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EAN : 9782072884511
400 pages
Gallimard (13/02/2020)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Publier un troisième volume d'André Velter en Poésie/Gallimard était assurément nécessaire, ne serait-ce que pour signifier la place majeure qu'occupe son œuvre dans la poésie des dernières décennies, place première sans doute dans la génération qui suit celle des Bonnefoy, Jaccottet , Roubaud ou Dupin. Les trois titres des années 2000 rassemblés ici, suivant le triptyque de la douleur et de l'amour que constituèrent les poèmes à Chantal Mauduit, développent et appr... >Voir plus
Que lire après La vie en dansant/Au Cabaret de l'éphémère/Avec un peu plus de cielVoir plus
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Marine

Làs-bas si vague
C'est l'aube bleue
Ou la mémoire
Des catastrophes

Rive perdue
Rire effacé
Par trop de nuits
Sous les tropiques

Ventilateur
Et moustiquaire
Le dernier bouge
Du sans repos

Sa peau était
Miel et tabac
De contrebande
Une merveille


Suspens

Retiens le peu
Avant la suite
Retiens l'avant
Qui en dit peu

C'est du silence
En corps à corps
Que vient le chant
Des équipages

L'âme est là
Du feu de bois
Dans le grand rêve
Jamais levé

Tu dors sur l'aile
D'une chimère
Comme un enfant
Si peu à naître


Partout

Aussi venu
L'autre innocent
Avec son front
De coquillage

Il entend de très près
L'océan de sa forge
Et c'est le sang

Première épreuve
A l'orient du coeur
Dernière voile

Partout ce qui éloigne
Sans retrouvailles
Ni raison ni repli
Au camp des Eurydice


Perpétuel

Tout toujours
De revue
Cet enfant
Pas passé

Ce visage
De vieil os
Ce regard
D'or perdu

C'est sans fin
L'hécatombe
Et la suite

Le retard
Qui renaît
De son trou




Il fait grand soif
En cette mort
Il fait grand deuil
En cette vie

Où est le seuil
De l'autre nuit
Cette ombre d'or
Et le silence

Où le ressac
Des univers
Quand on attend
Tout à côté

La fin du temps
Le plein été
Ce rayon vert
Au vrai départ

Quand ça démarre
Pages 93 à 97.
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ARTHUR CRAVAN

Pour hasarder l'espace de Cravan et compromettre la postérité, un détournement d'ancêtres dispersera le ciel. Un par un les tigres s'enfoncent dans le sommeil. Il y a
là comme une jungle dans la bouche, une torpeur sauvage de poignard qui frissonne.
Pour hasarder l'espace de Cravan et compromettre la postérité, un détournement d'ancêtres dispersera le ciel. Un par un les tigres s'enfoncent dans le sommeil. Il y a
là comme une jungle dans la bouche, une torpeur sauvage de poignard qui frissonne.

La ligne de fuite est en elle-même la ligne de vie. Mais dans cette adolescence de l'impossible, le déserteur abandonne d'abord sa désertion en dépouille pratique d'une
autre guerre. Cette désertion tue le fond des choses, son vertige constitue l'horizon même qui jamais ne s'efface aux environs d'un disparu imprévisible. On trouve des lambeaux
de gencives dans l'énigme de l'art égyptien.

La boxe, comme désordre culturel du mouvement ralenti des idées, c'est le but au plus pressé, avec une grande fluidité technique. Des combats relèvent de l'instinct
utopique : Arthur Cigare contre René la Méthode! en 15 rounds de 3 minutes... Et Descartes, sonné dans les cordes, « c'est lui, c'est l'autre », perd la direction de
l'Esprit. Comme l'uppercut, Cravan est un naufrage de bas en haut.

Dans la distance qui provoque l'humanité grégaire s'entassent des galbes héroïques, des modèles de vertu, des décalcomanies de tortures : ce qui s'appelle le bon
goût et qui préfère le fromage de tête à celui des pieds. L'outrance opère en vidange de la loi.

Le muscle libère les poètes qui ne craignent pas de décider du destin en termes d'efficacité.

Corps à corps de la pensée, l'existence relève parfois de l'incompatibilité d'humeur, de la grande fraternité de l'absence quand des contrôleurs, en partie rebut
de notre mémoire, se disant collecteurs de signes, marchands de savoir, porteurs d'espérances, traquent les sentiments les plus éloignés, broient les mystères, inondent
les regards comme des ballastières. La spoliation de l'unique intervient toujours à la faveur de l'abrutissement général. L'être au filigrane s'en voudrait d'être
là.

Epave glacée au creux de courants torrides

vitesse qui coule sans appel

au centre exact

de son exil,

l'Autre

le nomade

la brute effacée

l'iguane de sable,

glissant une image dans son gant,

se dessaisit de la terre.
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quel royaume ?



[…]

tant d’altitudes inouïes aux ciels de la terre
tant de déesses et de dieux oubliés
tant de promesses sous des fougères sombres
tant de résurrections à l’arraché

mais quel royaume
quel royaume ?

tant de surplombs
tant de refus et d’insouciances
tant de caresses fauves sans fausseté
tant et tant d’appels solaires

mais quel royaume
quel royaume
quel royaume
quel royaume
quel royaume

pour mon amour ?
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D’UN SEUL REGARD
  
  
  
  
Sur la même ligne de crête
Sur la même voie risquée
La mémoire qui vient
Et mon pas dérouté encore avec les dieux

Le souffle s’est ravisé
Ravivé à tant d’orages
Il sait un air radieux
Dans l’éclat qui dure nuit après nuit
Sans avoir à se perdre plus que ça

Un bras se lève au départ
Mais pas d’adieux à la fenêtre
Il y a comme une légèreté d’être
À l’écoute d’un seul regard

Personne à l’horizon
Personne au bout des doigts
D’où sort cet écho du silence
Qui règne soudain en éclaireur
Tandis que renaît la cadence
Et tous les battements du cœur

Le songe qui peut me guider
Offre une vie à ne pas croire
Pourtant j’ai toujours peint le ciel en rouge
En noir
Et un peu au hasard

Voilà que s’ouvre une terre
Ni lointaine ni proche
Une terre à fleur de peau
Le désir incarné
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ALAP

Un son

juste un son

qui se voulait à l'essai

qui est déjà note et résonance

cible et cercles d'air

cœur minuscule dérivant

dans le halo du sang

dans le flot du mystère

dans le tempo de l'instant,

son à peine

question

ou appel

son qui cherche

et coïncide

et dit une voie possible

sous l'effroi du silence,

son sans effraction

mais qui franchit

escalade

foudroie

comme une offrande

un scrupule

une sommation,

son d'alerte

source de sable

qui module un manque

une blessure

une eau tragique ou trop pure

une eau en mal

de transparence ou d'éclair

de nuit laissée à l'agonie,

son devenu autre

en englobant

en engloutissant

en engendrant de l'être

et du fragile,

son de suite

et ainsi de son

et ainsi de soi

qui est

et n'est plus là

en tant que soi

mais autant qu'il s'accorde

à l'écho du dedans

à l'écart où se lient

et les doigts et les lèvres

les prières les songes les cris incertains

une lueur volatile

un masque qui s'éteint

un peu d'aube à midi

un peu d'ombre dans les noces,

c'est l'ampleur qui s'en vient

inverser le regard

le tourner plus profond que soi

vers le sans-lieu

le sans-nom

vers ce qui n'appartient pas

n'appauvrit pas

n'apparente pas

mais donne au corps

sa ferveur d'outre fièvre

son étiage absolu

de feu migrateur

d'or dilapidé

de syllabes en poussière,

c'est l'ampleur qui s'en vient

déborder les escales

l'attente ou l'avenir...

Tout le sens s'est fait souffle

houle et renaissance

il n'y a plus

qu'une âme qui improvise

son espace,

juste un son juste un son.
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Vidéo de André Velter
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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