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Elisabeth Gille (Traducteur)
EAN : 9782859407834
480 pages
Phébus (30/11/-1)
3.72/5   71 notes
Résumé :

Espagne, fin du XIVe siècle... Avram Espinosa Halevi, né d'un viol lors du saccage de Tolède, quitte son pays quand il comprend que sont pour jamais finis les temps d'harmonieuse tolérance qui voyaient depuis si longtemps, dans l'antique cité castillane, juifs et chrétiens vivre en belle entente.

Lui-même exilé de partout (mi-chrétien, mi-juif), il décide de s'en retourner en l'heureuse ville de Montpellier où il a fait ses études de médecine.... >Voir plus
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La capitale de la Castille était un centre de rencontres des érudits des trois religions monothéistes. Depuis la Reconquista, la tolérance religieuse connaît des hauts et des bas selon les règnes successifs, les Juifs et les Maures constituent des minorités religieuses et doivent vivre dans des quartiers séparés des Chrétiens.

Tolède 1369 - La Première Guerre civile de Castille se termine par la victoire d'Henri de Trastamare (Henri II) sur son frère Pierre Ier. Les vainqueurs de cette guerre fratricide dévastent tout sur leur passage et le Barrio de Tolède est mis à sac. Avram Espinosa Halévi est le fruit d'un viol. Sept ans passent, nouveau siège, Avram et sa mère sont contraints, sous la menace de l'épée, de reconnaître le dieu des chrétiens. Devenu médecin après des études à Montpellier, il revient chez lui pour soigner tout un chacun et est confronté aux frères Velasquez. L'un, Juan, riche marchand et débiteur d'Avram pour la naissance de son fils dans des conditions désespérées, l'autre, Rodrigo, cardinal de l'Inquisition, prêt à exterminer n'importe qui en échange du trône pontifical.

La haine des Juifs, qu'il partage avec le sinistre archidiacre Ferran Martinez, n'exclut ni les Halévi ni leurs amis. En 1391, la juderia de Séville est ravagée par des émeutes. Les villes de Castille et d'Aragon puis celles du nord connaissent le même sort. Les synagogues sont dévastées ou transformées en églises, comme la synagogue Samuel Halévi de Tolède.

L'emprisonnement, la torture, les menaces déguisées ou non, les impôts exorbitants, le port de la rouelle (ancêtre de l'Etoile de David) sont autant de moyens de vider les juiveries d'Espagne et de favoriser la diaspora, notamment vers l'Afrique du Nord.

Avram, marrane par obligation, n'a pourtant comme seule religion que la science. Tout au long de sa vie, il se posera les questions liées à chacune des religions et trouvera finalement un réconfort dans le judaïsme.

Avram Halévi quitte définitivement Tolède pour Montpellier où il devient doyen de la faculté de médecine, enseigne et met au point une cartographie des corps humains, résultat de ses multiples expériences de dissection et d'étude des corps. le fanatisme de Rodrigo Velasquez ne s'arrête pas à la frontière espagnole. Après la mort de sa femme et de sa fille, Avram se réfugie à Bologne où il assiste à l'émergence artistique d'une ville florissante et tolérante envers les Juifs fuyant l'Inquisition de toutes parts. Cette fois, il est retrouvé et jeté dans les geôles de Rogrigo Velasquez. Délivré, il doit s'exiler plus loin encore et il choisit Kiev où il pratiquera le commerce de l'argent jusqu'à sa mort.

La vie mouvementée d'Avram Halévi est aussi un prétexte pour retracer l'histoire tumultueuse de cette fin du XIVe s. et de la première moitié du XVe s. En Espagne, plus qu'ailleurs, le fanatisme religieux part à la dérive. En France et en Italie, la bataille des papes conduit au schisme de 1378. Avignon et Rome se terrorisent et s'excommunient à tour de bras et l'on cherche vainement où est passé l'enseignement du Christ.

Cette grande fresque médiévale balaie les moeurs des différentes communautés et notamment les raisons qui rendent épisodiquement les Juifs responsables de tous les maux. En fait, seule la religion juive permet le commerce de l'argent. C'est ainsi que, très souvent, le roi ou le prince utilise les services de Juifs instruits pour collecter les impôts, emprunter de l'argent, faire du commerce avec l'étranger, changer des devises. Certains occupent même de brillantes positions sociales décriées par les nobles et le clergé qui voient leur pouvoir affaibli.

Les pratiques de l'Eglise catholique divisée font également l'objet de pages instructives quant aux interdictions faites aux chrétiens envers les Juifs. Les guerres sans fin vident les caisses des états et les besoins sont considérables. La tolérance toute relative qui est accordée aux Juifs est donc liée à l'acceptation d'assurer ce service de prêt. Et encore, elle n'est limitée qu'à un très petit nombre.

Je remercie vivement Pecosa dont la liste « Romans historiques. A travers l'Espagne, du Moyen Age au XVIIe siècle » est à l'origine de cette lecture ébouriffante.
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Espagne, de 1391 à 1445.
Tolède est la capitale élue du peuple juif, exilé de la terre promise de ses pères. Détestés - notamment pour être en charge du prélèvement de l'impôt du prince -, les Juifs mènent une existence cloîtrée dans le ghetto mais néanmoins brillante : artistes, artisans, penseurs, médecins... les Juifs se distinguent par leurs savoir-faire et leur érudition qui, hélas, ne les protègent ni des persécutions religieuses ni des massacres qui reviennent régulièrement, semant la mort et le drame au sein de leur société.

Avram Halevi est lui-même né d'un viol perpétré sur sa mère lors d'un pogrom. Grâce à la solidarité de sa communauté, il parvient, adolescent, à étudier la médecine à Montpellier et s'oriente vers l'anatomie et la chirurgie, deux disciplines vues d'un très mauvais oeil par l'Eglise catholique. Pour avoir pratiqué avec succès une césarienne sur la personne de l'épouse du plus puissant marchand de Tolède, Juan Velasquez, Avram bénéficie quelque temps d'une protection privilégiée... mais qui a ses limites.

De l'Espagne où cohabitent les trois grandes religions monothéistes aux neiges de Novgorod, en passant par Montpellier et Bologne, c'est à un superbe voyage dans l'Europe médiévale décimée par la grande peste et les conflits d'influences, et déchirée entre deux papautés, que nous convie Matt Cohen, auteur canadien parfaitement documenté sur son sujet. Chapeau bas à la traductrice, Elisabeth Gille (éd. Phébus, coll. Libretto) qui a su rendre la narration précise et vivante malgré les scènes d'une grande violence qui émaillent le récit.

Une odyssée périlleuse qui nous rappelle que les Juifs n'ont malheureusement pas eu à attendre Adolphe Hitler pour être persécutés et apatrides.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Avram Halevi, un juif marrane, médecin réputé de l'université de Montpellier, revient dans la ville de Tolède où vivent ses proches, afin de pratiquer son art auprès des riches marchands espagnols. Dans le quartier réservé aux Juifs, on s'inquiète de la montée de l'antisémitisme dont la figure emblématique s'incarne dans la personne du cardinal Rodrigo Velasquez, proche du pape d'Avignon. Ayant comme toile de fond, le Grand Schisme d'Occident qui divisa la chrétienté de 1378 à 1417, ce roman historique dresse les ravages causés par l'étroitesse d'esprit résultant de pratiques religieuses sévères, d'autant que la période évoquée a vu grandir les tribunaux d'Inquisition instaurés par l'Église catholique. Matt Cohen a réussi de belle façon à faire revivre sous nos yeux cette ère médiévale troublée malgré des personnages auxquels on ne s'attache guère.
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Voici un très bon roman historique, qui n'a apparemment pas obtenu le succès qu'il mérite. Nous suivons les aventures d'Avram Espinosa Halevi qui a du sang juif par sa mère, violée au début du XIVème siècle par un paysan chrétien. La période est agitée, marquée par l'intolérance, très différente du passé qui avait favorisé la coexistence pacifique des diverses communautés de la péninsule ibérique. Notre héros se fait chrétien (marrane) sous la contrainte, mais n'a pas l'âme religieuse. Il fait des études de médecine. Il devient savant dans le domaine de l'anatomie; à Tolède il acquiert une renommée en soignant des patients de toute confession. Mais les aléas de la société en crise l'amènent à quitter sa ville, notamment pour partir en France, à Montpellier où il avait fait ses études de médecine… Les pérégrinations d'Avram permettent au lecteur d'avoir une vue générale de l'Europe à cette période. Comme le note @airess600, ce roman est de la même veine que Léon l'Africain (que j'avais beaucoup aimé).
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Nous sommes à la fin du 14è siècle. A Tolède, Avram Halevi est un médecin, un scientifique qui n'aspire qu'à accroitre les connaissances humaines sur l'anatomie, la chirurgie... Mais il est juif, il est un marrane (obligé de se convertir au christianisme), persécuté par le cardinal Velázquez. Pourtant il noue une amitié avec le frère du cardinal, après avoir avec succès pratiqué une césarienne sur son épouse. Il doit fuir de Tolède à Barcelone, à Montpellier, et toujours plus loin, à Kiev. le travail de reconstitution historique est époustouflant, et restitue en profondeur l'ambiance des persécutions religieuses succédant à une période médiévale plus tolérante, qui était synonyme de paix et de progrès des connaissances. Un “plaidoyer pour le vivre ensemble”, dirait-on de nos jours.
Traduction impeccable d'Élisabeth Gille.
LC thématique d'août 2021 : ''Un nom de ville dans le titre''
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La procession quotidienne autour des murs de Montpellier pour implorer la pitié de Dieu rassemblait de plus en plus de fidèles malgré la baisse de la population décimée par la peste. Bientôt tous les habitants qui restaient passeraient leur temps à se traîner de l'église au cimetière et retour : il y avait déjà tant d'obédiences diverses à observer que les survivants mourraient sans doute d'avoir fatigué leurs poumons à trop chanter.

p. 192
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A l'automne 1347, une visiteuse indésirable débarqua en Europe. Elle arrivait, portée par les marins : les uns morts, les autres souffrant de bubons noirâtres aux aisselles et à l'aine, de fièvres, et l'haleine si fétide que même les personnes animées des meilleures intentions à leur égard cédaient à la répulsion. Partie des ports, la Mort Noire balaya l'intérieur des terres. En deux ans, elle avait fait vingt millions de victimes.
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- Vous êtes amoureux, avait déclaré Joséphine.
Elle ne se trompait peut-être pas : si, être amoureux, c'était penser continuellement à l'aimée, faire un pas en arrière quand on ne désirait rien d'autre qu'en faire un en avant, mourir d'envie d'être touché et craindre en même temps sa propre réaction.
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- La force n'a rien de répréhensible [...]. Y a-t-il au monde un seul pays civilisé qui ait jamais existé sans elle ?
- Peut-être un pays qui recourt à la force n'est-il pas réellement civilisé ?
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- J'attendais le prêtre.
- Quand on en arrive à quelque chose que vous êtes incapables de guérir, vous manifestez une étrange affection pour les prêtres, vous, les médecins.
- Tout le monde a son utilité.
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Video de Matt Cohen (1) Voir plusAjouter une vidéo

Matt Cohen : Ultime entrevue
Dans un bar chic de Lausanne, Olivier BARROT parle du livre de Matt COHEN aujourd'hui disparu, "Ultime entrevue"
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