AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742727520
51 pages
Actes Sud (27/06/2000)
4/5   2 notes
Résumé :
Deux sœurs vivent ensemble. Deux autres sœurs arrivent. Deux sont interprètes ; deux sont musicologues. Toutes les quatre font allusion à leur carrière musicale et au fait qu'elles ont sacrifié leur fils à Mozart. Le fils se terre dans la cave ; on ne sait quel âge il a, qui est véritablement sa mère... C'est en tout cas autour de lui que les quatre femmes s'agitent puisque, ce jour-là, il a décidé de se pendre. L'intrigue se profile alors en une étrange partition o... >Voir plus
Que lire après Le Petit KochelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Petit Köchel de Normand Chaurette est une pièce de théâtre qu'il faut, paraît-il, avoir vue sur scène pour pouvoir véritablement comprendre le sens du propos, délivré dans le jeu. J'avertis donc avant toute chose que ce n'est pas mon cas : je ne peux me baser que sur la lecture pour livrer mon ressenti.

Deux paires de soeurs, issues du monde musical, sont au coeur d'un drame : Cécile et Lili Motherwell, interprètes, Irène et Anne Brunswick, musicologues parlent d'un fils, leur fils, qui se terre dans les soubassements de la maison au sein de laquelle toute l'histoire se joue. En cette soirée de dernier samedi d'octobre, où il faut reculer les aiguilles de l'horloge d'une heure, où des enfants déguisés actionnent la sonnette sonore, les quatre soeurs se succèdent à la cave dans laquelle leur fils, ayant décidé de se pendre, énonce ses dernières volontés. Sur ce fond macabre, rien n'est tel qu'il le semble. Qui sont vraiment ces soeurs, que vivent-elles, que savent-elles ? Rien n'est donné d'avance, et le suspense se maintient jusqu'à la fin.

Cette pièce est une oeuvre remarquable à de multiples égards. le caractère remarquable principal se trouve, à mon sens, dans la trame narrative : de sa temporalité spécifique émane un contenu bien particulier. En effet, c'est la répétition, réalité concrète des soeurs pianistes, qui donne tout son sens à cette pièce de théâtre : « c'est une fois qu'on obtient le résultat qu'il faut le répéter, le répéter, le répéter » martèle Irène. Mais les soeurs ont tant répété que la vie a fini par leur échapper, elles ont tant répété cette répétition est devenue la vie même de leur fils. Comme pour ses mères,

« CECILE. Il y a dans cette répétition conforme un état qui le rassure. Il ne supporte pas l'aboutissement. Il n'est tranquille que dans le recommencement perpétuel. »

La répétition, pour la narration, est un temps interrompu en ceci qu'il s'agit d'un temps qui recommence infiniment. Il y a le contenu narratif et, en amont, la trame narrative : lorsque la permanence est trouvée dans le recommencement perpétuel, le théâtre, en tant que pratique performative, en est bien évidemment profondément affecté. Cette cyclicité provoque alors une mise en abîme qui, au niveau du contenu narratif, fait se questionner le lecteur – mais aussi les protagonistes ! – sur leur identité (qui sont vraiment ces soeurs, que vivent-elles, que savent-elles ?). le cycle se répète dans les moindres détails de l'histoire, jusque dans la chaire, accouchement et cannibalisme comme début et fin perpétuels d'une histoire.

Il faut s'arrêter avant de trop en dévoiler car cette pièce aiguisée et captivante mérite d'être, sinon vue, du moins lue!
Commenter  J’apprécie          10
Une pièce d'une démence carnassière (et c'est peu dire !) où la musique joue l'excuse de la folie en en entraînant d'autres…
Lien : http://morgouille.wordpress...
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
ANNE. Et vous n’entendiez pas non plus les pleurs de notre enfant, ce pauvre petit marmot qui se tortillait dans le moïse, déjà contraint, à peine âgé de deux jours, à l’idée d’un martèlement, à l’absence de répit, au recommencement toujours, à l’éternelle reprise en si bémol. Au centre d’une vie qui ne faisait que commencer, il avait déjà compris que Mozart – Mozart ! – passerait toujours avant lui.
Commenter  J’apprécie          60
LILI. Les propos que j’entretiens avec nos objets d’héritage me font oublier la tyrannie que nous exerçons ma sœur et moi sur ces pauvres Steinway qui nous craignent comme des chiens ; nous avons capturé leur imagination.
ANNE. Il aurait fallu capturer celle de vos assiettes.
IRÈNE. Plus rien ne va dans cette maison. Cette odeur de putréfaction, vous savez, ça ne va pas du tout. Que fait votre sœur tandis que vous conversez avec vos assiettes ?
Commenter  J’apprécie          30
ANNE. Comme c’est incroyable, j’en ai la chair de poule, regardez mon bras, comme c’est effrayant, quand je pense que notre fils a décidé de se pendre.
LILI, excédée. Vous venez encore une fois de devancer une réplique importante. Vous défilez votre texte sans y mettre la moindre intelligence. Vous ne pouvez pas savoir que notre fils a décidé de se pendre car il faut d’abord qu’on vous l’annonce.
Commenter  J’apprécie          30
IRÈNE. Alors comment peux-tu savoir que le degré de froideur répondait aux normes acceptables ?
LILI, soufflant la réplique. « Il me l’a dit. »
ANNE. Il me l’a dit.
IRÈNE. Peut-on se fier à sa parole ?
LILI. Pourquoi mettre en doute l’intégrité de notre frigidaire ?
CÉCILE. Vous subodorez partout le mensonge.
Commenter  J’apprécie          20
LILI. Nous avons consacré notre vie à cela: répéter. Nous avons vécu grâce à cela. Répéter. Si j'additionne les jours de notre vie et je les multiplie par le nombre de fois que nous avons répété notre sonate en si bémol, cela fait plus d'un million d'exécutions, c'est beaucoup, un million, c'est un nombre qui donne aisément le vertige. Quoi du reste? Peu de choses. Bien peu. Nous avons négligé le reste. Nous n'entendions pas le reste. Toute sonorité qui ne provenait pas des cordes, des feutres, des étouffoirs et des marteaux ne pouvait nous atteindre. Nous n'entendions pas la sonnette. Nous n'entendions pas le ventilateur. Nous n'entendions pas l'horloge.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Normand Chaurette (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Normand Chaurette
Normand Chaurette (GG 2012, essais) à la conférence de presse du Conseil des arts du Canada annonçant les gagnants des Prix littéraires du Gouverneur général 2012.
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1290 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}