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EAN : 9782867468254
200 pages
Liana Lévi (15/04/2016)
3.94/5   60 notes
Résumé :
Dick Wilson a quitté ce bout de terre misérable au Nord-Ouest de l'Oklahoma avec sa mère alors qu'il était tout juste adolescent. Quinze ans plus tard, le voici de retour avec chapeau et fine moustache, dans une belle voiture aux pare-chocs chromés. Retrouver la petite ferme familiale ne va pas de soi, d'autant que des événements déconcertants se sont produits en son absence. Annie Mae, son amie d'enfance, vit à présent avec le vieux Samuel, le père de Dick, un homm... >Voir plus
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Voilà des années que Dick Wilson a quitté les terres de son père. Sans se retourner. C'est à bord, aujourd'hui, d'une belle voiture jaune, rutilante, aux pare-chocs chromés, qu'il se présente à la femme, méfiante, qui l'observe depuis le perron. Elle n'a pas reconnu en l'homme impeccablement mis, bien bâti, grand, la lèvre ornée d'une élégante moustache et la tête parée d'un superbe chapeau blanc, le petit Dickie avec qui elle jouait gamine. Lui ne s'attendait pas à tomber nez à nez sur son amie, Annie Mae, devant la maison de son père. Ni d'apprendre que l'enfant, collée à ses jupons, n'est autre que la fille de Samuel Wilson, autrement dit sa petite soeur. Pourquoi revenir aujourd'hui sur ces terres arides, soumises à de terribles tornades ? Pourquoi acheter le terrain jouxtant celui de son paternel alors que Dick Wilson semble avoir réussi ? Pour se venger ? Pour l'or noir ? Pour le coeur d'Annie Mae ?

Lionel Salaün nous plonge dans l'Oklahoma des années 30, quelques jours avant le Black Sunday. L'on ressent, dès les premières pages, la chaleur écrasante et suffocante, le soleil qui ravage les cultures et assomme les hommes. Au coeur de ces terres hostiles vit Samuel Wilson qui, entêté, s'acharne à cultiver ses plants de tabac. le retour de son fils, Dick, sur qui il semblait avoir définitivement fait une croix, est aussi inattendu que malvenu. Un retour que l'on devine vengeur tant les deux hommes semblent se mépriser. L'auteur dévoile ainsi, au gré des souvenirs, les raisons de la fuite de Dick. Ce roman, âpre, d'une rare intensité, nous immerge avec force au coeur de ces contrées miséreuses, ingrates parfois, où se sont réfugiés les derniers bootleggers. Les personnages, profonds, forts et parfaitement campés, nous émeuvent de par leur volonté inébranlable, de Samuel avec ses terres hostiles à Dick en passant par Jasper, ce jeune homme sans sou et sans travail, issu d'un camp dit de transit, nommé « Hooverville », qui va suivre ce dernier dans son projet de revanche. La plume, dense et précise, apporte souffle et vie à ce roman aussi tragique que magnifique...
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Un roman qui claque .
Sec . Dur . Noir .
Ce récit nous plonge dans les années1920/1930 .
Il n'a fallu que peu de pages à Lionel Salaün pour retracer un petit pan de l'histoire de l'OKlahoma avec en toile de fond la Grande Dépression , la prohibition , la grande sécheresse , les tornades et les gigantesques nuages de poussière .

On se souvient de ces fermiers affamés jetés sur les routes .
Ici , le père du jeune Dick lui , choisit de rester seul dans ce décor apocalyptique .
Ainsi va surgir l'histoire du jeune homme et de son combat.

Dès le début , le texte nous plonge dans une atmosphère lourde , violente , inquiétante . Elle envahit les lieux , les personnages .
Et, bien sûr , très vite on pense à Steinbeck : Lionel Salaün parvient aussi à parsemer de sensibilité les pires moments de désespoir .
C'est dans la lignée mais il garde toute sa personnalité tant pour la forme que le style .
De même que , les personnages étant si bien campés , j'avais sans cesse en tête les portraits de ces fermiers et de ces femmes des Grandes Plaines immortalisés par Dorothea Lange .

Lionel Salaün réussit donc ici une belle alliance de L'Histoire et d'une fiction très réaliste .
Le livre se dévore .
Dans l'ensemble , j'ai apprécié la fluidité du style même si parfois, j'ai regretté quelques répétitions alourdissant un peu le texte .
Mais , ce n'est qu'un petit bémol et ce roman très bien construit tient en haleine jusqu'à la fin .
Une fin , mais une fin ... Impensable !

Un excellent moment de lecture et une belle découverte que celle d'un auteur français amateur de blues ... et de littérature américaine .
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Je connaissais le retour de Martin Guerre.
Voici celui de Dick.
Dick is back in Oklahoma, qu'on se le tienne pour dit.
Le gamin rachitique a grandi et bien changé.
Il semble avoir réussi malgré une entame de vie quelque peu balbutiante.
Merci à p'pa Wilson et son éducation aussi aride que sa terre.
Dick y avait laissé ses espoirs et son amour de jeunesse.
Il est aujourd'hui bien décidé à reconquérir les deux.
Et un grand chelem en marche, un !

J'aime ces lectures où il ne se passe pas grand chose en définitive mais qui jouent habilement sur la montée en puissance d'une tension paroxystique sur fond d'épais mystère.

Le cadre prête peu à la glousserie en série.
La Grande Dépression sévit.
Le panorama, sec comme un coup de trique et sujet d'étude privilégié des féroces Dust Bowl, vous file direct la pépie.
Perdues dans cet îlot de désespérance, quelques âmes errantes avides de solde pour tout compte.

Récit court, intense.
Drapée d'une nature particulièrement hostile, cette terre des Wilson fera la part belle à la rancoeur larvée et la vengeance en guise de petite douceur glacée.
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Bon sang, qu'elle est âpre et sèche, la terre de l'Oklahoma des années 30 et plus particulièrement celle sur laquelle vécurent cinq fermiers qui, après toutes les sécheresses et les multiples Dust Bowl, s'en sont allé voir ailleurs si l'herbe n'était pas moins jaune et le climat moins hostile.

N'est resté qu'un irréductible, le vieux Samuel Wilson dont sa femme et son fils s'étaient enfuis quelques années auparavant. le vieux est resté sur cette terre qu'il avait abreuvé de sa sueur et de son sang.

Annie Mae, 14 ans, la fille d'un des voisin, n'a pas voulu partir avec ses parents car elle attendait toujours le retour du fils Wilson, Dick. Alors elle est restée chez Samuel. Et justement, voilà Dick qui s'en revient au pays, mais 15 ans après et dans une belle bagnole.

En peu de pages l'auteur a su insuffler dans son récit toute l'aridité et la dureté de ce petit trou perdu en Oklahoma dans les années 30 – 1935 pour être précise.

La crise financière est passée, les tornades de poussière aussi et le pays est à genou, exsangue, comme ses habitants.

Là aussi, en peu de phrases, l'auteur nous montrera toute la misère des gens qui vivaient des dans camps de fortune, crevant de faim et vivotant avec rien dans des cabanons de fortune.

En peu de mots, en peu de détails, il a su aussi nous montrer combien Samuel Wilson était une brute pour sa femme, son fils et sa mule Jessie, le tout à l'aide de quelques flash-back qui se sont insérés au bon endroit dans le récit, lui donnant encore plus d'émotion et une atmosphère encore plus prononcée.

Chez Samuel Wilson, il n'y a pas que la terre qui est sèche, lui aussi pratique l'âpreté des sentiments envers les siens et quand il a une idée en tête, il ne l'a pas ailleurs.

Sans pour autant donner des circonstances atténuantes à Samuel, le portrait que l'auteur nous brossera de lui ne sera pas non plus tout noir, l'homme a aussi, dans sa vie, morflé et il s'est vengé de la manière la plus salope de son tortionnaire en mettant la main sur sa fille et de ce fait, sur ses terres.

C'est l'histoire d'une vengeance, d'une rédemption, d'une haine larvée, d'un fils qui est devenu plus fort que son père, d'un fils qui voulait retrouver son amour d'enfance, d'un fils qui est devenu une sorte de voyou friqué, d'une fille qui est devenue une femme et une mère de famille et d'un père qui ne veut pas reconnaître ses torts.

Un roman court mais qui m'en a foutu plein la gueule pour moins de 20€, qui m'a emporté sur une terre aride, sous un soleil implacable et m'a fait plonger dans la misère des gens qui avaient tout et qui ont tout perdu à cause des banquiers.

Sans oublier ces pauvres fermiers qui travaillaient sans relâche, du matin au soir, sur une terre qui ne leur donnait pas grand-chose pour la sueur qu'ils y avaient laissée et pour bien souvent tout perdre à cause des Dust Bowl successifs.

Il est court, il est extrêmement bon, mais j'aurais aimé plus de pages tant on aurait pu encore en dire plus sur cette famille éclatée, sur les souffrances de Dick et sur la vie d'errance qu'il a mené après s'être enfui avec sa mère.

Un roman aussi noir que le pétrole qu'on extrayait de certaines terres et qui, en peu de pages, esquisse un portrait peu flatteur des années 30 et d'une partie de ses conséquences.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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D'emblée l'incipit donne la saveur et la senteur de cette histoire âpre comme peut l'être la vie et les hommes...Votre gorge se dessèche, vos yeux piquent et la sueur poisse.

L'Oklahoma fait parti de ces états du Nord-Ouest américain touché par le "Dust Bowl", bassin de poussière, où la sécheresse et l'érosion des sols règnent en maître et impactent la vie et les caractères.

1935 Dick revient dans sa maison natale, au volant d'une belle voiture, costumé et chapeauté comme la réussite qui est la sienne le lui permet.
Que vient-il faire dans ce coin paumé?
Sa voiture stoppe dans un énorme nuage de poussière et il découvre devant la maison de son père, l'amour de sa vie : Annie Mae. Maison qu'il a fui après s'être interposé entre son père, brute épaisse, et la mule Jessie dans un sursaut de courage alors qu'il n'avait que douze ans. Car le père il cogne, cogne,cogne il ne connait que ce langage.
Annie Mae est devenue la femme de ce père haï et ils ont eu une petite fille Maggie. le pourquoi est surprenant...
Samuel (le père) est un taiseux, qu'a-t-il dans sa tête de pioche? L'abjection est-elle dans ses gènes, dans le sol qu'il se détruit à essayer de rentabiliser? Les autres fermiers ont fui pas lui...

Les nuits de Dick sont hantés et ses journées très chargées.
Avec son retour sur la terre natale, le lecteur découvre ce qu'a été l'Amérique des années 20 aux années 35. La prospérité est pour les citadins, l'agriculture est en chute libre.
A la lisière de la prospérité des uns, toute une faune ravagée par la misère, la famine et la maladie est là prête à tout pour une journée de travail. Parmi eux Jasper, jeune géomètre qui va être engagé par Dick.
La grande dépression et la prohibition sont pour les mâlins le moyen de s'enrichir et Dick n'est plus un enfant encore moins un enfant de choeur c'est un "bootlegger".
Il revient pour racheter toutes les terres qui entourent celle de son père.
Sa vengeance ressemble à du fil de fer barbelé et sera déchirante comme les épissures de celui-ci.
Le lecteur ne peut deviner le final de cette histoire sauvage, des personnages indomptés et indomptables, aussi dangereux pour les autres que pour eux-mêmes, qui emportent tout sur leur passage comme le "Dust Bowl" lors du "Black Sunday".

Un coup de maître pour un auteur Français pas seulement passionné par les Etats-Unis mais habité, totalement, par ce pays.

"La terre n'appartient pas à l'homme. C'est l'homme qui appartient à la terre. Tout ce qui arrivera à la terre arrivera aux fils de la terre." Propos attribués à Sitting Bull.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Imagine, lança-t-il en enveloppant de ses bras écartés l'étendue de son domaine, des rues larges comme des avenues, bordées de boutiques, de coiffeurs pour dames, de restaurants chics et de glaciers, toutes illuminées, le soir venu, par les enseignes des cabarets, les devantures lumineuses des bars et des speakeasy où du crépuscule à l'aube, le jazz sonne comme un coup de fouet sur l'échine de la nuit. Des rues larges et droites, tout un centre-ville consacré au plaisir, à la fête et au jeu, où seul l'instant présent compte pour le pauvre père de famille écrasé par ses responsabilités ou l'ouvrier fatigué d'obéir, la semaine durant, au contremaître, un instant passé à se bourrer la gueule, à perdre sa paye au poker ou avec une des plus belles filles du Middle-West. »
Dos à Jasper, un bras levé devant lui comme pour désigner quelque chose entre ciel et terre, Dick continua sur le même ton :
« Imagine les belles routes tracées au milieu du désert pour irriguer, du Kansas au Nord, du Texas à l'Ouest, au Sud et de l'Oklahoma à l'Est, le cœur palpitant de cette cité sortie de nulle part, la faire pousser, s'entourer de terrains de golf, d'hôtels de luxe, d'un aérodrome et devenir avec le temps une belle, une vraie, une grande ville ! Ma ville ! »
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Une petite tornade, inoffensive. Du genre à vous chiper une partie de la cheminée et à vous la poser, taquine, dans le jardin. Une tornade d’avril, comme les appelait Annie Mae.

Celle d’hier, passant près de la maison, s’était contentée de soulever quelques cailloux, d’effrayer les poules, d’ébouriffer les jeunes maïs du potager et de faucher, avant de partir, le buisson fleuri collé à la clôture, tout près de là. Trois fois rien, une quinzaine de fleurs, des sauvages, dont un plant porté par le vent avait pris racine dans cette sorte de terreau, moitié sable, moitié poussière, où rien ne poussait bien d’ordinaire et que la sécheresse des cinq dernières années n’avait pas rendu meilleur.
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Elle-même avait du mal à faire coller l’image de ce bel homme, soigné, rasé de frais et les cheveux pommadés, dont une épaisse mèche, tout à l’heure, lorsqu’il avait soulevé son chapeau, lui était tombée devant les yeux, avec le Dick en haillons, nu-pieds et coiffé d’un chapeau de paille à demi défait, qu’il était à douze ans. Un garçon hardi et bienveillant, avec lequel elle avait partagé son enfance, ses rêves, et qu’elle aimait plus que ses propres frères.
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Les tornades, par ici, ce n’est pas ce qu’il manquait. La veille, l’une d’elles s’était faufilée entre les basses collines, avait glissé, presque silencieuse, sur la prairie avant de s’éloigner vers le comté voisin d’Edward et de disparaître à l’horizon. Une petite tornade, inoffensive. Du genre à vous chiper une partie de la cheminée et à vous la poser, taquine, dans le jardin. Une tornade d’avril, comme les appelait Annie Mae.
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Quand la lumière d’une seconde lampe tempête s’ajouta à celle posée sur le sol, Samuel, affairé, ne se retourna pas en reconnaissant le pas d’Annie Mae. Question d’habitude. Rien à redouter.
Ce qui ne l’empêcha pas de se figer, arc-bouté contre la ridelle de sa charrette, les traits crispés par une grimace d’effort, lorsqu’elle lâcha :
« Dick est revenu ! »
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Videos de Lionel Salaün (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel Salaün
Paru en mars 2020, ET MATHILDE DANSE fait partie des livres confinés sitôt livrés en librairies. Eva Chanet, éditrice chez Actes Sud, et Lionel Salaün, reviennent sur ce polar littéraire.
Plus d'informations sur le livre : https://www.actes-sud.fr/catalogue/romans-policiers/et-mathilde-danse
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