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EAN : 9782330072803
333 pages
Actes Sud (04/01/2017)
  Existe en édition audio
3.75/5   171 notes
Résumé :
N’en déplaise à l’ingrate postérité, la célèbre Sonate à Kreutzer n’a pas été composée pour le violoniste Rodolphe Kreutzer, qui d’ailleurs ne l’a jamais interprétée, mais pour un jeune musicien tombé dans l’oubli. Comment celui-ci est devenu l’ami auquel Beethoven a dédié l’un de ses morceaux les plus virtuoses, voilà l’histoire qui est ici racontée.
Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 171 notes
George Augustus Polgreen, fils de "Frederick de Augustus Bridgetower de Bridgetown, prince d'Abyssinie”, un prodige du violon âgé de neuf ans.
Le père étant premier page du prince austro-hongrois Esterhazy, le petit passe son enfance dans un palais, au coeur du domaine Esterhaza, où les moyens sont riches pour parfaire son éducation musicale. Haydn, le Kapellmeister de la cour est son maitre. Mais rien n'arrête le père ambitieux, qui, calquant sa conduite sur l'exemple du duo, père-fils, Leopold-Wolfgang Amadeus Mozart, se lance sur leur traces dans une Europe où la notion de " Liberté " commence à s'éclore. Nous sommes en avril 1789, à la veille de la révolution française, à Paris.
Formidable aventure dans cette Europe dans l'effervescence des Lumières pour un Négre de la Barbade et son fils mulâtre et nous lecteurs, mélomanes ou non à la découverte du monde musical de l'époque étroitement lié à la politique, avec ses mécènes,ses concerts, ses compositeurs dont le Chevalier de Saint-George, surnommé le Mozart Noir, ses musiciens, le célèbre violoniste Rodolphe Kreutzer.....et un Paris où défilent des personnages historiques, le général Dumas (père de l'écrivain), Jefferson, Condorcet, Lavoisier...et d'autres, un Paris où le pain manque mais pas les concerts....
Ce n'est que le début.....

Le fond de ce livre qui retrace le parcours initiatique d'un violoniste virtuose tombé dans l'oubli, traite avant tout des multiples visages de la condition noire en Europe et dans les colonies. Etre noir ou métisse, même faisant parti de l'élite noire, qui existe bel et bien au sein de l'aristocratie européenne, est difficile. Dans le cas du père-fils, l'aristocratie du génie musical du fils comble l'origine mulâtre et leur permet d'accéder aux plus hautes sphères de la société. Mais...le père traine un passé d'esclave qu'il veut effacer à tout prix, restant dans le mensonge. Un mensonge, que le fils au parcours plus lisse dû à son talent, peine à comprendre.
Un livre aussi sur les multiples contradictions humaines; celle du père, à découvrir dans le livre; celle de l'américain Thomas Jefferson, l'homme qui rédige la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis, "un hymne à la liberté", mais en vérité un raciste et un hypocrite; celle de Louise de Keralio,femme "émancipée", propriétaire d'un journal, qui lutte pour la liberté des Noirs mais la nie pour ses consoeurs......"La liberté" une notion décidément encore abstraite à l'époque ....
Un fond de musique classique également riche sans tomber dans le pédant; étonnant pour quelqu'un qui d'après ses propres mots, n'y connaissant pas grand chose, prit des cours de "music appreciation ", étudiant un peu le baroque, le classique et la musique romantique, pour avoir l'air de savoir un peu de quoi il parlait.
Quand au titre qui a inspiré ce livre à Dongala, l'explication arrive à la fin. C'est l'originalité du livre et une belle surprise pour qui ne le connaît pas déjà .

Une histoire foisonnante à plusieurs facettes que j'ai dévoré. Également beaucoup apprécié la prose de Dongala que je découvre avec ce premier livre grâce à la critique d' Isabelleisapure qui m'a séduite.






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Un voyage musical à travers l'Europe de la fin du dix-neuvième siècle. Mozart fait parler de lui tandis que Beethoven dérange ses auditoires par l'audace de ses créations. Les renommées se font et se défont au gré des mondains et mondaines qui reçoivent les artistes dans leurs salons privés.

Nous suivons l'itinéraire d'un personnage qui renaît des cendres de l'oubli sous la plume d'Emmanuel Dongala. L'homme est un curieux lascar, qui se sert de l'ignorance de ses contemporains pour agrémenter sa carte de visite de titres honorifiques improbables, mais crédibles si' l'on se réfère à sa couleur de peau. Il est en réalité descendant affranchi d'une famille d'esclaves de la Barbade.

Son arbre généalogique fluctuant est un sésame pour promouvoir les talents de son fils prodige , le jeune George Bridgetower, à peine âgé de dix ans lorsque le récit commence. George est un virtuose du violon, qui impressionne son public autant par ses dons d'interprète que par la grâce de ses traits de métis.


Comment en viendra-t-il à croiser le chemin de la fameuse sonate à Kreutzer? C'est ce que nous narre Emmanuel Dongala dans un roman historique documenté.

C'est très instructif, et comme souvent à la lecture de romans dont le thème est musical, on ne résiste pas à l'envie d écouter ou de ré-écouter la célèbre sonate.

Un bémol sur l'écriture, irréprochable, mais trop convenue, en particulier en ce qui concerne les dialogues (on imagine mal une servante d'hôtel, à peine pubère, user de « préalablement » dans ses échanges avec le jeune musicien). Et cette écriture techniquement parfaite, est un peu soporifique, au point de limiter les temps de lecture vespérale, avec le risque de se retrouver endormie, lumières allumées, semi-assise et la tête ballante, entre deux pages.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Avec ce roman très étayé sur le plan historique, Emmanuel Dongala nous dresse le portrait de George Bridgetower que nous découvrons à l'âge de neuf ans, en 1789, lorsque son père Frédérick de Augustus Bridgetower, un Noir, originaire de la Barbade quitte l'Autriche, bien décider à présenter son fils, violoniste virtuose, au tout Paris mélomane.

Très vite, la réussite est au rendez-vous, et père et fils rencontrent tous les grands noms des milieux intellectuels et politiques. George se fait de nombreux amis artistes et scientifiques, et découvre avec bonheur et émerveillement la vie à Paris.

Les grondements de la foule en ce mois de juillet 1789 précipiteront leur départ à Londres, où le jeune George, avec toujours le même succès, parviendra à s'émanciper de la tutelle de ce père ô combien encombrante.

Poursuivant sa quête de célébrité, il revient à Vienne où il côtoie les plus grands compositeurs et interprètes.

Ce livre est un régal. La musique l'habite de bout en bout à travers les rencontres du jeune George avec Mozart, Haydn, ou encore Beethoven.
Nous y croisons également quelques grandes figures tels Condorcet, Olympe de Gouges ou encore Camille Desmoulins.

La simplicité de l'écriture et le rythme de la narration maintiennent l'intérêt du lecteur malgré la complexité du récit, passant du parcours mouvementé d'un enfant célèbre à l'observation approfondie de son évolution tant psychologique que musicale.

« La sonate à Bridgetower » fait, à mon sens, partie de ces grands livres qui savent nous distraire tout en nous instruisant.

A lire absolument que l'on soit mélomane ou pas.
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Un vrai bonheur de lecture, Emmanuel Dongala nous conte l'histoire d'un jeune mulâtre virtuose du violon qui va côtoyer les plus grands du début de la révolution française puis en poursuivant son incroyable destin à Londres puis à Vienne. de cette incroyable histoire c'est bien sûr de la condition des noirs que Dongala décrit en filigrane son récit. C'est brillant (quelle écriture !), c'est passionnant, ce récit d'apprentissage, d'émancipation mérite largement de figurer dans votre bibliothèque. En tout cas, dans la mienne elle a déjà une place de choix.
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Voici un livre particulièrement plaisant à lire. le plaisir de lecture provient de quelques ingrédients qui ne peuvent que m'intéresser en premier lieu. Une plongée dans l'histoire, celle de la Révolution française mais aussi celle encore plus intrigante, car moins connue, de la Vienne de l'époque napoléonienne.
A travers ce roman, on suit le personnage de George Augustus Polgreen, fils de Frederick de Augustus Brigtower. Les noms de ces personnages sont importants. George est un violoniste prodige et il a 9 ans en avril 1789 quand son père le présente à la société parisienne aristocratique et bourgeoise, mélomane et intellectuelle.
On assiste de l'intérieur à la richesse de la vie culturelle parisienne à la veille de la Révolution et on y rencontre nombre de personnages qui ont fait ou qui vont faire parler d'eux. Condorcet, Théroigne de Méricourt, et plein d'autres, dont le père d'Alexandre Dumas. le père et le fils sont des noirs de la Barbade, mais comme leurs noms l'indiquent, une sorte d'aristocratie des Noirs qui commencent à être acceptés par les avant-gardistes de la liberté européenne de l'époque. On observe le quotidien du racisme du siècle des Lumières. Racisme dans le sens où la croyance en l'inégalité des hommes est le credo que ce soit lié à la couleur de peau, au sexe ou à la condition sociale. Les discussions politiques et les remises en cause de ces idées sont alors aussi passionnantes que la découverte (pour moi) de la musique de la fin du XVIIIe siècle.
Mais ce roman est aussi un roman d'apprentissage. le jeune George est confronté à ce monde et à son père qui n'est pas le, héros qu'il s'imagine. Frederick veut à tout pris faire oublier qu'il a été esclave et les contradictions de son personnage sont l'un des points les plus réussis du livre.
La partie qui donne son nom au roman est la dernière lorsqu'à Vienne, en 1803, le jeune George qui a maintenant plus de vingt ans se lie d'amitié avec Beethoven. Ici, les leçons d'histoire politique laisse la place à une biographie du compositeur vue par d'autres yeux. C'est toujours aussi bien raconté car le style de l'auteur pour classique qu'il soit est plutôt dynamique.
Evidemment, pour aimer ce genre d'histoire, il faut apprécier l'Histoire ou la musique classique ou les romans d'apprentissage. Et si vous aimez les trois, n'hésitez plus !
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Il ôta ses chaussures, posa ses pieds sur la tablette et cala confortablement son dos dans le fauteuil, ouvrit le livre qu’il avait toujours entre ses mains et attaqua la première phrase. Il avait le culte des premières phrases, elles étaient pour lui la porte qui permettait d’entrer dans l’univers que proposait l’auteur. Pour lui, une porte d’entrée devait être facile à ouvrir ; de même, la première phrase d’un livre devait être simple, claire et belle.....
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Combien étaient-ils dans cette grande salle du palais des Tuileries dite salle des Cent-Suisses ? Quatre cents, cinq cents, six cents ? Un peu intimidé, il se tourna vers le chef d’orchestre. Celui-ci fit signe aux musiciens de se lever ; ils se levèrent et se mirent à applaudir à leur tour. Alors il oublia tout.
Il oublia les heures impossibles auxquelles son père le tirait du lit pour l’obliger à faire ses gammes, les journées assommantes passées à faire des exercices tirés des premières études ou Caprices pour violon de Rodolphe Kreutzer, les moments de timidité paralysante qui le saisissaient chaque fois que le Kapellmeister Haydn le recevait pour lui donner des leçons. Il oublia tout. Il n’y avait plus que cette tribune où il se tenait, avec sa balustrade rehaussée d’or et ses balustres en forme de lyre, ces lumières, ces musiciens dont certains jouaient en habit brodé, l’épée au côté et le chapeau à plumes sur la banquette, ces aristocrates et ces bourgeois rivalisant d’élégance, ces dames aux coiffures et chapeaux sophistiqués, étranges même, vêtues de robes légères avec volants et falbalas, le tout dans un tourbillon d’applaudissements, de bravo, bravissimo.
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Dans un des balcons en demi-cercle situés au-dessus des piles du pont, un chanteur installé à côté d’un bouquiniste vendait des partitions d’airs populaires et d’ariettes d’opérettes à succès. Pour un liard le couplet, il vous chantait l’air sans obligation d’achat.
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Liberté d'expression, valorisation de l'individualité et du trait d'esprit, diversité sociale, tout çela était nouveau pour Frédérick de Augustus. Jusque-là, comme tous les opprimés, il savait ce que voulait dire ne pas être libre, mais il ne savait pas ce qu'était la liberté. Ne pas être libre était quelque chose de physique que l'on ressentait en soi, dans sa chair. La liberté se définissait en creux. Elle consistait uniquement à se débarrasser des entraves qui vous asservissaient : la lourde et pesante chaîne de fer qui rivait les pieds de l'esclave dans l'entrepont d'un navire négrier, les lanières du fouet qui lacérait le corps pendant les corvées dans les plantations, la violence des maîtres. C'était de cette liberté-là qu'avait rêvé son grand-père dans les cales du bateau qui le transportait à la Barbade, celle qu'avait reconquise sa grand-mère en se suicidant, privant ainsi le maître de la satisfaction de la posséder, celle dont avait rêvé son père lorsque le sang giclait de son dos sous les coups du contremaître dans les champs de canne à sucre de l'île. Mais le type de liberté que Frédérick de Augustus découvrait ici était tout à fait autre chose, une liberté qui ne pouvait être conçue que par des hommes qui étaient déjà libres. Elle était abstraite mais réelle, elle allait au-delà de celle rêvée par les asservis tout en l'englobant. Elle flottait dans l'air de Paris, diffuse, et Frédérick de Augustus, dans son fauteuil, se demandait si cette liberté n'était pas le signe avant-coureur de mutations encore plus grandes.
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La scène n’avait pas échappée à Olympe de Gouges. Aussitôt que Frederick de Augustus et George eurent fini de faire leurs adieux à la marquise, elle s’approcha d’eux et, sarcastique, lança :
- Ainsi vous vouliez faire des amabilités à cet hypocrite de Jefferson ?
- Hypocrite ? s’exclama Frederick de Augustus. L’homme n’est certes pas amène, mais de là à le traiter d’hypocrite…
- Il est venu faire ses adieux à la marquise car il vient d’être rappelé pour assurer la fonction de secrétaire d’Etat dans son pays. Je suis sûr qu’il sera heureux de retrouver ses esclaves.
- Vous voulez dire qu’il possède des esclaves ?
- Oh oui, près de deux cents, m’a-t-on dit ?.
- Mais non, protesta Frederick de Augustus. Vous devez confondre avec quelqu’un d’autre. C’est lui qui a écrit que « tous les hommes sont créés égaux ».
- Oui. Sauf les Noirs, les Indiens et les femmes.
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Quel est le plus beau livre consacré aux femmes africaines ? Une pépite.
« Photo de groupe au bord du fleuve », d'Emmanuel Dongala, c'est à lire en poche chez Babel.
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