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EAN : 9782358480451
190 pages
Bleu autour (20/06/2013)
4.09/5   11 notes
Résumé :
« Rarement dans la littérature mondiale un écrivain a su croquer le quotidien avec tant de finesse », écrit dans sa préface Enis Batur à propos de Sait Faik, ce marginal « qui a révolutionné la prose turque ». Dans ce recueil paru en 1950, l’un de ses plus aboutis, le nouvelliste mêle ses rêveries aux mésaventures des oubliés de la vie qu’il côtoie entre Istanbul et son île de pêcheurs. C’est drôle, mélancolique, d’une totale liberté.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Presque toutes les nouvelles de ce recueil tardif de Sait Faik sont écrites à la première personne. Des sentiments équivoques les traversent : une infinie solitude et portant une empathie pénétrante avec les petites gens, les laissés-pour-compte, une dépression abyssale qui s'alterne, aussitôt, à une insondable joie de vivre (syndrome bipolaire?), une attention pour des circonstances et des objets banaux et cependant un refus du réalisme primaire (ce qui lui fut reproché, par ex. par Nazim Hikmet... mais non par quelques flics qui lui réclamèrent l'identité d'un certain personnage qu'ils ne surent concevoir comme un être fictionnel !), une certaine détestation des lieux de son quotidien et néanmoins un indéracinable attachement à ces mêmes paysages, une narration apparemment rêveuse, anecdotique, inconcluante, superficielle qui aboutit sur des chutes d'une étonnante, parfois dérangeante profondeur...

Beaucoup est expliqué par le bel et complet appendice biographique (pp. 167-187) signé Elif Deniz et Pierre Vincent. Ce qui reste peut-être insuffisamment illustré pour le lectorat non spécialiste, c'est que les auteurs de la génération Sait Faik, et lui-même en tout premier lieu, étaient en train de tout inventer : une nouvelle littérature avec une langue nouvelle – pas seulement un autre alphabet, d'abord une esthétique novatrice. Certains ont nommé et conceptualisé leur démarche, d'autres ont puisé à des modes et courants littéraires étrangers leurs contemporains. Sait Faik, dans les différentes phases de son écriture (sans doute trois?), a suivi au plus près, je pense, ses propres démons intérieurs et ses péripéties biographiques. Une telle empreinte si fortement personnelle ne pouvait que se répercuter, fatalement, sur la postérité. C'est peut-être aussi la raison qui rend son écriture si intemporelle, hors d'atteinte du vieillissement.
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Instants volés, portraits saisis au vif, les nouvelles de l'écrivain turc Sait Faik Abasıyanık nous plongent dans un Istanbul des années 1950. Un monde parfois rude mais toujours tendre et sensible. Ces 22 nouvelles brossent le portrait de marchands de journaux, de gloires déchues, d'exilés, pêcheurs, d'amateurs de raki et de jolies filles, ou encore de mouette éclopée. le tout avec profonde humanité et un zeste d'élégante désinvolture.

Avis :
Sait Faik Abasıyanık est un auteur à lire et à relire tant par la qualité de son écriture que par la justesse de son ton et de sa vision.
Si vous allez à Istanbul, empruntez un ferry (un vapur) vers les îles aux Princes. Descendez dans la seconde île, Burgazada, sur le quai une statue de l'écrivain vous accueillera puis laissez-vous glisser dans les ruelles. Il y aura de fortes chances pour que sa maison natale, transformée en musée y soit ouverte. Fondée par sa mère qui l'adorait, la jolie maison blanche impeccable laisse un peu transpercer de la vie de l'écrivain : un billet d'Air France, des dizaines de lettres, des livres en français (reste de ses années d'étudiant en économie à Grenoble)… Au grand désespoir de son père qui l'aurait aimé brillant homme d'affaires, Sait Fait fut un éternel flâneur, incapable de s'adapter au monde sur lequel il a posé un regard fin et profondément fraternel. Pour en savoir plus sur ce musée.

Toutes ses nouvelles sont publiées aux éditions Bleu autour.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Des nouvelles simples mais qui évoquent une période de la Turquie et en particulier d'Istanbul.

Il y a quelque chose d'assez pathétique chez chacun des personnages. C'est une description de galériens de cette ville à la jonction entre l'Europe et l'Asie.

J'ai été quelque peu choqué par la deuxième nouvelle mais au final, je comprends pourquoi il en fait partie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'alcool, l'amour, la maison, la famille, l'amitié, l'amusement, les affaires de ce monde, et même une idée... Il est des jours où toutes ces choses ressemblent à des ballons rouges, verts, jaunes, orange percés par une aiguille ou une cigarette allumée. Tout perd instantanément sa couleur, sa légèreté, sa joie. Peut-on échapper à ces moments-là ? Existe-t-il des gens dont les ballons ne sont jamais percés ? Selon les jours, je les envie ou je les méprise.
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Dans ces moments-là, je ne bois pas d’alcool, je marche. Je marche droit devant moi, vite las de chaque endroit parcouru. Je rencontre des animaux, des gens, des jardins, des bords de mer déserts. Je renais. Comme ce fut aujourd’hui le cas. Deux êtres humains, deux lapins, deux agneaux, l’un vivant, l’autre non, m’ont susurré à l’oreille que les gens espéraient encore.
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–Dis donc, Muharrem, tu vas faire quoi avec ces crabes ?
–Je vais les vendre, répondit-il. Et si je n’arrive pas à les vendre, je les mangerai. (...)
–Chut, Muharrem, tais-toi ! On ne mange pas ces sales bêtes.
–En hors-d’œuvre avec le raki, patron, il n’y a rien de meilleur !
–C’est vrai, fiston ?
Depuis ce vendredi où il avait descendu un litre de raki en grignotant ces bêtes qui n’étaient autres que des écrevisses, puis s’était endormi dans le
cabanon de Muharrem, Hüseyin avait pris l’habitude de se pointer chaque vendredi avec une petite bouteille .
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