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EAN : 9782368460412
112 pages
Incipit (23/03/2016)
4.13/5   26 notes
Résumé :
Le 6 mars 1980, l'Académie française accueillit en son sein Marguerite Yourcenar. Ce fut un événement, comme l'atteste la présence de l'épouse de Valery Giscard d'Estaing dont même le fils aurait pu venir s'il n avait eu un tournoi de polo. On se précipita. On se bouscula au premier rang. Certains se provoquèrent en duel. D'autres apportèrent des macarons.
C'est que, pendant plus de trois siècles, l'Institut créé par Richelieu n'avait admis aucune femme. Ce n... >Voir plus
Que lire après L'ancien régimeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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" Elle (Marguerite Yourcenar]
tint à absoudre l'Académie de son durable hermétisme au deuxième
sexe. Au fond le bon vieil Institut n'avait agi que conformément à l'usage de ce pays, où l'on accorde à la femme une place de choix,la mettant sans cesse sur un piédestal tout en interdisant qu'on lui avançât seulement une fauteuil (...) (p.80)"

La découverte de cette collection "Incipit", textes brefs ( un autre titre entrevu , sur la création du Festival de Cannes)... au ton caustique, facétieux... du moins c'est le cas de ce court texte de François Bégaudeau sur l'histoire De l'Académie Française, et de la révolution survenue lors de l'entrée de la première femme dans le cénacle des Immortels...le 6 mars 1980, avec Marguerite Yourcenar... alors que la première candidature féminine date de janvier 1893, avec la candidature de la romancière Pauline Savary, qui fut déclarée "irrécevable" !!

Lecture légère, déjantée de par son ton persifleur et ironique, qui a aussi le mérite de nous rappeler l'histoire de cette "vénérable" institution, son évolution, des anecdotes pittoresques, avec en fin d'ouvrage, les dates phares de l'Académie...Juste un extrait pour donner le ton de ces lignes:
" Marguerite prit soin de mourir en 1987 pour ne pas voir Jacqueline
de Romilly, élue un an plus tard, arborer l'habit sans y être contrainte. Ni Hélène Carrère d'Encausse poser l'année suivante avec l'épée pour le photographe attitré du quai.
A sa décharge, la tsarophile avait été piquée par une remarque du fauteuil 3 suggérant que la lame lui serait d'un grand secours pour éplucher les patates. C'était une diffamation: madame d'Encausse n'avait jamais épluché ni patates, ni pommes, ni récuré aucune casserole" (p. 84)

Récit de l'évolution de cette institution où après avoir été objet de tous les rêves...lieu interdit aux femmes si longtemps...
elle perdit de son inaccessibilité à tel point que certaines candidates
déclinèrent l'offre: Maylis de Kerangal, Nathalie Quintane, Joy Sorman, Sophie Divry, Gaëlle Bantegnie...
" Gaëlle Bantegnie voulut bien siéger mais juste une semaine,par curiosité. On lui retourna qu'Immortelle c'était pour la vie.
Et puis la Coupole n'était pas un zoo non plus. Gaëlle s'excusa. Elle avait cru" (p. 93)

François Begaudeau anticipe le devenir de l'Académie jusqu'à la "révolution de 2026" !!! ???

Un moment de lecture instructif et hilarant... qui met en exergue l'outrance des préjugés sexistes, et finalement leur superficialité !!!

P.S: j'allais omettre de signaler la qualité et l'originalité des couvertures, au graphisme moderne et coloré...
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Incipit, nouvelle collection proposée depuis le 23 mars, portée par les Éditions Prisma et Steinkis Groupe voient de grands romanciers français- Philippe Besson, Joy Sorman, Gonzague de Saint Bris y raconter une première fois, qu'elle soit historique ou universelle, dans des récits mêlant fiction et réalité : « Il s'agit moins d'écrire l'Histoire que de la réécrire, sans offense pour l'Histoire, et pour le plus grand plaisir du lecteur. » Des thèmes variés, et trois premiers ouvrages qui parlent du bikini, et de la première édition du Festival de Cannes..de Marguerite Yourcenar à l'Académie française, tel est le projet de Fracnois Bégaudeau, invité hier soir d'On n'est pas couché pour présenter ce livre que j'avais lu quelques jours avant.

Lorsque Marguerite Yourcenar fut élue à l'académie française, la vénérable institution du quai Conti était déjà trois fois centenaire. Il fallait donc revenir aux origines, pour ne pas dire aux soubassements de la Coupole, s'inscrire dans ce temps long pour saisir toute l'épaisseur et la saveur de cette première : l'Académie faisait donc sienne d'une académicienne qui ne se porta pourtant jamais candidate !


C'est avec un ton décalé et toujours ironique que François Bégaudeau s'empare avec humour mais sans méchanceté de cette histoire, en l'enrobant dans cette fable politique gentiment cinglante decrivant l'institution, depuis sa création par le cardinal de Richelieu jusqu'à cette première de 1980.
Le style est alerte, élégant «Une fois élus, ils duraient si longtemps, passaient tant d'hivers, qu'on les eût dits Immortels», et mine de rien on apprend pas mal de choses sur une institution mal connue dont on peut se poser la question de l'intéret et de la légitimité.

Un ouvrage vraiment interessant, pour augurer d'une collection au parti pris original et captivant..
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"L'ancien régime", étonnant et facétieux opuscule de François Bégaudeau, maraude dans les coulisses de l'histoire sur la condition faite aux femmes de lettres par l'Académie française, institution crée par Richelieu, dont la réputation de misogynie tricentenaire fut finalement bousculée par Marguerite Yourcenar, laquelle accepta pour la seule séance d'intronisation d'y siéger sans enthousiasme et avec condescendance. Alors que certains battent une campagne effrénée, libidinale et sans vergogne, auprès de nos vénérables immortels, afin de solliciter la carte d'identité bien française que délivre cette noble institution, comme Finkelkrault, et que d'autres femmes déclinent avec commisération l'invitation d'y être encartée, ainsi Mona Ozouf qui refusa d'endosser l'habit vert et d'éplucher les patates avec l'épée assortie.
Ce petit livre d'un graphisme très soigné et original, est d'une écriture grand siècle pour honnête homme, ramassée et dense, d'un humour assez british, fait d'ironie et de préciosité décalée, où hauteur de vue n'exclue pas quelques gauloiseries bien senties.
Livre à lire sans modération et avec curiosité, d'autant qu'il n'est pas encombrant et se termine vite, et nous rappelle combien cette vieille et vénérable compagnie d'assurance académique, affectée à la défense de la langue et de la culture française, figure comme la reine d'Angleterre dans le palmarès des respectables potiches douées de longévité.



ni
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La collection incipit « propose à de grands écrivains de redonner vie à une première fois historique et d'en faire un objet littéraire personnel ».

Dans « L'ancien régime », François Bégaudeau fait revivre l'entrée de la 1ère femme à L Académie Française, Marguerite Yourcenar.

Je dois reconnaître que je ne savais pas trop à quoi m'attendre en recevant ce livre dans le cadre de l'opération masse critique organisée par Babélio. L'Académie française n'est pas une institution à laquelle je sois attachée et du coup, quelle bonne surprise que ce livre. Je l'ai lu d'une traite (il n'est pas très épais donc 2 heures sont suffisantes).J'ai beaucoup ri tant l'auteur se moque de cette institution rétrograde qui a pendant longtemps boudé la gente féminine.

François Bégaudeau s'attache à retracer un historique de l'Académie. Et on peut dire qu'il a le sens de la formulation. L'idée de présenter une candidature féminine ne date pas du XXème siècle, ainsi, « en 1760, il vint à cet agitateur [Jean le Rond d'Alembert] la foucade de promouvoir la candidature d'une certaine Julie de Lespinasse, illustre inconnue dont le prénom laissait présager une dommageable incapacité à uriner debout. » S'ouvrir aux femmes, mais pour quoi faire ? « Attendu que tout ce qui existe possède un caractère de nécessité, ce qui n'existe pas n'en possède pas. Si le sexe faible n'était pas à l'Académie, c'est qu'il n'y était pas nécessaire, la cuisine y étant déjà correcte et les nappes assez propres. »

Finalement, une femme finira bien par intégrer cette institution mais il faudra attendre le 6 mars 1980. François Bégaudeau montre qu'historiquement, le moment était venu de s'ouvrir aux femmes et finalement, « les seules réserves quant à l'opportunité de cette candidature provenaient de la première intéressée, qui disons-le peinait à s'intéresser, son attention se portant en général plus volontiers sur la vie. ». Ainsi lorsqu'elle apprend sa nomination par téléphone, elle « reprit le combiné pour demander s'ils étaient contents de sa victoire, s'ils n'avaient plus besoin d'elle, si elle pouvait retourner à son livre, s'ils avaient beau temps à Paris, ici c'était maussade mais doux. » Bref, tous ces débats sur l'entrée ou non d'une femme a l'académie intéressa uniquement les immortels eux-mêmes tant la population dans sa globalité se moquait de cette question. Cette révolution n'en était finalement pas une et le fonctionnement de l'académie ne se trouva pas modifié par cette « ouverture », et « d'année en année s'imposa l'évidence apaisante qu'à l'Institut, l'extraction supérieure estompait la différence des sexes ». Quant aux principales concernées, les femmes, il apparaît que dans les années 2010, « la plupart des écrivaines sollicitées pour combler le vide laissé par un nonagénaire firent savoir qu'elles n'étaient pas intéressées, sans le revendiquer ni s'en excuser, sur le ton poli mais ferme avec lequel on écourte l'appel d'un télétravailleur marocain sous-payé par Orange. » Finalement, l'académie Française s'est ouverte aux femmes sans leur demander leur avis, comme si elles devaient se montrer flattées de cette décision.

Ce roman est un petit bijou qui m'a fait glousser à de nombreuses reprises. Si vous recherchez une lecture intelligente, rapide et drôle, ce livre est fait pour vous !

Ma note : 9/10

Merci à babélio et à la collection Incipit pour cette découverte !
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Une nouvelle collection qui promet bien des plaisirs de lecture, il est proposé aux lecteurs de découvrir par la fiction des grandes premières dans divers domaines. Ici c'est l'entrée de Marguerite Yourcenar à L Académie Française qui est racontée par François Bégaudeau. On en apprends un peu plus sur les coulisses de l'attribution des fauteuils et l'ambiance au sein de cette grande institution. Il est hallucinant de voir que même la femme élue pour occuper le fauteuil numéro 3 l'était parce qu'homosexuelle (donc plus proche de la masculinité dans leurs esprits) et avec une écriture masculine selon leurs critères. La féministe qui est en moi fulmine de cet affront mais passons et parlons du livre.

J'ai tout aimé, le format une centaine de pages c'est donc ni trop long ni trop court, la fiction où se méle anachronismes et rappels historiques, l'écriture est superbe comme d'habitude avec l'auteur, chaque mot est à sa place, chaque phrase est travaillée et tout cela confère à l'ensemble une lecture plaisante et vraiment enrichissante. J'ai aimé aussi la part d'ironie et de dénonciation sans en avoir l'air de cette institution dépassée dans son fonctionnement et qui ronronne dans ce qui appartient à un autre temps, pétrie dans le conservatisme.

Ce qui est intéressant c'est aussi que cela peut être lu par des collègiens et lycéens car c'est très moderne et aéré. Et en plus, ce qui ne gache rien c'est écrit en bon français ce qui devient très rare de nos jours. Une collection que je vais suivre de près et que je vais tenter de faire lire à mes ados. D'ailleurs, un deuxième est déjà paru sur les coulisses du Festival de Cannes.

VERDICT

Une collection fort sympathique qui permet d'en connaître un peu plus sur les premières célèbres. Très bonne qualité littéraire, un régal à lire.


Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Gaëlle Bantegnie voulut bien siéger mais juste une semaine, par curiosité. On lui retourna qu'Immortelle c'était pour la vie.
Et puis la Coupole n'était pas un zoo non plus. Gaëlle s'excusa. Elle avait cru. (p. 93)
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"Marguerite prit soin de mourir en 1987 pour ne pas voir Jacqueline de Romilly, élue un an plus tard, arborer l'habit sans y être contrainte. Ni Hélène Carrère d'Encausse poser l'année suivante avec l'épée pour le photographe attitré du quai."
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Le peuple, on ne savait pas trop ce qu'il demandait. On ne lui parlait qu'une fois par mois, à la remise de sa paye. (p. 68-69)
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Ceux qui, devant la force des Mémoires d'Hadrien, les avaient cru écrits de la main de l'empereur éponyme, avaient dû se raviser, vérification faite qu'il était mort avant la rédaction. On devait bien ce chef-d'œuvre à une certaine Yourcenar prénommée Marguerite. Franchement on ne l'aurait pas cru.

Ce qui avait pu induire en erreur, c'est que l'ouvrage en question n'était pas spécialement féminin. Il ne traitait ni des affres de la maternité, ni à proprement parler de maquillage. Peu de personnages y brodaient un coussin.

Qu'on comprenne l'unanime stupeur devant le phénomène. Depuis que la littérature était littérature, quelle femme avait produit un livre qui en méritât le sceau ?
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Croyait-on que la modernité se le tiendrait pour dit ? Chassée par la porte, elle revint par la fenêtre. Les femmes votèrent, enfilèrent des pantalons voire des jeans, dansèrent seules, reprirent un Ricard, accédèrent au carnet de chèques, poussèrent l'irrespect de la Nature jusqu'à contester les divins hasards de l'ovulation.
L'Académie devait-elle faire comme si de rien n'était ? (p. 51)
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Videos de François Bégaudeau (89) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Bégaudeau
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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