Masse critique : je ne sais si je peux, mais j'ai ajouté des explications de la fondation de l'auteur.
Izoard Jacques (il s'appelait Jacques Delmotte et Izoard est le nom d'un col Alpinà
Langue de liège aveugle
Je ne dirais pas que c'est vraiment un livre, un fascicule reprenant des extraits de plusieurs oeuvres du poète écrivain, soit en prose, soit en vers. J'ai tardé un peu car, bien que liégeoises, je ne connaissais pas du tout. Quand j'ai trouvé son vrai nom, Jacques Delmotte, là j'ai mieux compris.
Il est né à Sainte Marguerite (un quartier liégeois bien connu) et y est décédé.
Il existe une fondation à son nom ; il a été professeur de longues années à Liège.
Son écriture, dans les extraits présents n'est pour moi pas très facile, bien qu'il y parle d'endroit bien connu de chez moi, il est très hermétique, et la lecture j'ai dû la refaire deux fois pour bien saisir le tout. Je me suis adressée à la fondation, mais n'ai pas encore de réponse. J'ai aussi interrogé un autre qui pense comme moi, pas spécialement accessible. J'ai demandé si je pouvais prendre une photo ou l'autre, pas de réponse. Il est difficile pour les non liégeois, en lisant, ces extraits de bien les situés si on ne les connait pas.
Pour ma part d'autres auteurs liégeois (et je suis très chauvine pour ma région) sont pour moi bien plus accessibles.
Sur le site culture Université de Liège : ( je me suis permise de copier ce qui suit sans quoi j'étais bien incapable d'écrire quelque chose qui pouvait vous faire comprendre qui il était)»
Dans la maison qu'habitait
Jacques Izoard, rue Chevaufosse, où tant de réunions de poètes se sont tenues, où tant d'amis sont passés si souvent, se trouve encore sa très importante bibliothèque d'ouvrages et de revues. La fondation «Maison
Jacques Izoard», créée à l'initiative de Jean-Paul Brilmaker, se donne pour objectif la conservation du lieu et de son précieux contenu, mais aussi la poursuite de l'action du poète dans le domaine de la promotion de la poésie et de l'écriture.
Que le poème accueille le paysage d'aujourd'hui, d'où qu'il soit, dans sa diversité, dans son chatoiement, dans sa pauvreté, dans sa simplicité, là où des hommes vivent, là où les hommes sont absents ou sont rares. Et lui restitue son intégrité native. le poète est celui qui ouvre les yeux.
C'est par ces mots que se termine le petit texte, en prose, Petites merveilles, poings levés, lu par
Jacques Izoard, en septembre 1979 au Festival européen de poésie, à Louvain.
L'idée de poursuivre cette oeuvre d'externalisation de l'art littéraire, d'en faire une plante essaimant au jardin plutôt qu'une belle fleur coupée séchant derrière un double vitrage, naquit bien avant ce jour de juillet 2008 où nous piétinions, déconfits, le seuil de sa maison.
L'oeuvre littéraire, et particulièrement poétique, ne sort pas, tout armée, de la cervelle de Zeus. Elle naît dans les bars, les manifestations, là où les gens parlent, s'embrassent ou se frappent. L'artiste dépend de l'émotion des autres, qu'il extrait d'eux, l'essuie et la fait crier, comme le ferait une sage-femme.
Grâce à Maria Beuken, sa compagne singulière dans l'immeuble de Chevaufosse, nous pouvons revivre ces performances-barbecue où Jacques exultait, comme Bacchus sur sa terrasse, heureux de voir et d'entendre ces jeunes gens porteurs des mots qui ouvrent ou font pleurer. …..
Izoard a écrit : « Sont soeurs l'écriture et la foudre. » le poème d'Izoard est une pile où se conserve vive et se transmet au lecteur la foudre de la perception, l'éclair de l'instant où l'expérience a rapproché ou entrechoqué les objets de la réalité. Toute la magie d'Izoard est de rendre douce cette intense violence. Poésie de conciliation des choses, elle accumule les concentricités, les inclusions, les fusions, les ponts et les sauts :
Dans la maison je vis,
nous vivons tous la même
vie, sans bras, sans jambes.
La maison vit dans la maison.
Mais on dort quand même.
La maison à deux étages
abrite une famille de quatre.
On y trouve des arêtes, des noix,
des peignes, des aiguilles,
des boules de laine, des dents,
des massacres d'enfants.
(
La Patrie empaillée, 1973)
Izoard n'a jamais assigné à la poésie la fonction de révéler un au-delà des choses ou de l'être, une réalité idéale qu'elle tendrait et échouerait toujours à atteindre et à dire. Nulle transcendance chez lui, spirituelle ou même purement poétique.
Sa poétique du mot et de l'objet était bien davantage matérialiste. Certes nourrie de surréalisme, d'automatisme, de mots en liberté, elle est au moins autant du côté d'un Guillevic, voire du parti des choses d'un
Francis Ponge. Chez Izoard, le monde est littéralement à portée de la main et du langage ; sa poésie fait ce qu'elle dit : elle ne promet rien, elle n'a d'autre message qu'une ouverture sensuelle sur le réel.