Ouvrage passionnant.
La société intégrale décrit les processus et les dispositifs de la société et des pouvoirs qui l'articulent, qui engendrent l'annihilation de l'unicité au profit d'une uniformité totalisante, intégrale et finalement totalitaire.
En prenant pour exemple le nazisme qui est le paroxysme de la création de règles comme outil de destruction de la permission de différenciation Lagandré démontre que malgré des paradigmes différents, notre société par sa législation et son emphase administratrice et administrative institutionnalise le contrôle (à différencier de l'anticipation) comme correction de tout ce qui ne fait pas système. On comprend mieux le regard porté sur les handicapés, sur les minorités et sur la différenciation entre le risque ressenti et le risque réel de chaque situation et de chaque événement.
Si l'individualisme est mis au coeur de notre société c'est pour intégrer comme possible chaque unité mais en effaçant chaque unicité comme le fait une donnée statistique.
De fait chaque processus est vu afin d'éviter les variables, les probables et ne permettant que des "certitudes autorisées" en figeant la nature des choses mais également la temporalité. Il n'existe plus que de l'actualité, du présent, des hommes sans histoire, des hommes sans libre arbitre, dont chaque acte même le crime doit être anticipé, et sans personnalité. Des Homo anima sans culture ni structure autre que celle que l'on y appose. Où l'identité devient une simple étiquette.
Un ouvrage important qui ne prononce jamais le terme de fascisme mais n'en pense pas moins.