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EAN : 9781505806892
140 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (26/01/2015)
4.14/5   46 notes
Résumé :
Anton Holban (1902-1937), pour beaucoup le plus proustien des écrivains roumains, détonne dans le paysage littéraire national. Mélomane averti, inspiré davantage par les épisodes de sa vie plutôt que par l'imagination, l'histoire ou les mouvements d'avant-garde, il distille une analyse psychologique discrète et délicate. Pour la première traduction en français d'Anton Holban, le choix des nouvelles s'imposait, car il soutient lui-même la supériorité de la nouvelle s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un recueil de 9 nouvelles plutôt courtes :

1) À l'ombre des jeunes filles en fleurs : Nous observons une salle de classe où les élèves, exclusivement des jeunes filles, composent toutes sur leur personnage préféré dans Andromaque, Hermione. Magda, la première de la classe, se mariera avec un haut fonctionnaire et se demandera pourquoi elle a si bien étudié. Ela multipliera les amants. Sarah trompera son mari avec un chrétien. La laide Lina deviendra gynécologue. Coca deviendra servante et, lorsqu'on l'interrogera sur sa meilleure amie, Cocuța, elle répondra qu'elle croit qu'elle est morte. Quant à la petite Lilly, chérie de ses enseignantes, elle se suicidera.

2) Glorieuse journée à Cernica : le narrateur raconte son pénible trajet pour se rendre au monastère de Cernica, où il enseigne et où il fait froid l'hiver. Enfin, le soulagement lorsque tombe le maigre salaire.

3) Hallucinations : le narrateur, enseignant dans un monastère, après un lycée de Constanța, imagine son propre enterrement et la tête de ses élèves. Enfin lui apparaît sa mère décédée qui lui dit « Dors, arrête de penser au pire... »

4) Grand-mère se prépare à mourir : le narrateur séjourne dans la propriété de sa grand-mère, celle de son enfance. Elle se prépare à mourir : grand-père les a déjà quittés. Son écrivain de petit-fils révèle qu'il est malade et va bientôt mourir aussi à la fin.

5) Petite aventure sur une interminable plateforme : le narrateur se trouve dans un train près de Beaune, un wagon rempli d'étudiants éméchés en face d'une jeune Japonaise. À peine un regard d'échange complice échangé, et elle sort du train vers le vaste monde…

6) le collectionneur de sons : Sandu est un passionné de musique, qui suivait des concerts tous les soirs à Bucarest, clandestinement. Puis, étudiant à Vienne, il allait à l'opéra et, à Paris, il écumait tous les concerts et a acquis énormément de disques de phonographe, auxquels il est passionnément attaché. Enfin, la radio, qui rattache le solitaire aux capitales d'Europe.

7) Châteaux sur le sable : Paul et une jeune fille du surnom de Mitsuko passent tout leur séjour en Égypte fourrés ensemble, puis se brouillent, puis se réconcilient sur le bateau du retour. Elle lui demande de donner de ses nouvelles. En voulant lui acheter des fleurs, il croise un ami qui lui révèle qu'elle est fiancée ; il fait tout de même livrer les fleurs, avec l'impression de les envoyer à un enterrement.

8) Antonia : le narrateur a une quinzaine d'années et un cours de musique à Fălticeni, où il croise souvent Antonia, une petite fille d'une dizaine d'années, qui tombe amoureuse de lui, ce qui le met dans une situation embarrassante, surtout vis-à-vis de Désirée, qu'il courtise. Enfin un jour, Antonia repart en Russie. Lorsqu'aujourd'hui le narrateur y pense, c'est plein de nostalgie…

9) le Tarin et son maître : le narrateur a acheté un tarin au marché et s'est attaché à lui : il lui fait écouter de la musique au phonographe, lui ouvre la porte de la cage, etc... Mais il décide finalement de relâcher Boris au printemps, dans la nature.
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Une surprise dans ma boîte aux lettres ! Un gentil cadeau d'une petite fée qui se reconnaîtra. Un grand auteur de la littérature roumaine s'est offert à moi dans un recueil de neuf courtes nouvelles.

Ces nouvelles abordent des thèmes en apparence assez différents, la jeunesse et son avenir, la musique, l'amour, le passage du temps, le cycle de la vie, mais toutes se rejoignent sur une même obsession : la mort.

Comment un auteur qui écrit aussi bien de si belles choses peut-il revenir de façon aussi inéluctable sur la mort ? J'avoue que cette question me taraude et me peine. Comme cet homme a dû souffrir pour que chacune de ses nouvelles se transforme en l'expression d'une âme torturée.
En effet, quand le narrateur décrit la jeunesse, il prédit déjà sa fin prochaine ; son travail de professeur et c'est sa mort qu'il imagine ; quand il parle de sa grand-mère, malgré les richesses qu'elle a à lui transmettre, il se concentre sur sa fin prochaine ; lorsqu'il aborde la musique qu'il aime avec passion, on saisit une autre obsession dans l'obsession : le devenir de sa précieuse collection de disques après sa mort ; et lorsqu'il voyage et tombe amoureux, il ne pense qu'à la fin du voyage comme une inéluctable malédiction.
On sent qu'un grand travail de sape fait son oeuvre en lui et l'empêche de profiter pleinement des bonnes choses.

Et pourtant, malgré cette omniprésence de la mort, de superbes rayons de soleil apparaissent : dans le magnifique jardin de sa grand-mère, dans le sourire d'une “petite japonaise”, dans l'enivrement d'un concert et la pureté de ses notes, dans ses rêves d'amour impossible ou dans le chant magique et envoûtant d'un petit oiseau.

C'est donc une série de nouvelles superbement écrites et traduites que j'ai eu le plaisir de lire. L'auteur est sarcastique et dénué de toutes illusions, il montre un esprit percutant et un regard acéré sur ses contemporains et sur la vie. J'ai ressenti le travail d'un homme très intelligent, probablement trop clairvoyant pour ne pas devenir fataliste et pourtant j'ai cru percevoir dans ses nouvelles un grand amour de la vie, un amour trop fort peut-être pour être assumé.

N.B. : Un clin d'oeil de félicitations à la traductrice Gabrielle Danoux, ce doit être un travail colossal que de décoder un tel esprit.
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Rien n'est plus difficile que d'écrire une critique sur un recueil de nouvelles, à moins d'en faire le résumé de chacune. Mais c'est quelque chose qui ne me plaît pas vraiment. A quoi bon essayer de condenser quelque chose qui, déjà, est court ? Non, je préfère de loin m'intéresser au style de l'auteur.

Inutile de se mentir, je ne connaissais pas Anton Holban et je pense que je n'en aurais jamais découvert l'existence si sa traductrice, Gabrielle Danoux, n'avait pas eu la gentillesse de le porter à ma connaissance. Et, en toute honnêteté, je serais passée à côté d'un écrivain de talent. Si, comme moi, vous aimez les auteurs du XIXe siècle, alors vous serez conquis par celui-ci. Non pas qu'il appartienne à ce siècle (il est né en 1902 et mort en 1937) mais je rapproche sa plume d'un Flaubert, d'un Stendhal ou d'un Balzac. La quatrième de couverture le compare à Proust. Ce n'est pas faux, effectivement. Même richesse d'écriture, mêmes procédés d'analyse psychologique des personnages, même poésie... D'ailleurs, la première nouvelle s'appelle "À l'ombre des jeunes filles en fleurs", cela ne s'invente pas !

Un grand bravo pour la traduction car je me dis que cela n'a pas dû être facile de rendre d'une manière aussi éloquente les figures de style employées.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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La nouvelle « Châteaux sur le sable » résume assez bien, pour moi, la façon dont le narrateur conçoit la vie. Un voyage qui ne tient pas ses promesses, qui n'est finalement qu'une simple aventure. Il collectionne chaque moment de joie, chaque souvenir avec précaution, sachant qu'ils ne seront que regrets plus tard.

Un homme torturé, qui aimerait faire le grand voyage de la vie, mais n'ose rien entreprendre. Il se réfugie dans l'art, dans les hallucinations, dans les souvenirs. Si sensible et si fragile qu'il se compare au petit oiseau qu'il a adopté. Un petit oiseau qui revient toujours vers sa cage. Il finira par prendre son envol, au risque de se faire manger ou de mourir de faim. Mais le narrateur, lui, reste dans sa cage.

Je découvre cet auteur avec ce recueil de nouvelles, avec une préférence pour : « Grand-mère se prépare à mourir », « le collectionneur de sons », « Hallucinations » et « le tarin et son maître ».
J'ai aimé l'écriture délicate d'Anton Holban, qui semble vouloir percer les mystères, comme le fait son personnage Sandu dans la nouvelle « le collectionneur de sons ». Un collectionneur de sensations.
Merci à Tandarica pour cette découverte.
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Le collectionneur de sons (Colectionarul de sunete) – Anton Holban****nouvelles traduites du roumain par Gabrielle Danoux 2015

« A l'écoute d'un morceau de musique, je suis ému en permanence et incapable de la moindre réflexion. »p.90 avoue le Collectionneur de sons au lecteur et, je crois, surtout à lui-même.
Hommage d'Anton Holban à son ami Sandu qui a vécu sa vie entouré de musique et une non moins touchante ode à la musique qui par l'ouï peut faire voir, sentir, imaginer, éprouver.
Quelques uns de mes souvenirs ont été éveillés à la lecture de cette nouvelle, moments vécus avec intensité pendant mon enfance et ma jeunesse sur les sièges et bien plus souvent sur les strapontins de l'Opéra et de l'Athénée de Bucarest, là où nous nous retrouvions tous les enfants du paradis, les absents étaient sur le boulevard du Crime.

Anton Holban m'a prise par la manche et ne m'a plus lâchée avant de finir ce qu'il avait à raconter. le lire je l'écoute me parler, comme si son discours solitaire avait besoin d'un compagnon de chemin.
Écriture à vif d'une oralité vibrante, elle se déploie à partir d'un andante introductif pour passer à allegro vivace turbulent et inquiet, en défilé rapide de notes blanches et noires. Inutile de déchiffrer la partition, il suffit de l'écouter. «Il y a une différence entre aimer la musique et la comprendre, comme entre construire un vers et le savourer. »p.89 « Je prends mon propre exemple en littérature… Je me trouve par exemple devant une page qui procure de l'enthousiasme aux lecteurs prétentieux. Mais j'observe aussitôt les fausses notes, les mots inappropriés. A mon corps défendant, l'esprit critique chasse la joie. Y compris devant la page la plus reconnue j'ai des objections à faire. A l'écoute d'un morceau de musique, je suis ému en permanence et incapable de la moindre réflexion. »p.89
Le collectionneur de sons, passion dévorante, nourriture essentielle, vitale, unique pour l'amoureux qu'était Sandu, incomprise, ou autrement ressentie par les autres. Les notes de l'écriture d'Anton Holban vont d'un fortissimo de passion quand « un monde fou s'entassait dans la salle de l'Athénée »p.91 à un diminuendo de déception devant le présent « les concerts exceptionnels se font rares. Chaque soir, dans le noir, l'Athénée paraît endormi »p.93 (l'auteur avait à peine 35 ans à sa mort en 1937) et le sombre finale « personne n'a plus le temps de se réjouir paisiblement des hommes, de l'eau qui scintille, du parfum des arbres ."p.98

Un moment, un fait de la réalité peut le porter vers des interrogations, des développements ou des questionnements sur la vie et ce qui lui appartient, la mort. S'appelleraient-elles Hallucinations ? Ce n'est qu'un nom et la nouvelle qui porte ce titre n'est qu'un fragment, une petite part des  tourments, des nostalgies qui enveloppaient Anton Holban « des envies de danser et de mourir » p.40

A la lecture de ses nouvelles je pense à des fragments ou essences d'une pensée et d'une vie qui s'acheva trop vite.
Fragments forts, éclatants, graves aussi et j'irai jusqu'à dire poignants, exercice de style difficile pour exprimer d'une manière concise une histoire, et dans le même espace lui faire pousser des ailes vers l'imagination toujours prête à combler les « lacunes », à créer quelque chose de grand à partir d'une partie, d'un élément.
Les souvenirs d'Anton Holban reviennent en phrases rythmées par des parcours lents dans quelques intériorités ou des passages soutenus vifs rapides et animés, tous ses fragments dans un ensemble où la respiration trouve sa cadence l'intérêt son sujet et l'émotion son terrain.

Le collectionneur de sons, est un fil conducteur des neuf nouvelles, il garde en mémoire la musique des souvenirs, comme celle qui peut s'écouter dans un au-delà, la musique des mots qui deviennent paroles aux sons des obsessions ou des pansements pour des plaies toujours ou encore inconnues.
Loin d'épuiser mon ressenti à la fin du parcours des 9 nouvelles je me suis accrochée à juste quelques éléments du style de cet auteur disparu trop tôt (je me demande quel sens donnerait la vie à notre désespéré « trop tôt »…).
Fragments de souvenirs et d'impressions, fragments de temps, morceaux détachés d'un tout ou cherchant à le rejoindre, pièces éparses, uniques et différentes l'une de l'autre, incroyablement et fortement liées, un legato à qui un amoureux de la musique a donné tout son sens.
Une dernière citation avant la fin, de la plus courte des nouvelles, Petite aventure sur une interminable plateforme (petite pièce d'un grand tout). Dans un compartiment de train, l'auteur, une japonaise et un groupe bruyant d'allemands imbibés d'alcool :
« La Japonaise se recroquevillait, collée à la vitre comme une pétale, craignant d'attirer l'attention… C'est alors que s'accomplit un miracle qui ne dura qu'un instant. Instant qui s'est cristallisé à jamais dans ma mémoire si fragile d'habitude. Elle fit un signe du visage : elle ferma les yeux à moitié, entrouvrit déjà légèrement ses lèvres, puis doucement, transparent et pourtant visible, flottant dans l'air et tombant sur mes yeux, détacha un sourire. Il comprenait presque tous les signes : tragique mais plein d'espoir, indulgent et révolté, protestataire et résigné tout à la fois. Je l'ai senti me caresser. Ce fut un instant de parfaite entente, inattendue pour deux parfaits inconnus, de deux mondes différents et aux goûts différents… A l'instar d'un corps céleste venu de l'inconnu, qui s'approcherait, prometteur ou menaçant, pour rebondir aussitôt et, aussi vertigineux et capricieux, retourner dans l'espace. »p.85

Vive émotion à la lecture de cette traduction du roumain faite par Gabrielle Danoux (notre Tàndàricà sur Babelio). Son immense connaissance des deux littératures (pour ne parler ici que de la France et la Roumanie) et son exceptionnelle maîtrise de leurs richesse, finesse et subtilités, de leur musique aussi et pas en dernier, son amour pour l ‘écriture, pour sa poésie et son esprit, son travail de fourmi, de galérien ou de bénédictin qu'elle connaît oh combien, font de ce recueil de nouvelles encore un bijou qui sorti de l'écrin de sa langue maternelle trouve celui de la langue française, amie de longue date. Un grand merci, Gabrielle, pour ton travail d'une remarquable qualité.
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Citations et extraits (152) Voir plus Ajouter une citation
Les amis ! Vous regrettez réellement ma disparition [...] Dans ce cas, laissez-moi en paix et ne vous sentez pas obligés de déplorer ma perte. Car, même si vous la regrettez profondément, votre émotion à l'égard de mon néant est ridicule. Que le spectacle s'achève au plus vite, qu'on me dépose, simplement, dans une voiture tirée par des chevaux qui m'emmène au cimetière ! Qu'on me jette au plus vite dans la fosse et qu'on la couvre de terre. Eh bien, toi, l'attristé, si tu tiens à tout prix à faire quelque chose pour moi, rends-toi, en solitaire, au bord de la mer, et contemple longuement son infatigable écume, écoute attentivement sa complainte. Ou bien, sur ton phonographe, écoute un quatuor de Beethoven et laisse tes larmes couler au rythme de ses notes. Ou bien alors, lamente-toi en te souvenant que tu as, en vain, attendu ton amoureuse, que tes lèvres se sont asséchées comme si elles n'avaient jamais connu de vrai baiser. C'est uniquement ainsi que tu accompliras quelque chose pour moi ...

Hallucinations.
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Pourquoi est-ce que je ne recopie pas les paroles de Grand-mère telles quelles, au hasard, aussi insignifiantes soient-elles, avec la certitude que tout est important chez quelqu'un qui se prépare à mourir, cela d'autant plus qu'elles trouveront écho en moi-même et au sein de ma famille ? Plus tard nous nous souviendrons de l'une ou l'autre de ses questions et nous la conserverons avec une indicible attention, comme un objet antique, transmis de génération en génération. Nous n'aurons cependant pas le courage d'inventer la moindre syllabe puisque la mémoire ne nous permettra pas de reconstituer avec exactitude une conversation même la plus courte, que la moindre omission ou le moindre ajout rendrait le tout méconnaissable, puisque nous craindrons, en brodant sans le vouloir, de profaner de si chers souvenirs. J'ai pourtant encore le pouvoir de recueillir des paroles dont la vérité future est encore insoupçonnée et qui par conséquent captureraient en elles y compris le timbre de sa voix et parfois la scène tout entière. De la même façon, je ne prends pas de photographies trop caractéristiques, mais plutôt des endroits qui me sont chers dans cette maison, tant que j'ai encore le loisir de me rendre partout, et d'observer les gestes habituels de Grand-mère. Bien entendu ce ne sera pas une photo de Grand-mère bien habillée, grave, bien arrangée comme elle l'est d'habitude qui m'émouvra plus tard, mais plutôt de Grand-mère qui regarde par la fenêtre, fait une patience, ou lit.

Grand-mère se prépare à mourir, p.65
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À la rentrée, les élèves m’ont annoncé : « Exactement comme vous l’avez prédit, monsieur le professeur ! » Melinte était plutôt doué pour la littérature, mais faible en sciences. Grâce à mon intervention, il a obtenu son baccalauréat (je faisais partie du jury). Recalé, il aurait dû travailler pendant l’été, mais comme ça, fous de joie, ses parents l’ont envoyé à Călimăneşti. Il s’est baigné dans l’Olt et s’est noyé. Je ne suis donc pas étranger à sa mort, même si d’un point de vue logique, je n’y ai aucune responsabilité.
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Qu’on dépose près de ma tombe un phonographe, qui chante sans cesse, pendant que la lune évolue sur le ciel étoilé. Des chansons joyeuses et d’autres tristes, d’autres dynamiques et d’autres encore à peine audibles. Les sons se rassembleraient autour de moi de tous les recoins du monde et formeraient ensemble un linceul au flottement éternel, à l’instar de la mer, dont je me suis jadis senti si proche. Bach formerait les vagues noires, fortes, au rythme constant et aux résonances profondes. Beethoven, les frémissements et les cataclysmes. Mozart, l’eau calme, qui clapote délicatement, espiègle et en même temps mélancolique sous les étincelles du soleil. Wagner, les tourmentes. Chopin, le bruit de la pelle qui charge des rayons de lune et Debussy, les délicates et capricieuses valeurs, parfois roses, parfois argentées, qui glissent vers les rivages et dans lesquelles les
nymphes trempent leurs doigts de velours. Le phonographe et son diaphragme— sa tête au long cou — palpiteraient, comme un cygne bercé par les eaux.
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Tandis que j’explique Dieu sait quelle règle qui ne m’intéresse guère ou que je lis un passage que je répète depuis tant d’années, je fige mon regard sur la carte accrochée au mur… La Sicile, chaude, avec ses orangers… La Russie tout entière, où dans chaque village, une balalaïka vibre, bouleversant le ciel… Paris, le long de la Seine où j’ai promené tant de pensées et puis Erzurum… C’est comment Erzurum… Et l’Inde, pourquoi Eliade y est-il retourné ?…
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