un roman magnifique d'émotion et de pertinence d'une auteure qui tient à cette complicité entre le lecteur et l'auteur, ne formant qu'un tout. Elle a ainsi inventé le terme «𝓵𝓮𝓬𝓽𝓪𝓾𝓽𝓮𝓾𝓻 » pour traduire cette pensée d'interactivité créatrice.
En trame de l'histoire, un bâtiment en hommage au père de l'Europe,
Paul-Henri-Spaak, Surnommé le « Caprice des Dieux »…. Une forme qui en dit long sur le fond …. de nouveaux dieux y délibèrent du sort des Hommes.
Mais il est surtout question…
𝓓𝓮𝓼 𝓪𝓻𝓬𝓪𝓷𝓮𝓼 𝓭𝓾 𝓹𝓸𝓾𝓿𝓸𝓲𝓻 𝓮𝓽 𝓭𝓮 𝓵𝓪 𝓼é𝓭𝓾𝓬𝓽𝓲𝓸𝓷… 𝓓'𝓾𝓷 𝓯𝓮𝓾 « 𝓺𝓾𝓲 𝓬𝓪𝓵𝓬𝓲𝓷𝓮 𝓭𝓮 𝓵'𝓲𝓷𝓽é𝓻𝓲𝓮𝓾𝓻 », 𝓵'𝓪𝓶𝓸𝓾𝓻.
De l'éloquente confusion des institutions mères, de la bureaucratie, des lobbys… des jeux de pouvoir
Et 𝓭𝓮 𝓵𝓪 𝓹𝓪𝓼𝓼𝓲𝓸𝓷 𝓭'𝓾𝓷𝓮 𝓯𝓮𝓶𝓶𝓮 𝓹𝓸𝓾𝓻 𝓾𝓷 𝓱𝓸𝓶𝓶𝓮 𝓺𝓾𝓲 𝓵𝓪 𝓯𝓪𝓼𝓬𝓲𝓷𝓮 … un destin irrépressible qui s'accomplit, à l'image de l'anankè gravée sur les murs de
Notre Dame de Paris de
V. Hugo, de la Moïra antique qui impose son lot de douleur… «Le coup de foudre n'est pas toujours de l'amour, mais une force terrible qui s'abat sur vous ».
… Aussi d'un vers du poème de Milosz : « 𝓜𝓪𝓲𝓼 𝓵𝓮 𝓳𝓸𝓾𝓻 𝓹𝓵𝓮𝓾𝓽 𝓼𝓾𝓻 𝓵𝓮 𝓿𝓲𝓭𝓮 𝓭𝓮 𝓽𝓸𝓾𝓽. »
le Caprice de dieux est devenu le surnom d'un des immenses bâtiments du Domaine des Puissants de l'Europe à Bruxelles. Les échansons n'y servent pas l'ambroisie de l'Olympe, l' ancienne résidence d'un alexandrin de dieux et de déesses trompant leur ennui en se jouant des mortels. le nectar est autre au sein du «Caprice des dieux » bruxellois, mais la concupiscence y siège toujours, ainsi que les jeux de pouvoir, les trahisons… Des causes nobles mais des intentions obscures, intéressées. La constatation d'une élite « à plat ventre devant le productivisme et la surconsommation(…)obnubilée par l'argent ».
O tempora, o mores ! Entre constat amer et absurde cocasse, entre solennité du protocole et décorum ampoulée, rouerie kabbalistique, la séduction s'impose toujours en nerf du pouvoir. Les constatations d'Ariane sont sans appel :« Plus l'homme se croit haut placé dans l'échelle sociale et plus il fait preuve d'inhumanité, de mesquinerie, de violence ».
Des réflexions pertinentes sur « 𝓵'É𝓬𝓻𝓲𝓻𝓮 𝓸𝓾 𝓿𝓲𝓿𝓻𝓮 », sur « 𝓵𝓮 𝓭é𝓼𝓲𝓻 𝓭𝓾 𝓽𝓮𝔁𝓽𝓮, 𝓵𝓮 𝓭é𝓼𝓲𝓻 𝓭'ê𝓽𝓻𝓮 et Jason », sur la permanence des nations… « La longévité des empires du passé était due à la coexistence de plusieurs traditions culturelles qui les protégeaient des dérives fondamentalistes ». le livre est parsemé de références à propos qui fertilise chaque page pour mieux en cueillir les émotions.
La culture grecque antique est omniprésente… Et l'histoire d'Ariane et Jason, c'est la romance d'une amante semblant frappée par la volonté d'Aphrodite et d'un dignitaire de haut rang qui doit conquérir son propre royaume, ramener la toison qui le légitimera, aboutir un projet de noble intention défendant les droits des femmes opprimées, l'esclavage féminin.
Ariane devient dépendante de sa relation virtuelle avec Jason… Il la séduit , ils cèdent à la passion... puis… les affres amoureuses, professionnelles…mais chacun interprètera avec son propre regard, chacun deviendra 𝓵𝓮𝓬𝓽𝓪𝓾𝓽𝓮𝓾𝓻 par le prisme de ses émotions intimes… et autant d'échos se propageront pour découvrir l'ensemble des richesses de ce roman.
L'écriture comme délivrance pour Ariane, pour l'auteure… « Seule l'écriture pouvait exorciser cette implacable souffrance ».
Un excellent roman qui associe passion amoureuse et jeux de pouvoir.