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EAN : 9782371190450
560 pages
Piranha (19/08/2016)
3.26/5   23 notes
Résumé :
Fresque puissante et épique, tragique et comique, La Vie des autres de Neel Mukherjee, lauréat du "Encore Award", retrace l'histoire d'une famille indienne prise dans les tourments historiques d'une nation en pleine mutation.

Calcutta, fin des années 1960. Prafullanath règne en patriarche sur la vaste maison qui abrite plusieurs générations de la famille Ghosh, sans se rendre compte que les fondations sur lesquelles repose l’harmonie domestique mena... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Dans la maison de la famille Ghosh, trois générations cohabitent. Les reproches, la jalousie et le mépris font partie du quotidien alors que l'entreprise familiale périclite après des années de réussite. « On assistait en silence à la destruction progressive de la Charu Paper, destruction dont son grand-père, son père et ses oncles se rejetaient la responsabilité. Lui, il n'avait connu que cette dégringolade, cette glissade inexorable, année après année, leurs vies devenant de plus en plus étriquées, l'amertume s'accroissant dans la famille : plus ils étaient forcés d'économiser, plus ils se méfiaient les uns des autres. » (p. 270) Dans les trois étages de la maison, une hiérarchie hiératique et implicite, jamais remise en cause, régente les comportements et les relations entre chacun. Les liens entre les frères et soeurs sont complexes, entre amour intense et haine tardive. « Ça ne te gêne pas, toi, les inégalités au sein de notre famille ? Et cette hiérarchie entre ceux d'en haut et ceux d'en bas ? Tu penses que c'est juste ? Et que la famille est le premier noyau d'exploitation des masses, ça ne t'a jamais traversé l'esprit ? » (p. 93) Dans la maison Ghosh, chacun entretient ses vices et ses défauts, ses rancoeurs et ses regrets.

Prafallunath et Charubala sont les grands-parents : le premier a développé une entreprise jadis florissante dans la production de papier. Hélas, depuis quelques années, l'empire familial se délite après une modernisation ratée.

Adinath est le premier fils du couple : il se laisse aller à la bouteille pour ne plus voir le naufrage de l'entreprise familiale. de Sandhya, première belle-fille de la famille Ghosh, il a eu Supratik qui se tourne vers le communisme – mais du militantisme au terrorisme, il n'y a qu'un pas – et Suranjan qui sombre dans la drogue.

Priyonath, le second fils, a épousé Purnima qui veille aux intérêts de leur fille, Baishakhi, qui s'intéresse de trop près au jeune voisin.

Chhaya est le troisième enfant du couple, et la seule fille. Célibataire et impossible à marier, elle vieillit aigrement parmi les siens.

Bholanath, le troisième fils, s'est vu confier une partie de l'entreprise familiale et n'a su que la mener à sa perte. Marié à la discrète Jayanti, il est le père d'Arunima, une gamine curieuse, mais pas très studieuse.

Somnath est le dernier fils de la famille Ghosh. Enfant adoré et pourri gâté, il a mal tourné et il est le premier à mourir. de son sinistre mariage avec la pauvre Purba, reléguée au rez-de-chaussée depuis son veuvage, sont nés Sona, génie en mathématiques, et Kalyani, dernière descendante de la famille Ghosh.

Madan est le fidèle serviteur de la famille Ghosh : depuis près de trente ans, il veille sur les enfants, sur la cuisine et les autres domestiques. Son fils, Dulal, est un des nombreux éléments déclencheurs de la ruine des Ghosh.

L'histoire de la famille Ghosh est sans cesse prise dans celle de l'Inde avec les luttes meurtrières entre les hindous et les musulmans, la création du Pakistan ou la décolonisation. le pays est en mouvement, il évolue, quitte les carcans du passé et se tourne vers une modernité un peu effrayante, pleine de prises de conscience douloureuses. Dans les campagnes, les paysans ruinés, endettés sur plusieurs générations et asséchés par la faim et le désespoir, sont réduits à des extrémités douloureuses et sanglantes, tandis que les jotedaars, riches propriétaires, vendent leur riz à prix d'or dans les villes. Les chants de Rabindranath Tagore s'opposent au petit livre de Mao et il semble bien impossible de lever une révolution prolétaire dans les rizières. « Ces braises de colère, sur lesquelles on avait pensé qu'il suffirait de souffler pour les raviver, avaient été réduites en cendres de désespoir. Ils étaient déjà morts dans cette vie. Ils n'avaient plus d'espoir, plus d'avenir ; tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était déjouer les malheurs du présent, qui ne pourrait que culminer en une mort prochaine. En d'autres termes, nous, on devait raviver un feu de cendres. Tu as déjà essayé ? » (p. 192)

Le récit s'ouvre en 1967 et progresse régulièrement jusqu'en 1970, jusqu'au bond final en 2012. Cela n'empêche de nombreux retours en arrière, notamment dans le passé du jeune Prafallunath. le texte est entrecoupé de la très longue lettre que Supratik adresse à un destinataire dont l'identité se dévoile lentement. « Je te porte en moi, tu es une présence constante, je ne vais pas te demander de tes nouvelles – j'ai tout le temps l'impression de te parler intérieurement. » (p. 265) de Calcutta aux campagnes profondes de l'Inde, ce roman fait le portrait d'une famille, et plus largement d'une classe sociale, qui doit renoncer à ses privilèges et à ses illusions pour se confronter enfin à la vraie vie, la vie des autres. Les quarante dernières pages sont terriblement violentes : les scènes de torture tranchent fortement avec l'ambiance plus ou moins protégée de la maison Ghosh.

Dense et parfois tortueux, La vie des autres est un roman fort et magnifique. J'ai laissé de côté les subtilités d'appellation des uns et des autres (Surnoms et suffixes de respect abondent…) pour me concentrer sur la puissance des mots et de l'intrigue, jusqu'aux dénouements entre injustice et apothéose. Tentez l'expérience de ce roman choral. Mettez vos pas dans ceux des autres.
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Le prologue très percutant, a priori détaché de la trame générale, nous plonge rapidement dans l'univers des castes pauvres indiennes. Nous nous immisçons ensuite dans une saga familiale aux très nombreux personnages. Deux grands-parents, cinq enfants, six petits enfants... auxquels il faut ajouter les "pièces rapportées" (en l'occurrence, les brus) et les servant.e.s... Heureusement qu'il y a une généalogie en début de livre pour se repérer parmi les membres de la famille, gangrénée par les rivalités et les hypocrisies.

L'histoire des Ghosh est interrompue par le récit personnel d'un membre actif d'un mouvement populaire dès le premier chapitre. L'alternance des récits m'a paru un peu obscure au premier abord, mais on comprend rapidement qu'il s'agit d'un des petits enfants qui choisit de quitter cette famille pour rejoindre les rangs d'un groupe d'activistes Maoïstes.

On apprend beaucoup sur la culture et les traditions de cet immense pays qu'est l'Inde, immensément riche et pauvre à la fois. L'écriture est accessible et agréable. La construction est relativement simple, malgré la double histoire, les digressions temporelles et le foisonnement de développements selon les personnages. Certains passages sont brutaux, injustes, d'autres scabreux, ce qui rend l'ensemble très hétérogène. Pour autant, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages ni à l'histoire dans son ensemble... J'y ai trouvé des longueurs qui ont eu raison de mon attention... Mais peut-être ne suis-je pas dans une période propice pour ce titre... je retenterai plus tard...
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Il faut toujours se méfier des références "classiques" que certains critiques brandissent pour qualifier un roman contemporain. Quoique, quand le New York Times évoque Tolstoï pour La vie des autres de Neel Mukherjee, il n'a pas complètement tort sur un point : il est très compliqué de se retrouver dans la multitude de personnages de ce livre choral, lesquels outre leurs noms possèdent des surnoms et s'identifient parfois par un terme indien signifiant le lien familial (grand oncle, frère cadet, etc.). L'arbre généalogique qui figure en début d'ouvrage est donc très précieux et il est même conseillé de l'avoir constamment sous les yeux pendant la lecture de ce pavé. La vie des autres aurait pu adopter comme sous-titre La chute de la maison Ghosh, du nom de cette famille plutôt prospère depuis les investissements de son désormais patriarche et qui n'en finit pas de décliner vers la fin des années 60. du point de vue purement financier (les affaires vont mal avec une gestion déplorable) mais aussi rongée par des dissensions intestines et des affrontements entre membres d'une même famille qui cohabitent dans une demeure où tout finit par se savoir y compris les agissements plus ou moins honteux de chacun. Et Neel Mukherjee n'épargne à peu près personne dans cette chronique sur 3 années (de 1967 à 1970) dans un style réaliste et violent. le livre ne manque pas de souffle, certes un peu moins que ceux d'Amitav Ghosh, Rohinton Mistry ou Vikram Seth, mais il est traversé par de nombreux et longs passages "techniques" pas vraiment passionnants (l'industrie du papier, la théorie des nombres premiers). On peut passer sur les nombreux sauts en arrière dans le temps et quelques détails plus ou moins sordides mais pas sur les fastidieuses aventures paysannes d'un rebelle maoïste, racontées sous forme de lettres non expédiées, qui reviennent toutes les cinquantaines de pages et s'étirent dangereusement en longueur. L'écrivain est maître de son livre, c'est une évidence, mais le modeste lecteur lambda ne peut s'empêcher de penser qu'en coupant quelque peu, La vie des autres aurait été un bien meilleur roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Passionnée par L'Inde, J'ai lu ce roman avec grand plaisir .
L'auteur raconte l'histoire d'une famille originaire de Calcutta, à la fin des années 6O ;
ce qu'il faut toujours retenir pendant la lecture, tant les moeurs anciennes perdurent , et tant la société indienne a du mal à évoluer.
Dans une grande maison de 4 étages, vivent les membres d'une même famille , des grands parents aux petits enfants, et en fonction de la place occupée dans la famille.
Le grand père actuel , à partir d'une petite usine a crée une vaste entreprise, et l'argent et les domestiques ont embourgeoisé ces gens d'une caste respectable , sans plus.
Quatre garçons et une fille sont venus agrandir la famille, et au gré des mariages plus ou moins arrangés sont arrivées les belles-filles, et les petits enfants.
Ce n'est pas sans heurts que toute la famille Ghosh cohabite, et les jalousies entre belles-filles sont pour une bonne part responsables d'un climat plutôt électrique.
D'autre part, les fils, qui peu à peu reprennent les affaires familiales mettront autant de temps que leur père à les faire fructifier, pour les faire péricliter.
Un petit fils , lui, disparaîtra un long moment pour se consacrer dans la clandestinité à faire vivre un puissant mouvement maoïste.
Cela donne un roman foisonnant de plus de 500p , passionnant certes, mais sans vouloir perdre un seul instant le fil de cette saga familiale, il m'est arrivé de lire quelques pages en diagonale.. en particulier lors de démonstrations mathématiques, un peu beaucoup obscures pour moi(il faut préciser que le gamin en question obtiendra plus tard la médaille Fields).
Les soubresauts qui traversent la société indienne sont bien expliqués, et certaines scènes de violence ( surtout dans les 50 dernières pages) donnent de la profondeur à ce roman remarquable.
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Prafullanath est le patriarche de la famille Ghosh. Il a commencé sa vie sans un sou et a réussit à bâtir à force d'acharnement et de volonté un véritable empire dans l'industrie du papier et à même traversé les crises qui a ébranlé l'Inde et Calcutta avant et après l'Indépendance.
Sa demeure à Basanta Bose Road dans South Calcutta est le reflet de sa réussite. S'y côtoie trois générations de la famille Ghosh, les fils et fille de Prafullanth et de nombreux petits enfants.
Mais le temps de la splendeur des Ghosh est entrain de se ternir : des usines ont dû fermer, des employés licenciés, des grèves ont eut lieu, les finances de la famille vont mal, ... Mais le mal ronge de l'intérieur la famille Ghosh, les fils de Prafullanth ne font pas toujours preuve de droiture, les belles-filles et la fille Ghosh se crêpent régulièrement le chignon et pour compléter le tout, l'aîné des petits-fils, celui qui aurait dû hériter de l'empire Ghosh, quitte subitement la maison pour rejoindre la lutte communiste et devenir révolutionnaire dans la campagne bengalie.
Il a fallut une vie à Prafullanth pour construire cette empire et un souffle de ses héritiers pour faire écrouler le château de cartes.

"La vie des autres" est le second roman de Neel Mukherjee et je l'ai trouvé beaucoup plus accompli. Il en dégage une grande force et les détails que l'on trouve à travers tout le roman lui donne une richesse incroyable. On rentre dans les pensées les plus profondes de chaque membre de cette famille mais ce qui apporte une force supplémentaire ce sont les deux récits qui s'entremêlent. D'un côté, l'on voit la déchéance de la famille Ghosh qui s'enfonce tous les jours dans un abîme sans fond. de l'autre, on y trouve les courriers du petit-fils Ghosh ayant quitté son confort pour les campagnes bengalies connaissant la faim, la fatigue, les douleurs, la peur du lendemain, le sang, la fuite, ...
C'est un roman que je vous recommande de lire, il se savoure page après page.
Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le matin vers six heures, le zoo commence à se sortir d'un bref sommeil. Allongée sur le lit yeux grands ouverts, Purnima entend la vie qui s'agite, chaque animal, chaque membre de chaque animal s'anime lentement, un à un. Sous la moustiquaire l'humide septembre va se figer en une touffeur accablante qui ne saurait tarder.
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« On assistait en silence à la destruction progressive de la Charu Paper, destruction dont son grand-père, son père et ses oncles se rejetaient la responsabilité. Lui, il n’avait connu que cette dégringolade, cette glissade inexorable, année après année, leurs vies devenant de plus en plus étriquées, l’amertume s’accroissant dans la famille : plus ils étaient forcés d’économiser, plus ils se méfiaient les uns des autres. » (p. 270)
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Je veux te raconter en détail ce qui s'est passé, et ce qui se passe encore. Quand tu entendras d'autres voix en discuter après coup, toutes avec leurs ombres et leurs demi-vérités, leurs mensonges et leurs inventions, tu pourras relire ces pages en sachant que toi, et toi seule, connais la vérité. C'est tout ce que je peux t'offrir. Une fois que tu auras lu ça, brûle-le. En aucun cas ces fragments de lettres ou de récits ne doivent être trouvés sur toi, ni à la maison. Tu vas bientôt comprendre pourquoi.
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J'ai quitté la ville pour aller travailler avec des paysans sans terre, des métayers, des ouvriers agricoles et des malheureux qui étaient l'épine dorsale de notre mouvement. Mon travail consistait à aller dans les villages et à la organiser pour la lutte armée.
C'était le seul moyen de prendre le pouvoir : un champ, un village, un district à la fois.
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Quand elle était petite, Chhaya avait l'habitude de montrer sur la terrasse après le déjeuner et d'y passer de longs moments, ce qui était curieux compte tenu des étés interminables et de la chaleur qui faisait tout fondre, même le goudron de la route.
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