Ce roman est la suite de l'excellent
La société des jeunes pianistes, paru il y a quelques années. Il ne peut être compris et apprécié que si l'on a déjà lu le premier opus.
Rappel du tome précédent et pitch : on retrouve ici notre jeune et prometteur pianiste Aksel Vinding, dix-huit ans, au début des années soixante-dix à Oslo, juste aprè
s la mort de sa petite amie Anja Skoog et le suicide de Bror, le père d'Anja et le mari de Marianne. Aksel est repris en main, artistiquement parlant, par la célèbre et sévère professeur de piano Selma Lynge, qui va le préparer en une année à donner le grand concert de ses débuts. Aksel trouvera refuge chez Marianne Skoog, qui lui louera la chambre d'Anja et mettra à sa disposition son merveilleux piano Steinway d'De concert pour son travail de répétitions quotidiennes. Et bien sûr, il y a encore et toujour
s la monumentale chaîne hi-fi de Bror dans le salon des Skoog. La dernière fois que j'avais lu des avis pertinents sur la très
haute fidélité remonte à ma lecture de
Haute fidélité de
Nick Hornby. Dans
La société des jeunes pianistes il y a de très belles pages sur la
haute fidélité, notamment lorsque Anja fait écouter à Aksel le concerto pour violoncelle d'Elgar par Jacqueline du Pré. Dans
L'appel de la rivière, l'auteur réitère, avec par exemple l'écoute fouillée que fait Aksel de la troisième symphonie de Mahler par
Léonard Bernstein sur un ensemble hi-fi d'exception, dépassant largement le prix d'une voiture de luxe.
Cette oeuvre est avant tout un beau roman d'initiation. Aksel y découvre les méandres compliqués de l'amitié, la difficulté de vivre une relation amoureuse équilibrée, et bien entendu il approfondit encore sa relation personnelle à l'art.
Cela est très subjectif, mais j'ai toujours détesté les romans écrits au présent. Autre petit bémol, une bonne culture en musique classique est nécessaire pour appréhender complètement les subtilités artistiques de l'oeuvre. Par ailleurs, la réflexion sur le deuil et le chagrin, sur l'acceptation de l'inacceptable, entraîne souvent le roman dans le domaine du pathos. Un peu de pathos ne peut nuire quand on évoque ce genre de thèmes, mais là on est souvent pris à la gorge par l'emphase des sentiments des protagonistes.
Mis à part ces quelques réticences, voilà un roman où l'on a plaisir à retrouver les personnages du premier tome et à suivre l'évolution artistique d'Aksel Vinding, personnage de fiction très proche de ces jeunes prodiges de la musique qui vouent leur vie à l'étude et à l'approfondissement de leur art.