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EAN : 9782757851173
251 pages
Points (05/03/2015)
4.08/5   25 notes
Résumé :
La vie privée dans l'Empire romain De la naissance à la mort, comment vivaient les Romains ? «L histoire, ce voyage en autrui, doit servir à nous faire sortir de nous, au moins aussi légitimement qu'à nous conforter dans nos limites. Les Romains sont prodigieusement différents de nous et, en matière d'exotisme, n'ont rien à envier aux Amérindiens ou aux Japonais.
La «famille» romaine, pour ne parler que d'elle, ressemble si peu à la légende ou à ce que nous ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Veyne, que j'aime deux fois, comme expert de la Rome antique et de René Char, est érudit et perspicace. Ironique aussi : « En ces temps-là, l'astrologie, fondée sur de solides connaissances astronomiques, était en crédit, comme chez nous la psychanalyse » (p 178). Il nous donne ici un document impeccable avec plan détaillé, index nominal et thématique, carte et bibliographie. Pour inciter à sa lecture, voici les traces de deux thèmes dominants : 

« Les Tranquillisations ». Ce chapitre du livre suffit à en justifier la lecture. Il traite des relations entre la divinité, la philosophie et les sectes. le dieu singulier (local, national, tutélaire) est d'une race supérieure à la race animale (mortelle, sans raison) et à la race humaine (mortelle, raisonnable). Il appartient tout de même au monde, à une race sexuée, faillible, imprévisible, qui vit ses aventures dans l'indifférence aux races inférieures. le dieu n'est jamais le maître d'un drame cosmique où l'homme joue son salut. À la rigueur pour les hommes instruits, les dieux dans leur ensemble sont les images ou les facettes d'une Providence ou d'une Fatalité. On les honore comme on honore la Sagesse ou la Cité. Pour qui se respecte, les rites funéraires sont une nécessité consolatrice, mais l'immortalité de l'âme n'est pas un concept raisonnable : « Chez nous, la philosophie est une matière universitaire et une partie de la culture ; c'est un savoir qu'apprennent les étudiants et auquel des personnes cultivées s'intéressent par haute curiosité (...). Chez les Anciens, règles de vie et exercices spirituels étaient l'essence de la « philosophie », non de la religion, et la religion était à peu près séparée des idées sur la mort et sur l'au-delà. Il existait des sectes mais elles étaient philosophiques, car la philosophie était la matière des sectes qui proposaient, aux individus que cela pouvait intéresser, des convictions et des règles de vie ; on se faisait stoïcien ou épicurien et on se conformait plus ou moins à ses convictions, de même que chez nous on est chrétien ou marxiste, avec le devoir de vivre sa foi ou de militer » (p 207-8). 

Le cynisme. le Haut Empire était un monde plus arbitraire et plus inégalitaire que le tiers-monde d'aujourd'hui, une société militaire mais sans police, un monde de spéculation, de violence judiciaire, de vendetta. « Trop d'historiens (...) se sont écriés qu'à Rome la corruption, le bakchich et le clientélisme étaient partout, ou encore ils n'en ont rien dit du tout, estimant que ces « abus » n'avaient d'intérêt qu'anecdotique (...). C'est oublier que l'Etat moderne n'est pas la seule forme efficace de domination : un racket, une mafia le sont tout autant » (p 98). 
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Cet ouvrage – quelques 250 pages- publié dans la collection Point en 2015, représente, en fait le premier chapitre de
« L'histoire de la vie privée, éditée au Seuil dans la collection « L'univers historique" (1985).
Paul Veyne , ici, bouscule certaines vérités et remet, en partie, en cause certaines idées sur la brillante société romaine, telles qu'elles nous étaient enseignées , droit , ordre…, dans nos manuels d'histoire comme par exemple, ce petit livre vert olive (Isaac /Dez/Weiller) que nous avions en classe de 5ème.
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Livre excellent en ce qu'il ouvre de nombreuses perspectives de réflexion. le monde antique qu'il dessine s'éloigne des clichés, de ce que l'on croit savoir, et nous oriente vers une image, peut-être pas absolument vraie (qui peu prétendre s'approcher de la vérité, plus encore en histoire avec la distance des siècles) mais en tout cas plus authentique.

Le passage sur les valeurs extrêmement virilistes de l'élite romaine, où l'on s'affirmait par sa maîtrise de soi, son dédain des femmes et son détachement de l'amour, par son mépris de la mollesse, des loisirs vains comme la musique et la danse, étaient étranges à lire dans le contexte contemporain et l'actualité autour des talibans. Paul Veyne, qui affectionnait les parallèles audacieux, aurait peut-être osé celui-ci, eussent ces pages été écrites aujourd'hui et non en 88.

4 étoiles et non 5, parce que l'absence de notes de bas de pages m'a pesé. C'est dommage dans un livre d'histoire. Les références bibliographiques citées à la fin sont intéressantes, mais des notes de bas de page venant appuyer une idée en particulier auraient été appréciables. A plusieurs moments, on aimerait savoir sur quoi se base Paul Veyne pour en arriver à ses conclusions.
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Très beau livre par un grand essayiste et spécialiste de l'Empire romain. On entre dans la vie privée des Romaines et des Romains.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
A quoi reconnaissait-on un vrai libertin ?
A ce qu'il violait trois interdits :
- Il faisait l'amour avant que la nuit ne soit tombée (s'aimer pendant la journée devait rester le privilège des nouveaux époux au lendemain de leurs noces)
-il faisait l'amour sans établir l'obscurité (les poètes érotiques prenaient à témoin la lampe qui avait brillé sur leurs plaisirs)
-il faisait l'amour avec une partenaire qu'l avait dépouillée de tous ses vêtements (seules les femmes perdues aimaient sans leur soutien-gorge et, dans les peintures des bordels de Pompéi, les prostitués ont conservé cet ultime voile).
Le libertinage se permet même des caresses qui sont des attouchements mais à condition de les faire de la main gauche, ignorée de la droite.
La seule chance d'apercevoir un peu de nudité de l'aimée pour un honnête homme, était que la lune passe devant la fenêtre ouverte au bon moment. (...)
Ce puritanisme était aussi un esclavagisme.
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A Rome, un citoyen n' "a" pas un fils : il le "prend", le "soulève" (tollere) ; le père exerce la prérogative , aussitôt après qu'est né son enfant, de le soulever de terre, où l'a déposé la sage-femme, pour le prendre dans ses bras et manifester ainsi qu'il le reconnaît et refuse de l'exposer. (...)
L'enfant que le père n'a pas soulevé sera exposé devant la porte du logis ou sur une décharge publique ; le recueillera qui voudra. Il sera également exposé si le père, absent, a donné l'ordre à sa femme enceinte de le faire. (...)
Eux (les Romains) exposaient ou noyaient les enfants mal -formés (ce n'est pas là colère, mais raison, dit Sénèque : "Il faut séparer ce qui est bon de ce qui ne peut servir à rien")
(...) Les pauvres abandonnaient les enfants qu'ils ne pouvaient nourrir ; d'autres "pauvres" (au sens antique de ce mot, que nous traduirions par "classe moyenne") exposaient les leurs "pour ne pas les voir corrompus par une éducation médiocre qui les rend inapte à la dignité et à la qualité " écrit Plutarque ;
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Non seulement le travailleur était socialement un inférieur, mais encore il était tenu pour quelque peu ignoble. Nous en concluons souvent qu'une société qui méconnaissait à ce point les vraies valeurs a dû être une société mutilée, qui a dû avoir à payer le prix de sa mutilation : ne serait-ce point le mépris du travail qui expliquerait le retard économique des Anciens, leur ignorance du machinisme ? A moins qu'une plaie ne s'explique par une autre plaie et que le dédain du travail ait son explication dans cet autre scandale que fut l'esclavage.
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Le mariage était donc senti comme un devoir parmi d'autres, comme une option à prendre ou à rejeter. Il n'est pas "la fondation d'un foyer", l'axe d'une vie, mais une des nombreuses décisions dynastiques qu'un seigneur aura à prendre : entrer dans la carrière publique ou rester dans la vie privée afin de grossir le patrimoine dynastique, devenir un militaire ou un orateur etc. L'épouse sera moins la compagne de ce seigneur que l'objet d'une de ses options. Elle sera si bien un objet que deux seigneurs pourront se la refiler amicalement : Caton d'Utique, modèle de toutes les vertus, prêta sa femme à un de ses amis et la réépousa plus tard, épongeant au passage un immense héritage ; un certain Néron "fiança" (c'était le mot consacré) son épouse Livie au futur empereur Auguste.
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Les Romains ont la réputation d'avoir été les inventeurs du droit ; il est vrai qu'ils ont écrit beaucoup de livres de droit remarquables et qu'ils trouvaient glorieux et délectable de connaître et de pratiquer les arcanes et les détours du droit civil ; c'était une culture, un sport et un sujet de fierté nationale. On n'en conclura pas que la légalité régnait effectivement dans leur vie quotidienne ; le juridisme introduisait seulement dans leur chaos une complication supplémentaire, voir une arme, celle de la chicane. En pays grec, sous l'Empire, le chantage judiciaire et les extorsions para-légales portaient le vieux nom de "sycophantie"
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Quel écrivain italien de la Renaissance est-il le fondateur de la science politique moderne ? Son nom a donné naissance à un adjectif, qui pourtant désigne l'inverse de sa théorie…
« le prince » de Machiavel, c'est à lire en poche avec la préface de Paul Veyne, chez Folio.
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