AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782352841289
Editions du Jasmin (24/09/2013)
3.98/5   22 notes
Résumé :
Le Dernier Chat noir
Eugène Trivizas
Traduction : Michèle Justrabo

D'abord on n'y a pas prêté attention. Des chats disparaissaient. Curieusement, seulement des chats noirs !
Une sinistre organisation a juré notre perte. Les buts ratés,
les rages de dents, le chômage ou la crise : on a bon dos, on nous accuse de tous les maux !
Mais ça ne va se passer comme ça, ils vont trouver à qui
parler...

... >Voir plus
Que lire après Le dernier chat noirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,98

sur 22 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Sur cette île, les chats noirs sont devenus indésirables. Ils portent malheur. de là à dire qu'ils sont responsables de tous les maux et qu'ils doivent disparaître, il n'y a qu'un pas qui est vite franchi. Etapes classiques d'un génocide : rumeur, chasse officielle encouragée par les dirigeants, persécution, appel à la délation, arrestations, mises à mort de plus en plus barbares. Et côté victimes : peur, fuite, résistance, solidarité, mais aussi lâcheté et coups bas pour sauver sa peau.

On reconnaît bien sûr le clin d'oeil appuyé à l'Holocauste juif. La fable rappelle celle de Pavloff, 'Matin Brun'. Je reprochais à celle-ci sa brièveté et sa simplicité. Je reproche à ce 'Dernier chat noir' des longueurs, des lourdeurs, et trop de naïveté. Il me semble que la richesse d'une allégorie réside dans sa finesse, je trouve que l'auteur y va à la louche ici. Je précise que je ne suis pas le bon public pour ce genre de fable sur la Shoah : le garçon en pyjama rayé (John Boyne) et La vie est belle (Roberto Benigni) m'ont hérissée. Lorsque les détails sont si précis, lorsque le public visé est adolescent ou adulte, lorsqu'on n'a pas à échapper à la censure, pourquoi ne pas appeler un chat un chat ? Je comprends et approuve l'intention de l'auteur, mais je n'arrive pas à entrer dans ce registre. Réticence personnelle, donc, qui ne doit pas vous décourager de découvrir ce roman.
Commenter  J’apprécie          230
J'ai reçu ce magnifique livre dans le cadre de la Masse Critique Babelio. Je tiens donc à remercier les éditions du Jasmin pour cette belle découverte. La notice associée a été plus que bienvenue.

Quand j'ai sélectionné ce titre, j'avais bien conscience que l'ouvrage serait réservé à un public adolescent, et pourtant... Pour moi « le dernier chat noir » a été un véritable ascenseur émotionnel. Ayant moi-même un chat noir, l'empathie avec le personnage principal s'est très vite faite. du coup, le récit dans sa globalité m'a frappé que plus rudement !

L'écriture est parfaite, le style très rythmé. Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé. Pourtant le scénario est très "chombre".
Je le résume en quelques ligne : une île, des disparitions mystérieuses de chats noirs, voilà le point de départ du récit. Nôtre héros, un chat de gouttière noir est notre narrateur. Un jour, il voit quelque chose d'absurde : deux hommes courent après un chat noir, ils le mettent dans un sac, rouent de coups la pauvre chose et l'embarquent dans une camionnette... de cet acte incompréhensible, il n'en reste qu'une fragrance : l'iode et la menthe.

« le dernier chat noir » de Eugène Trivizas est une véritable fable moderne, atemporelle. On peut aisément reporter ces actions qui visent à désigner un bouc émissaire (le chat noir ici) pour expliquer tous les maux qui assaillent la population. Superstition, haine irrationnelle, peur, lâcheté, sont autant de termes qui expliquent comment une telle situation peut dégénérer et en venir à l'extermination pure et simple de tout ce qui pourrait en être la cause. Diriger l'attention de la population vers un coupable tout désigné, rien de tel pour voir surgir aussitôt la cruauté humaine.
Les exemples dans l'Histoire de l'humanité sont multiples, pour moi le souvenir qui s'imposait systématiquement n'était autre que celui des camps d'extermination.
Les chats sont personnifiés, ce qui amplifie l'horreur de l'attitude humaine à l'égard d'animaux qu'ils choyaient un temps plus tôt devenus tout à coup des proies faciles à décimer.

Je rejoins l'avis précédent concernant la note "conseillé à partir de 10 ans". Personnellement je trouve ça un peu trop jeune. Pourquoi ? Il y a certes plusieurs niveaux de lecture, c'est d'ailleurs ce qui est plaisant, pourtant les tortures infligés aux chats sont très violentes et détaillés. Parfois une ou deux pages entières sont dédiées à ce seul fait. Ce livre est extrêmement dur, à plusieurs reprise je me suis demandée comment le récit allait s'achever car vers la fin le chat est vraiment tout seul ! Heureusement l'auteur retombe parfaitement sur ses pattes nous offrant un récit parfaitement dosé et ce de bout en bout.

Je tiens à saluer mes amis de lecture : Chopin, Ébène, Goudron, Zaza, mamie Ange et Ronron. Je conseille vivement la lecture de ce livre qui parvient à dire d'un miaulement l'indicible. Encore une fois, un grand merci !
Commenter  J’apprécie          150
Sur cette île, des humains semblent convaincus que les chats noirs portent malheur. Afin d'éliminer ces mauvaises influences, ils tentent de rallier leurs concitoyens à leur cause. La chasse est ouverte, mais la résistance tente de s'organiser.

Cette histoire est une allégorie, à la manière de 'Matin Brun' (courte nouvelle de Franck Pavloff). Ici la désignation de boucs émissaires sert aussi à une tentative de prise de pouvoir. Jalousie, peur et crédulité sont les terreaux fertiles à une telle stratégie, et présentes en permanence. le parallèle entre les Juifs de l'Allemagne des années 1930 et 1940 et les chats noirs de ce conte est évident, tout au long de l'intrigue.

L'ouvrage reste cependant léger et facile à lire, y compris par des jeunes qui s'en tiendront peut-être au premier degré. Après tout, ici ce ne sont "que" des chats qui meurent, et des lueurs d'espoir persistent jusqu'à la fin du livre. Quelques scènes d'action "tarte à la crème" donnent au récit un côté loufoque qui en amusera certains - elles m'ont un peu agacé par leurs excès. Ceci n'empêche cependant pas une réflexion sur les sentiments et instincts humains, qui malheureusement se prêtent bien au renouvellement de telles histoires, ainsi que le conclut l'auteur dans son épilogue : « Dans le fond de mon coeur, je sais toutefois qu'ici, sur cette île, comme ailleurs aussi, les chats oublient, les hommes oublient, et la folie ne demande guère qu'à s'embraser à nouveau. Et tout recommence... »
Commenter  J’apprécie          170
Au départ, personne n'avait remarqué. Pourtant Soyeux, Saltimbanque, Othello, Ramsès et les autres chats avaient bel et bien disparu. Mais notre héros a d'autres chats à fouetter. La taverne de poisson à dévaliser et surtout, son rendez-vous avec Graziella, la jolie chatte blanche avec qui il file le parfait amour. Pourtant bientôt, il est le témoin d'une scène terrible: un chat noir est enlevé, par un drôle d'homme avec une casquette à carreaux. Il tente de prévenir ses camarades chats des rues que quelque chose d'anormal se passe, mais personne ne se rend compte du danger. Il mène alors sa petite enquête et découvre un complot terrible: une organisation a programmé l'éradication de tous les chats noirs. Et l'argument est de poids: porte-malheurs depuis la nuit des temps, ceux-ci sont rendus responsables de tous les maux. le chômage, la crise, les accidents… Tout est dû à un chat noir dans le coin. Et le pire n'est pas là: il semblerait que les politiques, mais aussi de grandes compagnies, soient impliquées dans ce projet. Très vite, même la population s'y met. Commence alors la terrible traque pour notre pauvre chat noir qui n'a plus qu'un objectif: survivre.

Ce roman jeunesse est beaucoup moins simple et enfantin qu'il n'y paraîtrait à la lecture de la quatrième de couverture. Certes, on entre dans le petit univers d'un chat, où les animaux parlent, tissent des liens, s'amusent et sont jaloux. J'ai beaucoup aimé voir le héros s'insurger contre Rasmine, le magnifique chat angora blanc que l'on destine comme mari à sa bien-aimé Graziella. J'ai beaucoup aimé le voir épargner une souris ou un pivert parce qu'il est dans un bon jour, ou léchouiller l'oreille d'une jolie minette. C'est frais, plein de charme et on les entendrait presque ronronner ou feuler lorsqu'ils se brûlent la queue pendant une attaque.
Mais ce qui m'a le plus surprise, c'est la noirceur dans laquelle le récit bascule et la fable du racisme et même du fascisme à peine dissimulée qui se met en place. Les brigades, les dénonciations, la collaboration, les affiches de propagande, aucun détail ne manque pour reconnaître une société totalitaire bien réelle qui se livre à un massacre en règle d'une catégorie précise d'individu. La critique est sévère: la corruption des puissants et la manière dont la population manipulée accepte ce massacre sont tout à fait poignantes, et lorsque même les chats qui ne sont pas noirs ferment les yeux sur la situation, on ne peut que constater l'amère pertinence du titre.
Et c'est probablement là la grande force de ce roman: arriver à créer ce malaise de voir ce monde félin si mignon et enfantin gagné par une humanité brutale et grinçante. Il y a un peu de Maus dans ce contraste froid. J'ai souvent eu envie de crier “mais noooooon pas ça à mes petits minous!!!” car certaines scènes sont réellement dures: on les voit se débattre dans des sacs, plonger dans des lacs de chaux vives ou noyés dans des hammam. La mort de Goudron, le malheureux chat qui ne voulait que rejoindre sa petite maitresse, est une apothéose de pathos qui m'a réellement retourné et mis un coup au coeur. Passer par l'attachement à nos petites bêtes pour faire réagir sur la bêtise humaine de masse est décidément très efficace.
Lien : http://mabouquinerie.canalbl..
Commenter  J’apprécie          90
Fondamental, « le Dernier chat noir » d'Eugène Trivizas est un classique à l'aube née. Crucial, palpitant, ce récit remporte la palme d'une subtilité hors pair. « D'abord disparut Soyeux. Puis Saltimbanque. Puis encore Miauleur, Othello, Ramsès, Moricaude, Sardanapale, et Bisous. » Cette fable animalière est menée d'une main de maître. L'anthropomorphisme est de finesse et d'excellence. Nous sommes dans la cour des grands. Sociétale, politique, cette satire est une piqûre de rappel. le jeu narratif est impressionnant. Ce sont les chats qui, ici, content l'évènementiel advenu sur cette île où au préalable, chats et humains cohabitaient tout en amitié et tolérance. Symbole quand tu nous tiens ! Jusqu'au jour où, un groupuscule d'hommes décide de l'anéantissement des chats noirs. La parabole est vive. « -Nous souhaiterions le concours du gouvernement dans notre combat contre la guigne ! répondit Gui Della Gomina. - C'est -à-dire ? -Nous avons bon espoir que vous nous aiderez à éliminer tous les chats noirs de notre pays. » Loukoum au pelage noir est celui qui fédère les autres, dont la parole est reconnue. Il va mener un combat d'enfer contre les habitants hostiles aux chats noirs. Un contre-pouvoir prend forme. Néanmoins les uns après les autres, tous meurent sous d'atroces tortures, noyades, affamés et abandonnés par leurs maîtres. On ressent un trouble. Nous sommes dans les affres du mal. A l'instar des relents fascistes, racistes. On imagine Matin Brun de Franck Pavloff, Maus de Art Spiegelman. On relève les signaux de délation, de génocide. « La plupart des hommes étaient gagnés par une haine généralisée pour tout ce qui revêtait la couleur noire. » Certains chats sont des traites, d'autres veulent changer de couleur, devenir blanc comme neige. Les diktats d'une société, microcosme d'un monde en danger. Dictature, oppression, la liberté de conscience bafouée, les chats sont des boucs émissaires, des cibles. Tous les habitants vont monter crescendo dans leur haine. Il ne s'agit plus de chats noirs mais de tous les chats. Plus un seul sur l'île telle est la consigne. L'avilissement d'un peuple par des discours, tous les chats sont tués. L'horreur monte en puissance. Attention ! nous ne sommes pas dans une littérature tourmentée à l'extrême. Il y a des sourires, des amours, de la tendresse, de l'humour aussi. La concorde entre les chats est la République des coeurs. Ce qui est plausible et réalisable et qui maintient en vie : la résistance, la solidarité. La littérature ici est oeuvre. La profondeur intrinsèque d'une fable roue de vie. L'homme est la caricature des doctrines nauséabondes du monde. Les degrés de cette histoire sont des bravoures. « Mais en dehors de cela, la plupart des hommes étaient gagnés par une haine généralisée pour tout de qui revêtait la couleur noire. Ils voulaient tout blanchir. Ils voulaient que tout soit blanc, plus blanc que blanc. Comme si la folie du blanc les avait pris. » Il y a une sacrée morale dans ce grand livre. « En accusant les chats de tous les maux de l'île, ils trouvent là la parfaite excuse de leurs échecs, de la récession du pays. » « le Dernier chat noir » est un avertissement pour tout à chacun. « Apprendre à toujours se méfier » comme le disait Prosper Mérimée. Magistral, culte. Offrez ce livre, glissez le dans les bibliothèques, les écoles, qu'il soit lu et étudié par tous. C'est un devoir de lecture. Magistral, incontournable. « Déjà traduit dans plus de dix langues enfin traduit en français ! » Traduit du grec par Michèle Justrabo, illustré par Léa Djeziri. Publié par les majeures Editions du Jasmin, c'est une chance inouïe.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
Ricochet
01 avril 2014
Le dernier chat noir est un livre pour tous, divertissant, qui avance tranquillement vers la dernière ligne, avec humour et beaucoup de phrases rythmées où le son (ch comme chat) importe.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Quels animaux êtes vous ? s'enquit un jour le vieux cheval à la patte blessée, dont les yeux malades ne voyaient plus très bien.
- Des chats.
- Noirs ?
- Oui.
- De ceux qui portent la poisse, à ce que l'on dit ?
- De ceux-là ! Mais ce que l'on dit n'est pas vrai...
- Je le sais bien.
- Qu'en sait-tu ?
- Les hommes disent n'importe quoi. Il ne faut pas leur en vouloir. Ils croient dur comme fer, les insensés, que les fers à cheval portent chance, mes chères petites oies...
- Mais nous ne sommes pas des oies ! Nous sommes des chats.
- Moi, par exemple, mes chers petits minets, j'ai quatre fers aux pattes, et voyez où j'en suis ! Vous me voyez ou non ? Une patte folle, des yeux foutus, un avenir opaque...
Les fers à cheval portent chance ? Ah ! Laissez-moi hennir ! »

p. 164 - 165.
Commenter  J’apprécie          110
- Un mensonge, si nombreux soit-on à le défendre, reste toujours un mensonge. Comprends-le bien. Mets-toi ça dans la tête ! Ce n'est pas vraiment si difficile que ça !
- Un mensonge auquel tout le monde croit ne diffère en rien d'une vérité. Il engendre exactement les mêmes résultats. Il te fait souffrir vraiment. Il te tourmente vraiment. En d'autres mots, une vérité mensongère ne diffère en rien d'un vrai mensonge.
Commenter  J’apprécie          200
Tout est si calme... si tranquille... si paisible...
Comment est-il possible, me dis-je, que soit survenu ce qui est advenu. J'essaie de me persuader moi-même que jamais, au grand jamais, rien de tel ne peut se produire à nouveau... Il n'en est pas question...
Dans le fond de mon cœur, je sais toutefois qu'ici, sur cette île, comme ailleurs aussi, les chats oublient, les hommes oublient, et la folie ne demande guère qu'à s'embraser de nouveau. Et tout recommence...

p 254.
Commenter  J’apprécie          100
"Ce n'est pas parce que tout le monde le dit que c'est la vérité. Ce n'est pas la vérité vraie ! La vérité est autre !
Quel sens a une vérité que tous nient ? Quelle valeur ? Quelle garantie ?"
Commenter  J’apprécie          150
Alors, pour la première fois, je pris conscience de l'ampleur du désastre. Les chats noirs avaient tous été exterminés. Y compris Ébène, mon adorée. J'étais seul. Absolument seul dans un monde cauchemardesque. Impitoyable, inconcevable. Sans ami, sans compagne, sans le moindre espoir. Maintenant, mon tour était venu. Ma propre fin approchait. Inéluctablement. Implacablement. Je n'avais plus ni la volonté ni la force de résister. Et plus un brin de courage. Il fallait bien l'admettre : nos persécuteurs avaient atteint leur but...
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Evgénios Trivizás (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evgénios Trivizás
Interview de Michèle Justrabo à propos de sa traduction du livre "Le Dernier Chat noir", d'Eugène Trivizas, parue aux Éditions du Jasmin. Interview réalisée en mai 2015.
autres livres classés : persécutionVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature jeunesse

Comment s'appelle le héros créé par Neil Gailman ?

Somebody Owens
Dead Owens
Nobody Owens
Baby Owens

10 questions
1513 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeunesse , littérature jeunesse , enfantsCréer un quiz sur ce livre

{* *}