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Christophe Lazé (Illustrateur)
EAN : 9782879011035
128 pages
Sud Ouest (31/05/1994)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Les mains rouges et noires de la grotte de Cosquer, les puissants aurochs de Lascaux, les mammouths de Rouffignac fascinent l'homme moderne, ému par la beauté et le mystère de ces oeuvres multimillénaires, lointains messages des chasseurs de rennes, de chevaux et de bouquetins. Pourquoi cet art dont les premières manifestations, datant de plus de 30000 ans à la grotte Chauvet, rivalisent par leur maîtrise avec les grandes fresques magdaléniennes de Lascaux, les scul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre, plus ou moins du format d'un Que-sais-je ?, pose un certain nombre de problèmes, à commencer par son titre relativement flou. En effet, le sujet ne consiste pas en l'art préhistorique dans son ensemble, mais en l'art du Paléolithique en France. Mais ce n'est pas là, loin s'en faut, le pire défaut.

Un second problème se pose, celui des reproductions. En effet, un livre à ce prix ne peut se permettre de proposer des photographies en couleur des sites préhistoriques et des oeuvres dont il est question. L'auteur a donc contourné le problème en proposant soit des dessins d'un extrême réalisme (pour les bifaces et les sculptures, par exemple), soit des relevés. Les archéologues utilisant beaucoup les deux, a priori il n'y a rien à redire là-dessus. Mais, en ce qui concerne les dessins, il n'est pas précisé en légende qui les a réalisés, ni à quelle époque ou dans quelles conditions. Peu importe qu'il s'agisse ici d'un ouvrage destiné à un grand public : c'est un peu dérangeant, l'archéologie se comptant parmi les disciplines scientifiques, et l'on sait que nombre d'archéologues du XIXème se sont prêtés à des interprétations fantaisistes en dessinant ce qu'ils avaient sous les yeux ; les travaux concernant les sites mayas en sont un bon exemple. Rien ne me dit, donc, que les dessins choisis par Alain Roussot sont récents, et surtout fidèles. On atteint le stade supérieur, si je puis m'exprimer ainsi, avec la question des relevés. Il s'agit toujours de relevés sélectifs ; en effet, il est difficile, voire, parfois, impossible pour un non-initié d'arriver à lire une peinture abîmée ou, pire, une gravure du Paléolithique. D'où les relevés sélectifs utilisés par les archéologues, qui permettent une bien meilleure lisibilité, mais qui suppose toujours (et j'insiste sur ce mot) une l'interprétation. Cette pratique demande donc une très grande objectivité. Or, ici, il n'est précisé qu'une seule fois, et en fin d'ouvrage, que les relevés présentés sont sélectifs. de même, on n'en connaît ni l'auteur, ni l'époque, ni les conditions.

Ça se gâte encore lorsque l'auteur présente les relevés des soi-disant portraits de la Marche. L'espèce de légende, qui a la vie très dure et qui voudrait que ce site présente des portraits caricaturaux d'époque préhistorique, mais néanmoins très proches graphiquement des caricatures du XIXème siècle, est tout à fait contestable, les partisans de cette théorie se basant sur des relevés sélectifs plutôt aléatoires. On pourrait voir à peu près n'importe quoi dans ces gravures, en choisissant une lecture différente des traits creusés dans la pierre. Or, Alain Roussot, qui n'est pourtant pas le premier venu, tient pour acquis cette thèse et la présente comme une évidence au lecteur. Lecteur censé être un néophyte en la matière, étant donné l'objectif de l'ouvrage, et qui va donc avoir peut-être un peu de mal à exercer son esprit critique à propos d'un sujet qu'il ne connaît pas. Tout ça est très discutable.

J'ajoute à cela l'effet catalogue du livre dans sa présentation de l'art paléolithique, de ses supports et techniques et de ses thèmes. Et, surtout, je relève que, pour Alain Roussot, la recherche française en Préhistoire se limite plus ou moins à l'abbé Breuil et à André Leroi-Gourhan ; vraiment très peu de chercheurs plus récents sont cités. Je respecte éminemment André Leroi-Gourhan, mais je rappelle ici à tout hasard que le geste et la parole, son livre le plus connu, date de... 1965. Ceci explique sans doute cela ; mais pourquoi donc, dans ce cas, aller chercher un conservateur du patrimoine un peu dépassé par les événements pour écrire un ouvrage destiné à faire connaître l'art paléolithique ??? Certes, on a là un panorama de cet art spécifique, mais enfin, le résultat final, c'est que ce livre ne doit pas être lu par des novices en la matière, sous peine d'être induits en erreur(s), et qu'il n'intéresse pas les amateurs, étant donné son peu de sérieux. Sauf pour ce qui est d'exercer son esprit critique, mais je doute fort que ce soit le but que s'étaient assignés l'auteur et l'éditeur...
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Voici donc un essai savant, qui n'intéressera que les intéressés, méticuleux et sans envolée lyrique particulière…
Mais si vous êtes touché par cet art venu des profondeurs du temps et vieux, pour certaines oeuvres, de plus de 30.000 ans, alors cet ouvrage vous ravira, riche par ailleurs de nombreuses planches en noir et blanc qui aident considérablement à comprendre le propos. À noter que l'auteur se focalise sur l'art préhistorique de l'Europe occidentale.
Alain Roussot, décédé en 2013, a ainsi consacré sa vie à la Préhistoire et s'est spécialisé dans l'art pariétal (peintures et gravures rupestres) et mobilier (gravures sur os & bois de rennes, sculptures, etc.). Il fut aussi conservateur du Musée d'Aquitaine. D'où, peut-être, pour cet éminent spécialiste, la concision et la clarté du texte, qui avance à la lumière des recherches de jadis (où plane la figure de l'abbé Breuil, défricheur de l'art préhistorique, tant sur le terrain que dans ses travaux) et contemporaines, tout en gardant un oeil critique.
On découvre donc un formidable bestiaire, qui va du mammouth à la sauterelle. L'homme n'est pas en reste, particulièrement la femme, avec certaines parties spécifiques de son corps comme la vulve, ce qui renvoie au pouvoir de reproduction.
Hélas, pour des raisons de conservation de ces oeuvres particulièrement fragiles (lorsqu'elles ne sont pas tout simplement en voie de disparition comme dans la grotte de Gouy, en Seine-Maritime), il faut souvent se contenter de photos ou de reproductions grandeur nature (voir Chauvet ou Lascaux). Peu de sites sont ouverts en effet. Toutefois, Rouffignac ou Pech Merle (pour ne citer que ces deux grottes ornées dont il est souvent question dans le livre de A. Roussot) sont accessibles et constituent une pure merveille.
Au détour d'un chapitre, à propos des signes et symboles découverts çà et là dans les grottes, on se prend à rêver : « C'est, en quelque sorte, une véritable écriture, avant la lettre et avant l'époque, dont hélas nous ne possédons pas encore la pierre de Rosette, ni ne connaissons notre Champollion. » Espérons que cela changera…
A. Roussot montre aussi la fragilité des affirmations des uns et des autres ; fragilité qui, parfois, ne résiste pas à de nouvelles découvertes ainsi qu'aux nouvelles technologies. Par exemple, l'évolution du style ne peut plus être considérée comme linéaire dans le temps, surtout depuis la découverte de Chauvet dont les peintures et gravures (datées autour de 30.000 ans) n'ont rien à envier à celles de Lascaux, vieilles d'environ « seulement » 17.000 ans.
Maintenant, la question cruciale que tous se posent : pourquoi l'art préhistorique ? pour reprendre le titre d'un ouvrage de Jean Clottes. Voici ce qu'en dit A. Roussot : « Tenter de comprendre les motivations et la signification de l'art préhistorique est donc périlleux, mais une telle curiosité est légitime car on ne peut considérer cet “art” comme une simple manifestation purement esthétique. »
Quoi qu'il en soit, et au-delà de tout analyse, cet art est un voyage émouvant parce qu'il parle de nos origines…
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