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EAN : 9782070126842
528 pages
Gallimard (06/06/2013)
3.5/5   7 notes
Résumé :
Sur une plage mexicaine du Guerrero, à l’aube, la tête décapitée de Josué raconte son histoire. Élevé par une gouvernante acariâtre, ignorant de ses origines, Josué Nadal est un enfant solitaire jusqu’à sa rencontre avec Jéricho, qui semble n’avoir ni nom de famille ni parents. Dès lors, unis par cette absence d’environnement familial, les deux garçons deviennent inséparables tels Castor et Pollux, guidés seulement par leur soif d’absolu et leur professeur libre-pen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"La volonté et la fortune" est un livre remarquable qui décrypte, entre autres sujets, les rapports entre l'argent et le pouvoir dans un Mexique corrompu et qui part à vau l'eau (cela ne vous rappelle rien ?) fin prêt pour une bonne vieille dictature de derrière les fagots. Mais ne devient pas dictateur qui veut et l'un des personnages de ce livre l'apprendra à ses dépens. Car c'est aussi un livre sur l'ambition, la volonté d'arriver par soi-même, et ce faisant, de devenir plus fort et plus malin que les autres. Deux jeunes gens, qui ne savent rien de leur origine feront ainsi leur apprentissage dans la vie, sous la protection d'un riche personnage dont ils ne savent rien. Fraternels au début puis devenus ennemis intimes à la fin (toujours les femmes que voulez-vous, tout au moins comme déclencheur de ces rivalités sournoisent qui se cachent sous l'apparence de l'amitié) ils revivront l'histoire d'Abel et de Caïn, sous l'égide d'un père retrouvé et redoutable, et de sa maîtresse aussi ambitieuse que dépourvue de scrupules.
Roman foisonnant au lyrisme parfois fatigant, roman d'une rare densité sur les rapports humains et les secrets de famille, ce texte, imprégné de culture plonge dans les racines de la corruption, des gueguerres des ego (qui savent toutefois se mettre en veille pour parvenir à leurs fins), de la manipulation et aussi de la décadence et de la perte de soi-même.
Un grand roman, pas toujours facile à lire et à la limite du grandiloquent genre tragédie grecque, mais passionnant et qui sonne toujours juste.
A découvrir de toute urgence pour qui veut comprendre le monde dans lequel nous vivons.
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Quand Thomas Piketty suggère la lecture de Fuentes et de son dernier roman La Volonté et la Fortune, il met l'accent sur le côté balzacien de Fuentes, sa description d'une société sur les plans économique, sociologique, générationnel et amoureux. Mais à la lecture de ce roman, c'est à Flaubert que je me référais encore plus, pour sa description d'une génération abandonnée, une génération velléitaire et désabusée. Les fruits secs, comme Flaubert prenait plaisir à décrire ses deux anti-héros de L'Education sentimentale: deux parvenus qui n'ont que leur vanité et leur opportunisme à offrir, fruits d'une révolution manquée, fruits d'une société en pleine déliquescence. Mais plutôt que de lire Rousseau et Lamartine, les protagonistes de Fuentes se nourrissent de Machiavel et Unamuno.

«J'ai grandi, dit-il, dans une société où la société était protégée par la corruption officielle. Aujourd'hui, poursuivit-il, péremptoire, mais sur un ton mi-critique mi-résigné, la société est protégée par les criminels. L'histoire du Mexique est un long processus pour sortir de l'anarchie et de la dictature et arriver à un autoritarisme démocratique... Aujourd'hui, Josué, le grand drame du Mexique c'est que le crime a remplacé l'Etat. L'Etat démantelé par la démocratie cède aujourd'hui le pouvoir au crime sous l'égide de la démocratie.»

C'est qu'il cherche des pistes d'interprétation, Fuentes, il cherche un nouvel élan à donner à tout un peuple, car il sait que seule la littérature peut défricher de nouveaux territoires de la conscience. Les critiques ici-même sur Babelio semblent s'attarder sur le côté baroque et diffus de l'écriture, mais Fuentes, en digne héritier de Sterne et de Broch, possède un style qui échappe à la narration convenue, une narration qui s'oppose à la tentation cinématographique, au refus du glissement d'une caméra qui ne fait qu'effleurer l'essence des choses qu'il décrit. Fuentes se réclame d'une filiation qui va au-delà des apparences, il s'insère parmi ces artistes qui aiment à insulter, à bousculer et à dénoncer.

«Diego Rivera, en plein Palais national, décrit une histoire présidée par de hauts dignitaires politiques et religieux corrompus et menteurs. Orozco prend les murs de la Cour suprême pour dépeindre une justice qui se paie la tête de la loi par la bouche hilare et peinturlurée d'une putain. Azuela, en pleine lutte révolutionnaire, met en roman la révolution sous forme de pierre roulant vers l'abîme et dénuée de toute idéologie ou but. Guzman rend compte d'une révolution au pouvoir qui ne s'intéresse qu'au pouvoir, et non à la révolution...»
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il y a d'abord l'écriture: pas facile, dense, érudite parfois, foisonnante dans une sorte de pot-pourri où alternent les saynètes comme les épisodes d'un "roman-savon", nous laissant en plan au détour d'un tableau pour reprendre quelque lignes plus loin sur un autre sans qu'on soit retombé sur nos pieds, frisant de temps à autres l'invraisemblance comme dans un vilain cauchemar. Se mêlent en effet dans ce roman le réalisme et la fantaisie onirique sans que le lecteur puisse se laisser emporter par l'un ou l'autre puisque il est constamment pris à témoin, invité, d'une certaine façon, à participer à ce qui ressemble à une démonstration au sens mathématique du terme.
Il faut donc aussi parler du thème ou plutôt des thèmes. le titre résume bien les deux principaux presque antinomiques autour desquels s'articule cette fresque: i) la volonté mue par le désir et qui fait référence aussi à la liberté; ii) la fortune aux deux sens du terme: richesse d'une part avec le pouvoir qu'elle donne (ou vice-versa) et hasard d'autre part ou encore chance que le destin nous réserve. Qu'est-ce qui est coïncidence, hasard des rencontres aux carrefours de nos vies? Qu'est-ce qui relève, au contraire, de notre liberté de choisir tel chemin ou tel autre, relève de notre volonté propre ou encore de celle d'autrui? le hasard et la nécessité sont deux autres leitmotivs récurrents et qui ne sont pas sans rappeler Monod ou peut-être Démocite à qui Monod avait paraît-il emprunté le titre de son essai.
Trahisons, violences, désillusions, injustices, manipulations sont d'autres mots qui me viennent en tête pour caractériser ce que j'ai trouvé dans ce roman sans concessions pour un pays qui cherche encore comment gérer un héritage historique empoisonné.
Fuentes est un auteur difficile à aborder. Persévérer dans la lecture de ce roman m'a demandé une grande disponibilité, récompensée finalement par l'impression d'avoir appréhendé un peu plus l'univers de Fuentes qui se décline sous différentes formes au travers de son oeuvre.
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C'est le roman posthume du grand romancier mexicain, qui le qualifie comme "son meilleur", une grande fresque dans laquelle il faut se plonger pour découvrir le style baroque de l'auteur où le réel et l'onirique s'imbriquent pour tisser le récit.
Le sujet du livre est bien sûr le Mexique, le Mexique dans toute sa violence, livré à la corruption, au crime organisé, aux narcotrafiquants et aux affairistes cyniques. C'est l'histoire de deux orphelins, Josué et Jéricho, aussi inséparables que Castor et Pollux, qui deviennent des frères ennemis, comme Abel et CaÏn. La cause de la discorde est le choix de Jéricho qui s'engage dans la voie de la révolution clandestine, source des pires violences qui ont toujours déchiré le pays, selon Josué. Personnages qui en définitive se révèleront complètement manipulés, ce roman concentre les désillusions de l'auteur.
Un romancier au sommet de son art.
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critiques presse (1)
Lexpress
07 juin 2013
La Volonté et la fortune, portrait d'un Mexico plein de bruit et de terreur, ou le sublime roman posthume du grand romancier mexicain Carlos Fuentes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
C'est une histoire sans fin : des criminels récidivistes. Des détenus sans jugement. Une défense impossible. Des avocats mal payés, incapable de défendre les innocents. des juges morts de peur....Combien de temps crois-tu que durera la démocratie lation-américaine ? Combien de temps mettront les dictatures pour revenir, acclamées par le peuple ?
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Est-ce que je me rendais compte? demanda-t-il rhétoriquement en désignant tout en bas, au loin, un pays de plus de cent millions d'habitants qui ne peut donner ni travail, ni nourriture, ni éducation à la moitié de sa population, un pays qui ne sait pas employer les millions d'ouvriers dont il a besoin pour construire routes, barrages, écoles, logements, hôpitaux, pour préserver les forêts, enrichir les champs, bâtir les usines, un pays où la faim, l'ignorance et le chômage conduisent au crime; une criminalité qui envahit tout, le policier est criminel, l'ordre se désintègre, Josué, l'homme politique est corrompu, la trajinera prend l'eau, nous vivons dans un Xochimilco sans María Candelaria, ni Lorenzo Rafael, ni petits gorets pour nous tirer d'affaire: les canaux s'emplissent d'ordures, noyés sous la crasse, l'abandon, les épines, le cadavre du porcelet, les os de poulet, les débris de fleurs...
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Si on choisit une carte, on sacrifie les autres. Dans la vie, impossible de changer de cartes. Si tu as quatre as, tu les niques tous. Si tu as un jeu pourri, t'es baisé. Même si, quelquefois, avec une paire de cinq tu gagnes la partie et tu sauves ta peau. Tu joues avec la main qu'on t'a donnée et si tu crois que tu peux réclamer une autre carte, tu te plantes. Qui que soit celui qui distribue les cartes, il ne le fait qu'une fois. Il faut jouer avec les cartes pourries ou gagnantes que le destin nous a attribuées.
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Les immanquables médisants commencent à parler d'un sexennat maudit. Ils en arrivent même à insinuer, à la deuxième année de son mandat, que la longévité dans le poste est fatale pour la réputation du dirigeant......
"Clarita est vraiment morte au mauvais moment !" s'est exclamé une nuit le président.
-Ce qu'il vous faut, c'est que meure la moitié de votre cabinet ! ai-je osé lui dire. Votre incompétence rejaillit sur vous, Senor Presidente.
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Cesse de regarder, Josué. Cesse de regarder, Josué. Ton destin sur la terre s'est accompli. Les flèches de l'extermination ont été tirées. Les noms des fantômes ont été donnés. Supporte les crimes de la ville. Prophétise contre la ville. Et maintenant, Josué, oublie la grande rumeur derrière toi et prends un rouleau de papier pour narrer un récit incomplet...
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Videos de Carlos Fuentes (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlos Fuentes
Mercredi 20 octobre 2011, Carlos Fuentes reçoit les insignes de Docteur Honoris Causa.
Biographie: Né en 1928 à Panamá où son père était alors Ambassadeur du Mexique, Carlos Fuentes est un des plus grands écrivains du XXe et du XXIe siècle. Sa pensée et son œuvre romanesque ont largement influencé les écrivains et les intellectuels espagnols et latino-américains contemporains. Catégorie Éducation Licence Licence de paternité Creative Commons (réutilisation autorisée)
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