Bien que ce livre se veuille être un pamphlet pro-scientificité de l'économie, spécialité des auteurs, on ne coupe pas aux points de vue aussi tranchés que biaisés.
Les prémisses de l'essai sont claires : les economistes heterodoxes sont sur-représentés dans les médias ET ces mêmes économistes heterodoxes réfutent la scientificité de la "Science" Economique.
Hors ce qui est dommage, c'est justement l'inexactitude de ces prémisses : les hétérodoxes (grosso-modo : la "gôche") ne sont dans les faits absolument pas sur-représentés, c'est meme - bien évidemment - l'inverse (dans le monde universitaire, 90% des chercheurs se réclament de l'orthodoxie, par exemple). A tel point que la rive-gauche des penseurs économiques se voient contrainte de mettre en place leurs propres rassemblements médiatiques (Déconnomie, etc) et surtout, se voit refuser (Merci Jean TIROLE...) la création d'une branche universitaire alternative des Sciences Economiques, parce que la pluralité : "c'est une fausse excuse, le consensus est maître, ces types sont négationistes".
Quant à la scientificité des recherches en économie, bien peu d'arguments sont avancés "pour" : quelques vagues mentions d'études soit disant "sérieuses", dont les limites ne sont pas mentionnées dans le bouquin (taille d'échantillons, periode dans le temps courte, comparaisons approximatives, extrapolation abusives...) et pour les arguments "contre" c'est un rabâchage d'accusations sans démonstrations du fait que les hétérodoxes sont en dehors du système de validation par pairs : il suffit de lire la réponse des Economistes Attérés au pamphlet, chiffres et noms à l'appui, pour démolir cette vile attaque des auteurs, qu'ils n'ont d'ailleurs pas pris soin d'étayer par des chiffres.
Toutefois, malgré ces critiques sur le fond et sur la forme, ce livre est très intéressant à lire d'un point de vue critique. Marqueur fluo + crayon de mine en renfort, j'ai pris plaisir à prendre des notes et à vérifier les infos, souvent lacunaires lorsqu'il s'agit de se donner raison : malhonnêteté intellectuelle, quand tu nous tiens... ; Je ne sais plus combien de fois j'ai noté "FAUX" en marge mais franchement une bonne vingtaine (sans parler des autres commentaires) et sur des cas parfois grave (comme insinuer que l'Ecole de Chicago n'est pas le temple du libéralisme et n'a donc pas de parti pris idéologique : fallait oser ! ).
Le 2/5 représente tout de même l'intérêt de ce pavé dans la marre qui aura eu le mérite de mettre le débat sur la scientifité de l'Economie sur une table un peu plus grand-public. Par ailleurs, et malgré des défauts dans l'argumentaire (ce qui est dommage pour les Chevaliers de la Science que se veulent les auteurs), on cerne une très net envie d'imposer la doxa scientifique à l'Economie ce qui est loin d'être un mal, mais, messieurs les auteurs : pour commencer, on balaye devant sa porte...
Ce livre reste à lire pour qui s'intéresse à l'Economie et veut faire travailler son esprit critique : il regorge d'exemples.
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Intéressante remise en perspective de l'économie en tant que domaine de recherche basée sur les données. Par contre, petit manque de réalisme sur la vision du "Pear review" comme ultime justificatif de la valeur de travaux et par effet de filiation de la pertinence des chercheurs / euses à l'origine de ces travaux. (CF la Recherche scientifique). Et semble-t-il, quelques règlements de compte au passage. Au demeurant, intéressant.
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C'est bien écrit et facile à lire.
Bon par contre sur le fond c'est vraiment symbolique de ces mouvements (ici en économie) qui prétendent incarner la pensée de la SCIENCE contre des gens moins rigoureux, c'est très arrogant et pénible. Mais ça reste intéressant d'écouter ces arguments.
Et certains points qu'ils font sont très pertinents. Ce sont principalement certaines de leurs prémisses qui sont sujettes à débat.
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Intéressant mais le point Godwin est atteint trop rapidement. Ceux qui ne pensent pas comme moi, comme nous (les économistes orthodoxes) sont dans l'erreur la plus abjecte.
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On pourra lire cette discussion comme un plaidoyer en faveur de la prudence et de la politesse académiques, souvent ennuyeuses, convenues et, qui plus est, hypocrites.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Mêlant conclusions discutables et vérités avérées, cet essai encourage finalement à approfondir les questions économiques.
Lire la critique sur le site : NonFiction
L'évaluation des systèmes éducatifs ne doit pas être uniquement centré sur les connaissances acquises, comme c'est souvent le cas, mais aussi sur certaines dimension de la personnalité au moins aussi importantes pour l'insertion dans la société et sur le marché du travail.
Dans le fond, à l'image de Jean-Paul Sartre, les philosophes anti-capitalistes, les Economistes atterrés et Pierre Bourdieu se situent dans le droit fil d'un Lyssenko proclamant que la science "bourgeoise" s'oppose à la science "prolétarienne".
L’économie est devenue une science expérimentale, et, à ce titre, elle a beaucoup à nous apprendre.
Les matins - La jeunesse française coupée en deux ? par franceculture
Avec Pierre Cahuc
Professeur d’économie à l’Ecole Polytechnique, il dirige le laboratoire de macroéconomie du Centre de Recherche en Economie et Statistique (CREST) de l’INSEE
Co auteur avec Stéphane Carcillo, Olivier Galland et André Zylberberg de : Comment la France divise sa jeunesse, La machine à trier (Eyrolles)
Stéphane Carcillo SR
Maître de conférence à l’université Paris 1 Sorbonne et professeur associé au département d’économie de l’IEP de Paris