure de son visage, les yeux agités - comme si le monde était un piège prêt à se refermer sur vous -, il l'avait vu sur tant de visages qu'il n'aurait pu les compter. Et puis chez la plupart d'entre eux, la même confusion, comme s'ils n'arrivaient pas à comprendre que c'était là qu'ils avaient atterri.
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Le dernier jour de la moisson, le ciel immobile était une jatte de bleu. Le matin, les hommes restèrent silencieux, assommés par la chaleur et l’épuisement qui lestaient leurs membres, mais en fin d’après-midi John chanta : la seule voix qui s’élevait au-dessus de ces champs fauchés, une chanson qu’il ne se rappelait même pas connaître. Une que son père fredonnait, là-bas sur les plages de varech quand John était petit, et quand il l’entonna il se rendit compte qu’il la connaissait si bien que c’était comme endosser un habit porté par son père, et le père de son père avant lui, et tous les pères de la lignée, et qui lui allait donc mieux que n’importe quel autre habit. 
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Elle sentit alors une puissance monter. Le même sentiment qu’elle avait eu à la filature, sauf qu’à présent il prenait racine, lui redressait l’échine. Il faisait noir, elle était seule, mais son sang circulait; elle était vivante. Elle allait l’étudier, cet endroit, cet asile. Se cacher au plus profond d’elle-même. Faire mine d’être sage. Et ensuite elle s’évaderait. Pour de bon cette fois. D’une manière à laquelle ils ne s’attendraient pas. Et elle ne reviendrait jamais.
Sois sage.
C’était ce que lui avait conseillé sa mère - sois sage - en lui pressant le visage contre sa poitrine au point de l’empêcher de respirer. Sa main telle la griffe d’une femme qui se noie.
Être sage, Ella savait ce que c’était. Elle le savait depuis toute petite. Être sage c’était survivre. C’était regarder sa mère se faire rouer de coups et ne rien dire pour ne pas y passer à son tour. Avoir la nausée parce qu’on était lâche de ne rien faire de plus. Prendre les coups une fois sa mère partie et ne jamais pleurer, ni montrer à quel point ils faisaient mal. Rentrer ses nattes sous ses vêtements, se fermer et travailler dur. Jour après jour après jour.
Mais être sage c’était seulement l’extérieur. L’intérieur était différent. C’était quelque chose qu’ils ne connaîtraient jamais.
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Vidéo de Anna Hope
Découvrez Anna Hope, écrivaine et actrice (Doctor Who) britannique. Son premier roman, "Le Chagrin des vivants", a été présélectionné pour le prix du meilleur écrivain de l'année 2014 aux "National Book Awards". Son deuxième roman, "La Salle de bal" (The Ballroom), publié en 2016, se déroule dans un hôpital psychiatrique anglais au début du XXe siècle. le Dr Fuller y organise des bals hebdomadaires pour ses patients, convaincu des bienfaits de la musique sur leur guérison. C'est dans ce contexte que John Mulligan, en proie à la dépression après la perte de sa fille, et Ella Fay, internée pour insubordination, tombent amoureux. L'histoire est inspirée par l'arrière-arrière grand-père d'Anna Hope, lui-même interné dans un asile du Yorkshire. Dans cette interview, Anna Hope partage son parcours d'apprentissage de l'écriture, sa méthode de travail et donne des conseils précieux aux écrivains débutants.
Les sujets abordés : 00:00 Position sur l'enseignement de l'écriture créative 01:48 Durée d'apprentissage de l'écriture 03:11 Processus de travail sur les romans 04:42 Les agents dans le monde de l'écriture 08:29 le travail d'équipe dans l'écriture 09:33 Importance de la lecture pour écrire 10:57 Modèles littéraires 11:32 Importance de la recherche 15:26 L'organisation de son travail 16:59 Réécriture et ajustements 19:12 Conseils pour les jeunes écrivains 20:47 Impact de l'intelligence artificielle sur le travail des écrivains
Cette interview a été réalisée lors du Littérature Live Festival le 12/05/2023. Interview : Julie Fuster - Caméra : Amoreena Winkler. Montage : Ryu Randoin.
Chez les Artisans de la Fiction, basés à Lyon, nous prônons un apprentissage artisanal des techniques d'écriture. Notre objectif est de rendre nos élèves autonomes dans l'aboutissement de leurs histoires en se concentrant sur les bases de la narration inspirées du creative writing anglophone. Maîtrisez la structure de l'intrigue, les principes de la fiction et la construction de personnages grâce à nos ateliers d'écriture.
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