Le titre du roman se réfère à la ville portuaire de Rotterdam après le bombardement allemand du 14 mai 1940 ayant fait plus d'un millier de morts, détruit 24.000 maisons et laissé 80.000 Rotterdamois sans abri.
Au centre de ce capharnaüm apocalyptique nous faisons la connaissance de Katja, qui vient de perdre dans cet inferno ses parents, une soeur et un petit frère, engloutis par l'épicerie familiale qui a disparu dans les flammes et les gravats.
Katja, 21 ans, mariée avec Daniel van Kersteren, un chirurgien qui passe évidemment de longues heures à l'hôpital, se trouve tout à coup à la tête de toute une famille : ses 4 frères et soeurs, dont la benjamine, Lieke, n'a que 4 ans.
Si les soldats allemands se montrent tout au début de l'occupation des Pays-Bas relativement commode envers la population, la situation commence à changer sérieusement avec l'application des mesures antijuives, particulièrement ressenties dans un pays qui comptait à peu près 140.000 Juifs sur une population totale de 8,8 millions d'habitants, au moment de l'invasion nazie.
Plus de 100.000 Juifs auront péri à la fin de la guerre et à ce propos, tout le monde connaît l'histoire tragique d'
Anne Frank (1929-1945).
La meilleure amie de Katja, Esther Polak, et son mari Victor, sont en tant que Juifs, convoqués par les autorités à se présenter au camp de travail de Westerbork aux Pays-Bas, mais courent le risque d'être envoyés à la place au camp d'extermination de Sobibor ou d'Auschwitz.
Daniel et Katja réussissent à les convaincre de se cacher dans leur propre maison et promettent de leur apporter des vivres.
Une promesse dangereuse dans une Hollande, où les initiatives de plus en plus audacieuses de la Résistance entraînent des représailles de plus en violentes de la police de sécurité allemande (SD - "SicherheitsDienst") et de la gestapo.
Simone van der Vlugt, née en 1966 à Hoorn, proche de la frontière allemande, est une auteure néerlandaise prolifique de thrillers, romans d'enfance et de jeunesse et surtout de romans historiques, qui comme son "
Bleu de Delft" de 2016, ont eu un succès mondial. Elle a très bien réussi à évoquer la situation réelle aux Pays-Bas de 1940 à 1945.
Son héroïne principale, Katja, avec qui on se sent vite solidaire, évolue en effet, avec beaucoup de courage, dans un contexte historique rigoureusement correct.
Les dangers qui la menacent, elle et sa famille, tout comme les ressources dont elle fait preuve, font que les presque 400 pages du roman se lisent en un minimum de temps.
Un roman réussi donc, bien que personnellement je préfère les récits d'engagements et de périples véritablement vécus par des femmes et jeunes filles lors de la dernière guerre mondiale, comme j'ai eu l'occasion d'en citer une bonne centaine dans ma liste "Hommage aux héroïnes de guerre".