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EAN : 9782070384228
224 pages
Gallimard (13/11/1991)
4.23/5   11 notes
Résumé :



« Il avait honte de revenir dans cet état, sous son lourd manteau et son képi. Il avait fondu, il allait le dos courbé à petits pas. Je n'ai même pas pu lui laver les pieds : ils étaient blessés et pansés. Le fusil encore sur l'épaule, voilà comme il est revenu ! Quand ils n'ont plus eu besoin de lui ils l'ont laissé partir sans soins. Son ventre était tailladé par les coups de baïonnette et les pansements secs avaient épousé les plaies. De g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le récit poignant d'Azzedine, qui fit le choix d'être Harki, non par conviction politique mais pour nourrir sa famille.
Même famille qui le renia à la fin de la guerre, d'autant plus qu'il avait épousé Meriem, répudiée par son premier mari car elle n'était pas tombée enceinte au bout d'un an de mariage.
Durant ce magnifique roman, on suit le destin d'Azzedine et de sa famille durant la guerre puis son parcours en France où il devint chauffeur de bus.
Une vie marquée par l'intolérance et le racisme.
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Cru et poignant, le destin d'une famille de harkis de 1959 à 1989.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/09/02/note-de-lecture-le-harki-de-meriem-mehdi-charef/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand Meriem s'approcha du chêne, il la débarrassa de la cruche et du tajine et lui proposa de servir les autres. Tout pour qu'elle le voie, le remarque une seconde. Il eut des remerciements et enfin le regard noir et mystérieux se posa sur lui.
Alors il décida que c'était avec ces yeux-là que désormais, il voulait voir le monde.
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Un bruit de moteur à cette heure dans le désert de Reims surprenait. Sélim leva le pied en traversant la large avenue à deux sens. Le véhicule, une 403 marine qui, maintenant, apparaissait sur sa droite, accéléra dans sa direction. Alors qu’il y avait place pour éviter le piéton, le moteur rugit de plus belle et fonça droit sur lui. Le jeune homme sortit de ses pensées et se jeta hors de la chaussée. Les trois occupants de la voiture hurlèrent leur colère. Ils étaient passés si près de leur but. Sélim a vu leurs yeux. Surtout ceux d’un fin à moustache cachant des joues creuses, assis sur la banquette arrière. L’autre, un châtain clair qui avait visé Sélim avec son mégot en hurlant de toutes ses tripes « sale crouille », était à côté du chauffeur.
Au feu du coin de l’avenue, la voiture folle souffla le rouge. Immobile sur le trottoir, Sélim rageur pointa son majeur vers le ciel. Le fin du siège arrière lui répondit d’un geste nerveux et arrogant, invitant Sélim à les suivre s’il était un homme. Dans l’élan, la 403 disparut dans le silence de la nuit. Après la colère et l’impuissance à répondre à la provocation, Sélim, mortifié, reprit son souffle. Malgré lui sa différence lui revint. Il laissa Ginette et Pierre. Il savait qu’avec un visage plus clair il rentrerait tranquillement chez lui. Il n’était pas d’ailleurs et ne se sentait pas d’ailleurs. Sélim n’imaginait pas d’issue de secours, ville ou pays de retour. Il était de Reims, de France, depuis la clinique Saint-Charles où il était né. Il avait même de la peine à l’idée qu’il pourrait un jour quitter cette ville qu’il aimait tant, à laquelle il avait donné une première place de français au concours général et un podium au championnat de France cadets de fleuret à Coubertin.
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À son tour il appuya sèchement son poing sur la bouche de Sélim et dit en grimaçant :
– Tes papiers, on veut voir tes papiers c’est tout, bon ! C’est sûr que tu vas prendre une branlée de première, même que tu ne pourras pas te regarder dans une glace pendant longtemps. Seulement – il leva le doigt -, seulement si tu as la modestie de rester crouille et fils de crouille. Parce que tu n’es que ça et les crouilles, on n’en veut pas, même avec une tronche bariolée de bleu blanc rouge… T’entends ?
Il mit le doigt sur son oreille et pencha ses yeux rouges. En guise de réponse, il tira les cheveux du frisé.
– Pauvre con ! lui jeta Sélim.
Le châtain s’essuya les lèvres et reprit :
– Si par malheur tu as une carte d’identité française on te fait la peau, on ne veut pas de basanés dans les mêmes registres que nous. Bicot tu es, bicot tu resteras. Tes papiers ?
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En cette fin des années cinquante, les mots « guerre » et « indépendance » n’existaient pas dans cette campagne. Il était loin d’Alger et des Aurès. Et puis il s’en fichait, Azzedine, de savoir s’il y aurait guerre ou indépendance, donc s’il finirait gradé ou les couilles dans la bouche. Il ne s’engagea pas contre quelqu’un, il s’engagea contre la terre : le ventre aride de sa terre. Le soleil avait même séché la rivière qui traversait le domaine et tous passaient leur temps à prier que vienne la pluie. Le sol était si dur, si craquelé que même les serpents le fuyaient. On en trouvait sous son lit, attirés par l’ombre et la fraîcheur des chambres. Les champs de légumes ressemblaient à des terrains de boules ! Les arbres donnaient des fruits sans jus, comme une mère allaiteuse aux seins taris. Les animaux étaient emmenés loin, très loin, quand ils n’y allaient pas d’eux-mêmes, vers des rivières encore humides. Et quand le soir, Azzedine voulait les ramener, les bêtes refusaient de quitter ce peu d’herbe, ces quelques flaques. Alors, Azzedine y allait à grands coups sur le dos des vaches, jusque sur les flancs des veaux, qu’il cognait ! Peine perdue ! … Et il dut prendre l’habitude de traire les deux vaches sur place. Son frère Driss venait sur l’âne récupérer le lait. Lui, Azzedine, passait la nuit ici.
Une terre où il n’y avait plus qu’à crever, c’est ce qu’Azzedine se répéta pendant ses trente années d’exil. Et comme il ne lui restait plus que sa vie, il l’avait donnée pour les siens.
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– Sélim, c’est quoi, un harki ?
– Pourquoi tu me demandes ça ?
Elle avait neuf ans quand elle posa la question à son frère. Ses parents l’avaient inscrite dans une colonie de vacances à la mairie et le règlement ne tolérait que deux enfants étrangers par groupe d’une vingtaine d’enfants français. Les immigrés, désireux d’inscrire leurs enfants à une section, s’alignaient, dès l’aube, en une longue queue devant la porte de la mairie. Ils venaient par centaines pour douze places. Dans le groupe de Saliha, il y eut trois heureux élus. Un petit Marocain, une petite Tunisienne et elle, Saliha, parce qu’elle est fille de harki, qu’ils disaient, jaloux, les mômes d’immigrés, à la communale.
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