Sans être le roman de l'année,
le camp est néanmoins intriguant tant dans son fond que dans sa forme.
L'intrigue démarre tambour battant avec cet homme nu, décharné et blafard surgi du sol et qui parvient à s'enfuir d'un espace clos de grillages barbelés. Inquiétant prologue et qui pose d'emblée moult questions. Sans compter que la cachexie extrême de cet homme ajoutée au titre du livre évoquent les camps de la mort nazis, de sinistre mémoire. Un rappel qui ne cessera de revenir comme un leitmotiv tout au long du récit. Parfois en toutes lettres, ou bien en filigrane. Mais omniprésent.
Les premiers chapitres s'apparentent à un thriller sordide, avec enlèvement mystérieux et séquestration de tout un village dans un caisson. Esprit de clocher renforcé par la claustration - et la bêtise congénitale pour certains, gare à celui qui n'est pas issu de la petite communauté. L'enfer c'est les autres se dansent ici sur
un autre tempo mais reste d'actualité.
L'affaire devient de plus en plus floue et déroutante avec ce qui se passe à l'extérieur. On quitte les rivages du thriller pour des océans toujours plus complexes, mêlant secrets et complots militaires et anomalies qui semblent n'être pas humaines.
Dans son univers noir et paranormal,
Christophe Nicolas envoie des clins d'oeil de ci de là à X-files et à la trilogie Star Wars.
Pourtant, ce que je retiens le plus de cette lecture est le parallèle avec les agissements nazis et des collaborateurs, les rafles, les cantonnements dans des zones sous haute surveillance de la soldatesque... au motif d'assurer la sécurité des populations. Quitte à convaincre icelles à coups de crosse de fusil dans les gencives... (peut-être la définition militaire d'un argument percutant...).Dérangeant tout ça.
Si la fin du roman semble bâclée, réglée en trois pages comme si l'auteur était pressé, il permet à son lecteur de réfléchir aux thèmes abordés, aux choix à effectuer, à ce que représente l'humanité face aux bouleversements et, en corollaire, la liberté.
Autant d'interrogations qui peuvent s'avérer douloureuses et qui m'évoquent également, dans une certaine mesure, Né en 17 à Leidenstadt de Goldman. Et bien sûr, Si c'est un homme de
Primo Levi.