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Les Ferrailleurs tome 3 sur 3
EAN : 9782246851349
576 pages
Grasset (22/03/2017)
3.99/5   88 notes
Résumé :
Une nuit perpétuelle envahit Londres. L’étrange famille Ferrayor a laissé derrière elle les ruines fumantes de Fetidborough pour s’installer dans la capitale. Depuis leur emménagement, la jeune Eleanor et les Londoniens observent d’étranges phénomènes : des disparitions, des objets qui apparaissent, d’autres qui se transforment. Et cette obscurité qui règne à présent.
La police est à la recherche des Ferrayor pour essayer d’éradiquer le fléau, et tous les moy... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Si vous ne connaissez pas encore Edward Carey, cet auteur a un talent fou pour faire voyager ses lecteurs dans des univers fantasmagoriques complètement décalés qui rappellent ceux de Mervyn Peake ou de Tim Burton.

Avec « le Château » qui marque l'entrée dans la trilogie des Ferrayor, l'auteur nous invitait à faire la connaissance des Ferrayor, une famille extravagante et inquiétante qui s'est enrichie au fil des générations, grâce à la collecte des déchets de tout Londres.
Sa suite, « le Faubourg », déplaçait l'intrigue en dehors de la propriété des Ferrayor et dévoilait quelques mystères entourant leur ascension et leur pouvoir.
Le troisième chapitre, "la ville", qui clôt cette superbe saga dystopique, offre un dernier voyage dans la noirceur et le macabre.

*
Nos deux héros ont été, à nouveau, séparés à la fin du second tome . Clod et les membres de sa famille se sont disséminés dans les rues de Londres. Pourchassés, traqués, ils se terrent en attendant de se venger.

Mais après leur arrivée, des évènements anormaux et incompréhensibles se produisent : Londres est envahie par un inhabituel brouillard qui se glisse partout, absorbe la lumière du jour et plonge la ville dans une nuit opaque et fantasmagorique ; de nombreuses disparitions plongent la population dans la suspicion et l'angoisse ; des objets du quotidien sont retrouvés sur les lieux des disparitions et à l'intérieur des maisons, des objets ont commencé à bouger.
Des bruits circulent, faisant état d'une maladie terriblement contagieuse.

Mais je n'en dis pas plus sur l'intrigue qui gagne en complexité par quelques ellipses, je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-même cette très sympathique trilogie.

« Cette famille, autrefois une grande famille, se tient debout sur la plus mince des pellicules de glace. Un faux pas et nous pouvons tous être noyés. Qui veillerait alors sur les ordures ? Aujourd'hui nous marquons la ville de notre empreinte, aujourd'hui Londremor saignera, et toutes les cloches de cette île souveraine sonneront le glas. »

*
La plus grande force de cette histoire est son univers original, ourlé d'obscurité et de malveillance. Avec quelle facilité, quelle force, quelle maîtrise de la narration, Edward Carey installe ses décors, ses personnages et son intrigue !

Le monde imaginé par l'auteur ressemble au notre, mais sans l'être non plus. L'auteur nous emmène en effet en Grande-Bretagne à la fin du XIXème siècle. Nous sommes à Londres, mais l'auteur a revêtu la capitale d'un étrange costume, très différent de celui de l'ère victorienne, perlé de fantastique et d'opacité. L'ambiance de ce Londres, mélange de gothique et de décharge à ciel ouvert, est très réussie : visuelle et immersive, poétique et âpre.

« C'était une grande maison, d'un certain point de vue, je pense, mais vraiment petite comparée au Château où l'on pouvait facilement cheminer dans le dédale de ses galeries et de ses escaliers intérieurs, et découvrir chaque fois un nouvel endroit à visiter. Qui plus est, depuis le Château, on pouvait voir l'océan de détritus onduler dans le coucher de soleil. Observer l'astre du jour se lever et se coucher sur cette mer d'ordures pouvait être d'une grande beauté, c'était comme la respiration d'un géant endormi. Ainsi j'avais la nostalgie de ce lieu, et le vague à l'âme au souvenir de Tummis agitant les bras dans la décharge pour appeler les mouettes. Ici il n'y avait pas la moindre lumière, pas davantage dehors, jour et nuit tout n'était que ténèbres depuis que Fetidborough avait été anéanti et que les Ferrayor étaient arrivés à Londres. Pour vivre. En secret. Parmi vous, les Londoniens. »

J'ai été emportée dans ce monde sombre et grisâtre, glauque et nauséabond, envahi par des montagnes d'immondices. Edward Carey est un magicien qui de sa plume, dessine un monde obscur, sordide, envoûtant et grisant.
Vous pourriez froncer le nez, comprenant dans quel univers je vous emmène, mais voilà, j'ai adoré me plonger dans cet univers sale et repoussant.

*
C'est aussi un roman porté par ses deux héros, Clod Ferrayor et Lucy Pennant. Là encore, leur caractérisation est très réussie.

Dans le tome précédent, le récit alternait leur deux voix. Celle de Clod, né avec le don de pouvoir parler avec les objets de naissance, de les déplacer ou les commander par la pensée. Celle de Lucy, une jeune servante du château des Ferrailleurs. Courageuse, intrépide, coriace, déterminée, elle donne beaucoup de dynamisme à l'intrigue.

Ici, dans ce dernier volet, l'histoire est racontée de plusieurs points de vue, pas uniquement ceux de Clod et de Lucy. Cette multiplicité des regards est intéressante car elle permet de se déplacer dans tous les coins de Londres, des taudis des quartiers malfamés jusqu'au palais de Westminster, de saisir l'ambiance de la ville comme les sentiments, les ambitions ou la noirceur des personnages.
Plus on se rapproche de l'épilogue et plus les voix des différents narrateurs se bousculent pour un final explosif surprenant et inattendu.

*
Dans ce Londres décadent, d'étranges personnages parcourent les ruelles étroites et miséreuses : une femme qui déverse de sa bouche grande ouverte un nuage d'un noir absolu ; un homme qui attire à lui, comme un aimant, toutes les immondices à sa portée ; des personnages qui se métamorphosent ; un monstre qui se repaît d'objets.
Et puis des centaines de rats qui se déversent dans la ville et se glissent partout.

*
L'histoire est très bien écrite, fluide et agréable à lire, avec une petite touche d'humour qui rend ce roman plus léger qu'on ne le pense à première vue à la lecture de ce billet. Toutes ces qualités servent une intrigue bien menée, prenante, riche en surprises.

Mais, si ce monde est ancré dans le fantastique et dans un passé historique, des analogies avec le monde d'aujourd'hui sont évidentes. L'auteur nous projette dans un monde singulier mais très réel, asphyxié par la surconsommation liée à notre mode de vie. Il nous amène aussi à réfléchir aux dérives de nos sociétés individualistes qui creusent les inégalités et fragilisent les liens sociaux.

« C'était donc la vie de Londres, c'était donc la grande machine de l'Empire, je pouvais la sentir et elle sentait l'humain logé à l'étroit, elle sentait le café et le tabac, le vin, l'encre et la suie, et la sueur, aussi. Entraînée avec le troupeau, je ne pouvais pas m'arrêter. J'étais ballottée sur cette vague telle une épave au sommet de la grande décharge. »

D'autres thématiques sont également abordées dans cette série : l'identité, la famille, la mort et la résilience.

*
Pour finir, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé l'atmosphère lourde et colorée de gris des Ferrayor, mais je dois bien avouer que c'est avec un petit pincement au coeur que je quitte le monde d'Edward Carey.
A découvrir bien entendu pour son originalité, son cadre si singulier, son ambiance si fascinante, et ses personnages atypiques particulièrement attachants.
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Une trilogie brillamment conclue avec "La ville", une suite cohérente et logique en terme d'ambiance et de scénario.
Nous avions laissé Clod et Lucy séparés lors de la fuite de Fetidborough en flammes, que sont-ils devenus ? Quels sont les projets sordides des ferrayors ?
Dans cette ambiance victorienne (nous rencontrerons la reine Victoria), les couleurs sont toujours à dominantes grises et noires, en parfaite harmonie avec un scénario sombre et toujours aussi décalé, l'auteur a créé un univers vraiment original et toujours aussi "so british", un vrai régal.
J'ai trouvé le rythme de ce tome trois plus enlevé, plus vivant et plus intense, une montée en puissance remarquable après deux premiers tomes plus "lents", le tout jusqu'à un final apocalyptique de toute beauté.
A noter les illustrations, encore plus nombreuses et toujours aussi réussies, un plus à chacun des 33 chapitres, au bas mot une centaine toutes dans l'esprit du dessin de couverture.
Une lecture que je conseille vivement à tous ceux qui aiment les univers déjantés.
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Pauvres lecteurs ! Vous pensiez être déjà au coeur de la noirceur ; il n'en est rien.Ce dernier opus est de loin le plus sombre. C'est une plongée dans les ténèbres qui vous attend ! Préparez vous à errer dans les rues de Londres ou plutôt devrais-je dire « Londremor ». La ville de Big Ben est bouleversée par la famille Ferrayor au grand complet. Elle va révéler son vrai visage rendant l'ambiance anxiogène et oppressante à souhait ! L'étau se resserre autour du lecteur qui, plongé dans un brouillard infernal, n'arrive plus à percevoir la moindre lueur d'espoir.
Clod est abreuvé de tristesse, de colère et de haine. Il semble complètement perdu et vulnérable, à la merci de sa terrible famille, laquelle est pleine de ressources. Edward CAREY abat ses cartes et il a pensé à tout. Ce dernier tome tient ses promesses et regorge de révélations et de surprises. L'intrigue se tord et se dénoue en même temps que mon estomac. Mais quelle angoisse !

Toutes les frontières explosent et je ne sais plus qui sont les gentils et qui sont les méchants, ni qui est l'agresseur et l'agressé. C'est chacun pour soi. Pourquoi certaines vies vaudraient plus que d'autres ? Qui décide la place que chacun occupe dans la société ? Qui décide qui a le droit de vivre ou non ? Chacun défend son droit à l'existence mais est-on obligé pour ça de contester celui des autres !? Les métaphores sont nombreuses et les allusions aussi rendant la critique acerbe. Chacun comprendra ce qu'il veut, la réflexion est ouverte.

Pour autant, le rythme loin d'être plombé par tout ceci, est soutenu. D'ailleurs plus on approche de la fin plus les interventions de chacun se font courtes et alternent entre les différents personnages, créant ainsi une tension palpable. Toutes les pièces s'assemblent et le lecteur n'a plus qu'une envie : SAVOIR ! Et là encore aucune déception, la fin va au-delà des espérances. Cerise sur le gâteau : les dessins sans lesquels cette aventure n'aurait pas été la même pour moi. Ils ont nourri mon imagination et m'ont accompagné au fil des pages et de cette histoire en noir et blanc. Une histoire qui ne se lit pas, mais qui se vit !
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Ce que j'ai ressenti:

***Petites lumières d'espoir…

A faire tourner les têtes et les objets, à faire naître la petite lueur au milieu des immondices, Clod Ferrayor l'original de la famille, et sa flamboyante Lucy Pennant, détraqueront leurs petits mondes en transition, à coups de poings et à voix étranges! Les objets vivent, se rebellent, les liens de famille grincent, les insignifiants se font entendre: c'est la débandade! Nos deux adolescents chouchous sont lancés à l'assaut de leurs espérances, entamant une grande bataille enflammée, une guerre pour ne pas perdre ce « petit quelque chose », un territoire à conquérir après l'anéantissement du leur, mais surtout se retrouver envers et contre tous…Et tout du long, l'amour à dénicher, dans les yeux et sous les ruines du chaos…Quelle épopée!

« Quand cesse-t-on d'être une personne, me demandais-je, et quand commence t-on à être autre chose qu'un être humain? »

***Au sein des ténèbres…

A voir les détritus s'allier, à voir disparaître les gens dans la pire insignifiance, à sentir un Londres mort à petit feu et un Londremor vivant de poésie étincelante, Edward Carey, nous ouvre les portes d'un imaginaire riche où, j'ai adoré me perdre. Les transformations s'accélèrent, le mystère s'épaissit et tout par à va-l'eau , ou plutôt à va-l'ordure…Et le géant se soulève tandis que la Reine s'incline…La grisaille envahit la ville, et les êtres lugubres hantent les lieux. C'est l'ultime affrontement et on sent une tension incroyablement sombre s'emparer de tous les habitants. Et quelle atmosphère!!!!

« Nous avons tous respiré la nuit, nous l'avons tous fait entrer en nous. »

***Et dans la ferraille, trouver un coup de coeur
Lien : https://fairystelphique.word..
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Après Tristan et Iseult, après Roméo et Juliette, voici Lucy et Clod, Lucy aux cheveux rouge comme les flammes et Clod, un jeune homme maladif aux pouvoirs bien particuliers.
A peine se rencontrent-ils une nuit, devant une cheminée éteinte que la vie les sépare déjà…mais ils feront tout pour se retrouver, malgré des obstacles dignes d'un conte de fées.
Il faut dire que l'auteur nous transporte dans un univers étrange et envoutant, avec cette trilogie dense (3 romans de 500 pages chacun) pour le moins originale qui se déroule en 1875 dans un Londres sombre, crasseux, suintant, malodorant, une ville écrasée sous les détritus.
Car il faut dire que dans cette histoire qui ressemble fort à un conte gothique, ce sont les ordures qui ont le premier rôle.
Oui, vous avez bien lu, ce sont les objets abandonnés et cassés, les résidus gras, les détritus puants, les déchets, les épluchures, les rebuts, la pourriture, la saleté, les cochonneries et la moisissure qui sont au coeur de cette histoire.
Car ici, ce qui se joue, c'est une sorte d'Histoire de la Décharge, avec sa création, ses membres, sa légitimité, son pouvoir, son règne et sa chute.
Et tous ceux qui se trouvent sur son chemin risquent d'être effroyablement écrasés, compressés, écrabouillés, réduits en poussière et pulvérisés en fluide visqueux car la décharge est une Reine, et elle ne tolère ni remise en question, ni coup d'Etat.
Alors si vous n'avez pas peur de salir vos beaux vêtements, de mettre les mains dans la fange, de respirer des miasmes de mort, venez faire la connaissance de Lucy la servante aux cheveux rouges et de Clod, issu de la puissante lignée des Ferrayor.
Venez affronter des montagnes de détritus, venez plonger au coeur de la plus immonde décharge que nous n'ayez jamais vue et peut-être que vous aussi, vous serez happés par la magie qui émane de ces pages et que vous succomberez de plaisir, vautrés dans la suie et le purin, baignés par des odeurs pestilentielles, dans une ambiance glauque digne d'un Tim Burton qui serait tombé amoureux et aurait envie de montrer au monde entier que tout ce qui est rejeté, cassé, détruit et hors service peut encore avoir une vie et des sentiments.
Et pour encore plus de plaisir, l'auteur a dessiné lui-même les protagonistes de cette histoire, vous pouvez découvrir ses illustrations dans les trois volumes.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
À côté de ces bougies, de grandes mèches de coton tressées attendaient d’être enveloppées de cire. La chaleur était étouffante, et la pièce plongée dans une lumière nocturne. Sous les grandes cuves fumantes, les flammes maintenaient constamment la cire en fusion. Sur les établis, des moules, des pieds à coulisse, des jauges, des scies à main. Tout autour, d’étranges créatures à l’aspect crasseux fabriquaient des bougies d’un blanc pur. Mais ces petits êtres étaient loin d’être blancs : leurs vêtements étaient usés jusqu’à la trame, leurs peaux, leurs bras et leurs crânes brûlés par endroits, leurs doigts rouges et à vif, et la plupart tremblaient terriblement. C’étaient les chandeliers de cette fabrique fumante de suif et de cire, c’était le tableau de la misère cachée de la fabrication de la lumière : des enfants, des fillettes pour la plupart, brûlées, crasseuses et luisantes de graisse de bougie, si bien que leur peau semblait faite de la même cire, que leurs cheveux avaient l’air de mèches à bougie attendant la flamme, prêts à s’enflammer en un rien de temps, et leur lumière, songeai-je, crépiterait bientôt.
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-... Le problème avec elles, c'est que ce sont des poupées, Irénée, elles ne sont pas vivantes.
- Que voulez-vous dire ?
- Ce sont des jouets, des joujoux, des imitations d'êtres humains, elles ne sont pas vivantes, elles sont faites à l'image des êtres humains, mais ce ne sont que des objets. C'est tout.
- Vous voulez dire qu'elle sont mortes !
- Elles n'ont jamais été vivantes, Irénée.
- Mais pourquoi quelqu'un ferait-il cela ? Assembler des morceaux pour fabriquer quelque chose qui ressemble à un être vivant, mais qui ne possède pas la vie. Quelle cruauté!
- Je doute fort que leur fabricant ait pensé à cela, je crois qu'il a dû se dire qu'elles seraient de gentilles compagnes pour un enfant, un objet avec lequel jouer.
- Jouer avec une chose morte ! s'indigna Irénée, l'air dégoûté.
- Mais, dis-je, peut-être ont-elles été beaucoup aimées.
- Et à quoi ça leur a servi ?
- À pas grand-chose, ma chère Irénée, probablement à pas grand-chose.
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C'était donc la vie de Londres, c'était donc la grande machine de l'Empire, je pouvais la sentir et elle sentait l'humain logé à l'étroit, elle sentait le café, le tabac, le vin, et la suie, et la sueur, aussi. Entraîné avec le troupeau, je ne pouvais pas m'arrêter. J'étais ballottée sur cette vague telle une épave au sommet de la grande décharge.
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Mère. Elle vient, elle vient me voir très souvent. Impossible de rester en paix avec ses constantes allées et venues, ses inquiétudes, ses pleurs, ses caresses, elle m'étouffe, elle n'arrête pas de me toucher, la tête, les joues surtout. Elle me donne d'autres noms que Benordur, Bébé elle m'appelle, ou Mon Petit Garçon. Or je n'étais pas un bébé, ces dernières années. Quand je l'étais, c'est-à dire quand j'étais un nouveau rebut, une ordure toute neuve en fait, elle m'a abandonné dans le dépotoir. Toute seule, elle a fait ça ! Elle a laissé une petite marque, une éraflure sur la boîte métallique. BENORDUR, elle a gravé d'une main tremblante. Avant de m'abandonner, elle m'a baptisé.

- Tu es partie et tu m'as laissé dans la décharge, je te le dis. C'est la vérité.
- Mon bébé, mon petit Ben... se défend-elle.

Elle ne le nie pas. Rosamund, elle s'appelle. Rose-boue, Rosaboue.

- Tu n'aurais pas dû faire ça.
- Tu m'as enfin été rendu, après toutes ces années.
- Pourquoi vous avez fait ça, Madame ?
- Mon gentil, mon grand garçon.
- Cette question, je n'ai pas arrêté de me la poser.
- Comme tu as grandi !
- Pourquoi, pourquoi ?
- Je t'en prie, BENORDUR, s'il te plaît mon petit Ben, tu me brises le cœur.
- J'aurais pu mourir.
- Oh, Ben !
- Je ne comprends pas. Je veux comprendre.
- Je ne peux pas défaire ce qui a été fait, Ben, c'est impossible.
- Mais je ne suis pas mort.
- Non, mon chéri, et j'en suis tellement heureuse.
- La décharge m'a sauvé. Mes ordures, mes déchets, mon royaume.
- C'est un miracle, Ben.
- Une benne, c'est quelque chose qui ramasse les ordures, c'est pour ça que tu m'as appelé Benordur ? J'étais ton détritus ? Tu as mis toute ta saloperie en moi, et tu as espéré que le Grand Dépotoir l'engloutirait.
- Je t'en prie, assez, assez !
- Je ne fais que m'interroger, Madame.
- Mère, je te demande de m'appeler Mère !
- Je n'étais qu'un déchet pour vous.
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- Voilà pour toi, mon p'tit gars, dis je sans cesser de le frapper. Je vais t'étriper! Les brutes, j'en ai connu assez comme ça dans ma vie! Tous les jours on m'a tyrannisée, et partout où je posais les yeux, je voyais des gens se brutaliser. J'ai vu des vieillards anéantis par de plus jeunes parce qu'ils avaient plus de muscles, j'ai vu des enfants bousculer d'autres enfants, j'ai vu la grande famille Ferrayor nous pousser dans la décharge. J'en ai ma claque, de vous tous, tout ça, c'est fini pour moi!
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