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EAN : 9791027801411
327 pages
Le Castor Astral (04/01/2018)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Antoni est un jeune auteur embauché par le Cabinet des investigations littéraires. Pendant un an, il doit décrire le monde selon une esthétique.
Il choisit celle du chaos et une destination : New York. Le monde vit alors sous la menace d’un vaste réseau terroriste visant à instaurer le chaos. Arrivé à New York, Antoni rencontre une street artist, Anca, qui émaille la ville de tags érotiques afin de stigmatiser le puritanisme américain. C’est le début d’une f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sur son Olivetti rouge mécanique, Antoni décrit son monde. Sa prose s'articule sur la beauté de l'univers, sur son chaos. L'esthétisme du Chaos, premier critère de ses écrits. Embauché par un étrange « Cabinet des Investigations Littéraires », il file sur New-York, la première étape de son parcours initiatique au sein du chaos et de l'esthétisme. Déambulations nocturnes de la ville et rencontre de deux âmes pour ce même goût de l'esthétisme sensuel. Antoni découvre l'Art de Anca, street-grapheuse qui peint sa chatte à la peinture rouge sur tous les murs de la ville. J'imagine déjà le plaisir à voir la reproduction de sa vulve au détour d'un coin de rue, illuminé par le néon d'un bar, la lumière vive d'un lampadaire, l'éclat d'une lune…

Les draps froissés d'une chambre de motel, plaisir enivrant des sens, fantasmagorie divine du vin et de la pine. Se frotter corps trop corps, sentir l'épine frémir. Déambuler telles deux âmes noctambules, s'installer au volant d'une vieille guimbarde et partir à la recherche d'un écrivain inaccessible. Baiser. Forniquer. S'abreuver de ce doux nectar qui coule entre nos cuisses. L'amour est esthétisme, la vie devient esthétique, la baise se fait chaos, la vie est un chaos inextricable. Je lis un ver de Baudelaire, un verre à la main, je feuillète un livre, j'imagine t'effeuiller dans une chambre de motel vers minuit. Dans la chambre d'à-côté les murs vibrent, baise d'un soir. Bruyant. Féroce. Sauvage. Eau sauvage qui s'écoule de nos cuisses. de l'autre côté, la jouissance d'une trompette, l'orgasme d'un piano. Je reconnais Thelonious Monk, Bill Evans ou Chet Baker. Minuit, une heure vers laquelle les corps plongent, où tu te penches sur mon sexe pour l'avaler, le désir donne soif, aller jusqu'à la dernière goutte. Minuit, la lune se découvre, enlève son voile de nuages, se montre à nue, impudique et irrévérencieuse. le corps en sueur, l'âme rêveuse encore parfumée de stupre, Antoni glisse une nouvelle page blanche dans son Olivetti rouge mécanique, je glisse mon majeur dans ton rouge pourpre.

Je ne me laisse pas dérouter par l'esthétisme de ce chaos. Bien au contraire, je plonge mon âme dans les ténèbres et arpente les pages de ce roman comme d'autres arpentent les trottoirs nauséabonds vers minuit. L'écrivain catalan n'est pas à son premier essai, il enchaîne les coups de maître comme d'autres enchaînent les passes de nuit. Je reste toujours subjugué par le charme de sa plume, par sa vision fantasmée de la vie, je me sens comme investi d'une mission secrète, celle de promouvoir le sexe et la plume, chatouilles divines de la vie, de ce grand auteur de l'esthétisme. Si le « Cabinet des Investigations Littéraires » cherche un nouveau pigiste pour arpenter les rues sombres et les ténèbres, j'achèterai avec mon premier cachet cette Olivetti d'un rouge métallique comme le sang coulant entre tes cuisses…
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Une lecture qui m'a beaucoup marquée, avec une plume toujours maîtrisée, des personnages captivants dont on se souvient même après avoir tourner la page. Une plongée dans le monde contemporain avec des yeux réalistes mais aussi érotiques, et artistiques, qui offrent une note supplémentaire à notre palette de couleurs.

Le registre reste le même, mais par moment, grâce à la plume de l'auteur, on passe dans un registre presque surréaliste quand les personnages se mettent à ressentir de manière très intense chaque mot, chaque nouvelle expérience. Ce qui m'a aidée à m'attacher au personnage d'Antoni et d'Ancan notamment.

Enfin bre...Une magnifique découverte qui est passer à un tout petit pas du coup de coeur. Un voyage brute, fascinant, et captivant du départ jusqu'au point d'arrivée. Une citation qui résume parfaitement ce roman à mes yeux : "nous sommes ce que nous lisons, ce que nous écrivons."
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Antoni, narrateur et auteur, fait la rencontre d'Anca, street artist. Ils partent faire un road movie à la rencontre de l'écrivain, Tomas Emin. Pour subvenir à leur besoin, ils font parvenir leurs productions au Cabinet des investigations littéraires.
Ce roman déroutant, exigeant, imbrique les fictions les unes dans les autres. L'écriture fluide aide le lecteur qui pourrait baisser les bras devant ce roman moderne, presque surréaliste. Il faut persévérer pour apprécier cette esthétique du chaos.
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Chaotique et poétique. le livre d'Antoni Casas Ros n'en finit pas de troubler les sens.

Une expérience littéraire qui pourrait s'apparenter à la pataphysique, la part sombre du monde en plus, agrémenter d'un peu de surréalisme et de dadaïsme.

Un écrivain qu n'écrit qu'à la craie sur une ardoise, une street-artist qui « féconde » la ville, à moins que ce ne soit l'inverse.

Un rythme rock'n roll pour conter leur errance américaine à la recherche d'un écrivain volatilisé. Un voyage brut dans les méandres de l'écriture, de la création en général, de la musicalité d'une plume. Récits gigognes qui s'emmêlent et s'entrechoquent dans une mise en abîme parfois singulière (j'ai plusieurs fois pensé à « Si par une nuit d'hiver un voyageur » d'Italo Calvino.)

Et si le voile est finalement levé sur une structure que l'on a pu croire chancelante, ce livre n'est, à mon avis, pas pour un lectorat sensible qui rechignerait à se laisser malmener.

L'esthétique du chaos revendiquée dés le début par Antoni, aussi bien l'auteur que l'écrivain à la craie, traverse chaque page de ce roman manifeste, singulier.

Un livre absolument surprenant et remarquable.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Après avoir erré deux bonnes heures, je passe devant le Strand Bookshop et circule entre les piles de livres d'occasion qui côtoient les livres neufs. Dédales infinis d'un labyrinthe où Pynchon me sourit. Bleeding Edge. J'achète quelques livres sur les motels et Nabokov. Dans les rayons d'occasions, je tombe sur la section Vampires, Zombies et consort. Je feuillète quelques livres, couvertures colorées des années cinquante avec pin-up à la poitrine digne d'émoustiller camionneurs, écrivains et collectionneurs. Je parcours quelques textes. La plupart du temps, des histoires de collège, de beuveries, de parties défoncées, de fellations alcoolisées oubliées dans les brunes mornes du petit matin. J'achète un Laura Kasishke dont j'avais aimé A Suspicious River, curieux de voir comment elle aborde les revenants. Un livre dont le titre m'intrigue et me plaît : "J'ai toujours voulu écrire une histoire de vampire." L'auteur m'est inconnue, elle a trente-deux ans, c'est son premier roman : Norma Arikian. Un poème des Fleurs du Mal cité en exergue en flamme ma curiosité :

La fontaine de sang

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.

A travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s'en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature.

J'ai demandé souvent à des vins capiteux
D'endormir pour un jour la terreur qui me mine ;
Le vin rend l’œil plus clair et l'oreille plus fine !

J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux ;
Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !

Je lis la première phrase : "Le rossignol m'a fait découvrir le monde des ténèbres." J'achète.
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Anca sort d’une forêt. Elle traverse un champ de blé. Quelques nuages s’effilochent dans le ciel d’améthyste.
Anca traverse un endroit où les blés sont versés. Elle s’arrête, se couche, regarde le ciel.
Anca : nuages, lune, soleil, étoiles filantes, fusées, poussière cosmique, fragments de planètes désintégrées, avions, mouches, guêpes, abeilles, flèches, balles, obus, champignons atomiques, grêlons, pluie, neige, papillons, oiseaux, corps, pierres de lune, astéroïdes, mirages, divinités, fientes, éclairs, tonnerre, pisse, crachats, projectiles, rêves, chapeaux (elle lance le sien), lunettes, T-shirt, chaussures, chaussettes, jean, slip (elle lance chaque objet après s’en être défait).
Anca se met à courir dans les blés et continue son énumération en criant chaque mot : parachutes, palmiers, maisons, voitures, Anca, stop, ponts, tornades, vide, bleu, rouge, gris, jaune soufré, malachite, marron, fruits, glands, châtaignes, sperme d’oiseau, carburant d’avion, pollution, pollens, feuilles, fleurs, moustiques, chants, rhombe, musique, cris, bruissements du blé, couleur liquide, drapeaux, hommes volants, têtes de girafes, cosmonautes, satellites, bouteilles, avions de papier, suicidés, pensées.
Anca, à bout de souffle, surgit sur une route en bordure du champ. Debout, les jambes légèrement écartées, elle pisse sur l’asphalte.
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Antoni et Anca ont déserté les autoroutes, ils sillonnent l'Arkansas. S'arrêtent dans les bars déglingués où les lettres Coors, en rouge, se détachent sur le profil d'une montagne blanche, descendent des bières sous le regard méfiant des autochtones à la nuque brûlée par le soleil. Ça sent le mâle, le silence, la répétition incessante du mouvement du bras qui porte la bière et le whiskey aux lèvres sèches. De temps en temps, une serveuse comme sur les publicités-lubricité et Dieu qui surveille tout ça du haut des châteaux d'eau et des silos à grain. Les granges des petites fermes misérables. Les vaches ou les chevaux. La musique country.
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Lorsque je repose le livre, il fait nuit, j’ai froid, je tremble. Je remonte dans la chambre où Anca s’est endormie couchée sur le ventre. La lumière orangée qui filtre à travers le tissu poussiéreux de l’abat-jour découpe les formes de son corps, ses épaules, ses omoplates, sa colonne vertébrale entourée de longs muscles – une vallée. Je me déshabille, me couche contre elle, respire son parfum vanillé, sa nuque, ses cheveux. Son corps commence à onduler, je suis pris par sa houle. Elle presse ses fesses contre mon sexe. J’embrasse ses lobes merveilleux, j’insinue ma langue entre les deux monts qu’on pourrait aussi appeler de Vénus. Je savoure l’ourlet de son anus qui a un goût de curcuma et de jasmin, puis je glisse jusqu’à sa vulve délicieusement ouverte, chaude, rosée de lune sous ma langue. Nous faisons longtemps l’amour avec une lenteur délicieuse, deux vagues qui se chevauchent sans fin.
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Une pratique zen m'a été précieuse : observer une chose sans la nommer, sans la décrire et sans la comparer. Étrange pour un écrivain, mais un baume sur le coeur du réel qui est la seule chose que je désire atteindre. Un ouvrier obéit à la matière, un écrivain n'a pas besoin de décrire, le lecteur sent par l'alchimie les émotions éprouvées par l'auteur même à travers la description d'un arbre. Dire peu, c'est laisser le champ libre à ce qui n'est pas écrit pour atteindre la manifestation. Les ellipses elles-mêmes sont chargées de cette magie. Un livre vaut autant par la qualité de ses silences que par celle de son écriture. C'est le substrat dans lequel flotte l’œuvre. Sans cet espace, le texte est sans vitalité, sans ombre, sans lumière.
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