A côté de ces sciences presque vulgaires, on sent le développement mystérieux d'une science, apanage des savants, et se liant cependant aux traditions les plus populaires; la haute Kabbale des Juifs ne mêlera pas ses génies variés à notre féerie; mais nous ferons voir comment les esprits élémentaires prêtent tour h tour leur puissance aux deux croyances. La Sorcellerie, qui n'est que la magie vulgaire, et le Sabbat, qui remplace par ses grotesques initiations les initiations antiques, trouveront leur place dans l'examen lapide que nous allons tenter. Ce que nous désirons, avant tout, prouver, c'est que l'étude des Sciences occultes dans leurs diverses ramifications se lie comme un puissant auxiliaire à l'étude des sciences positives, lorsque l'on constate leur première origine, et plus tard les entraîne vers un certain progrès, en leur prêtant l'enthousiasme, qui se vivifie par l'imagination.
Il y a au Moyen Âge une science qui domine toutes les sciences, comme il y a une jurisprudence canonique qui fait taire toutes les lois. La Magie, prise dans sa plus haute acception, unit ses mystères à ceux que l'art sacré vient de léguer au monde; elle succède, pour ainsi dire, aux initiations antiques : elle repose d'abord sur la science réelle et s'égare bientôt dans les rêves d'une sorte de cosmogonie imaginaire; puis, le pouvoir fatal qu'on lui attribue fait naître une législation crédule qui agrandit son pouvoir de tous les mystères qu'elle prétend sonder, mais qu'elle n'a pu comprendre, et de toutes les terreurs qu'elle ressent et qu'elle veut combattre.
Cet ensemble de recherches, que l'on s'est habitué à désigner sous le nom de Sciences occultes, ne reçoit pas encore au .Moyen Âge le titre que nous lui imposons aujourd'hui. Sous ce nom, nous admettrons, en effet, les divinations diverses, en tète desquelles il faut placer le grand art d'interpréter les songes, ou l'Onirocritie, parce que l'homme a cherché, dés l'origine, et dans ses propres illusions , le moyen de communiquer avec ce monde mystérieux dont il attend une révélation suprême. La Nécromancie , qui appartient à tous les genres de magie ou de sorcellerie, et dont nous dirons d'abord un mot seulement parce qu'elle dut naître des songes funestes , vient immédiatement après.
L'Astrologie, qui chercha à lire sur l'étendue de la voûte céleste les destinées de chaque empire et de chaque créature, occupe ensuite le premier rang et précède les autres branches de l'art divinatoire. Les deux grandes divisions de la science magique, la Theurgie et la Goélie, se développeront dans leurs variétés infinies, et là nous ferons intervenir un moment les recherches alchimiques en tant qu'elles se lient aux opérations des démons inférieurs qui doivent faire découvrir les richesses cachées.
Du huitième siècle au dixième , les Arabes cultivèrent avec succès les branches d'histoire naturelle qui se rapportent à la préparation des médicaments. Ils firent, en botanique, en matière médicale, de précieuses découvertes. Avant eux, on ne connaissait que les purgatifs violents : tels que l'ellébore; ils y ont joint la casse, le séné, le tamarin. Dans le texte d'un cours de Rhazès rédigé sans doute par un de ses élèves, il est question des végétaux utiles de l'Inde, de la Perse et de la Syrie, que n'ont point connus les anciens.