J’ai choisi un métier qui exige de ma personne un sens du relationnel incontestable. J’aime cette proximité avec les clients et parallèlement, je ressens ce besoin permanent de solitude qui n’est jamais comblé. Alors, soit je m’adapte aux différents milieux où me mène la vie, soit je suis une femme carrée à deux faces…
Être une femme dont le carré est droit exige beaucoup de sacrifices. Une femme comme je l’étais autrefois est un carré inébranlable et strict. Cela impose d’avoir de la rigueur, d’être dotée de fierté, de garder le contrôle, d’épouser la remise en question… Des valeurs qui me sont toujours chères bien qu’elles m’aient détruite. Car ce monde rond n’est pas fait pour les carrés.
Chaque jour, dans le monde entier, on recense je ne sais combien de morts.
Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ces ciseaux, posés à côté du fil de ma vie, seraient aussi patients que moi.
Bélier qui se respecte, impulsif et aventureux, je ne me doutais pas un seul instant que des signes évidents m’éloignaient du danger.
Non, je fonçais tête baissée, cornes en avant, vers ce que nous, êtres humains, redoutons le plus.
La vie. J’ai enfin l’intime conviction qu’il n’y a rien de plus mystérieux, finalement. Elle est imprévisible, surprenante, insaisissable.
Je les dévisage parce que j’aime regarder les gens dans les yeux, c’est si intime ! Le regard dénonce les sentiments. À cet instant précis, je décèle la timidité qui y réside ; les trois hommes fuient l’intensité de mes pupilles dilatées.
La gêne qui se lit sur leurs visages m’intrigue car elle n’a pas de place dans ma vie. Je suis d’un naturel plutôt avenant sans avoir peur de déranger. L’habitude d’observer les personnes m’habite.
Oui, me direz-vous, ce n’est pas tous les jours qu’on emménage. Mais quand on y regarde de plus près, si l’on n’accepte pas sa « nouvelle » vie, que l’on n’a pas choisi le logement dans lequel on va vivre ni l’endroit où il se situe, bref, qu’il n’y a pas « l’étincelle » de bonheur… Ben, ça fait le même effet, en fait : on pense que c’est un samedi. Un jour comme un autre…
Les braves rient plus fort qu’il n’est permis. Malgré toute cette agitation sourde, il n’y a que le vacarme assourdissant de tes ronds bruns un poil foncés qui me parle. Rien n’interfère entre toi et moi, si ce n’est cette distance causée par cette ligne vide de tout en cet instant précieux. Car j’aimerais être proche de toi, plus proche. Tellement près !