AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Second Quatuor de Los Angeles tome 2 sur 2
EAN : 9782743648893
704 pages
Payot et Rivages (06/11/2019)
3.29/5   179 notes
Résumé :
Le deuxième volet du nouveau Quatuor de Los Angeles ! Janvier 1942 : Los Angeles est encore sous le choc de l'attaque de Pearl Harbour, les Américains d'origine japonaise sont massivement arrêtés, des pluies torrentielles s'abattent sur la ville, et un corps est découvert dans Griffith Park à la faveur d'un glissement de terrain.
Que lire après La tempête qui vientVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 179 notes
Titre : La tempête qui vient
Auteur : James Ellroy
Editeur : Rivages noir
Résumé : Au lendemain de l'attaque de Pearl Harbour, les habitants de Los Angeles vivent dans l'angoisse d'une nouvelle attaque nippone. Les ressortissants Japonais sont traqués, arrêtés, et tandis qu'un déluge s'abat sur la ville, un corps est découvert dans Griffith Park.
Mon humble avis : Premier Quatuor de Los Angeles : un choc . Trilogie Underworld : un choc. Pour moi, James Ellroy est un monument de la littérature américaine, un dingo capable de balayer des décennies d'histoire en mêlant ses fantasmes à la réalité, un auteur unique, enragé, un génie complètement barré, la quintessence de l'auteur de noir américain. Et puis arrive le deuxième quatuor de Los Angeles, je l'attendais avec impatience celui-là. Perfidia d'abord, où l'on retrouve les obsessions du dog – sexe – pouvoir – corruption – un roman fleuve comme d'habitude, mais un roman qui m'a laissé le sentiment tenace qu'Ellroy se caricaturait. Je faisais pourtant confiance à l'auteur Californien pour rectifier le tir et j'attendais avec impatience la parution de la tempête qui vient . Et puis la lecture. L'impression de lire une parodie d'Ellroy et j'exagère à peine, des dizaines de noms propres par phrase, des situations presque risibles, un Dudley Smith méconnaissable, un style d'une sécheresse étonnante. Mais qu'arrive-t-il à Ellroy ? Suis-je le seul à trouver ses deux derniers romans illisibles ? L'animal se répand dans les médias, affirmant, avec sa verve habituelle, que ce quatuor est ce qu'il a fait de mieux jusque là et que ses textes passeront à la postérité. Nous sommes habitués à ce discours me direz-vous, mais jamais ces paroles ne m'ont paru plus éloignées de la vérité qu'aujourd'hui. J'ai le sentiment qu'Ellroy n'écrit plus que pour lui-même et une poignée de fidèles qui, de toute façon, trouveraient géniales chacune de ses phrases, même si elles étaient écrites par son chien. Je pense ne pas être le seul à ne plus reconnaître l'écriture du maître, sons sens du rythme et de l'intrigue. Je pense ne pas être le seul à penser qu'il est en roue libre sur ce quatuor et j'espère sincèrement pouvoir relire un jour un texte de la force du Dahlia noir ou de LA confidential. Croisons les doigts pour que ce jour arrive.
J'achète ? : Je viens de parcourir quelques chroniques sur le net et je me rends compte que le dog compte encore de nombreux fidèles. La tempête qui vient y est encensé… Alors peut-être cela vient-il de moi, peut-être que je passe à côté d'un grand roman, peut-être que je ne suis plus apte à suivre les aventures de Dudley Smith dans la cité des anges ? Peut-être, même si j'en doute. En attendant je me demande bien qui peut, aujourd'hui, sauver le soldat Ellroy ?
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          625
ça va, j'arrête, je rends les armes, Ellroy vainqueur par K.O. à la page 137! Trop c'est trop. Il ne faut pas prendre les lecteurs pour des crétins. A moins que ce ne soit un précis grammatical, comment écrire une phrase, sujet, verbe, complément :
Elmer allume un cigare.
Elmer rallume son cigare.
Mais qui est cet Elmer, un parmi des centaines, voir plus, déjà page 137, je ne reconnaissais pas les miens, des nouveaux noms encore et toujours.
Style télégraphique, à force ça lasse...
J'aurai essayé quand même.
Ouf! C'est fini.
Pour qui se prend Ellroy? Ou plutôt qu'est-il devenu? Où est passé le formidable auteur du quatuor de Los Angeles? American road trip? Etc.
Je pense qu'il aura reçu un coup sur le carafon, ce n'est pas possible autrement.
Il était passé à Vincennes il y a quelques années pour le festival du livre américain. Un grand mec hautain, déjà pas sympa. Puis il y a un temps déjà chez Busnel à La grande librairie, imbuvable, bref tourner la page Ellroy.
La tête s'est mise a enfler depuis qu'il était devenu pré-nobellisable!

Dommage c'était un cadeau de ma belle...

Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          4723
C'est toujours enthousiasmant d'évoquer l'oeuvre de James Ellroy à l'occasion de la parution d'un de ses romans qui entre dans l'actualité littéraire parce que cela nous donne l'occasion de faire la retrospective d'un auteur monumental qui a radicalement changé la perception que l'on pouvait avoir de la littérature noire. Et si l'on me demande quel est mon roman préféré de James Ellroy, je réponds sans hésitation Lune Sanglante (Rivages/Noir 1987), premier opus de la série Llyod Hopkins, sergent tourmenté du LAPD. Adoubé à l'époque par Jean-Patrick Manchette avec cette phrase emblématique où balistiquement parlant, le redoutable chroniqueur faisait référence à «son épouvantable puissance d'arrêt » pour un ouvrage qui détonnait dans le paysage du roman policier francophone. A sa parution, alors à peine âgé de 20 ans, je découvrais donc un livre où l'auteur passait déjà un contrat moral avec son lecteur où l'intellectualisation de la pensée faisait déjà partie de l'exigence pour accéder à un texte dense aux ramifications complexes où l'on rencontrait le personnage « ellroyien » par excellence, implicitement maudit, se déclinant sur toute une gamme de sentiments oscillant entre le désarroi et la colère pour le précipiter dans une dimension tragique ponctuée d'éclats de fureur d'une rare intensité reléguant par exemple des tueurs en série tels que Hannibal Lecter au rang d'hystérique maniéré. Que ce soit le Poète dans Lune Sanglante ou plus tard Martin Plunkett dans Un Tueur Sur La Route (Rivages/Noir 1989), autre ouvrage emblématique de James Ellroy, vous pouvez avoir une idée de la capacité phénoménale d'un auteur à décliner le réalisme du terrible processus de folie qui hante ses personnages au gré d'un texte où l'importance et la précision du mot sublime l'horreur de la scène qu'il dépeint et que l'on retrouve également dans le Dahlia Noir (Rivages/Noir 1988), ouvrage de référence de James Ellroy, qui inclut désormais une dimension historique dans ses récits avec cette première tétralogie du Los Angeles des années cinquantes qui s'achève avec White Jazz (Rivages/Noir 1991) où le fameux style "télégraphique" de l'auteur poussé à l'extrême marque un tournant dans son oeuvre. S'ensuit la trilogie Underworld USA où la dimension historique, voire politique, supplante la noirceur du crime avec une ambition marquée de démystifier cet aspect manichéen d'une Amérique idéalisée dont le revers de la médaille nous permet de distinguer une lutte d'influence où tous les coups sont permis (complots/intimidations/collusions/ corruptions et extorsions). Il en résulte donc un choc entre le fracas de l'histoire, la violence du crime et le rythme ou plutôt la musicalité d'une langue impactant un texte où l'on retrouve les caractéristiques d'un auteur à la fois outrancier et précis que ce soit au niveau de l'intrigue forcément complexe et du langage intégrant les idiomes de l'époque afin de restituer au mieux l'atmosphère des lieux et l'état d'esprit des personnages. Rien n'est donc aisé en lisant Ellroy qui continue à évoluer en déstabilisant ainsi son lectorat pour mieux l'interpeller comme c'est le cas avec ce deuxième quatuor de Los Angeles se déroulant durant la seconde guerre mondiale avec en point de mire le bombardement de Pearl Harbor pour Perfidia (Rivages/Noir 2015) premier opus de la série et la mystérieuse bataille de Los Angeles pour La Tempête Qui Vient, dernier roman fracassant de l'auteur.



En janvier 1942, les habitants de Los Angeles sont encore sous le choc de l'attaque de Pearl Harbour et s'attendent à un bombardement imminent tandis que l'on repère des sous-marin japonais au large des côtes californienne. Alors que des pluies diluviennes s'abattent sur la ville, on découvre, à l'occasion d'un glissement de terrain, un corps vraisemblablement enterré sur les hauteurs de Griffith Park. Ainsi débute une enquête au sujet d'un braquage d'une cargaison d'or transportée dans un train et dont le butin va attirer toutes les convoitises. C'est durant cette période trouble que l'on organise la déportation méthodique des citoyens américains d'origine japonaise. Une opportunité pour le sergent Dudley Smith qui met en place un système d'extorsion couplé à un trafic de drogue entre le Mexique et les USA tout en étant sous le charme de la troublante Kay Lake. Entre amour et trahison il s'alliera avec l'as de la police scientifique Hideo Ashida qui lui est dévoué corps et âme et la perspicace et fringuante Joan Conville qui vient d'intégrer le LAPD contre son gré. On assistera alors à une terrible lutte d'influence et de pouvoir au sein d'un service de police totalement corrompu opposant le capitaine Bill Parker, secondé du sergent Jackson au génie du mal Dudley Smith. Une épopée chaotique où l'on croisera espions japonais, fascistes mexicains, nazis déjantés et flics totalement dévoyés qui luttent également contre le péril rouge alors que la cinquième colonne poursuit son travail de sape.



Avec La Tempête Qui Vient, James Ellroy ne déroge pas à la règle en nous livrant un roman aux multiples intrigues complexes qui s'entrecroisent dans un agencement dantesque et qu'il décline avec un style syncopé extrême traduisant le chaos de l'époque et l'énergie folle de personnages déjantés que l'on a croisé soit dans le premier quatuor de Los Angeles, soit dans la trilogie Underwold USA. C'est peu dire qu'il importe de lire ces ouvrages pour appréhender la trajectoire d'individus ambivalents, forcément torturés, reflets d'une Amérique obscure qui n'a pas grand chose à voir avec l'image idéalisée de ces années clinquantes où le rêve américain serait à son apogée. Au terme d'une lecture nécessitant attention et concentration pour appréhender toute la singularité d'une période méconnue, certains lecteurs seront davantage enclin à effectuer un bilan comptable en relevant le nombre de protagonistes et la somme de pages dont ils seront finalement venus à bout tout en soulignant les excès d'une prose vulgaire et de scènes scabreuses pour évoquer finalement le déclin d'un auteur outrancier qui ne serait plus que l'ombre de lui-même. Ce serait peut-être aller vite en besogne que d'enterrer un romancier d'envergure en se focalisant sur des aspects secondaires qui peuvent effectivement perturber un lectorat plus habitué au confort d'un langage lissé et d'une intrigue linéaire. Secoué, malmené, le lecteur devra donc littéralement empoigner La Tempête Qui Vient afin d'apprivoiser un texte au rythme frénétique dont la musicalité s'apparente à un long morceau de bebop tonitruant. C'est autour de ce sentiment fondamental que James Ellroy bâtit un récit intense, parfois chaotique, jalonné d'événements historiques plutôt méconnus à l'instar de l'internement de la communauté d'origine japonaise, vivant sur le sol américain, dans des camps tel que celui de Manzanar, située à 370 km de Los Angeles, au pied de la Sierra Nevada ou de cette bataille de Los Angeles où la DCA ouvre le feu durant de longues heures en ayant la certitude d'avoir à faire une attaque aérienne japonaise et qui donne lieu à une scène d'anthologie devenant la pierre d'achoppement du roman. Couvre-feu, blackout, déportations, trafics en tout genre sur fond de corruption endémique des forces de police, bouleversement des forces et des alliances à la suite de la rupture du pacte germano-soviétique, James Ellroy romance avec maestria l'ensemble de ces événements historiques pour restituer une intrigue qui tourne autour d'une quête d'un cargaison d'or volé et des investigations sur le meurtre de deux flics exécutés dans un club de jazz d'un ghetto afro-américain.



A la lecture de la Tempête Qui Vient on prend surtout plaisir à retrouver les caractéristiques emblématiques du personnage ellroyien romanesque avec ce sens du sacrifice pour la cause qu'il défend jusqu'à l'excès et cette ambition, voire cette convoitise qu'il affiche parfois sans complexe. C'est cette ambivalence qui nourrit l'ensemble de protagonistes précipités dans une successions d'événements qu'ils sont incapables de maîtriser. Et puisqu'il s'agit d'un préquel où l'on connaît déjà la destinée d'un grand nombre de protagonistes, c'est autour des nouveaux personnages du quatuor tels que Hidao Ashida et Joan Conville que s'instaure le doute quant à leur devenir dans ce foisonnement d'intrigues qui les dépassent complètement, même si leur perspicacité respective va servir les forces occultes qui les dirigent, incarnés par le sergent Dudley Smith pour l'un et le capitaine William Parker pour l'autre. Autre personnage romanesque côtoyant les célébrités de l'époque comme l'acteur réalisateur Orson Welles ou le compositeur Otto Klemperer, on appréciera la troublante de Kay Lake dont les extraits de son journal deviennent des îlots d'apaisement teintés d'un certain romantisme qui tranche radicalement avec la fureur des intrigues connexes dont elle est l'une des protagoniste centrale et par conséquent le témoin intrinsèque des événements qu'elle relaie au gré de ses réminiscences éthérées.



Chronique intense et déjantée d'une guerre dépourvue de champ de bataille, La Tempête Qui Vient est un brillant récit évocateur d'une époque incertaine qui secoue le lecteur jusqu'à la dernière page. Certains ne s'en remettront probablement pas et c'est bien dommage car, au-delà de quelques excès au service du récit, la puissance de feu de James Ellroy est toujours intact et l'on ne peut que s'en réjouir.



James Ellroy : La Tempête Qui Vient (This Storm). Editions Rivages/Noir 2019. Traduit de l'anglais (USA) par Jean-Paul Gratias et Isabelle Aslanides.



A lire en écoutant : Forgotten Melodies I, Op. 38:No. 1, Sonata in A Minor « Reminiscenza » de Nikolaï Medtner interprété par Ludmilla Berlinskaya. Album : Reminiscenza. 2017 JSC « FIRMA MELODIYA ».
Lien : http://monromannoiretbienser..
Commenter  J’apprécie          203
Dans un livre d'Ellroy, on trouve des flic véreux, de la violence, toute la décadence humaine et un soupçon de rédemption.
Le style est raccord; des phrases sèches comme des coups de poings.

Bienvenu à LA et bonne année 1942!
L'Amérique de Roosevelt redoute l'attaque des Japonais sur la Côte Ouest. Les résidents nippons, en tout cas les supposés espions, sont raflés et emprisonnés. Cela en fait un paquet.
le sergent Dudley Smith et quelques complices mexicains veulent profiter de cette aubaine pour faire un maximum de blé en les envoyant dans des camps de travail.
La belle Joan a provoqué un accident mortel et une occasion pour Parker de la "sauver". le flic Elmer Jackson cherche son frère disparu depuis un vol d'or dans un train 4 ans plus tôt. Hideo Ashida, le policier scientifique, le protégé de Smith, a un penchant aurifère. 3 hommes décèdent dans un clubhouse dont deux flics ripoux overdosés. Cela fait désordre pour l'image de la police.
Une issue honorable est donc demandée aux enquêteurs.
Ajoutez à cela un contexte de montée des idées du nazisme et du communisme sur le secteur Californie-Mexique et vous aurez un aperçu de la complexité du processus de résolution de l'intrigue principale.

Dès les premières pages, Ellroy vous mène dans ce tourbillon. le style vaut le détour, certains passages sont des scènes d'action très travaillées mais j'ai moins goûté l'intrique à rallonge.

Commenter  J’apprécie          260
En ce début d'année 1942, Los Angeles reste traumatisé par l'attaque japonaise surprise sur Pearl Harbor. Les déportations et internements des Issei et Nisei s'intensifient. le sergent Dudley Smith, le catholique irlandais fou promu capitaine au SIS, est envoyé en Basse Californie au Mexique pour surveiller les agissements de la 5ème colonne et empêcher les attentats japonais. Il en profite surtout pour mettre en place trafic de drogue et de travailleurs immigrés clandestins et parader en uniforme SS. de l'autre côté de la frontière, sous les trombes d'eau qui noient la "mégalo-pôle" californienne, le sergent du LAPD et souteneur patenté, Elmer V. Jackson qui essaye d'arrêter un cambrioleur violeur, hérite d'un cadavre, mis à jour lors d'un éboulement de terrain, qui pourrait être lié à deux anciennes affaires irrésolues vieilles d'une dizaine d'années : le vol d'une cargaison d'or dans un train et l'incendie meurtrier de Griffith Park.
L'occasion pour les génies scientifiques de la police Hideo Ashida et Joan Conville de mettre leur talent au service de la justice... ou de leur propre cupidité.
Quand deux flics véreux (pléonasme au LAPD des années 40 ?) et un nazillon mexicain sont retrouvés assassinés dans un klubhaus, mi bordel mi club de jazz dans un ghetto noir de la ville, une composante politico-idéologique vient complexifier la résolution des trois affaires qui semblent inextricablement liées les unes aux autres.

Le deuxième opus du Second Quatuor de Los Angeles est arrivé dans les bacs des libraires quatre ans après Perfidia. Une longue attente pour tous les fans du "Dog de L.A." qui espéraient avec impatience le retour des personnages ellroyiens emblématiques, tous plus ou moins barrés, déjantés, torturés, profondément ambivalents, capables de sacrifice mais dévorés par l'ambition et la convoitise, accros au sexe, à la came, à l'alcool, au fric et au pouvoir, véritables portraits d'une Amérique sombre et sauvage très éloignée de l'image idéale de l'American Way of Life et du rêve qui le caractérise.
Sortis de l'imagination fertile de l'écrivain ou personnages réels, les flics du LAPD, d'autres services ou même mexicains, les hommes de loi, les politicards, les médecins, les nymphomanes fatales et les prostituées, les hommes d'église, les journalistes, les acteurs de cinéma ou les musiciens évoluent dans des sphères où chacun surveille l'autre, le manipule ou l'exploite. Tous et toutes sont plongés dans une situation inédite car "c'est la guerre" et dans laquelle la répression et la spoliation contre les japonais, la paranoïa antinazie et anticommuniste, atteignent des sommets et viennent s'ajouter à la perversité décadente habituelle de la Cité des Anges.
En prenant place dans le grand projet d'Ellroy de réécrire l'histoire américaine entamé avec la première tétralogie consacrée à sa ville natale et poursuivi par la trilogie Underworld USA, "la tempête que vient" aborde une fois encore les thèmes de prédilection de l'auteur conservateur et provocateur. Les voici, sans ordre de préséance ou d'importance. le Fric. Trafics en tout genre, drogue, armes, êtres humains ou réseaux de prostitution, tous les protagonistes ou presque ont la volonté de se faire un maximum de blé. Inutile de dire que mettre la main sur un gros tas de lingots d'or, c'est le jackpot assuré. le Sexe. Entre les liaisons passionnées et les passes tarifiées, le sexe ou le désir sexuel est au coeur des chassés-croisés amoureux qui unissent les personnages en des trios pervers et improbables. le Pouvoir. Qu'il soit politique, judiciaire, journalistique ou conféré par une plaque et un flingue de service, le pouvoir, c'est la corruption et la violence. Chantage, assassinat, passage à tabac, destruction de preuves, écoutes et enregistrements cinématographiques illégaux, journaux à scandale ou jury fantoche, tout est bon pour assoir sa domination sur l'autre et son statut social.
James Ellroy développe donc ce qui fait son fonds de commerce dans le cadre idéologique, politique, social et religieux des années de guerre sans champs de bataille pour romancer des événements historiques en créant une triple intrigue riche et complexe. Parfois un peu trop riche et complexe car l'auteur ne laisse pas le lecteur souffler une seule minute et exige de lui une lecture concentrée et attentive qui n'est pas facilitée par le style syncopé et télégraphique dont Ellroy s'est fait le chantre et qui est sa marque de fabrique. Nerveuse, électrique, brutale, à l'instar des personnages, la prose destructurée d'Ellroy possède un rythme fusant et déchaîné et utilise un vocabulaire argotique et ordurier que d'aucuns peuvent juger trop gratuit pour être séduisant et dont les excès outranciers pourraient illustrer le prétendu déclin de l'auteur. Néanmoins, il est certain que d'autres peuvent y entendre la musicalité frénétique et tonitruante du Bebop qui prend à l'époque son essor. Mais c'est là la volonté du "Chien Fou" de nous perdre dans les facettes multiples de ce roman policier, noir, d'espionnage et historique qui nous plonge dans une Amérique fondée sur le crime et au sein de laquelle les idéologies communiste et fasciste cherchent à s'unir pour tuer la démocratie et créer une nouvelle alliance totalitaire.
L'accalmie qui n'arrive jamais dans ce roman viendra dans la patience dont nous allons devoir nous armer en attendant la sortie du 3ème opus de cette grande épopée.
Commenter  J’apprécie          117


critiques presse (4)
LeJournaldeQuebec
09 décembre 2019
Entre les combines de flics ripoux, l’accostage de sous-marins japonais près des côtes américaines, les réseaux de prostitution, les trafics de drogue, les groupes pronazis ou les femmes fatales, impossible de s’ennuyer !
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeSoir
25 novembre 2019
Sous ses dehors de chien fou, James Ellroy est un formidable narrateur, qui place l’écriture au-dessus de tout. Son dernier opus, « La tempête qui vient », tient du grand art.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
22 novembre 2019
La Tempête qui vient est, de fait, un roman tellurique, mieux, sismique. Il tonne. Il gronde. Il explose d’accès de violence. La haine – envers les Japonais, les juifs, les communistes – est tonitruante, et la folie, omniprésente.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
07 novembre 2019
Après “Perfidia”, le maître du polar amplifie encore le chaos post-Pearl Harbor. En écho avec l’Amérique d’aujourd’hui, le romancier se déchaîne.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Dépêche : Calles a institué un plan sexténal de réformes sociales et politiques, calqué sur le plan quinquennal de la Russie soviétique.
Dépêche : Calles, décidant d’éradiquer l’influence de l’Église catholique, a interdit les fêtes religieuses et les processions, et créé des « coopératives ouvrières » pour contrer les présumés excès du capitalisme industriel et séculariser un peu plus la classe politique mexicaine, malgré l’opposition acharnée des Mexicains CATHOLIQUES.
Dépêche : Les évêques catholiques ont été contraints de suspendre les offices religieux.
Dépêche : Les escouades de « Chemises rouges », les hommes de main de Calles, ont fermé toutes les églises du Mexique.
Dépêche : Des prêtres ont été assassinés, des religieuses violées, des évêques se sont réfugiés en Amérique du Sud, et on célébrait la sainte messe comme s’il s’agissait d’un sacrement secret.
Dépêche : Calles le cancéreux a eu pour successeur le gauchiste mollasson Lázaro Cárdenas, sorte d’ange gardien surprotecteur moins nuisible que le précédent. Ses décisions anticléricales avaient encore des relents staliniens, mais moins délibérément nauséabonds.
Des prêtres étaient toujours assassinés, des religieuses violées. Dans les provinces, certains despotes continuaient de fermer des églises et d’interdire la messe.
Dépêche : Ces pratiques perdurent sous l’actuel Presidente Manuel Ávila Camacho – un prétendu « centriste de gauche » – entendez par là : un muchacho qui mâche bien ses mots.
Cela nous mène aux Cristeros – les membres remarquablement vertueux de la résistance CATHOLIQUE : les Chemises jaunes – à ne pas confondre avec les Chemises rouges de la clique communiste des Calles et Cárdenas – la garde officielle qui combattait le feu par le feu, qui tuait des Chemises rouges, lynchait des commissaires communistes, des apparatchiks apoplectiques, et a brûlé vifs de nombreux Reptiles rouges.
Commenter  J’apprécie          30
RADIO TONNERRE/L’ÉMISSION DU PÈRE CHARLES COUGHLIN/
XERB RADIO, LOS ANGELES. ÉMETTEUR PIRATE/ TIJUANA, MEXIQUE.

MARDI 30 DÉCEMBRE 1941*
Bonsoir et bienvenidos ; avec du retard, une Feliz Navidad, et n’oublions pas : próspero año y felicidad – qui signifie « Bonne année » ou « Happy New Year » en anglais, et qui nous permet d’annoncer le thème de l’émission de ce soir : le Mexique en guerre. Et, en guerre, nous le sommes, chers auditeurs américains – même si, bien sûr, nous n’avions aucune envie de l’être, pour commencer.
Mais soyons francs. Es la verdad, comme le disent nos cousins mexicains. Il y a à peine vingt-trois jours que nous pataugeons dans ce marasme, et nous avons dû nous rallier aux joyeux violeurs que sont les Russes rouges pour lutter contre les nazis, qui sont autrement sympathiques, en toute sincérité. C’est déplorablement dommage, mais dans son délire, notre président manipulé par les juifs, Franklin « Déloyal » Rosenfeld, a décrété que nous devions combattre der Führer, donc, hélas, affronter cet héroïque Jefe sera une obligation pour nous. Malgré tout, ce ne sera pas pour tout de suite – nous avons trop à faire avec les Japs en ce moment.
Alors, allons nous balader au Mexique – où les señoritas ont un tempérament de feu et les hommes sont tous des têtes brûlées et font
régner leur loi.
Quand on parle du Mexique, on pense tous : « FIERS D’ÊTRE CATHOLIQUES », n’est-ce pas, les amis ?
Ajoutons à cela : RÉPUBLIQUE THÉOCRATIQUE, ANTIROUGES et CONSCIENCIEUSEMENT CROYANTE.
Cela dresse un sacré tableau, n’est-ce pas ? Oui, mais le tableau est totalement inexact et tristement séditieux, car il date de l’agitation des années vingt et du répugnant règne rouge du Presidente Plutarco Calles.
Commenter  J’apprécie          20
Janvier 1942. Los Angeles est encore sous le choc de l’attaque de Pearl Harbor. Les Américains d’origine japonaise sont massivement arrêtés tandis que des pluies torrentielles s’abattent sur la ville. Un corps est découvert dans Griffith Park à la faveur d’un glissement de terrain. C’est le début du chaos : entre un incendie criminel et un braquage de grande ampleur qui refait surface, des nazis surexcités, des espions, des trafics de drogue, des flics corrompus, des chasséscroisés amoureux et les « usual suspects » Dudley Smith et le sergent Jackson du LAPD, la troublante Kay Lake, le génie de la police scientifique Hideo Ashida, ainsi que la flamboyante Joan Conville, le maestro Ellroy orchestre une brillante et inoubliable symphonie.
Commenter  J’apprécie          30
Reminiscenza.

Je reste envoûtée par le sortilège. Je subis encore cette fièvre provoquée par le passage de naguère à aujourd’hui. Je suis très âgée, à présent, et je reste le dernier témoin vivant. Le Maestro m’a légué son piano et la partition que nous avons importée en fraude depuis la Russie. Ma vue et ma mémoire sont intactes. De longues séances d’exercices musculaires ont préservé la force de mes mains.
Je compose au clavier. L’improvisation fait resurgir les souvenirs.
Les mots et la musique me soutiennent et renforcent mon rejet de la mort.
La guerre
La pluie
L’or.
Los Angeles et le Mexique, la cinquième colonne.
Je ne mourrai pas tant que je vivrai cette aventure.
Commenter  J’apprécie          20
Pardonne mes folies par orgueil.
Pardonne mon stupide rêve d’or.
Pardonne mon éternelle arrogance.
Pardonne mes regrets sans remords.
Pardonne mes remords sans repentir.
Pardonne cet ultime acte inconsidéré et ne condamne pas cette expiation..
Des formes et des couleurs se déploient.Elle s’étend sur le canapé et envoie promener ses chaussures.Elle voit le Loup de Dudley .Le bain de vapeur chez le Maestro apparaît.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de James Ellroy (95) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Ellroy
François Guérif nous explique en détail l'effet Ellroy et ses effets sur la collection Rivages Noir.
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (553) Voir plus



Quiz Voir plus

James Ellroy

De quelle couleur est le célèbre Dahlia ?

rouge
blanc
multicolore
noir

13 questions
167 lecteurs ont répondu
Thème : James EllroyCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..