Encore un excellent bouquin sur les relations de pouvoir, qui m'a beaucoup aidée à la compréhension des mécanismes de ce mode relationnel à l'époque où j'avais grand besoin de comprendre d'où venait ma dépression.
Je ne me souviens malheureusement plus des détails de cet ouvrage, il faudrait que je le relise.
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L'opération relationnelle fondamentale par laquelle l'individualisme et l'esprit de compétition sont mis en pratique, est le jeu de pouvoir. Un jeu de pouvoir est une transaction ou une série de transactions visant à amener les autres à faire ce qu'ils ne feraient pas autrement.
Les jeux de pouvoir peuvent être brutaux et impliquer une réelle coercition physique. Ils peuvent aussi se jouer par une pression mutuelle subtile, verbale ou mentale, que les gens vont exercer, pour obtenir ce qu'ils veulent.
Le jeu de pouvoir le plus brutal, c'est tout simplement celui où quelqu'un s'empare du pain de quelqu'un d'autre, et lui fait du mal physiquement s'il essaie de le récupérer. Un effet identique, à savoir prendre le pain, peut s'obtenir par des moyens mentaux ou psychologiques qui sont tout autant des jeux de pouvoir et qui ont le même résultat. Ce type de jeu de pouvoir pourrait s'appuyer sur la peur éprouvée par la victime plutôt que sur la force, puisque aucune force physique ne s'exerce vraiment, ou bien il peut se jouer en suscitant la culpabilité ou la honte de la victime afin qu'elle renonce de son plein gré à ce qui lui appartient. De toute façon, le résultat des jeux de pouvoir, c'est qu'on enlève à quelqu'un ce qui lui revient légitimement et qu'on le met entre les mains de quelqu'un d'autre.
Nous ignorons, en grande partie, comment fonctionne le pouvoir autoritaire, comment nous en abusons et comment nous nous laissons abuser. Ceci est dû au fait que nous y sommes immergés et que nous sommes forcés d'en accepter les usages et les abus, et cela depuis les premiers instants de notre vie. Après avoir passé une enfance à la merci des opinions et des caprices des autres, nous adoptons tout naturellement, en grandissant, des rôles dominants et répressifs aussi bien que des rôles passifs de victimes quand ils se présentent à nous. Par le vécu quotidien de la hiérarchie et de la compétition, on nous fait entrer dans la tête que nous devons accepter les déséquilibres du pouvoir et ses abus ainsi que les mauvaises utilisations de l'autorité.
La pensée scientifique, linéaire, rationnelle, technique et logique, aussi puissante soit-elle, est incapable de parler des réalités de l'amour, de la haine, de l'espoir, de la peur, de la joie ou de la culpabilité.
La majeure partie du pouvoir, en ce monde, est malheureusement détenue par des personnes qui aimeraient ne penser que sur un mode rationnel et scientifique, bien que les réflexions guidant leurs décisions ne soit pas toujours scientifiques ou rationnelles.
Il y a peu de place au sommet. La compétition est acharnée et sanguinaire ; l'accès au sommet ne constitue que le début de la lutte. Vous n'y resterez peut-être pas très longtemps. Et si vous y parvenez, ce ne sera qu'au prix d'une compétition implacable. Et, ironie cruelle, si, après des années d'efforts épuisants, vous réussissez à devenir puissant et riche et si vous parvenez à vous cramponner à vos richesses, cela ne vous rendra probablement pas heureux.