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Joëlle Dublanchet (Traducteur)
EAN : 9782742793051
375 pages
Actes Sud (01/09/2010)
3.49/5   39 notes
Résumé :
Grand amateur de boissons fortes et d'aventures féminines, Mikhaïl, le héros de L'Année du mensonge, ne s'attarde pas longtemps dans un vrai travail mais reste disponible pour le premier "business" venu. C'est ainsi qu'il se retrouve un beau jour avec la singulière mission d'apprendre à boire, à fumer et à courir les filles au jeune fils renfermé et agoraphobe d'un nouveau Russe. PDG de son état, son ancien patron. Flanqué du gamin, il ne pensait cependant pas décou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Les aventures tragico-comiques de Michael Voribov chargé par un oligarque, de faire l'éducation de son rejeton ( en gros le former aux plaisirs épicuriens). Mais très vite les masques tombent et Michael dois la jouer fine, d'autant que le fils prodigue est bien loin de l'image présenté par papa et que Michael tombe amoureux.
Dans ce roman d'Andrei Guelassimov, tout tourne à ce jeu de cache-cache, de faux semblants. Guelassimov par ailleurs scénariste, mène son récit avec un talent certain pour les dialogues, bourré d'humour, de cynisme, il décrit une Russie qui découvre les plaisirs de la vie. Les situations ubuesques s'enchainent avec un sens du rythme indéniable, chacun s'arrangeant avec sa propre vérité. Drôle et décapant l'univers de Guelassimov mérite le détour. Vodka pour tout le monde.
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Lisant et aimant la littérature russe, je m'attendais à tout sauf à ce style: ce ton léger, facétieux, une histoire désopilante et burlesque, qui frise constamment l'absurde, et grâce à laquelle, je me suis surprise à rire à haute voix plusieurs fois. Non, nous sommes bien loin de Dostoïevski, de Berberova ou même d'Oulitskaïa (que je lis actuellement), rien de tout cela. Une bookstagrammeuse m'a parlé du Pingouin d'Andreï Kourkov, que j'ai lu il y a bien longtemps, et je crois qu'effectivement on peut rapprocher ces deux romans à travers cet usage de l'absurde. Bref, on sort un peu de cette gravité, de cette profondeur caractéristique de beaucoup d'auteurs russes – que j'aime tant. On est loin du drame et de la tragédie à travers ce récit un peu plus futile en apparence, plus contemporain il est vrai, qui, à mon sens, reflète davantage cet air du temps où tout se vit sur l'instant pour contenter ses désirs immédiats, où l'on ment pour obtenir ce que l'on souhaite ou pour contenter les autres, s'éviter trop d'ennuis, où l'on trompe – car, surtout, il ne faudrait pas voir à trop se compliquer les choses à être honnête!

Micha est un jeune homme irresponsable comme il en existe partout en Russie, en France et dans le monde: il a perdu son travail au bout de quatre mois à la multinationale Red Star Industries à force de négligences et de ne pas prendre son travail au sérieux. Micha, qui a passé deux jours à se saouler et a donc omis de remplir les documents pour la livraison de marchandises, qui s'est battu avec les policiers lorsque ceux-ci sont venus au bureau pendant la beuverie organisée du jeune homme. Micha l'inconstant auquel tout le monde a tourné le dos à cause de son insouciance, de son irresponsabilité et qui se voit contrait à accepter cette proposition de travail plutôt inhabituelle et farfelue. Un jeune homme désoeuvré, désargenté, sans même aucune valeur réelle, auquel rien ne fait peur, pas même le recours à la prostitution lorsqu'il pousse son jeune compagnon à diversifier le champ de ses expériences, sauf peut-être la balle qu'il se prendra accidentellement.

le duo Sergueï-Micha est plutôt mal assorti et invraisemblable: à la frivolité de l'aîné s'oppose la circonspection, l'inhibition, la retenue du second. Serioja vit seul avec son père, qui travaille beaucoup, ayant été abandonné quelques années auparavant par sa mère qui est partie vivre en Suisse. Mikhaïl a du mal à s'attacher aux personnes qui l'entoure, il tend à vivre pour le plaisir immédiat. Sergueï vit dans son cocon, dans le regret de sa mère, amoureux de sa petite-amie Marina. le premier essayant d'accomplir au mieux la tâche qui est la sienne en essayant de débaucher son protégé, c'est le second qui mène le jeu et se servira de Micha pour aller voir Marina. Mais la jeune fille a plus tendance à ressembler à Micha, libre de ses mouvements et inconstante, et par voie de conséquence, elle va se rapprocher de lui. Cette rencontre avec Marina va être le point de départ d'un imbroglio inextricable, voilà que Micha va s'embarquer dans un fil de mensonges sans fin, un gros noeud de boniments qui ne va cesser de prendre de l'ampleur et que Micha ne parviendra pas à démêler, pour ne blesser ni les uns ni les autres. Mais Mikhaïl n'est pas le seul à mentir: Serioja, Marina et bien d'autres excellent tout autant dans le mensonge.

La narration se passe en 1998, peu avant la démission de Boris Eltsine, le 31 Décembre 1999, et l'élection de Vladimir Poutine le 26 mars 2000 à la tête de la présidence russe grâce à cette nouvelle classe sociale russe que l'on appelle « nouveaux russes ». Ceux-là même qui ont contribué à l'éjection d'Eltsine hors du Kremlin et ont laissé à Poutine les rênes du pouvoir russe. Cette nouvelle classe sociale marque en parallèle le développement du capitalisme ainsi qu'une flambée exceptionnelle des prix en Russie, causée par la crise financière de 1998 ayant provoqué l'inflation exceptionnelle du rouble et la dollarisation de la monnaie russe. La trame du roman s'appuie sur cet arrière-plan économique où ces nouveaux russes ne cessent de s'enrichir au détriment des classes moyennes s'appauvrissant de plus en plus. En outre, cette influence occidentale grandissante dans la culture est très présente à travers la description de la société de consommation: Mac do, Audrey Hepburn, les scènes d'attentat et de fusillade tout droit issues des séries télévisuelles. Cette influence étrangère – et peut-être plus particulièrement américaine – est incontestable et il me semble qu'elle fait figure ici de perversion de la société, de cette légèreté dont se sert Guelassimov pour écrire et qu'il dénonce à travers l'absurdité des situations et des êtres qui les peuplent: inconsistance des personnages qui ne se préoccupent finalement de rien d'autre que d'eux-mêmes, désintérêt total vis à vis du travail, indifférence de Mikhaïl qui n'hésite pas à trahir son protégé et lui voler sa petite amie, détachement de cette même petite amie qui n'hésite pas à papillonner d'homme en homme, désaffection d'une mère qui préfère aller se remarier en Suisse quitte à abandonner son fils, démission d'un père, qui au lieu de s'impliquer personnellement dans l'éducation de son fils, préfère embaucher un jeune homme inadapté pour dévergonder ce fils. Égoïsme, individualisme, cet ensemble de personnages incarne les égarements de cette société russe qui s'occidentalise dans le mauvais sens du terme. C'est l'appât d'une Ferrari qui perdra Sacha-Mercedes (!) le vieux camarade dont Micha cherchera à se venger. Voila mon ressenti: Guelassimov dénonce en quelque sorte cette perte d'identité et de tout ce qui caractérisait la Russie qui a adopté les références et les modes de vie américains et européens.

On retrouve ici en effet dans la dernière partie de ce roman une cascade de rebondissements qui laissent penser à une banale fiction policière où gangsters et victimes s'affrontent dans d'ubuesques échauffourées. Des revolvers, des courses poursuites, des braquages. Mais ici tout prend des airs de ridicules, du revolver dont personne ne sait se servir, des menottes en pacotille, du voyou à deux roubles qui sera presque tué non pas à cause d'une fusillade mais d'une simple allergie au sparadrap. Sacha-Mercedes qui semblait être le persécuteur de Marina, ayant ruiné la famille après la mort du père, n'apparaît finalement qu'être l'instrument d'un chef encore plus vicieux et avide que lui issu de ce système perverti. C'est un être, faible et miséreux, qui s'avère être encore plus pitoyable que les personnes qu'il a escroquées, Marina et Micha son petit frère, qui bénéficient eux d'un lien familial unique et sacré qui, au milieu de ce fatras d'ennuis, est d'une valeur inestimable. Dans ce chaos et cette morosité ambiants, c'est un des seuls liens qui a encore du sens et qui peut encore unir et réunir les gens, seul lien où la sincérité subsiste.

C'est sans aucun doute un roman désopilant avec ses personnages d'une banalité confondante qui tentent de survivre dans un monde impitoyable et qui laisse peu de places à ceux qui échouent à s'y adapter et à suivre. On observe la dissolution de l'individu mais aussi des relations amicales, amoureuses, familiales. Malgré ce désenchantement et cette désillusion apparents, la cocasserie des situations, l'humour décapant de la langue de Guelassimov laissent tout de même place à une réjouissante lueur d'espoir. Dans le monde de Mikhaïl, Sergueï et Marina, tout n'est pas à jeter, finalement.
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En 1998, un riche homme d'affaires russe, Pavel Petrovitch, embauche le jeune et insouciant Michaël Voribov. La mission qu'il lui confie officiellement est d'apprendre à Sergueï, fils unique de Pavel, adolescent dépressif et accro à Internet, à découvrir d'autres centres d'intérêt qu'il considère plus adaptés à son âge : amis, filles, fête, alcool... En fait, Pavel Petrovitch veut surtout garder un oeil sur son rejeton qu'il ambitionne de marier à une jeune italienne, fille d'un de ses riches partenaires commerciaux. Or Sergueï entretient une relation cachée avec Marina, une jeune russe d'un milieu social moins favorisé que le sien. Les choses se compliquent donc pour Michaël quand il tombe lui aussi amoureux de Marina.

Les mensonges des uns et des autres forment le fil conducteur du roman, sur fond de crise économique et sociale, ainsi que d'incertitudes politiques en Russie.

Un récit loufoque mais sans outrances, vif et agréable à lire, en particulier grâce aux dialogues.

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En pleine crise économique et débâcle du rouble en 1998, Mikhaïl, qui n'a plus d'argent et plus personne pour le lui en prêter, est contacté par son ancien employeur pour s'occuper de son fils Sergueï – un emploi grassement rémunéré et consistant à enseigner à Sergueï, qui passe ses journées rivé à son écran d'ordinateur, comment boire, se battre et courir les filles.

Sergueï s'avère être extrêmement différent de ce que croit (ou dit) son père, il a une petite amie, Marina, sosie irrésistible d'Audrey Hepburn dans Vacances Romaines, à laquelle il ment sur son milieu et ses conditions de vie. Mikhaïl ment à son tour au père puis au fils, et ainsi de suite …

Littéralement les quatre saisons du mensonge, le récit est divisé en quatre chapitres – printemps, été, automne et hiver, durant lesquels les mensonges éclosent, fleurissent, s'épanouissent dans d'innombrables ramifications, pour finalement s'éteindre au coeur de l'hiver.

Sous un torrent de vodka et de gadoue, la marque de fabrique d'Andreï Guelassimov est de mêler les travers de la société russe, alcoolisme, vies sordides, manigances des petites frappes et des oligarques, avec une énorme dose d'humour et une humanité très touchante.

« - Et pour finir, la règle d'or des spécialistes ès cuites. Ne jamais vomir. Jamais au grand jamais. C'est la perte de toute dignité humaine.
Apres avoir évoqué avec lui d'autres détails, je me suis installé devant le téléphone et me suis mis en quête d'une soirée bien arrosée. Les possibilités, comme toujours, étaient nombreuses. Deux mariages, un enterrement de vie de garçon, une réunion d'anciens camarades de classe, la soirée d'ouverture d'une agence de voyages, une fête entre filles et plusieurs beuveries sans motif particulier. Tout cela était bien, mais il y manquait du style. Il fallait à l'ensemble de la composition un ressort interne.
Je suis enfin tombé sur ce que je cherchais. Deux mois auparavant, quatre copains à moi avaient été virés de la fac. Ils avaient du se soûler et faire du grabuge. Aujourd'hui, on fêtait leur départ à l'armée. C'était exactement ce qu'il fallait. Une tristesse virile contenue, et la compassion sincère des camarades. »
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Je n'ai malheureusement pas accroché à cette histoire.
On se laisse pourtant embarquer par ce qui ressemble à ces romans de looser à l'américaine de Chase ou D Hammett mais la vacuité des dialogues, la longueur des scènes ennuient.
Seul le contexte de cette Russie d'Etsine vouée à la déliquescence m'a intéressé. On y apprend que le dollar est roi, tout comme ces nouveaux riches, on boit sec, on truande pour survivre mais n'est-ce pas au fond des poncifs propres aux polars ?
Je reste donc fortement interrogatif tout en poursuivant ma redécouverte de la littérature russe.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle virevoltait devant moi, dans son pull d'un blanc immaculé, tellement ajusté que j'avais du mal à me retenir d'étendre le bras pour toucher cette blancheur souple.
- Alors ? Tu vois quelque chose ?
Elle continuait à tourner, relevant de plus en plus haut son blouson et révélant un postérieur que moulait parfaitement son jean. J'avais sous les yeux un cul d'une telle beauté que j'en restais sans voix.
- Pourquoi tu ne dis rien ? Il y a une trace ? J'ai du mal à voir.
Il me vint soudain à l'esprit qu'elle était peut-être en train de jouer avec moi. Si c'était ça, elle jouait avec le feu.
- Micha, reviens sur terre !
- Non, dis-je enfin. Il n'y a rien.
- Parfait, fit-elle en souriant. Je suis contente, je suis arrivées à le détacher.
Quand elle s'assit à coté de moi, je sentis un parfum qu'elle n'utilisait pas d'habitude. Avec Serioja en tout cas, elle sentait différemment.
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A propos, est-ce que tu as appris à mentir ? Avant, tu ne savais pas. On s’en rendait compte immédiatement en te regardant. Tu étais tellement maladroit et drôle quand tu essayais de me cacher quelque chose. Mais moi je savais tout de toi. Jusqu’à un certain âge. Parce que après tu as changé. Les enfants grandissent, Serioja. Et c’est terrible.
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Salut, très chère!

Tu as été surprise de recevoir cette lettre? J’imagine l’instant ou tu l’as eue entre les mains. Dis-moi, tu n’as quand même pas fait la grimace?

Quelles sont les nouvelles? J’espère que tu vas bien. Je me sens complètement stupide devant une feuille de papier, mais je me voyais mal dicter cette lettre à ma secrétaire, pour qu’elle l’envoie ensuite par fax.

C’est incroyable, j’ai pratiquement perdu l’habitude d’écrire. Pardonne-moi cette écriture épouvantable.

Comment vas-tu? Mais non, je t’ai déjà posé cette question. Tu te maries de nouveau, je crois? Ne m’en veux pas de t’embêter pour ta lune de miel. D’autant plus que ces derniers temps elles se répètent chez toi assez souvent. Dès que tu auras atteint le chiffre douze, on pourra parler d’une année entière d’anniversaires de lunes de miel. Tu as toujours aimé les douceurs. Toute une année, tu te rends compte?
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