La Somme des jours de
Isabel Allende, Editions Grasset, Mai 2012.
Ainsi attirée, je me laissai tenter à emprunter ce livre au comptoir de la bibliothèque, bien qu'il y en ait déjà plus de cinq à mon chevet.
Je m'embarquais donc pour ‘
La somme des jours'.
La première de couverture révélait
Isabel Allende, son regard scrutateur, son apparence simple mais soignée, le tout sur un fond rouge vif faisant ressortir le rose fluo de l'écharpe soigneusement déposée autour de son cou.
Un visuel tout aussi révélateur que le titre associé.
Dans ma conception intérieure, Je me représente toujours un livre comme une antre animée d'un esprit qui peut se révéler fantasque, écorché vif, pétillant, torturé ou tout simplement plein d'enthousiasme et de positivisme.
Une antre c'est le socle d'une vie intérieure, vécue dans une intimité de soi a l'abri de l'intrusion du monde extérieur.
L'esprit c'est le siège de la pensée, le souffle, l'inspiration, la ferveur, il imprime en nous le sens, le sentiment, la sensation, l'émotion.
La somme c'est l'ensemble, un tout, un conjugué de plusieurs parenthèses.
L'oeuvre
la somme des jours d'
Isabel Allende est une antre spirituelle. Elle reflète l'intensité et la teneur de ce que nous sommes, nos aspirations, nos combats, nos désirs, nos désillusions.
Dans ce récit de vie,
Isabel Allende, écrivaine chilienne d'expression espagnole fait le tour de sa vie tenant pour source la mort tragique de sa fille
Paula. Entre douleur, tristesse, amour et combats, elle nous mène dans le labyrinthe de son vécu dans un style simple mais authentique qui lui est particulier.
Coucher sur du papier l'histoire d'une vie jalonnée par des micros histoires d'autres vies avec ce que cela comporte de complexe pour veiller a la fidélité de la retranscription des récits.
Toute la difficulté du genre autobiographique qui consiste à se livrer, à se dépeindre, à s'exposer en quelque sorte au monde, une introspection de soi pour une ouverture vers le plus grand nombre.
L'on se représente toujours les écrivains comme des personnes hors de l'ordinaire. Ce sont pourtant des gens communs qui font aussi leurs courses au supermarché, ont des sautes d'humeur et des pannes d'inspiration.
Agencer des phrases, les transformer en idées claires qui racontent une histoire autour d'un cercle de personnages réels requiert lucidité et sensibilité et
Isabel Allende a su le magnifier.
Dans cette oeuvre qui fait naviguer qui s'y attache aux quatre coins du monde, du Chili a New York en passant par le Brésil et bien d'autres contrées , les notions de Tribu et d'amour tiennent le lecteur aux tripes, lui permettant de se regarder en profondeur a travers ses idéaux et ses imperfections.
Les nations sont différentes mais les êtres humains dans leur substance sont tous faits de la même matière. Différents bien entendu par le caractère, les attitudes qui varient indéniablement d'une personne à une autre, la vision de la vie également qui est conditionnée par les moeurs intrinsèques du pays d'appartenance.
Nous sommes bâtis sur le même socle, faits de chair, envahis de pensées, enclins aux émotions, puisant nos énergies dans la matrice des sentiments.
La somme des jours met en lumière cette réalité en nous permettant de retrouver en d'autres les interrogations qui nous taraudent, les sentiments qui parfois nous submergent et nous donnent l'impression d'être hors normes, la fragilité qui se déploie dans chaque parcelle de notre chair mais que nous tentons de dissimuler.
Ne pas avoir honte de dépeindre ses faiblesses, ses peurs, de livrer la ferveur de son coeur,
Isabel Allende a réussi son pari.