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EAN : 9782226389688
192 pages
Albin Michel (30/03/2016)
4/5   2 notes
Résumé :
Qu'est-ce qui est vrai dans le récit ? Où se situe la frontière entre ce qui s'est passé réellement et ce qu'en transmet le narrateur ? Au cours d'un échange passionnant, l'écrivain sud-africain J.M. Coetzee, Prix Nobel de littérature, et la psychanalyste anglaise Arabella Kurtz abordent la question de la vérité et de la fiction, touchant à des interrogations essentielles, telles que l'élaboration du récit de vie, le souvenir, la subjectivité, l'importance du rappor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Passionnante conversation entre J.M Coetzee et la psychanalyste Arabella Kurtz sur la vérité du récit. La vérité dans le récit. La vérité ; la liberté de l'écrivain ou du sujet. La conversation met en débat les idées et perception d'un grand écrivain de romans, et l'expérience d'une praticienne. Mise à l'épreuve de l'expérience, l'intention de Coetzee se découvre, se redécouvre, pour permettre au lecteur de peut-être mieux comprendre son écriture. Quelle place a la vérité chez Coetzee? Quels rôles jouent l'écrivain, le personnage, et le lecteur dans la proposition littéraire de Coetzee.
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critiques presse (1)
NonFiction
08 septembre 2016
De riches échanges entre J.M. Coetzee et la psychanalyste anglaise Arabella Kurtz sur les notions de vérité et de fiction.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je n'écris pas dans un esprit froid et scientifique, mais sous l'influence de mes sentiments — avivés, notamment, par une décision du parlement australien de revoir sa législation sur les immigrants. La nouvelle loi menace de détention illimitée sur une île perdue tous ceux qui ne suivent pas la procédure légale de demande d'asile — remplir un formulaire dans un centre de réfugiés et faire longtemps la queue —, mais qui préfèrent payer une lourde somme à un passeur véreux pour qu'il les conduise au plus près de l'Australie continentale.

Cette peine est délibérément hors de proportion avec le délit, parce qu'elle vise à dissuader les demandes d'asiles faites par des moyens «illégaux» (ou plus exactement, extraprocéduraux). La nouvelle de cette pratique implacable est censée être relayée en Afghanistan, au Sri Lanka et dans d'autres pays que leurs ressortissants ont fuis, pour les avertir que la voie «illégale» n'en vaut pas la chandelle et qu'ils feraient mieux de rester chez eux.

On peut dire en toute confiance que, dans une ou deux générations, les écoliers australiens liront dans leurs livres d'histoire : «Au début du vingt et unième siècle, nos ancêtres ont essayé par tous les moyens de refouler la vague d'immigration asiatique en Australie et se sont comportés, dans l'ensemble, d'une façon inappropriée» (c'est-à-dire inhumaine). «Mais heureusement, l'esprit du temps à changé et un point de vue plus éclairé l'a emporté. Aussi, nous ne devrions pas, conclura la leçon, condamner trop vite nos ancêtres : ils étaient simplement les enfants de leur temps.»

J.M. Coetzee
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Ce que l'on voit en fait, du moins en Australie, est plus intéressant. Les Australiens — les descendants des premiers colons (parmi lesquels j'inclus les colons involontaires, c'est-à-dire les forçats) — tout comme les immigrants qui ont accepté, pour affirmer leur nationalité, une origine coloniale spirituelle ou adoptive, ne renient pas leurs ancêtres. Au contraire, ils en sont fiers. Pourtant, en même temps, ils leur attribuent une violence et des cruautés envers les aborigènes qu'ils ne commettraient jamais eux-mêmes.

Les ancêtres dont je parle ne sont pas du tout lointains : un Australien d'âge moyen doit avoir eu des grands-parents dont l'attitude envers les personnes de couleur serait jugée de nos jours, selon l'euphémisme dominant, «inappropriée» — c'est-à-dire inacceptable, voire abjecte.

Comment, alors, les Australiens moyens concilient-ils la fierté que leur inspirent leurs pères avec le rejet des choses auxquelles ces derniers ont cru sincèrement ? Pour une part, en invoquant l'esprit du temps. «Jadis, à l'époque de nos ancêtres», dit l'histoire de l'esprit du temps, «le racisme était dans l'air comme une sorte de miasme omniprésent. En l'inhalant involontairement, nos ancêtres sont devenus, bon gré mal gré, racistes — mais pas au sens réel du terme, tel que l'était (disons) Hitler.»

J.M. Coetzee
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Il y a un passage, dans la deuxième partie de Don Quichotte, où le héros nous lance un défi. Se détachant apparemment de l'illusion régnante qu'il est un chevalier errant, il dit : je crois (sincèrement) au code de l'errance chevaleresque, j'agis en accord avec mes convictions et ça me rend meilleur. Me préféreriez-vous tel que j'étais avant — pauvre hidalgo vivotant dans son domaine délabré en attendant que la mort vienne — ou comme je suis aujourd'hui (ou que je parais être) — protecteur des pauvres et des opprimés, champion des demoiselles en détresse ? Si vous reconnaissez que mes convictions font de moi un homme meilleur, pourquoi cherchez-vous à les détruire ?

J.M. Coetzee
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L'art que j'aime semble me déclarer : «Regarde ce qui se passe autour de toi — dans toute sa richesse, ses détails, ses couleurs, sa beauté et sa laideur ; ne cesse pas d'observer et de réfléchir à ce que tu vois ; mais aussi, n'oublie pas que c'est toi qui regardes, depuis ta position ; et les autres aussi. Habite pleinement cette place.»

Arabella Kurtz
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Le fond du procès de Platon contre les poètes est que, lorsqu'il s'agit de choisir entre la vérité et la beauté, ils sont trop prêts à sacrifier la vérité. La ligne de défense des poètes est que la beauté est sa propre vérité.
On trouve une version de ce plaidoyer pour l'équivalence «beauté-vérité» dans la pratique de presque tous les écrivains.

J.M. Coetzee
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Quel écrivain sud-africain a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 mais fait partie du club très fermé de ceux qui ne donnent jamais d'interview ? Dommage car c'est un génie !
« Disgrâce » de J. M. Coetzee, c'est à lire en poche chez Points.
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