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EAN : 9782897120481
144 pages
Mémoire Encrier (03/02/2013)
3.67/5   23 notes
Résumé :
Virginia Pésémapéo Bordeleau nous offre une histoire d’amour torride, sauvage et puissante entre Wabougouni, une Algonquine et Gabriel, un métis. Violence, colère et extase rythment cette relation tumultueuse avec pour toile de fond la nature envoûtante du lac Abitibi.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un brasier s'est allumé sur les rives du lac Abitibi
Un brasier sans fumée aux odeurs répugnantes
Un brasier ardent où deux corps se sont déchirés,
affrontés
Un brasier s'est allumé sur les rives du lac Abitibi,
Un brasier sans fumée aux odeurs entêtantes
Un brasier ardent où deux corps se sont aimés,
désirés.

De retour d'une promenade printanière sur les berges du lac Abitibi, encore sous le charme et la magie du lieu, enivrée par les senteurs, les vibrations de la nature, je reviens.
Virginia Pésémapéo Bordeleau m'a pris par la main pour suivre l'amant du lac dans cette région boisée partagée entre le Québec et l'Ontario, en territoire algonquin, sous l'oeil complice du Grand Esprit et de Nanabozo changé en corbeau pour l'occasion...

Abitibi «eaux mitoyennes» à mi-chemin de la baie James et du Saint-Laurent, lieu de passage, lieu d'échanges, lieu de rencontres dont le repérage fut effectué par les Jésuites en 1640 avant l'installation des postes de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH). Mais, en ce début des années 1940, nous apercevons Gabriel le coureur des bois qui tente d'échapper à un agent de la police montée de l'Ontario sur un canot gorgé de trappes. La peur, l'approche de la mort, une traque désespérée sur les eaux déchaînées mais protectrices du lac Abitibi vont le déposer aux portes du bonheur par le biais d'une rencontre fortuite mais intime avec Wabougouni, une jeune femme métisse aux courbes sensuelles et girondes, semblables à celles des «pierres de fée», sculptures naturelles jonchant les rives du lac, gardiennes de son cheminement.

Une histoire passionnelle, des histoires d'amour, d'instinct qui donnent une version féminine et libre de l'acte sexuel, désiré ou non consentie, grâce aux voix de générations différentes, celle de l'aïeule, Zagkigan Ikwè ou Eclaircie, possédée autrefois par un missionnaire jésuite et celle de sa petite fille, Wabougouni, «déesse de la joie», beauté métisse dont la chevelure flamboyante témoigne de cette union forcée. Deux figures féminines solaires, deux portraits vibrant de sincérité. Gabriel, sang mêlé lui aussi, catapulté dans ce village, un campement sur la partie québecoise du lac, abandonné des hommes pour la saison des chasses, redécouvre la culture amérindienne et croque dans son carnet des esquisses de la vie quotidienne agrémentées de poèmes dédiés à son amante Wabougouni.

Il serait restrictif de dire que l'amant du lac n'est qu'un roman érotique même si il est le premier écrit par une native amérindienne. Métisse
crie ,Virginia Pésémapéo Bordeleau est écrivaine, peintre, poète et vit en Abitibi. Dans ce roman elle célèbre en effet la fusion, la plénitude des deux amants, de deux êtres en marge, l'attraction charnelle, la victoire de la vie, de la vitalité et de la lumière contre l'obscurité, les tabous et les contraintes morales. Pourtant au-delà de cette étiquette de genre, il est un puissant témoignage de la culture amérindienne avant l'acculturation, la sédentarisation des Premières Nations, la création des pensionnats de part l'évocation de l'histoire d'une région, à travers les voix de la communauté métisse, représentée par les protagonistes, Gabriel et Wabougouni et surtout celle de l'aïeule algonquine Zagkigan Ikwè, femme médecine, figure de résilience et de transmission.

Une parenthèse bercée par le fourmillement des sons animaliers, le mugissement du vent et l'écho aquatique du lac Abitibi que le lecteur ne pourra oublier: habité par le grand esprit, tour à tour berceau et cerceuil, purificateur et consolateur, son rôle dans le récit est aussi important que celui qu'il tient dans l'imaginaire spirituel des algonquins, ses exhalations et soupirs en sont palpables.

Un temps poétique où le lecteur se laisse dériver parce que , entre autre, « Les légendes naissent ainsi, dans le giron des histoires inventées pour raconter ce qui ne devrait pas exister. Des gestes dont même l'origine devrait être effacée.» 

Une belle découverte. Un roman choral, dense, engagé, intense, servi par une écriture poétique, sensuelle. Un souffle libérateur.
Une nature sublimée. La possibilité d'appréhender l'histoire de la communauté métisse du Québec.
Une lecture qui a réveillé ma curiosité me donnant l'envie d'approfondir la littérature amérindienne et aussi d'explorer ce magnifique territoire et son histoire avec un autre roman Harricana, le royaume du nord de Bernard Clavel

Paru aux Editions Mémoire d'encrier, L'amant du lac est un retour aux sources sur les rives d'Abitibi. Merci à Virginia Pésémapéo Bordeleau:

« Je suis le pont entre deux peuples
qu'un accident de parcours
a tendu au-dessus d'un précipice.

Je suis riche de différences
marquée au feu du paradoxe.
Je suis de blanche et de rouge lignée. »

Extrait de rouge et de blanc - 2012

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Un roman d'amour, de nature et d'érotisme.

Écrit par une Québécoise métisse Crie, le livre raconte des drames et des amours autour du lac Abitibi, dans une langue poétique.

Une jeune Algonquine habite sur les berges avec sa famille. Elles voient un homme arriver dans son canot, malmené par les vents du large. Il réussira à toucher terre et sera séduit par la belle Wabougouni. En l'absence de son mari, elle n'aura pas de scrupules à nouer une idylle torride avec le beau Métis.

Le court roman parle aussi de la nature et des traditions de son peuple, de l'histoire de sa grand-mère guérisseuse et de la Seconde Guerre mondiale dans laquelle son amant sera engagé.

L'ouvrage est orné de dessins, mais auxquels il manque la palette des bleus du ciel clair, les roses orangés du soleil couchant, les irisés des eaux du lac et les nuances des verts des forêts ou les ors de l'automne, les couleurs vibrantes que l'auteur qui est aussi peintre, sait bien exploiter.
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Années 40, Abitibi. du temps d'avant les réserves et les pensionnats autochtones. Un monde sur le point de changer brutalement, dont les signes sont déjà visibles. Gabriel, un jeune trappeur métis, se trouve en difficulté avec son embarcation sur le lac Abitibi, alors que des femmes Algonquines dans leur campement le regardent se débattre avec les éléments en pariant sur son sort.

« La mort avait enroulé son étreinte de reptile à son haleine, il avait chancelé au bord du vide, de l'anéantissement, suspendu dans l'éternité pour un instant, mais il s'agissait d'un malentendu. »

Il réussit à accoster. Son regard est tout de suite attiré par une jeune Algonquine à la chevelure rousse, Wabougouni, et c'est réciproque : leur relation devient bien vite charnelle. Mais les hommes doivent revenir bientôt au campement et il doit repartir. Les amants se retrouveront-ils un jour, alors que la Deuxième guerre fait rage et que Gabriel se sent appelé ? La première partie du roman m'a beaucoup plu : la rencontre des amants, la façon dont les scènes sexuelles sont décrites, avec beaucoup de réalisme, de sensualité, de lyrisme, au plus près de la nature.

« L'amante était belle, magnifique de rondeurs et de creux au-dessus du bassin qui ondulait, telle une source autour d'un rocher. Elle était grande, aussi grande que lui, avec des chevilles et des poignets fins, une ossature délicate. Elle coulait sur lui tendre et vive en même temps, sinueuse, une algue dansante au fond du lac; elle absorbait sa force ardente avec patience, avec dévouement, avec ferveur. Son visage était dans l'ombre, sa chevelure dansait sous les vagues de son mouvement. Ses hanches roulaient dans un sens puis dans l'autre, parfois elle s'appuyait sur son amant, ou elle levait les bras pour soulever ses cheveux et les rejeter vers l'arrière. Il respira son odeur fraîche pareille à celle de la pluie sur l'herbe au matin quand les rayons du soleil aspirent cette eau pour éponger la terre. La femme était une cavalière chevauchant le grondement des eaux qui couvrait les soupirs des amants; le ressac de son sang la frappait dru, bruit mêlé à la voix de la forêt qui hululait, un choeur de chouettes éperdues et affolées. »

Pour le reste du roman, l'auteure fait de Gabriel son personnage principal et lui fait vivre des aventures auxquelles j'ai eu plus de difficulté à adhérer. J'aurais préféré qu'elle développe davantage le personnage de Wabougouni. Je reste avec l'impression de ne pas avoir bien compris ses choix pour illustrer le colonialisme et la perte de l'identité. L'ouvrage est présenté comme le carnet de Gabriel, dans lequel il dessine et écrit des poèmes, et les illustrations sont de l'auteure. Virginia Pésémapéo Bordeleau est la petite-nièce d'Émilie Bordeleau, la jeune institutrice qui a inspiré Les Filles de Caleb d'Arlette Cousture, et la série du même nom, populaire au Québec au début des années 90.
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Chère lectrice, Cher lecteur,

En juin, au Québec, il y a un mouvement pour mettre à l'honneur la littérature autochtone. Pour découvrir davantage ce phénomène littéraire, vous pouvez suivre le #jelisautochtone. Comme en août dernier j'avais proposé pour la journée du #12août une liste de romans autochtones pour votre achat, de mon côté, j'avais choisi de me procurer L'amant du lac de Virginia Pésémapéo Bordeleau. Pourquoi? Ce livre est selon la quatrième de couverture : « […] le premier roman érotique écrit par une auteure amérindienne du Québec». Ma curiosité a été piquée par cette affirmation. Virginia Pésémapéo Bordeleau est une métisse crie et elle vit en Abitibi.

Que raconte L'amant du lac?

Tout d'abord, ce roman s'avère avant tout une histoire d'amour entre une Algonquine, Wabougouni et un trappeur métis, Gabriel. Alors que Wabougouni est mariée et que Gabriel est presque fiancé à une Blanche, se déclare entre les deux une histoire passionnée. Leur amour est marqué par la chair, par l'eau, par la terre. Tout autour d'eux participe à leur fusion même les autres femmes du clan vivant au bord du lac Appittibbi à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale. Gabriel quitte Wabougouni pour rejoindre sa vie, mais pourra-t-il oublier sa belle?

Ce que j'en pense

Dans ce livre, j'ai retrouvé des thèmes comme le monde en changement, la tradition, l'exploitation de la nature, l'animisme, les pensionnats autochtones. Comme il est mentionné :

«Les Autochtones chrétiens étaient rigides, ils avaient rejeté ou oublié l'ouverture de coeur de la tradition naturelle, teintée d'animisme et de respect envers toute vie». (p. 43)
Ce livre m'apparaît surtout comme une ré-appropriation des corps par le biais des mots. Comme si les mots avaient été emmurés et qu'il fallait revenir à un signifié marqué par la chair, la jouissance, l'amour pour oublier les abominations, les humiliations que les Blancs, les prêtres, les missionnaires, ont fait subir aux peuples autochtones. le droit à l'amour libre non enchaîné, non relié à la haine, est possible. Il faut s'éloigner de ce que les Autochtones ont dû subir à cause de la religion catholique pour revenir à la beauté des corps, à l'essence de la vie.

D'ailleurs, dans le prologue, l'autrice relève :

«Ce roman existe, je le souhaite, afin de déterrer la graine de la joie enfouie dans notre culture, profondément vivante, échappée du brasier de l'anéantissement annoncé par la Loi sur les Indiens, mise en oeuvre par les Oblats de Marie-Immaculée. L'amant du lac nous apprend que nous ne sommes pas que souffrance, que victimes : nous pouvons être aussi, exultation des corps, du coeur. Amours » (p. 10)
En ce sens, je trouve ce roman très beau, très poétique, car il libère un chant profond, celui de la sensualité. Livre érotique? Oui, mais le lecteur est très loin des Cinquante nuances de Grey ou d'Histoire d'O. On est à des années lumière du masochisme ou de la domination. C'est une célébration du corps et de l'esprit qui est présentée.

Mais encore, ce livre contient de très belles esquisses de l'autrice et des poèmes car Virginia Pésémapéo Bordeleau est également une artiste peintre et une poétesse.

Devez-vous lire ce roman?

Si vous avez envie de découvrir le talent d'une autrice et de vous laisser envahir par une belle histoire d'amour, n'hésitez par à découvrir la plume de la petite-fille de notre célèbre «Émilie Bordeleau». Il est parfois des histoires nécessaires pour redécouvrir la beauté de toute chose.

C'était ma participation à Juin, je lis autochtone.
madamelit.ca/2021/06/18/madame-lit-lamant-du-lac-de-virginia-pesemapeo-bordeleau/
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Ecrivaine, poétesse, peintre et sculptrice, Virginia Pésémapéo Bordeleau est aujourd'hui une artiste centrale de la culture autochtone canadienne. Née d'un père québécois et d'une mère crie de la communauté de Waswanipi, son oeuvre est imprégnée dès ses débuts par son identité métissée, reflétant une dualité culturelle pleine d'enjeux et de paradoxes que l'on retrouve dans chacune de ses expressions artistiques. Dans L'Amant du lac (Mémoire D encrier), l'autrice québécoise porte toute la liberté et l'érotisme d'un peuple aujourd'hui dépossédé de ses plus grandes richesses.

Alors que les hommes sont partis pour quelque temps du campement, Wabougouni se retrouve seule et enceinte avec sa grand-mère Zagkigan Ikwè et les autres Algonquines au bord du lac Abitibi. C'est alors qu'un étranger fait son apparition. Si certaines se méfient de cet homme, nombreuses sont celles qui admirent sa grande beauté. Gabriel, métis, ne parle pas l'algonquin et reste lui aussi bouche bée devant le physique troublant de Wabougouni dont la longue chevelure rousse la distingue des autres. Cette attirance réciproque, mêlant violence, extase et sensualité, tisse une histoire d'amour au coeur même de la découverte des corps.

L'Amant du lac est considéré comme le premier roman érotique écrit par une auteure autochtone du Québec. Un choix qui, d'emblée, pose quelques complications grammaticales puisque la langue de l'autrice ne distingue pas les genres féminin et masculin. Explorer l'amour et la sensualité revient alors à passer par d'autres prismes, amener la passion par ce que l'on suggère et ce que l'on perçoit. C'est également s'imaginer, au-delà de la forme textuelle, ce qu'était la liberté érotique, celle d'aimer et d'être aimé, chez les Premières Nations avant les pensionnats autochtones et les abus sur les enfants. Une époque, comme l'évoque l'autrice, « où il était possible de vivre libre dans une nature vierge et grandiose » . Ainsi Virginia Pésémapéo Bordeleau fait cela, inscrire avec une force poétique immense l'histoire d'amour de deux êtres que l'Histoire chahute, tout en gardant intacte la beauté de l'inattendu et l'innocence des ressentis : « Nous ne sommes pas que souffrance, que victimes : nous pouvons aussi être plaisir, exultation des corps, des coeurs. Amours » .

Ce second roman de l'écrivaine paru il y a maintenant quatorze ans conserve un charme immuable et intemporel grâce aux relations entre ses personnages et les légendes ancestrales lyriquement amenées. Dès les premières pages, la violence est pourtant palpable, le lecteur est secoué par l'adolescence de Zagkigan Ikwè, la « Femme du lac » et grand-mère de Wabougouni agressée sexuellement par un prêtre. La douleur l'aurait menée à jeter un sort à son agresseur et le lac Abitibi, amoureux de la jeune fille, aurait satisfait sa vengeance en noyant le religieux : « Les légendes naissent ainsi, dans le giron des histoires inventées pour raconter ce qui ne devrait pas exister. Des gestes dont même l'origine devrait être effacée » . L'Amant du lac compose inlassablement avec cette nature luxuriante capable du pire comme du meilleur, indomptable et imprévisible mais aussi mystique et secrète. L'écrivaine joue avec les métaphores, créant un rythme de lecture en harmonie avec les éléments, introduisant de nouvelles sonorités, et illustrant également magnifiquement certaines pages de ses croquis.

Zagkigan Ikwè projette sur les épaules de sa petite-fille Wabougouni ses propres rêves avortés et étouffés par son viol, celui de vivre l'amour intensément avec un homme et connaître la puissance d'une attirance charnelle absolue. Vivre libre : une vengeance secrète contre cet homme de foi tyrannique ainsi qu'une religion répressives face aux traditions autochtones. Les scènes d'amour entre le jeune métis et Wabougouni sont puissantes, visuelles, tumultueuses, aussi furieuses que les eaux du lac. Une union qui prend vie alors que la Seconde Guerre mondiale embrase l'Europe et que Gabriel, comme de nombreux Canadiens, se prépare à s'engager dans le conflit. Ce roman réveille les consciences sur une vie révolue, mais dont les ramifications et les répercutions continuent de nous atteindre aujourd'hui.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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critiques presse (1)
LaPresse
24 juin 2013
Un roman empreint d'érotisme solaire, naturaliste et lyrique est aussi et surtout un livre sur la profonde sensualité de toute chose [...].
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Elle le sentait libre, cet homme, ce métis, avec ses mots pleins de lui-même. Il était libre en dedans grâce à ces sons qui emplissaient sa bouche et qu’il déclamait avec ferveur, extraits de son carnet comme des signes secrets et impénétrables. Lui-même, malgré sa présence chaude, demeurait une énigme, enveloppé dans un mystère insondable. Parfois dans le lit, nu, il regardait les papiers en parlant à voix basse. Elle avait l’intuition que si elle avait su déchiffrer les transcriptions, la lumière se lèverait sur lui; elle prendrait ses mots couchés sur le papier, les glisserait entre ses dents d’abord, dans sa bouche ensuite, les tournerait sur sa langue, les avalerait avec sa salive. Ils la nourriraient de son essence à lui, la conforteraient de leur douceur, la remueraient de leur tendresse ; ils remonteraient de son sein et elle les lui redonnerait en baisers sauvages et fougueux. Parfois il sortait de son sac une petite bouteille d’eau noire et un bâton auquel il ajoutait une pointe. De l’encre de Chine. Puis il traçait des lignes à main levée, sans hésiter. Elle voulait savoir.
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Je suis un homme aux mouvements liquides
Une rivière qui se couche en cherchant un nouveau lit, chaque nuit
Je cours vers le fleuve, là-haut, loin vers le nord
Derrière la ligne de partage des eaux...
Les amours comme des bois morts
me griffent le dos
Je dois poursuivre ma vie d'eau, car même si tu me bois
Que tu m'as bu
Je m'échapperai encore et encore...

Tu auras été mon phalène, mon papillon de feu
Brillant au milieu de mes crépuscules
Envoûtant de mystère et de liberté du geste
Toi la beauté, toi la fille de la forêt
À la toison rouge, à la peau couleur de terre
Porteuse à jamais de mon éblouissement
Enfoui en ton ventre doux et affamé de joie...
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Un soupir, un dernier, sur ma défaite
Peu de temps m'aura été donné
Celui de dire, celui de trouver les routes
Qui mènent à soi, à l'autre là-bas
Que je ne connaîtrai pas...
Je ne suis qu'un souffle qui s'éteint

Des mots pour s'accrocher, pour accorder le hurlement du vent à sa vie, à l'espoir.
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Il dormit peu, mais profondément. Sa nuit fut adoucie par l’image de l’Algonquine qui, dans son rêve, marchait sur le lac; une vision sereine. Ensuite une clameur au loin, celle des oiseaux annonçant l’aube à peine née; le chant d’abord confus, devint de plus en plus clair, car il approchait, porté par la lumière qui inondait le monde.
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Il s'imprégna de son image, sentit une eau invisible couler en lui, par une faille tectonique d'où s'échappait une douleur si imprévue qu'il cessa de respirer quelques secondes. Il devait partir maintenant. Une urgence. Il leva le bras haut dans les airs, la salua. Il enclencha le moteur, mit plein gaz et fonça sur le lac en direction de la rivière. Il eut l'horrible impression de fuir, de perdre quelque chose qu'il ne retrouverait jamais. Le sentiment d'être pleinement vivant.
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