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EAN : 9791093606941
208 pages
éditions de l'Ogre (01/09/2017)
3.93/5   15 notes
Résumé :
Ce qui, pour Bram, devait n’être qu’une banale course allait bientôt devenir la quête la plus épique de toute son existence...

" Bram lisait son journal quand il s’aperçut qu’il était en retard. Bram s’aperçut de son retard après avoir consulté sa montre et non en lisant son journal. Bram avait été à ce point distrait par la lecture de son journal qu’il en avait oublié de consulter sa montre et de vérifier l’heure si bien qu’il s’était mis bêtement en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« La ville fond » de Quentin Leclerc (2017, Editions de l'Ogre, 208 p.) représente c'est le second roman de l'auteur publié aux Editions de l'Ogre.
« La ville fond », c'est vrai : « c'est sous le soleil pourtant rare du mois d'octobre que la ville s'était mise à fondre ». Donc si l'auteur le dit… Il est vrai qu'il y a aussi des pays ou le mois d'octobre marque le début des chaleurs.

« Bram marchait vers le bus », « Bram lisait son journal », « Bram ne recevait plus aucune lettre ni carte postale », « Bram s'était endormi », « Bram n'empruntait jamais les routes lors de ses promenades », « Bram était absent », « Bram débarrassa la vaisselle dans l'évier ». Une certaine sagacité me fait croire qu'il s'agit d'un livre sur l'histoire de Bram. En fait, je n'ai trouvé que 3 pages sans qu'il y soit parlé de Bram, et un chapitre complet, le cinq, où il n'en est pas non plus question. Est à chaque fois un oubli de l'auteur ? D'autant que le dit chapitre commence par « un inconnu frappa à la porte », un bon début de suspense sur ce qui aurait pu arriver à Bram.
Au fait, Bram, est-ce Abraham, ou est-ce un clin d'oeil au brâme du cerf, que j'appelle volontiers le drame du cerf, qui peine à trouver sa femelle. Est-ce le héros qui ne voit pas la paille dans l'oeil de son voisin alors que lui-même a une poutre à la place. Pauvre Bram, il a perdu sa femme. Qu'à cela ne tienne, il continue de faire ses courses à la pharmacie, mais en ramène d'autres médicaments. Ce qu'il y a de positif, c'est avec le même bus, celui dont les pneus ont crevé, et dans lequel il s'assoit « sur l'un des sièges du fond à droite, collé à la fenêtre ».
Depuis le début de la fonte de la ville, tout part à vau l'eau. le bus ne sera sans doute jamais réparé. Et « le chauffeur n'avait aucune chance de retrouver sa famille à présent ». Puis le bus brûle, réapparaît, brûle à nouveau. Puis dans quatre chapitres dont trois qui se suivent, « Bram est réveillé par un coup de téléphone ». A chaque fois « la femme de l'accueil le prévint qu'on l'attendait dans le hall ». Tout recommence, mais rien n'est pareil. Et pourtant il y a ce fameux chapitre 5 dans lequel on ne parle pas de Bram, mais de porcs. Ils ont pris la fuite après le suicide du fermier. « Leur course était celle d'une espèce en voie d'extinction ».
Quant à la fin, « c'est sous le soleil pourtant rare du mois d'octobre que la ville avait fini de fondre ». En bref, donc. C'est l'histoire de Bram, d'un chauffeur de bus, d'une ville, certes petite, mais où se trouve une pharmacie, de porcs, qui ne fréquentent pas le dit magasin, ni ne prennent le bus, d'une remorque dans laquelle Bram ira dormir, d'un endroit avec hall et une femme à l'accueil, qui reçoit et passe les coups de téléphone. Je n'ai pas trouvé trace de raton laveur. A ce propos, quoi donc de plus sympathique que de leur offrir un sucre en morceau qu'ils vont aller soigneusement laver sous l'eau. Par contre, pour vos cadeaux, même sans attendre Noël, offrir ce livre sera une excellente initiative.

Reste à régler le cas de la pharmacie, y renoncer serait priver Bram de sa sortie. Mais, le bus est en panne, à la disconvenue du chauffeur, le lendemain, un pneu crève qu'importe, Bram ira en vélo, suivi d'une caisse en bois, ou en tracteur ou même à pied.

Et pendant ce temps-là, la ville fond. Ainsi fond, fond, fond, les petites villes de campagne. On ne le dira jamais assez. « Pourtant, depuis que la ville fondait, bien des choses avaient changé. Bram n'en savait rien encore ».
Je ne sais pourquoi, mais la lecture de ce livre m'a fait penser à la superbe chanson de Jacques Brel « La ville s'endormait », peut être ce leitmotiv « à présent que la ville fondait » qui revient à chaque fin de chapitre. « La ville s'endormait / J'en oublie le nom / Sur le fleuve en amont / Un coin de ciel brûlait / La ville s'endormait / J'en oublie le nom ». D'ailleurs on ne saura jamais le nom de la ville. Ni celui du village, à côté, là où Bram avait sa maison. Elle aussi a brûlé, tout comme le bus du chauffeur. Ou la veuve, par la suite dans la forêt. « Jusqu'à ce que Bram lui confie que son bus venait d'être réduit en cendres. La veuve compatit, son propre mari ayant également été réduit en cendres ».

D'ailleurs, il y a beaucoup de choses qui brûlent pendant que la ville fond. Les policiers, eux ne brulent pas, ni ne fondent. Ils meurent de coups de fusil. de même « les policiers étaient tombés en panne, mais non d'essence ». Reste le Mont Palmier, qui lui ne brule pas et ne fond pas. C'est à cela que l'on reconnait qu'il s'agit d'un vrai mont. Peut être même que la femme de Bram « n'était-elle pas allée au mont Palmier mais en ville pour se débaucher et c'est ainsi qu'elle était morte ».

On n'en saura pas plus, ni sur la ville ou les villages. Ce que l'on sait de Quentin Leclerc, c'est qu'il est breton de Rennes et non de Suisse. C'est important à préciser au vu de son livre et de son titre « La Ville Fond » qui fait inexorablement penser à La Chaux-de Fonds, et à cette mise en garde de Francis Blanche pour les touristes hélvètes. « Ami qui visite la Suisse / Prends garde à toi si tu confonds / Pour éviter La Chaux-de-Fonds / Il faut passer par Saint-Sulpice ». Point de tourisme chez Quentin Leclerc, d'ailleurs les deux bus du chauffeur ont brûlé. Tout crâme et tout fond, et comme La Fontaine le faisait dire par le vieux laboureur à ses enfants « c'est les fonds qui manquent le plus ».
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Livre O.V.N.I. de la rentrée littéraire 2017, La ville fond est à lire si vous ne vous laissez pas facilement séduire, si vous aimez conserver une marge de liberté, si vous n'avez pas l'esprit trop réaliste, si vous aimez être déstabilisé, si vous aspirez à un ailleurs juste de l'autre côté de la forêt, si vous détestez les avions et les T.G.V., si vos besoins sont très concrets, si vous avez l'esprit enclin à la métaphore, si vous entretenez un rapport particulier avec l'absurde, si vous cherchez une direction….

Inclassable sous des airs de récit post-apocalyptique, La ville fond invite le lecteur à suivre Bram, veuf un peu benêt, dans son habituelle expédition en ville pour acheter ses médicaments à la pharmacie. Mais aujourd'hui, le bus est en panne. Et les jours se suivent sans que le bus ne reprenne son itinéraire habituel. En effet, il semblerait que la ville fond et que toute l'organisation urbaine et péri-urbaine en soit perturbée. Et Bram n'a qu'une seule idée en tête, aller à la pharmacie acheter ses médicaments. Son obstination sereine l'entraîne dans un étrange périple qui donne à penser non-seulement sur nos modes de déplacement et de vie de plus en plus rapides, mais encore, les rencontres et événements auxquels Bram est confronté sont autant de portes ouvertes pour l'imagination du lecteur… à chacun d'y lire les métaphores qu'il voudra et toutes seront justifiées. La ville fond est un roman à plusieurs niveaux de lecture, sous de faux airs kafkaïens la question du sens des actes et de ce qui fonde l'humain y est omniprésente.

Libre à chaque lecteur d'y suivre sa route…
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Comme dans son premier roman, Quentin Leclerc s'attaque au post-apocalyptique, dans l'ambiance mais surtout dans une forme vicieuse et très bien rodée. Bram, un chauffeur de bus puis une cohue de villageois tentent d'atteindre la ville tandis que celle-ci fond, nous précise le narrateur. Curieux narrateur qui a manifestement un temps d'avance sur les personnages et son lecteur, et se contente d'allusions ainsi que de faire vivre le drame dans la perception d'un veuf égaré (si bien que tout pourrait plausiblement n'être qu'un rêve de ce dernier). de façon frénétique, QL multiplie les distorsions temporelles, il démontre à ce jeu des qualités évidentes. Seulement en ce qui me concerne tout cela m'a fait l'effet d'une série d'automatismes, malgré le tour obsessionnelle que ça prenait, malgré l'incursion de l'onirique, tout cela très rondement mené, mais lassant à la longue.
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Bram, veuf à la retraite, un peu simplet, doit se rendre en ville afin de renouveler ses médicaments. Il a l'habitude de prendre le bus et c'est la seule sortie qu'il fait hors de sa campagne depuis que sa femme est morte.

Seulement cette fois, tout ne se passe pas comme d'habitude. La ville fond, mais Bram, ainsi que le chauffeur du bus, ne le savent pas.

Le premier jour, le bus est en panne, ce qui désespère le chauffeur; le lendemain, le pneu crève; un autre jour, ils essayent de s'y rendre à vélo tirant une caisse en bois; une autre fois à pied, puis en tracteur…

La campagne, le village, la maison, la ferme ne cessent de changer d'aspect. Chaque jour est comme un « game over » et chaque réveil un recommencement à un point donné, dans un décor plus différent que la veille. Ce qui est mort un jour peut être vivant le lendemain. Ce qui est ruine peut être en parfait état le jour suivant…

Seul le narrateur sait que la ville fond, mais le fait qu'elle fonde affecte le comportement de tout le monde, chaque fois de plus en plus tragiquement: le maire devient un dictateur, les policiers des tueurs, les femmes des guerrières, le fermier est suicidaire, les porcs s'entre-dévorent, les enfants sont méchants…

Seuls Bram, peu troublé par ce monde changeant et le chauffeur, au contraire très perturbé, restent constants et déterminés à rejoindre la ville.

Y parviendront-ils?

____

Dans ce roman, où trône l'absurde, écrit avec une plume remarquable et imagé, on pourra percevoir une forme d'onirisme, ou un symbolisme derrière le comportement des Hommes, peut-être aussi la folie de Bram à court de médicaments.

J'ai attendu une chute qui expliquerait cette histoire sous opiacé… mais…

___

Une découverte insolite grâce au challenge « Varions les éditions », avec cet auteur à la plume riche et élégante, et les Éditions de l'Ogre qui mettent en valeur des romans à la réalité trouble.
Lien : https://carpentersracontent...
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Bram voulait simplement se rendre à la pharmacie pour y récupérer ses médicaments... Il était loin de se douter que, depuis que la ville fond, il est quasiment impossible d'y accéder. le voilà coincé dans un périple sans fin avec pour seul compagnon le chauffeur du bus...

Inutile d'essayer de résumer le reste de l'intrigue labyrinthique de la Ville fond. Car si certains aspects évoquent un roman post-apocalyptique et et d'autres un jeu vidéo aux multiples "game over", on se dit aussi face à la sombre absurdité de certains événements que les modèles de la Ville fond sont à chercher du côté de Beckett et Jarry... Un savant mélange de culture pop et de littérature expérimentale qui n'étonnera pas de la part de Quentin Leclerc, co-créateur des Boloss des Belles Lettres avec Jean Rochefort !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Bram et le chauffeur traversèrent un premier champ de blé. Ils manquèrent de se perdre à plusieurs reprises, mais Bram parvint à chaque fois à les guider dans les rangées d’épis. Le ciel était dégagé et la nuit tombait à pic sur eux. Lorsqu’ils levaient la tête, la disposition des étoiles les étourdissait. Le chauffeur vomit sur ses chaussures et imprégna ses vêtements de l’odeur. Une fois sortis du champ, ils franchirent les ronces et les orties d’un fossé de bord de route, s’écorchant là les mollets sous le tissu de leurs pantalons. Ils suivirent le tracé de la route, mais Bram ne la reconnaissait pas. Bram n’empruntait jamais les routes lors de ses promenades car il trouvait que les rares voitures qui passaient y roulaient trop vite, et il craignait les accidents. À peine eurent-ils fait quelques mètres sur la chaussée qu’il préféra attirer le chauffeur vers une forêt à proximité. Un panneau installé par la ville détaillait quelques informations à propos de la forêt. Cette partie de la forêt était la pointe, l’extrémité, d’un ensemble bien plus important qui entourait presque l’intégralité de la campagne, une forêt d’ailleurs réputée pour sa faune et protégée par diverses associations écologiques. Plusieurs circuits de randonnée étaient tracés à l’intérieur de cette immense forêt, mais les promeneurs, pensa Bram, toujours stimulés par des envies d’aventure, s’y égaraient souvent, nécessitant le déploiement des secours qui faisaient parfois de macabres découvertes tant la forêt était fréquentée par divers maniaques et autres dangereux désaxés, comme l’avait une fois confié le commissaire au journal télévisé. Bram et le chauffeur s’engouffrèrent dans la forêt.
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Bram avait toujours eu un goût prononcé pour les paysages et, dès qu’il devait effectuer un trajet, il s’arrangeait pour ne pas conduire, pour observer les paysages. Sa femme n’avait jamais eu aucun goût pour les paysages, ce qui convenait parfaitement à leurs déplacements : elle conduisait, lui regardait. Maintenant sans sa femme, il préférait se faire conduire pour continuer à regarder. Mais le chauffeur pestait toujours contre les pneus crevés du bus. Cela attrista Bram. Il n’y avait aucun moyen que le bus reparte avant plusieurs heures, voire jours. Tout dépendait de la vitesse à laquelle le mécanicien pourrait intervenir, s’il intervenait. Le mécanicien avait mauvaise réputation concernant ses délais d’intervention. C’était problématique pour la suite, pour que Bram puisse se rendre en ville. Bram n’avait jamais connu de telles complications avec le bus depuis qu’il le prenait. Le chauffeur et le bus étaient habituellement infaillibles. Bram avait d’ailleurs lu divers articles dans le journal célébrant l’infaillibilité du chauffeur et de son bus, pour laquelle le chauffeur avait reçu de prestigieux prix décernés par la ville. Mais cette fois, la situation semblait dépasser le chauffeur. Les prix reçus par le chauffeur ne pouvaient évidemment pas le sauver de toutes les situations, se dit Bram. Malgré ses prix, le chauffeur n’en demeurait pas moins un homme, et, au fond, que peut l’homme face à la mécanique, c’est ce que se demanda Bram qui lui ne pouvait rien.
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Bram franchit l’enclos de sa cour et ouvrit sa boîte aux lettres qui débordait de brochures publicitaires et de rappels d’impayés, que Bram s’empressa de chiffonner et de jeter au vent. Bram ne recevait plus aucune lettre ni carte postale. Seule sa femme s’était occupée d’entretenir leurs relations amicales, rédigeant de nombreux courriers et recevant parfois pour un ou deux jours dans la chambre d’amis des couples dont Bram avait peu à peu oublié l’existence, et qui étaient sans doute tous morts depuis, ce qui expliquait l’absence de lettres et de nouvelles, ou peut-être eux-mêmes estimaient-ils Bram mort puisqu’il ne leur écrivait plus non plus, puisqu’il n’entretenait plus ces amitiés envers lesquelles sa femme s’était tant dévouée avant sa mort. Qu’on puisse l’envisager mort fit un drôle d’effet à Bram, davantage d’ailleurs qu’imaginer tous ses anciens amis morts autour de lui. Bram oublia que personne ne s’inquiétait de sa santé et que tout le monde l’envisageait mort en s’installant à son atelier et en se concentrant sur la construction d’une maquette.
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La dévastation était telle que tous les vallons avaient été aplanis et qu'il aperçut au loin, à l'endroit du cimetière, la forêt, et d'autres forêts encore qui l'avoisinaient, et qui en formaient une seule et monumentale, une seule forêt qui avait remplacé toute la campagne sauf les ruines du village, ruines perdues au centre de cette forêt monumentale. Bram voulut avancer vers la forêt, quitter les ruines du village mais, à mesure qu'il quittait les ruines du village, les arbres de la forêt se volatilisaient, un par un ils s'évanouissaient, et rien ne les remplaçait, rien ne remplaçait le trou laissé par les arbres manquants, ce trou toujours plus grand à mesure que les arbres disparaissaient, à mesure que des morceaux de forêt disparaissaient, que la forêt en son entier disparaissait, cette forêt monumentale, à présent devant les yeux de Bram complètement disparue, et sans rien à sa place qu'un immense trou blanc dans le paysage, qu'une immense absence de forêt et de tout.
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