Mon livre ayant mis un mois à arriver (et oui, les déboires de la lecture en VO avec commande du tome d'occase outre-Atlantique...), j'ai eu le temps de changer trente fois d'avis sur la bonne idée de cette lecture. le résumé me tentait terriblement, dans le genre récit de voyage bourré d'humour... Puis j'ai lu quelques critiques qui m'ont fait douter du ton, du contenu et surtout de l'intérêt.
Quelle bonne surprise! J'avais bien choisi mon livre.
Après quelques brefs chapitres introductifs dans lesquels il nous permet de cerner son personnage principal, Troost nous présente un jeune occidental fraîchement diplômé, avec une excellente culture générale (il a vu du monde, étant néerlando-tchèque ayant ensuite migré aux États-Unis, et donc expérimenté diverses cultures. Occidentales.) et une bonne connaissance (théorique) du monde et de ses rouages, et ses pérégrinations au bout du monde. Ah oui, le personnage en question, c'est lui. Et lui, c'est le roi de la procrastination. J'ai pris quelques notes pour compléter les miennes...
Le voyage, les cultures, les anecdotes sur la vie des îles Kiribati, tout ça c'est très intéressant. C'est même très riche et juste.
Mais tout l'intérêt dans ce petit récit de voyage au bout du monde, c'est la manière dont l'auteur partage à quel point il (et nous avec) est inadéquat, inadapté à la vie parmi une culture et un climat du Pacifique aussi éloignés du mode de vie et de pensée occidental. Et par conséquent à quel point ses attentes (et celles des occidentaux qui s'exportent vers des cultures similaires) sont surréalistes.
J'ai tout particulièrement aimé toutes les références aux puissances impérialistes passées, présentes et préparant déjà l'avenir, leur interférence pour des raisons purement économiques, stratégiques ou ridicules, sans aucune considération pour la population locale.
Maarten Troost partage aussi de manière très drôle des tranches d'Histoire des îles Kiribati, ou du moins ce que l'on en sait, nous offre un condensé des essentiels pour éviter les faux-pas culturels et se faire avoir par les I-Kiribati, et la manière dont les diverses influences et objets occidentaux ont été intégrés à leur propre culture (et très souvent, pas les choses les plus utiles ou saines).
Et c'est son usage permanent de l'autodérision qui rend l'auteur aussi intéressant et même parfois attachant. Okay, carrément attachant.
Parmi mes thèmes préférés, toutes les histoires de Troost face aux requins, à la vague "surprise", la Macarena (et Ice Ice Baby) et aux avions.
Sur ce, je l'avoue, je file commander "Getting Stoned with Savages: A Trip Through the Islands of Fiji and Vanuatu". Parce que bon, des récits de vie sous des cieux aussi exotiques par un type que les embrouilles trouvent sans qu'il les cherche, ça me paraît incontournable.