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EAN : 9782376650812
128 pages
Contre Allée (21/10/2022)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Le goût pour les « mots étrangers » – de l’anglais au grec ancien en passant par le latin –, Corinne Atlan l’a toujours eu. Mais rien n’avait laissé présager qu’elle s’intéresserait au japonais... Pourquoi choisir cette langue ? Peut-être pour cet éloignement, pour le dépaysement que représentent les idéogrammes et syllabaires japonais – kanji et autres hiragana et katakana.

Parsemant son récit de références fascinantes à la littérature et à la cultur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A qui se délecte avec la littérature japonaise, le nom de Corinne Atlan dira forcément quelque chose. C'est grâce à elle, et à ses collègues traducteurs et traductrices, que nous avons la possibilité de lire, découvrir, nous émerveiller avec les oeuvres venues de l'archipel japonais. Nippophile mais non nippophone, je ne les remercierai jamais assez de leur extraordinaire travail.

Concernant l'auteure-même, je me suis rendue compte que la littérature japonaise a surgi et changé ma vie de lectrice avec deux de ses traductions : le miroir des courtisanes d'Ariyoshi Sawako et, surtout, Kafka sur le rivage de Murakami Haruki qui fut comme une révélation en 2006.

Le beau titre qu'a choisi Corinne Atlan, le pont flottant des rêves, renvoie d'emblée à la littérature de l'archipel, où cette image revient souvent, du Dit du Genji à Tanizaki. Ce pont flottant, ce pourrait également être l'acte de traduire d'une langue à l'autre, voire la traductrice elle-même qui par sa connaissance de la langue japonaise, entre autres qualités nécessaires, jette ce pont vers les lecteurs français et francophones comme on rapproche deux rives.
Elle revient d'ailleurs à plusieurs reprises sur cette idée - ce besoin même pour elle - de transmettre, de passer, de faire rencontrer auteur japonais et lecteur français. Aussi imparfaitement soit-il, explique-t-elle, car la traduction n'est pas affaire de "simple" technique de fidèle reproduction de l'original. Comment rendre les particularités de chaque écrivain, celles du système d'écriture japonais mêlant idéogrammes et deux syllabaires qui permettent tant de nuances, la musicalité des phrases, etc? Sans compter que le lectorat destinataire ne possédant pas toutes les clés de compréhension de la culture nippone, il appartient aussi au traducteur d'éclairer ces aspects proprement japonais.
"Pourtant, si impossible, si imparfait que soit l'acte de traduire,《quelque chose》passe dans le miroir tendu de la littérature, quelque chose d'indéfinissable et d'essentiel." (page 85).

Parcours de vie et de travail, récit de voyages, réels ou immobiles à travers les livres, réflexions sur l'humanité, sur ce qui rapproche les êtres de culture, nationalité ou temporalité différentes, déclaration d'amour à la littérature japonaise et à cette langue ô combien fascinante... le livre de Corinne Atlan est tout cela et bien plus encore.
Alors que se multiplient les discours et propos essentialistes, des nationalismes qui s'exacerbent, qui voudraient nous réduire à des caractéristiques figées et illusoires, cet ouvrage fait du bien en offrant une vision universelle de l'humanité par-delà ses différences et singularités. C'est la pluralité et la diversité qui font richesse.
Et l'auteure de citer un texte du Xème siècle, Journal de Tosa de Ki no Tsurayuki: "Entre la Chine et le Japon les langues diffèrent mais l'ombre de la lune est la même et le coeur des hommes n'est qu'un."
Je conclurai en citant Corinne Atlan à nouveau: "Chercher à instaurer ou à restaurer un lien entre les langues, les traditions, les spiritualités, mettre l'accent sur ce qui nous réunit plutôt que ce qui sépare est peut-être ma façon de lutter contre la tentation, toujours présente, de la rupture et de la fuite." (pages 40-41).

Merci Mme Atlan pour cet intense, délicat et émouvant moment de lecture, ainsi que pour votre travail de "passeuse" de littérature, et de m'avoir donner à réfléchir sur les sujets que vous abordez avec tant d'humanisme.
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critiques presse (1)
LeMonde
28 novembre 2022
La traductrice du japonais, « passeuse » d'Haruki Murakami, a fait de son métier une expérience existentielle. Elle l'évoque dans un essai, Le Pont flottant des rêves.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'ai aussi pressenti, d'emblée, que le traducteur ne pouvait être ce personnage invisible à qui l'on demande de "s'effacer" totalement derrière le texte original. Il ne s'agit pas seulement d'une opération technique. Avoir le goût de la littérature et connaître le mieux possible les ressources des deux langues en jeu sont des conditions nécessaires mais loin d'être suffisantes. La traduction littéraire est une activité de création, davantage liée à la question de la représentation artistique du réel qu'à un savoir académique. Traduire ne fait pas seulement appel à l'intellect, mais à une intelligence des choses poétique, sensible. Comme tout processus d'écriture, cela engage l'ensemble de l'été : émotions, perceptions, imagination, souvenirs de lecture pour de vie, les deux d'ailleurs souvent mêlés. Sans compter le rôle que joue dans toute authentique rencontre, humaine comme littéraire, le réseau de racines souterraines qui court au fond de chacun de nous et nous relie à notre insu les uns aux autres.
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Car le décalage est partout, non seulement entre la langue de départ et la langue d'arrivée, entre l'oeuvre et les yeux, mais aussi entre ce qui est écrit et ce qui est compris, entre l'intention de l'auteur et la perception du lecteur. Les mots sont toujours à la fois en-deçà et au-delà de leur sens. Pourtant, si impossible, si imparfait que soit l'acte de traduire, "quelque chose" passe dans le miroir tendu de la littérature, quelque chose d'indéfinissable et d'essentiel.
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Lire est une chose (s'imprégner, ressentir, absorber), traduire en est une autre (choisir, trancher, voire retrancher)
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Face à l'auteur qu'il admire, le traducteur est intimidé comme face à un ami dont il a longuement écouté les confidences, mais qui semble avoir oublié d'être livré de manière du intime.
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Videos de Corinne Atlan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corinne Atlan
Avec Zéno Bianu & Cleo T. Accompagnés de Valentin Mussou & Emilien Pottier Son par Lenny Szpira Lumière par Patrick Clitus
Faisant suite à la récente parution du Pierrot Solaire de Bianu aux éditions Gallimard, la compositrice et chanteuse Cleo T. parcourt l'oeuvre du poète dans un dialogue recomposé. Piano, violoncelle, basse et instruments électroniques posent le cadre de cette traversée astrale où les voix glissent du poème au chant à la recherche d'une langue de l'émotion. Les fusains de Magdalena Lamri seront les décors de cette traversée, images d'un monde sublimé à la frontière du rêve.
Ce concert préfigure la sortie d'un album annoncé pour début 2023.
À lire – Zéno Bianu, Pierrot solaire, coll. « Blanche », Gallimard, 2022 – haïkus, trad. du japonais, préfacé et annoté par Corinne Atlan et Zéno Bianu, coll. « Folio bilingue », Gallimard, 2022.
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