Seul le premier texte, intitulé "Du détachement", m'a vraiment plu, mais il vaut la lecture du livre à lui tout seul. La langue de maître
Eckhart (et de son traducteur) est très épurée et très nette. Il y est suggéré que ce soit le détachement la plus haute valeur, plus élevée que l'humilité qui est encore exprimée envers un extérieur à soi ; au contraire, le détachement se vit exclusivement intérieurement, sans recherche de domination ou de soumission, sans sortie de soi vers un en dehors à soi. le détachement est l'unité de soi qui fait le vide, le néant, et permet d'accueillir un plein. Pour
Maître Eckhart, c'est ainsi que l'individu devient Dieu, en s'assimilant à lui, en l'accueillant plutôt que, par la prière aller à lui - ce qui est encore sortir de soi. Si au lieu de donner le nom de Dieu à ce vide en soi et que l'on en reste à tenter d'approcher ce point que l'on ne peut atteindre et qui se nomme ailleurs cogito, volonté ou impulsion de vie, le texte reste tout aussi vrai et manifeste une grande modernité, par sa poésie, et par sa conception de l'être. La méditation de sa lecture rassérène et élève l'esprit.