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EAN : 9782246812753
234 pages
Grasset (13/09/2017)
4.25/5   8 notes
Résumé :
« Je ne suis pas un objet. Mais chaque mardi, à la radio, je parle sans tabou de sexualité, de fantasmes et d’orgasme. Je suis pratiquante et je porte le voile. J’intrigue, j’interroge, je dérange parfois. Si un objet voilé non identifié peut réconcilier l’Islam avec sa vraie nature, alors oui, je veux bien être cet objet-là. »
Nadia El Bouga est l’une des rares sexologues françaises et musulmanes. Dans son cabinet défilent des femmes et des hommes de tous ... >Voir plus
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Happycratie par Illouz

Happycratie

Eva Illouz

3.85★ (479)

Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'autrice, musulmane pratiquante issue d'une famille arabo-berbère marocaine immigrée en France au début des années 1970, est sage-femme et sexologue clinicienne ; elle est également croniqueuse à la radio Beur FM, où elle aborde des problématiques d'éducation sexuelle. Cet ouvrage autobiographique, co-écrit avec la journaliste Victoria Gairin, se compose surtout de récits de son propre parcours, de la trajectoire migratoire parentale ainsi que de narrations familiales venues du Maroc, mais elle expose également son expérience religieuse et professionnelle, et enfin les résultats de son activité d'interprétation de l'islam, entendu dans sa version « des Lumières » épurée d'une longue tradition viriliste, afin d'extraire du texte coranique une sexologie féministe et spirituelle. le livre s'ouvre sur le témoignage de sa décision de jeune adulte de ne plus retirer son voile, après une prière nocturne durant le mois du Ramadan, malgré les pleurs de son père. S'ensuit, dans un déroulement assez chronologique, l'histoire des parents et la sienne propre ; il en émergent leur lente promotion sociale par le travail, ses propres succès scolaires, une relation critique, lucide mais non dramatique aussi bien avec la société marocaine que française, et surtout une robuste assise psychologique acquise grâce à une famille unie, aimante et soutenante. Les chapitres, courts et incisifs, ont la forme de contes dont les anecdotes ont une valeur emblématique : aux narrations plus autobiographiques s'alternent celles qui proviennent du cabinet de sexologue. Vers la fin de l'ouvrage, des chapitres plus longs sont consacrés à l'exégèse des versets coraniques qui se réfèrent à la sexualité et à la condition féminine : les principes éthiques et déontologique de la clinicienne en découlent. Si certains préjugés tenaces, islamophobes et xénophobes sont ici dénoncés et déconstruits avec la même pugnacité que le sexisme de l'islam réactionnaire, si l'on apprécie la position à la fois ferme et retenue que l'autrice adopte au sujet de certaines questions politiques de ses pays d'origine et d'adoption, sans jamais verser dans la polémique – pas même sur la question de la laïcité à la française et de son aversion du port du voile – la valeur de ce livre ne me semble pas tant informative que tenant au témoignage. le style est léger, et l'on se laisse entraîner dans la douceur d'une narration apaisante et bénéfique, comme dans les contes qui finissent bien.
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Un livre vraiment très intéressant sur la sexualité, le féminisme et la religion musulmane. On sent que l'autrice sait de quoi elle parle dans cet ouvrage. J'ai adoré et d'ailleurs c'est mon premier coup de coeur de l'année. D'ordinaire, je ne suis pas très portée sur les livres qui parlent de religion ou de féminisme, pas parce que c'est inintéressant au contraire, mais parce que ce n'est pas mon sujet de prédilection, mais ici les deux sujets sont réunis et je dois reconnaitre que l'autrice rend les deux sujets ainsi que le sujet de la sexualité très intéressant. Lire ce livre m'a donné envie de lire d'autres ouvrages sur le féminisme et la religion.
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Nadia El Bouga parle à la radio BEUR FM, tous les mardis, de la sexualité bien sûr : orgasme, point G, éjaculation précoce, point P, tout y passe et ça passe même bien ! Pourtant, elle est pratiquante … et porte le voile. On l'a même surnommée « OVNI » ou Objet Voilé Non Identifié ». Elle a exercé le métier de sage-femme pendant 10 ans à l'hôpital , a été confrontée à la pudeur des femmes qui préfèrent rire en détournant leur regard pour ne pas montrer leur gêne, et là aussi le constat est amer : oui, la sexualité est tabou.
Lien : http://wp.me/p5dQA9-15B
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
3. « Au cœur du drame de Cologne ou de la place Tahrir, surgit le problème de l'éducation à la sexualité qui manque cruellement à nos sociétés. […] Resacraliser la sexualité, lui redonner du sens, voilà la véritable solution. La révolution sexuelle a bien eu lieu mais, paradoxalement, elle nous a sortis de cette notion pudibonde de "péché de chair" pour nous faire entrer dans une nouvelle forme d'aliénation : la recherche frénétique d'excitation, le sexe pour le sexe, la mécanique infernale de la performance, l'objectivation du corps de l'autre. Et si nous quittions la pornographie et ses illusions, si nous passions enfin du sexe à la "relation sexuelle" ? Réhumaniser la sexualité est aujourd'hui devenu une urgence. » (p. 211)
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2. « "Tqaf" au Maroc, "tafsih" en Tunisie, c'est le rituel du "cadenassage". Une vieille tradition rurale qui consiste à punir les jeunes filles des plaisirs charnels ou d'abus sexuels avant leur mariage. […] Dans certains villages, on demande à la jeune fille d'enjamber une malle ouverte, puis la mère verrouille la malle avec un cadenas et demande à sa fille de l'enjamber dans l'autre sens. Dans d'autres, on lui scarifie le genou gauche et on lui fait manger des dattes et des raisins secs trempés dans son sang en lui faisant répéter sept fois "Sang de mon petit genou, ferme mon petit trou". […]
Le problème, c'est que la mère ou la vieille villageoise ne pensent pas toujours à "déverrouiller" la malle lorsque la jeune fille devient adulte et en âge de se marier. Les conséquences cliniques de ces rituels sur les femmes, je les constate tous les jours dans mon cabinet. Leur corps parle pour elles : puisque le vagin doit rester fermé à clé, il se contracte et empêche toute pénétration. » (pp. 140-141)
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1. « Petits Occidentaux embourgeoisés, nous suppliions notre mère : "S'il te plaît, donne-nous du PQ. Et s'il y a un scorpion ? Ou un serpent ?" Nous restions distants des habitants du village qui venaient nous serrer dans leurs bras, trop heureux de voir à quel point nous avions grandi. Dans la montagne marocaine, point de Dove, de Palmolive, d'Ushuaïa. Les gens ne sentent pas le savon mais la terre, l'effort, la vie. Les premiers jours, cela nous dégoûtait un peu. Puis, très vite, la nature reprenait ses droits. On se fichait de se laver ou non, de sentir bon ou mauvais, de porter des vêtements propres ou d'être bien coiffés. C'était les vacances, les balades dans la montagne, les jeux avec les cousins, le tafarnout, meilleur pain de monde cuit à même la pierre, les contes berbères de grand-mère et les nuits passées à regarder les étoiles filantes. […] Puis, les anciens nous contaient les légendes de l'Atlas. » (pp. 114-115)
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Au fond, je n'ai qu'un seul regret. J'ai fait pleurer mon père.
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