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Nadine Gassie (Traducteur)
EAN : 9782226167293
512 pages
Albin Michel (24/08/2005)
3.9/5   46 notes
Résumé :
Le point de départ est historique : on sait peu qu'avant la guerre de Sécession, dès les années 1850, des esclaves libérés étaient eux-mêmes propriétaires d'autres esclaves noirs sur leur domaine.
Henry Townsend, jeune esclave libre, possède en Virginie une plantation et une trentaine d'esclaves. A sa mort, la direction de la propriété revient à sa femme Caldonia qui peine à maintenir l'ordre dans ce microcosme que constitue "le monde connu" en passe de deven... >Voir plus
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Il y a toujours deux côtés dans une histoire.

En littérature, lorsqu'un auteur se met au défi de raconter une histoire en se plaçant des deux côtés de la trame, cela apporte une nouvelle dimension au récit.

Edward P. Jones revisite le thème de l'esclavage, passablement et largement abordé, avec beaucoup d'intelligence et d'originalité, car il décide de faire ressortir un fait peu connu à ce sujet.
Son récit se situe en Virginie autour des années 1850 où l'esclavage fait encore rage. L'auteur mettra en lumière une coutume fort fait peu connue: certains esclaves noirs affranchis possédaient eux-mêmes des esclaves.

Edward P. Jones excelle dans la façon de traiter l'intense complexité morale de cette coutume.
Tout sonne juste dans ce roman.
Son écriture, parfois un peu sèche, au style heurté, est pourtant dense.
Il capte à merveille le débit, le rythme, l'intonation du discours parlé, ainsi que ses particularités individuelles, les tours de phrases, rengaines et gaucheries, agrémentant ainsi les dialogues.

La structure non-linéaire n'est pas si facile à suivre, mais les détails historiques et fictifs sont admirablement amenés. Chaque personnage possède son histoire unique et authentique, ils humanisent l'indicible.
L'atmosphère est vraiment crédible, on s'imagine trimer des les champs avec les esclaves tout autant que dans les salons à boire des rafraîchissements avec les maîtres.

L'écrivain américain aime s'adresser directement au lecteur et lui « spoiler » ce qu'il adviendra de certains personnages dans le futur.

L'émotion est palpable au fil du récit.
On en ressort un peu secoués et incrédules face à la réalité de l'esclavage et une sorte d'enclume, puissante, forge au fer rouge dans nos consciences les mots compassion et dignité.

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Le monde connu décrit par Edward P. Jones est celui de l'Amérique sudiste à la veille de la Guerre de Sécession, un monde agricole borné, balisé par le rapport maîtres – esclaves, blancs – noirs, propriétaires – possessions humaines au coeur de la Virginie, "Mère de tous les Etats". Mais à travers ce roman épique, l'auteur s'attache à bousculer les frontières de la conscience collective en explorant toutes les facettes de l'esclavage, véritable atavisme qui bride autant les corps que les esprits. Même à l'égard des hommes dits affranchis.

Suite à la mort prématurée d'Henri Townsend, jeune maître d'une plantation de cinquante acres et de trente-trois esclaves noirs, l'auteur déploie un panorama racontant la vie ordinaire de ce comté de Manchester faisant de la vie humaine une valeur marchande, au même titre que la terre ou le bétail. Si la particularité de Townsend ancien esclave noir affranchi par son précédent propriétaire bouscule la conception traditionnelle de l'esclavage, elle ne bouleverse cependant pas ce rapport de force entre maître et assujetti.

En effet, avec une chronologie éclatée, une ligne de temps sans cesse bousculée, l'auteur dépeint la vie de ces esclaves, propriétaires et miliciens invariablement ancrés dans la réalité de l'injustice sociale et raciale. Une injustice si profondément enracinée que l'on pourrait la croire immuable, car sans recourir à une démonstration ostentatoire, ni à un lyrisme exacerbé, l'auteur fait résonner le récit d'une force évocatoire puissante qui lie les destins des personnages autour de la plantation Townsend. Il y a un désarroi et une fatalité qui embrassent le récit mais l'écriture désincarnée alliée à l'élan biblique qui accompagne chacun des personnages éloigne la tentation de la compassion excessive et du misérabilisme.
L'auteur use ainsi d'une dynamique singulière - malheureusement pas toujours bien maîtrisée en première partie - qui parvient à imposer une certaine prégnance de la servitude. Même pour les noirs affranchis, la liberté demeure fragile. Elle tient à un bout de papier que la cruauté et les archaïsmes de cette société peuvent détruire, rappelant ainsi que les noirs n'ont d'autres droits que ceux que les blancs veulent bien leur accorder.
Malgré tout, le ton distancié, les anecdotes perspicaces tissent subrepticement un monde à bout de souffle, étriqué, figé dans des frontières géographiques et humaines devenues obsolètes (mêmes les cartes géographiques en Virginie ignorent les Etats du Nord) ; il se heurte immanquablement au monde universellement connu et en perpétuel mouvement qui s'ouvre là où l'esclavage est aboli.
Si seulement l'édition française avait pu nous épargner les nombreuses maladresses de traduction qui écorchent le souffle romanesque de ce roman primé par le Pulitzer…
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Le point de départ de ce roman est un fait réel historique : peu avant la guerre de Sécession, dès les années 1850, des esclaves libérés étaient eux-mêmes propriétaires d'autres esclaves noirs sur leur domaine.
Henry Townsend, jeune « esclave libre » est un de ces hommes qui possède en Virginie une plantation et une trentaine d'esclaves.
A sa mort, la direction de la propriété revient à sa femme Caldonia qui peine à maintenir l'ordre dans ce microcosme que constitue "le monde connu" en passe de devenir aussi un monde en décomposition.

Ce roman tout en finesse relate les espoirs de ces hommes et de ces femmes, nés esclaves, qui aspirent à cette liberté qui ne s'acquiert qu'au prix de lourds sacrifices.

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LE MONDE CONNU d'EDWARD P. JONES
1850 en Virginie, au coeur de l'esclavagisme, un peu avant son abolition, meurt Henri Townsend, 35 ans, propriétaire de 50 acres et de 33 esclaves. Et alors direz vous, rien d'original, à part le fait que le dit Townsend est noir , affranchi par son ancien propriétaire, qui avait des années auparavant affranchi ses parents. On découvre au fil d'un roman souvent embrouillé et peu facile à suivre, le chemin parcouru par Henri, les rapports ambigus avec le propriétaire ainsi que les tensions d'Henri avec ses parents qui ne peuvent parvenir à croire que leur fils, noir, affranchi , reproduise le schéma dont ils se sont sortis à grand peine. L'ancien propriétaire exprimant clairement à Henri qu'il le considérait désormais comme un pair. En théorie bien sûr, car quand on est noir propriétaire d'esclave et qu'on croise sur les chemins des miliciens incultes ne sachant pas lire, votre lettre d'affranchissement est de peu de secours.
Un livre qui vaut essentiellement pour moi par le sujet traité, par toutes les implications morales de cette reproduction de l'esclavage par un noir affranchi qui trouve toute sa force à la mort d'Henri lorsque sa femme va hériter de l'exploitation et des esclaves.
Edward P. Jones est un afro-américain né en 1950 , il a reçu le Prix Pulitzer pour ce livre ainsi que le national Book critics circle Award.
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Bienvenue en Virginie dans le Sud des États-Unis, le Sud de l'esclavage, le Sud de la propriété humaine.
Comme beaucoup, je croyais que seuls les blancs possédaient des noirs. Mais en fait, les noirs libres possédaient également d'autres Noirs. C'est le cas de Henry, un jeune propriétaire d'esclaves qui décède et laisse à sa veuve une plantation et un ‘patrimoine' de 33 esclaves. Cet ancien esclave, a toujours eu comme modèle son ancien maitre blanc pour gérer et faire prospérer ses affaires.
Henry est le protagoniste principal du roman d'Edward P Jones, autour duquel gravitent d'autres personnages (un peu trop à mon gout).
Cette fiction regorge de situations cruelles, tragiques, des situations bien réelles il n'y a pas si longtemps.
Un Pulitzer a récompensé ce roman en 2004.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Personne ne comprenait ce qui s’était passé – les gens coupaient des oreilles, ou des morceaux d’oreille, depuis plus de deux siècles dans ce pays. Au XVIIe siècle, dans toute la colonie de Virginie, même les serviteurs blancs sous contrat s’étaient vu couper les oreilles. Mais on ne savait pas trop pourquoi ni comment, la chance du propriétaire blanc du Comté d’Amherst l’avait déserté et son esclave de 515 dollars était mort d’hémorragie. Quelques personnes blanches avaient voulu le faire inculper de meurtre, mais le grand jury avait décliné, estimant que l’homme avait suffisamment pâti de la perte de sa propriété.
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Anderson avait pour la première fois entendu parler de noirs libres possédant des esclaves seulement cinq mois avant et s’était dit que c’était là la plus étrange de toutes les étrangetés sur lesquelles il était tombé. Il s’ouvrit de cela à Fougère.
- je ne sais pas, dit-il à l’approche des onze heures, ce serait pour moi comme posséder ma propre famille, les gens de ma famille.
- […] Nous tous faisons seulement ce que la loi et Dieu nous disent que nous pouvons faire. […] Je ne possédais pas les membres de ma famille, et vous ne devez pas raconter aux gens que je le faisais. Je ne le faisais pas. Nous ne le faisions pas. Nous possédions…[…] Nous possédions des esclaves. C’était ce qui se faisait, et par conséquent c’est cela que nous faisions.
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Le cordon d’un homme né en esclavage pouvait-il jamais être sectionné pour toujours et complètement, même si cet homme avait été libre pendant quelques années? N’était-il point condamné en vertu de la couleurs de sa peau?
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Aussi loin que quiconque pouvait remonter, il n’y avait jamais eu d’homme de couleur dans la prison du Comté de Manchester. Aucun d’eux, libre ou esclave, n’avait jamais fait quoi que ce soit pour légitimer un séjour en prison. Les hommes libres de Manchester connaissaient la précarité de leurs vies et s’appliquaient toujours à la droiture. La plupart des crimes et délits commis par des esclaves étaient réglés par leurs maîtres ; les maîtres pouvaient même pendre un esclave s’il tuait un autre esclave, mais c’aurait été comme jeter de l’argent au fond d’un puits …

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Vidéo de Edward P. Jones
George Pelecanos, writer and producer of HBO's The Wire and author of 16 books, including his latest, The Way Home, talks about a favorite fellow writer from Washington, D.C., Edward P. Jones, and his story collection, Lost in the City. He spoke at BookExpo America in New York City on May 30, 2009.
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