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EAN : 9782918719977
Editions du Riez (17/05/2016)
3.88/5   13 notes
Résumé :
Roman de Patricia LE SAUSSE
Collection Brumes Etranges
370 pages
Illustration de couverture : David LECOSSU

4ème de couverture

Basile n’a pas choisi la vie d’exclu qu’il vit à cause du métier de son père, bourreau dans le comté de Provence en cette année 1268. Il n’a pas voulu non plus devenir son apprenti. Quand il découvre qu’il possède le don de ressentir les émotions des gens qui l’entourent, de se les appropr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Basile n'est pas un garçon comme les autres. C'est le fils du bourreau : lui et sa famille sont des parias, souillés par le métier de son père. Personne ne veut les approcher. Personne ne peut toucher leurs possessions. Et eux-mêmes ne doivent poser la main sur rien qui appartienne à autrui. Ils sont hués, moqués, critiqués… Et voilà que Basile, qui commence son apprentissage, se découvre progressivement une empathie qui défie l'entendement… Ainsi qu'une étonnante capacité à influencer les émotions d'autrui. Est-ce là l'occasion de se venger ?

Le résumé avait vraiment tout pour me plaire. J'y voyais là l'occasion d'étudier plusieurs problématiques qui me touchent : le racisme, la haine, le contrôle de soi, le rapport au monde et aux autres… J'ai été plutôt déçue.

Que je m'explique !
Premièrement, l'histoire n'est pas vraiment partie dans le sens que j'espérais. Il est parfois bon de se laisser surprendre par l'auteur, mais en ce qui me concerne, c'était une mauvaise surprise. J'attendais quelque chose de plus psychologique, un livre qui évoque des problèmes de société, les limites intellectuelles de la superstition, la nature humaine, la dichotomie du bien et du mal, la relation à autrui… Mais le Jarwal est plus axé sur L'Histoire : il y a beaucoup de descriptions qui ont pour but de nous immerger dans le Moyen Âge du 12e siècle. C'est une très bonne chose, mais c'était trop : j'ai sauté plusieurs paragraphes, impatiente de voir les choses avancer.
Au niveau psychologique, je n'y ai pas du tout cru. L'auteure a fait un choix très étonnant et quelque peu discutable : créer un double immatériel du protagoniste qui symboliserait la somme de ses noeuds internes : son pouvoir naissant (source d'angoisse) et sa relation à autrui (plutôt conflictuelle). Ayant grandi dans une ferme, Basile est un solitaire contraint qui ne rêve que d'être aimé. Mais impossible de se faire des amis quand on est le fils d'un bourreau. Le rejet auquel il est sans cesse exposé est une blessure purulente. Ce double, qui apparaît très tôt dans l'histoire, sert de bouclier : c'est lui qui conserve le pouvoir et scelle les plus puissantes émotions de Basile. Tous deux ne pensent pas de la même manière : le double avec ses émotions, et le héros avec sa raison. Le fait qu'ils soient sans arrêt en désaccord prouve bien que Basile est un être déchiré et qu'il ne sait pas encore quel chemin prendre : la vengeance ou le pardon ?
Les dialogues entre ces deux-là étaient pénibles, parce qu'ils ralentissent le rythme de l'histoire pour pas grand-chose.
Par ailleurs, le pouvoir de Basile a quelque chose de très mécanique et d'exagérément visuel. Il voit distinctement les émotions d'autrui flotter dans l'air, se comporter comme des créatures conscientes, et son double peut les attraper pour les redistribuer à sa guise. Pour un pouvoir d'une telle nature, j'ai trouvé que ça manquait de subtilité. Les émotions sont tellement complexes, ça ne peut pas être si simple que « j'attrape ce sentiment de colère qui flottait par-là et je le balance sur ce type qui passait dans le coin ».
Et puis les rebondissements ont définitivement éloigné l'histoire de la ligne que j'espérais. Car le fil rouge de ce roman n'est pas la psychologie, la société ou la question du rapport à autrui, mais les origines génétiques de cet être de papier qu'est Basile. Qui est son père, qui est son grand-père, qui est son clan… Voilà les principales questions que nous sommes en droit de nous poser – le reste est superflu.
Pour toutes ces raisons, je pense que Patricia le Sausse est passée à côté de son sujet.

Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Non seulement l'histoire était frustrante, mais les personnages également.
Basile est très prévisible : toutes les émotions qu'il éprouve (auto apitoiement, colère, haine, vengeance) coulent de source parce qu'il manque de profondeur. Pis : il sombre dans le pathos avec une régularité irritante. Ses dialogues internes avec son double sont plats, sa vision des choses est d'une simplicité décourageante et son charisme est nul.
Il en va de même avec les personnages secondaires : ils m'ont si peu marquée que je ne m'en rappelle qu'à peine. Le pire, à mes yeux, était Amauri. Je n'apprécie que très modérément les enfants dans la littérature, et celui-ci cristallise cette allergie avec une redoutable efficacité. Il rassemble tout ce que je peux leur reprocher : il se mêle de ce qui ne le regarde pas, met les autres dans le pétrin à cause de sa curiosité maladive, essaye de se comporter comme un adulte et n'arrive qu'à avoir l'air prétentieux, se montre insolent, se croit très certainement plus malin que tout le monde...
Mais ce n'est pas ma plus grande déception. Pendant la majeure partie du récit, je me suis prise à espérer qu'il n'y ait pas d'histoire à l'eau de rose. Ces Amours Parfaites (si loin de la réalité !) sont tellement standards et évidentes que je ne veux plus en entendre parler. Je ne comprends pas pourquoi on continue à nous vendre ces princes et princesses magnifiés par leurs sentiments. Pourquoi est-ce qu'on nous fait courir après des chimères ? J'entends bien que ça fasse rêver, mais de la mesure avant toute chose !
Pour cette raison, j'étais plutôt contente de voir que Basile ne semblait pas s'intéresser aux jeunes filles. Et puis, passé les trois quarts du récit, voilà qu'il tombe sur la femme de sa vie. Mes espoirs se sont écroulés. Elle est belle, douce, intelligente, magnifique et parfaite ; ses longs cheveux noirs, ses yeux dorés, ses lèvres, sa peau ! Cette fille est un stéréotype. La seule chose qu'on retient d'elle c'est son irréprochable apparence. Leur relation n'a aucun intérêt puisqu'ils confessent leur amour après seulement deux semaines et que pour nous, il ne s'est passé que quelques dizaines de pages entre leur rencontre et la conclusion de leur histoire. Comment pourraient-ils s'aimer ? Ils ne se connaissent même pas. Le pire, c'est que cette romance fait écho à celle des parents de Basile, qui vivent encore une relation merveilleuse après presque vingt ans de vie commune. Le personnage de la mère, surtout, est particulièrement idéalisé.

Je pourrais continuer en ergotant sur l'écriture, qui ne m'a pas plu, mais je préfère passer à autre chose. Fort heureusement, cet avis n'engage que moi, et je constate que bien d'autres personnes ont apprécié le Jarwal. Tant mieux. Malgré ce billet très négatif, je souhaite à l'auteure, dont c'est le premier livre, de trouver son public.
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C'est grâce à son auteure – Patricia le Sausse – que je remercie, que j'ai eu l'occasion de me plonger dans le Jarwal, publié aux éditions du Riez.
C'est un bel ouvrage assez épais et bien dense qui est arrivé dans ma boîte aux lettres et qui m'a offert quelques heures de belles émotions dans une Provence historique.

Le Jarwal, c'est quoi ? Voilà un terme bien mystérieux qui ne nous sera pas expliqué immédiatement. On se doute – utilisation du singulier oblige – qu'il s'agit de quelque chose (ou quelqu'un) de rare et on comprend vite que cette chose (ou cette personne) est liée à notre jeune héros Basile.
Le jeune homme, à l'aube de ses 17 ans, est un garçon bien particulier, très sensible et quasiment unique en son genre. Pour moi, la vraie force de ce livre, c'est lui. En découvrant le résumé de quatrième de couverture, c'est l'aspect fantastique qui m'intriguait mais c'est vraiment la personnalité et l'évolution du personnage principal que je retiens aujourd'hui, quelques jours après avoir terminé ma lecture.

Basile est le fils unique du bourreau du village. Il vit avec ses parents, à l'écart de tous car à cette époque (au XIIIe siècle donc), ce métier était une malédiction que l'on se transmettait de père en fils. Quiconque touchait le bourreau et son entourage, entrait dans sa maison ou utilisait des objets qui étaient auparavant passés entre les mains de la famille maudite, était à son tour frappé par l'opprobre générale. Notre jeune héros, sensible à son environnement, peine à accepter le rejet dont sa famille et lui souffrent depuis toujours. Et les choses vont de mal en pis depuis qu'il ressent intensément les émotions des personnes l'entourant.
La vie quotidienne est difficile mais tout s'accélère le jour de l'exécution d'une femme accusée de sorcellerie et condamnée à la noyade. Devant aider son père, Basile assiste à la scène aux premières loges… mais son empathie est telle qu'il a l'impression de se noyer lui aussi. L'exécution ne se déroule pas comme prévu, les villageois et le seigneur du coin sont furieux et retournent leur colère contre l'adolescent et sa famille. Un inquisiteur entre également dans la danse, c'est le début d'une course-poursuite terrifiante et qui semble sans fin pour notre héros.
Au cours de sa fuite, Basile va devoir se cacher, ruser, faire confiance à des inconnus, surmonter des deuils… et évidemment apprendre à contrôler son nouveau pouvoir intimement lié à ses émotions. Patricia le Sausse met ainsi en avant la dualité de la personnalité de son personnage : à la fois gentil garçon éduqué dans le respect et l'amour de son prochain et en même temps, ressentant une haine et un mépris croissants pour tous les autres, tous les villageois ayant contribué à son bannissement de la société depuis sa naissance. Son don peut lui permettre de se faire justice lui-même, mais jusqu'où va le Bien, où commence le Mal ? Finalement, qui est-il vraiment ? Ce petit garçon généreux et brillant ou cet autre garçon, épris de vengeance, à la limite de la cruauté ?

Si Basile vit une aventure assez haletante et rythmée, j'ai tout de même ressenti une petite baisse de régime au milieu du texte avec l'impression que le héros tournait un peu en rond. Heureusement, l'évolution de sa personnalité et donc les passages introspectifs m'ont tellement plu que je ne me suis pas trop attardée sur ce petit bémol qui est d'ailleurs vite effacé par de nouvelles rencontres.
Ces nouveaux personnages que l'on croise vont mener le héros sur les traces de son passé et à nouveau, j'ai ressenti une belle curiosité et un bel engouement, pressée d'en savoir plus. C'est d'ailleurs auprès d'eux que se déroulent la dernière partie de l'aventure de Basile, dernière partie qui offre des scènes plus épiques dans lesquelles le pouvoir du jeune homme a toute son importance.

Un personnage principal bien croqué et des figures secondaires qui ne déméritent pas, une intrigue plutôt bien menée dans son ensemble… et enfin un contexte parfaitement maîtrisé. Voilà un autre point fort de cette lecture, à mon sens.
Patricia le Sausse s'est documentée sur la période et la région dans laquelle elle plaçait son histoire et a poussé les recherches au sujet du métier de bourreau au Moyen Age. C'est grâce à de nombreux détails bien placés que le lecteur parvient à être transporté dans ce contexte si particulier, sans non plus être complètement noyé par des descriptions interminables.
Certaines scènes sont magistralement écrites, je pense notamment à la fuite dans le marais qui m'a serré le coeur. Les larmes n'ont pas été loin de couler également lors du dénouement, lorsque Basile réapparaît sur la place après son combat. Les scènes sont palpables, c'est assez fort en émotions. Merci à l'auteure pour ça !

Plus qu'une histoire avec des éléments surnaturels, le Jarwal est pour moi une aventure très humaine au cours de laquelle Basile va grandir, faire des choix pas toujours heureux et surtout apprendre qui il est vraiment ; le tout dans un contexte historique maîtrisé. Une belle découverte !
Lien : http://bazardelalitterature...
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La magnifique couverture de ce livre – réalisée par David Lecossu – avait déjà attiré mon regard, mais c'est la chronique de Maureen du blog Bazar de la Littérature, puis ma rencontre avec l'auteure à Valjoly'maginaire qui m'ont décidée à tenter l'aventure et à me plonger dans ce roman.

On suit les pas de Basile, jeune homme vivant en France au Moyen-Âge. Fils d'exécuteur, son avenir semble tout tracé. Il commence son apprentissage en tant que bourreau, mais un obstacle de taille l'angoisse : il ressent les émotions des gens qui l'entourent et surtout, il les voit. Tout va changer pour lui le jour de sa première exécution. Il se rend compte petit à petit qu'en plus de voir les émotions, il peut les manipuler à sa guise, tant qu'il en a en réserve. Après un drame familial, il doit fuir sa maison et un long périple commence, dans lequel il découvrira ses pouvoirs tout en apprenant à se connaître lui-même.

Le Moyen-Âge est une période qui m'a toujours fascinée. L'auteure a fait un travail de recherche incroyable pour nous dépeindre au mieux la vie quotidienne de cette époque. Que ce soit le travail, le commerce, les voyages, la religion, tout est décrit en détail pour que le lecteur puisse avoir une image précise de l'organisation de la société et des relations humaines de l'époque. J'ai trouvé que le roman valait déjà la peine d'être lu rien que pour la précision et la rigueur de la fresque historique qui nous y est présentée !

J'ai apprécié suivre Basile dans sa quête et surtout dans sa découverte du mystérieux pouvoir qui l'habite. Il a un parcours assez atypique, puisque c'est un jeune homme lettré, sans pour autant être de la noblesse, qui doit cacher son identité de fils de bourreau à tous pour ne pas être rejeté. À cause de son enfance exclu de la société, il a beaucoup de mal à faire confiance aux autres, ce qui le met dans des situations assez embarrassantes et qui l'empêche de se construire un cercle social. Il a toujours l'impression qu'on veut juste se servir de lui et préfère une vie solitaire à un quotidien de servitude. Une colère contre l'attitude incompréhensible des gens gronde en lui, et c'est en partant de chez lui qu'il va apprendre à s'ouvrir au monde et à le comprendre. C'est un protagoniste très contrasté, qui va énormément évoluer au fil du récit.

L'intrigue est très prenante ! Basile est recherché par beaucoup de gens (pas toujours bien intentionnés) et il doit souvent se cacher. Son pouvoir lui est utile dans sa fuite, mais comme il ne le maîtrise pas encore bien, il ne va pas non plus le sauver à chaque fois. En plus d'un récit rythmé en péripéties, de nombreuses révélations sur Basile et ses origines accentuent la trame narrative, ce qui donne un roman qu'on n'a pas envie de lâcher !

Même si j'ai beaucoup aimé l'histoire de ce roman, j'ai trouvé qu'il y avait parfois un peu trop de « hasards heureux » dans l'intrigue. Basile, tout en étant en fuite et poursuivi par de nombreuses personnes, a toujours beaucoup (trop?) de chance dans les rencontres qu'il fait et dans les lieux qu'il visite. Par exemple, son père lui avait parlé d'un oncle à Arles qu'il pourrait rejoindre : il s'avère que sans connaître ni son visage ni son prénom, il le croise sur la route, alors qu'Arles est une très grande ville pour l'époque et qu'il lui aurait fallu plusieurs jours, voire semaines, pour le retrouver. Ce sont des petits détails qui font avancer l'histoire plus vite, mais j'ai trouvé qu'ils sont un peu trop fréquents.

J'ai aussi beaucoup aimé la plume douce et agréable de l'auteure. Un flux d'émotions n'est pas une chose facile à décrire, mais Patricia le Sausse n'hésite pas à prendre son temps et à détailler les scènes qui se déroulent sous nos yeux avec précision. Elle arrive aussi à doser parfaitement les moments d'action et de discussion/révélation. À la fin du roman, le lecteur a des réponses à toutes les questions qu'il s'est posées durant le récit, ce qui est trop rarement le cas !

Une belle fresque historique, très documentée, mêlée à une histoire fantastique. J'ai adoré découvrir la société moyenâgeuse et partir sur les routes avec Basile, à la recherche d'explications sur son mystérieux pouvoir et ses origines. Un récit très prenant que je recommande!
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Le Jarwal est un roman de fantasy assez original traitant de la maîtrise des émotions sur fond de vie moyenâgeuse avec ses bourreaux, ses seigneurs et ses paysages provençaux. Un véritable voyage dans le temps pour le lecteur avec une touche de surnaturel suffisamment subtil pour ne pas encombrer l'ensemble de l'intrigue. Un roman intéressant, bien écrit, justement amené, le seul reproche sera l'attitude parfois immature du héros dans certaines situations.

Basile est un jeune homme seul vivant isolement avec son père et sa mère, fils de bourreau et nouvel apprenti de celui-ci, il est rejeté par les autres habitants du village à cause du métier de son paternel et de ce qu'il représente : un exécuteur, un tueur. Depuis quelques années, Basile ressent des choses, de drôles d'émotions émanant des autres, il décide pourtant de ne rien dire, ayant trop peur qu'on le catalogue de sorcier et à son époque la sorcellerie est punie de mort. Pourtant, lors d'une exécution où il y assiste en tant qu'apprenti, quelque chose tourne mal, Basile ne contrôle pas le flot d'émotions ressenti par la victime et chose étrange, les habitants commencent à se battre entre eux, mais rapidement le calme revient et les habitants voit l'oeil du démon dans cette subite bagarre. La famille du bourreau est menacée et Basile se retrouve seul à affronter la chasse de l'inquisiteur dont il n'est autre que la proie.

Le roman tourne essentiellement autour du personnage de Basile et d'un autre qui l'accompagne dans son périple pour sauver sa peau et retrouver la famille de sa mère. Basile est un personnage assez fort, tenace mais aussi fragile et parfois même immature. Un personnage complètement perdu par ce qu'il ressent, son empathie qu'il peine à maîtriser et l'évolution du personnage de ce côté là est relativement passionnante à suivre. Jusqu'à la fin on ne sait pas s'il prendra la bonne décision ; se laisser déborder ou contrôler ce raz de marré de sentiments. S'il y a un reproche à faire à ce personnage, c'est son côté un peu « Caliméro » ou « personne ne m'aime alors je fuis », évidemment que l'on comprend son mal être, lynché toute sa vie sous les brimades des villageois, rejeté par tous, difficile d'avoir confiance en soi dans ces cas là, mais c'était parfois un peu excessif et surtout redondant dans le récit. Basile est presque un homme et plus un enfant, on attend donc un minimum de maturité dans ses réactions. Heureusement, le personnage va évoluer, plus particulièrement sur la fin du roman, notamment grâce à ce personnage mystère qui l'accompagne nettement plus terre à terre, plus sarcastique et vindicatif aussi, un contraste intéressant entre les deux qui vont évoluer l'un avec l'autre.

Basile croisera d'autres personnages, notamment celui d'Amauri, un gamin très attachant, fouineur et bien trop téméraire pour son âge, il apporte une grande touche d'humour à cette histoire quelque peu dramatique. Ensuite, il y a Gauvin et Héloïse, les parents très aimants de Basile, Clotaire, un parent qui pourrait bien l'aider dans sa quête de lui-même, et bien d'autres encore, des rencontres dont il se méfiera toujours au premier abord, Basile ayant du mal dans les échanges avec les autres et ayant beaucoup de mal à faire confiance aussi.

Il y aussi dans ce roman une ambiance bien particulière, très intimiste finalement. On est plutôt dans quelque chose de lent, de psychologique et assez peu dans l'action, dans la vivacité des événements, même s'il y a des moments plus intenses que d'autres. Dans l'ensemble, le roman s'apprécie en prenant son temps et l'aspect psychologique est intéressant et très intelligemment traité. On s'immerge dans ce roman, dans l'empathie, la faculté propre du personnage de Basile, une espèce de pouvoir à double tranchant, difficile à gérer quand on est encore un jeune homme si peu expérimenté de la vie, et tellement tentant d'en usé pour obtenir le contrôle, le pouvoir, le respect des autres, asservir tout ceux qui ont pu vous nuire. Il y a une espèce de balancement entre les deux, Basile est au centre, tiraillé entre sa colère, son amertume et sa solitude d'un côté, et son besoin d'être aimé pour lui, d'être apprécier, utile de l'autre. Faire le mal ? Faire le bien ? Difficile de faire la part des choses quand on a la faculté de ressentir les émotions des autres, et de découvrir qu'on peut les manipuler pour les alléger comme pour les faire souffrir. Un aspect vraiment très enrichissant du roman qui pousse peut-être une réflexion plus profonde, sur la quête de soi d'une part, s'accepter, apprendre à se contrôler, à gérer ses sentiments, sur la tolérance vis à vis des autres aussi, doit-on abuser de quelque chose qui nous rendrait supérieur aux autres au détriment de leur bien être ? Ou au contraire, doit-on l'utiliser avec parcimonie pour soulager et aider son prochain ?

Le roman est plein d'idées et d'originalité et relativement riche pour un roman jeunesse. Il y a une certaine maturité, loin de l'innocence enfantine, bien que le personnage d'Amauri vienne le rappeler de temps en temps, le personnage de Basile se retrouve bien vite propulsé dans une chasse à l'homme qui le dépasse.

L'auteure a aussi effectué un travail dans le vocabulaire et les descriptions de l'époque et des paysages, on a l'impression d'y être, et elle su parfaitement intégrer du vocabulaire de l'époque, nous l'expliquer subtilement, enrichissant d'avantage son texte plutôt que de nous perdre dans des termes très particuliers qui ne sont plus utilisés aujourd'hui. Un vrai travail et un vrai effort d'écriture à saluer.

Le roman porte aussi une jolie couverture, l'éditeur encore une fois a fait un choix judicieux en publiant ce roman qui joue la carte de l'originalité, de la nouveauté et d'une ambiance un peu sombre et dur, caractéristique de la ligne éditoriale des éditions du Riez.

En bref, un roman fantasy qui se lit vraiment bien, qui nous imprègne d'une autre époque et nous baigne dans d'anciens paysages, qui nous fait ressentir un panel d'émotions positif comme négatif et une intrigue rondement menée avec son lot de révélations et de surprises, un ensemble donc très bien construit, il y a juste ce personnage principal qui m'aura un peu fait grincé des dents et auquel je ne me serai finalement assez peu attaché au profit des autres plus charismatiques à mon sens. Un nouveau roman des éditions du Riez à découvrir !
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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Ce qui m'a intriguée avec ce livre, c'est tout d'abord la couverture que je trouve magnifique ! Second point, bah la maison d'édition... Je savais d'avance qu'ils allaient me proposer une nouvelle histoire intéressante et intrigante. Et dernier point, c'est peut-être bête, mais le livre sortait le jour de l'anniversaire de ma mère, donc... Et je dois dire que j'ai passé de bons moments de lecture, même si je ne m'attendais pas à ça.

Basile est un jeune homme qui vit avec ses parents, dans un petit village. Sa vie pourrait être joyeuse, si son père n'exerçait pas le métier de bourreau, exécuteur. Ce métier très mal vu par tout à chacun, une fois la personne morte. Mais un métier applaudi dès qu'une sorcière est découverte. Un gros paradoxe que Basile a du mal à digérer. Et encore plus quand son père fait de lui son apprenti. Il ne veut pas devenir comme lui, être détesté de tous et donner la mort à des innocents. D'autant plus qu'il a la particularité de ressentir les émotions des gens, ce qui ne l'aide pas à se rapprocher des autres. Néanmoins, il ne le dit à personne, de peur d'être encore plus détesté, et vu comme un sorcier.

Mais le jour où son don est découvert, il est contraint de fuir sa vie et son village. Il doit trouver son clan, mais surtout essayer de maîtriser cette trop grande empathie qui vit en lui. À moins qu'il décide de jouer de ses dons et de les exploiter en dominant les autre et en manipulant leurs émotions... Après tout, ce serait une certaine vengeance pour tout ce qu'il a vécu, non ?

C'est une histoire qui a su me tenir en haleine jusqu'au bout, bien que je ne me sois pas autant attaché à Basile que je ne le pensais. Évidemment, il est touchant par ce qu'il vit, mais, je ne sais pas... il manquait un petit quelque chose pour que je ressente de l'empathie pour lui. Néanmoins, j'ai trouvé l'intrigue très bien menée et surprenante par des moments, surtout vers la fin, lorsqu'on a enfin les réponses aux questions... et pas forcément celles auxquelles on s'attendait.

Le roman est fait de telle sorte qu'il y a peu de temps mort. Il n'y a pas grandement d'action, mais le côté psychologique pallie très bien à cette absence. Basile se pose énormément de questions, d'autant plus qu'il va faire une rencontre assez particulière, qui va lui faire voir les choses d'une autre manière. D'ailleurs, cette rencontre, enfin ce personnage, je l'ai adoré. Il est sarcastique, drôle et têtu, ce qui ajoute un plus au récit. Je ne m'attendais pas du tout à ce personnage, et pourtant, il devient indispensable au fil des pages.

Basile va aussi rencontrer le petit Amaury, un jeune garçon qui n'a pas la langue dans sa poche et qui n'hésite pas à dire les choses, surtout celles qui font mal. C'est l'innocence d'un enfant. Bien qu'il soit intelligent et qu'il ait sans doute grandi plus vite que son âge, il reste un enfant et ne se rend pas forcément compte de la portée de ses mots. Il est vrai qu'il est agaçant à certains moments, mais on ne peut s'empêcher d'avoir un certain attachement pour lui par la suite.

Ce que j'ai aussi beaucoup apprécié dans ce roman, c'est qu'en plus d'être plongée dans une époque que j'adore suivre, l'auteure nous explique sans en faire trop, les quelques termes qui nous sont inconnus. On sent qu'elle a fait des recherches et c'est vraiment appréciable !

En résumé, c'est un roman qui m'a surprise avec les révélations de la fin, des personnages bien différents mais qui au final ont un même but, et une quête personnelle très bien menée. Basile est un personnage fort malgré tout ce qu'il a vécu, même si parfois, il ne prend pas les bonnes décisions. On le voit grandir au fur et à mesure, en compagnie de gens qui vont lui faire confiance. On se rend vite compte que le thème de bourreau, n'est pas le principal de l'intrigue, et j'ai adoré que l'auteure nous cache la vraie, pour avoir des surprises. Un roman que je conseille donc à tout le monde !

Justine P.
Lien : http://lireunepassion.blogsp..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La haine de l’homme envers l’exécuteur valait le mépris que celui-ci lui retournait. Basile sentait les deux volontés s’affronter. Surpris, il se rendit compte qu’il pouvait voir les émotions des deux adversaires. Pas simplement les ressentir, mais bel et bien les apercevoir. La colère du volailler, nuage orageux, sombre, se gonflait et se dégonflait au rythme de sa respiration. Elle jaugeait le dédain qui cernait Gauvin et se dressait haut et fier comme un bouclier infranchissable pour lui faire front. Les deux sentiments se défiaient, s’élançaient pour tester leur intensité. L’air tremblait autour d’eux comme par les journées de forte chaleur. La tête lui tourna. Que lui arrivait-il?
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Basile était tétanisé. Sa première exécution allait avoir lieu dans quelques heures. Après ça, il ne pourrait plus espérer exercer un autre métier. Il détailla la foule d’un air dégoûté, mais se reprit bien vite quand Gauvin revient vers lui et se planta, bras croisés et jambes espacées, devant son office. Surpris, Basile l’observa fixer la populace avant de comprendre qu’il affirmait ainsi son importance et les défiait de l’insulter à nouveau. L’exécuteur savourait l’instant, attendait son heure, le moment de passer à l’action.
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