Opus court mais dense et parfois ardu surtout la première partie.
Une définition du capitalisme suivie de son avenir, de ses issues optimistes ou plus probablement selon l'auteur, pessimistes.
Le capitalisme a rationalisé l'économie, le travail (devenu marchand, organisé), l'argent avec le recours au crédit, la connaissance, la technique, la science devenues utilitaristes et même le temps linéaire quand la nature est restée cyclique.
Son succès est important en Chine car il s'appuie sur les masses, y bénéficie d'un énorme marché intérieur prouvant ainsi qu'il a besoin d'individus-consommateurs mais pas citoyens (prophétie de Tocqueville évoquant un despotisme bienveillant reposant sur des masses recherchant le plaisir).
Il se présente comme un système où tout le monde est gagnant : plus de croissance, plus de production mais il comporte en lui une puissance de mort.
Il crée de la frustration par des besoins sans cesse renouvelés et inassouvis, une "servitude volontaire" par le désir d'accumulation des individus, il creuse les inégalités porteuses de révoltes et enfin il détruit la nature, crée des désastres écologiques.
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« le capitalisme a posé quatre grandes questions : le rapport de l'homme au travail, de l'homme à la technique, de l'homme au temps, de l'homme à la nature », p47. Voilà, ces questions structurent ce bref essai de 40 pages – c'était une conférence à l'Institut_Diderot.
Des références à Max Weber, Marx, Freud, Nietzsche. Parfois des tournures aphoristiques qui, hors contexte, semblent cryptiques, par exemple « le capitalisme implique que le temps cesse d'être cyclique et devient linéaire ». P43. D'ailleurs, ce ne sont pas les idées qui me restent en refermant le livre, mais l'élégance du cheminement.
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Un tout petit livre mais très stimulant. Qu'est-ce que le capitalisme vers quoi nous emmène-t-il ? A peine lu j'ai envie de le reprendre car il donne à réfléchir.
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[Scenarii de sortie du capitalisme, voir aussi l’autre extrait, les sorties par le haut]
Les sorties « par le bas » :
- Malthus ou l’éternelle pauvreté : la terre transformée en bidonville, une majorité d’humains n’ayant pas d’accès à l’eau et vivant avec un minimum de subsistances, une population régulée par les épidémies et les guerres. On peut imaginer ici une variante [ ] : Dans La possibilité d’une île de Michel Houellebecq, l’humanité « supérieure », l’élite dirions-nous, se retranche et se clone, se reproduit à l’identique et à l’infini, tandis que des sous-hommes, rares, malades et faibles, hantent une terre dévastée. Ainsi, le capitalisme a réalisé la vie éternelle de quelques privilégiés et l’abrutissement des masses.
- Lévi-Strauss ou l’implosion démographique : le 13 mai 2005, Claude Lévi-Strauss [ ] rappelait que les démographes avaient prévu un pic de population pour les années 2050.
L’humanité, alors composée de 9 ou 9,5milliardsd’individus, deviendrait stationnaire puis pourrait décroître rapidement.
«A l’échelle de quelques siècles, note-t-il, une menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité culturelle mais aussi biologique, en faisant disparaître quantité d’espèces animales et végétales. » Et Lévi-Strauss de comparer les humains à ces « vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à manquer ». [ ]
- Freud ou l’apocalypse : dans la dialectique Eros/Thanatos qui définit le progrès de la civilisation et le capitalisme, la pulsion de mort finit par l’emporter. L’hypothèse de la pulsion de mort liée au capitalisme est celle que j’ai développée avec Gilles Dostaler, en reprenant les travaux de Freud, Marcuse et Norman Brown. La pulsion de mort
est consubstantielle à l’humanité, mais le capitalisme est le moment où cette pulsion se trouve canalisée dans l’accumulation.
Elle se retourne donc sur la nature [ ] car l’homme jouit du saccage, car il est sadique. Mais il est aussi masochiste, et il jouit aussi de sa propre servitude liée au travail. En même temps, la culture et le désir de vivre et de croître tempèrent cette pulsion. Mais qui, d’Eros et Thanatos, aura finalement le dessus ? [ ]
Le travail n'est plus la création, comme put l'être le travail de l'artisan qui s'engage dans son produit. La création est systématisée dans la capitalisme, au même titre que la production des objets ou du divertissement (par exemple, la production de films et de téléfilms dans le "mainstream" de la culture mondiale). C'est pourquoi, contrairement à l'artisanat, le capitalisme s'adresse aux grands marchés, aux grandes séries : c'est toute la différence entre la production de carrosses (qui exige une division du travail assez compliquée) et celle des voitures.
Dans son nouvel album "Oncle Bernard cherche son chien", Yukiko Noritake dépeint un Paris gourmand et surréaliste, où l'on parcourt la ville de page en page, métamorphosée sous les pinceaux malicieux de l'autrice… Gourmandise assurée dans cette déclaration d'amour à Paris… et à la pâtisserie !
Actes Sud junior, mars 2022.