Il suffit de 3 branches, du silence et du coeur, pour faire de l'art. Mais au Japon, cet art se transforme en spiritualité. le but de tout art n'est pas la beauté de l'aboutissement mais bien le cheminement intérieur qui aboutit à cette beauté. L'ikebana est un de ces arts ancestraux, un art qui à l'origine était pratiqué par les samouraïs. Leurs esprits se trouvaient si profondément absorbés dans l'âme des fleurs que les décisions cruciales se faisaient dans l'harmonie et la gravité nécessaire qui leurs incombaient.
Le ciel, l'homme, la terre. 3 éléments à relier pour en trouver l'essence de la vie. Et pour cela un maître, le maître des fleurs, pour transmettre son message, son aura.
De la patience, beaucoup de patience, prendre son temps pour trouver l'harmonie, pour comprendre la fleur. Pour vivre simplement. Savoir attendre le moment. C'est l'essence même de la vie, de l'amour.
Du silence, beaucoup de silence. Parce que c'est à travers le silence que parle le coeur. Et la vie, et l'harmonie, c'est juste une histoire de coeur à coeur. L'amour aussi.
Gusty Louis Herrigel est une spécialiste de la peinture au lavis et de l'art floral japonais. Elle a soutenu en 1929 son examen public de maîtrise en arrangements floraux devant son maître Bokuyo Takeda – disposition calme et pure ; trouver la solution sans penser. Les plus zens d'entre vous connaissent plus volontiers son mari, Eugen Herrigel, célèbre et renommé pour son essai « le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc ». Herrigel, un couple dans le zen. A cela s'ajoute une préface de maître Daisetz T. Suzuki, que j'ai lu il y a bien longtemps, un temps où j'étais moins vieux mais tout aussi silencieux. Et si je te dis qu'entre les différentes chapitres, sont proposées quelques calligraphies ou autres estampes en noir et blanc visant à agrémenter les propos de l'auteur sur la voie des fleurs, cela en fait donc un beau petit livre spirituel. Peut-être devrais-je continuer sur cette voie, celle du zen, j'aurais l'impression ainsi d'être moins con, tout en gardant le silence.
Commenter  J’apprécie         674
L'IKEBANA
Tu apprendras
En quelques fleurs
Tu choisiras
Ton âme et ton coeur
Sera ta Voie
Un bouquet
Tu composeras
Tout un Art
Tout une vie
Cela te prendra...
En remerciant vivement masse critique et la maison d'édition Arléa pour l'envoi de ce magnifique ouvrage sur l'art de la composition florale qui remonte aux origines du Bouddhisme.
En écho au commentaire pertinent d'un babelionaute nommé "le_ Bison"
Quel beau manifeste que cet ouvrage ! Nous savons que le Japon a l'art de transcender la Beauté sous toutes ses formes : :la calligraphie, les jardins, les bonsaï..ici c'est art floral que l'on nomme Ikebana décrit avec subtilité et poésie...tout est art de vivre.
Les fleurs sont des sujets que l'on admirent et qui nous inspirent, nous confrontent à notre esprit et à nos sens, qui au-delà des codes de l'agencement floral apportent une philosophie de vie et nous fait cheminer vers la spiritualité.
Pour les passionnés du Japon, des fleurs , amis de la nature...je vous recommande de vous plonger dans cet ouvrage où les illustrations agrémentent agréablement le propos intelligent et apparemment l'auteure en véritable spécialiste nous fait une éloge très éloquente de cet Art.
Commenter  J’apprécie         222
C'est avec respect et précaution que l'auteure nous présente le vaste domaine de l'arrangement des fleurs au Japon, l'Ikebana. Au delà des principes de cet art, elle nous emmène vers l'histoire et l'esprit de cette cérémonie. Impossible de résumer sans réduire !
J'ai abordé ce livre sans aucune connaissance sur le sujet, et je l'ai refermé avec la conscience nouvelle d'un univers d'humanité fascinant. Une grande joie.
Je remercie profondément Babelio, les éditions Arlea.
Commenter  J’apprécie         50
Il existe à ce sujet une légende : on raconte qu'un coolie, haletant sur un sentier de montagne avec son lourd fardeau, découvrit une petite fleur languissant entre deux pavés, qui risquait de mourir de soif au milieu des cailloux brûlants. Il s'agenouilla malgré sa charge et versa ses dernières gouttes de thé sur les tendres racines afin que la petite fleur puisse vivre jusqu'au soir. Puis il poursuivit sa route vers sa lointaine destination. Cette anecdote s'est transmise de bouche en bouche, non pas pour la rareté du fait, mais pour la compréhension qu'elle révèle.
Dans l'art de la composition florale, l'oeuvre intérieure doit aller de pair avec l'oeuvre extérieure, pour exprimer la totalité du ciel, de l'homme et de la terre. L'heure de l'exécution n'est pas un moment distrait de la journée, elle s'étend du matin jusqu'au soir. Et il n'est pas facile de suivre l'invisible sentier des fleurs du matin jusqu'au soir !
Profondément absorbée en elle-même, elle cherche à atteindre cet état d’âme où elle sera unie au cœur de la fleur ; elle sait par une longue expérience que ce n’est pas là une simple figure de style. C’est lorsque son propre cœur sera uni avec le cœur des fleurs, et par-delà, avec le cœur universel – selon l’heureuse expression d’un Maître des fleurs -, qu’elle reposera dans ce silence absolu d’où la figure surgira d’elle-même spontanément, naturellement.
Cet art n’est pas une école de dextérité, un exercice manuel, c’est une expérience de l’être. La technique en est le support extérieur, mais il ne faut pas en surestimer l’importance. Ce qui est décisif, c’est la discipline du cœur, l’union harmonieuse du corps, de l’âme et du monde environnant.
Malgré la délicatesse de la matière, cet art était pratiqué à l’origine par des hommes extrêmement virils. L’esprit du samouraï trouvait dans l’absorption avec l’unité des fleurs la gravité nécessaire pour prendre les décisions suprêmes.