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EAN : 9782702102756
204 pages
Calmann-Lévy (01/04/1994)
3.6/5   24 notes
Résumé :
Malheur aux quinquagénaires célibataires, plus ou moins chauves et rhumatisants qui vont prendre des bains de soufre en Italie ! Ils se suicident, meurent ou disparaissent dans des conditions suspectes. Une douzaine de malheureux correspondant à ce signalement ont déjà été retirés de la circulation. Or, si les victimes possèdent certains points communs, cela ne suffit pas à établir une chaîne d'indices cohérents. Où s'arrête la coïncidence, où commence le complot ? ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

NECESSITE DU HASARD

On sait que la SF n'est plus répertoriable à partir de ses signes conventionnels. Les vagues, anciennes ou nouvelles, ont effacé sur le sable les traces d'anciennes définitions. Lem, jusqu'ici, proposait cependant au lecteur (en français, du moins !) des oeuvres qui gardaient avec le genre canonique un certain nombre de points de tangence. Cela n'empêchait pas ses ouvrages de proposer un objectif plus ambitieux : à l'horizon de la fiction, une sorte de méditation épistémologique. En fait, comme Verne joue avec la technologie, Lem joue sur l'épistémologie. Et cela porte évidemment sur le statut du savoir (Solaris) sur la dérision des certitudes (Ion Tichy). Rhume se situe dans cette ligne, mais il s'en écarte par quelques traits. L'écart est visible au niveau de l'arsenal des thèmes SF : certes, on parle de Mars, des traces d'Aldrin sur le sable de la Lune, et le héros est un ex-astronaute. Mais il aurait pu tout aussi bien être un ex-militaire quelconque, faire appel aux données d'ordinateurs et à la méthode Delphi. On voit mal ce qui aurait changé. Sauf pour quelques vagues connotations à la SF. Cela dit, ce livre est bien dans la ligne des précédents : Lem explore à sa manière l'impossible présence du savoir. Comme dans Solaris, dans L'invincible et ailleurs, à un problème se trouve confronté un appareil immense, qui échoue. Qui ne perçoit même pas la réalité du problème qu'il est censé résoudre. Un élément de cet appareil, le héros — qui a rarement quoi que ce soit d'héroïque — s'investit (se trouve investi) dans l'irrationalité du processus qui constitue l'événement irréductible. Il le connaît, l'affronte, le saisit, s'en trouve transformé. Et cela s'arrête là, toujours frustrant pour le lecteur. Ailleurs, dans les autres ouvrages, il s'agit d'une chose (Océan, Etres magnétiques, artefacts...). Ici, d'une absence. Des effets ont lieu, on leur soupçonne une cause (théorie du complot), opération, test, simulation, hasard (objectif ?). Tout s'explique, mais il n'y avait rien à trouver. Livre-quête d'une absence primordiale : pas de cause initiale, une série d'effets « pervers » dont le résultat synergétique donne l'illusion d'une loi. le tout dans un style roman noir, à toute allure, d'espionnage — mais sans vamp de service. le décalage entre la narration de type thriller et la thématique d'enquête scientifique/philosophique, avec son aboutissement ironique donne au lecteur un plaisir rare. le monde de la SF est plus vaste et plus divers qu'on ne l'imaginait sur la foi d'une thématique standard.

Roger BOZZETTO
dans Fiction 295
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Il me semble qu'Actes Sud est en train de rééditer l'oeuvre de de Stanislas Lem, auteur polonais de Science-Fiction dont j'ignorais l'existence et le nom. le Rhume arrive dans ma PàL et je tente (enfin) de le lire. Tentative risquée pourtant car la S-F des années 50, 60 ou 70, comme avec le Rhume, sonne souvent comme surannée et à côté de la plaque.

Pour le coup, le Rhume, c'est de la science-fiction de situation car le roman est plus un polar que de la réelle anticipation. Un ex astronaute mène une enquête pas franche. Il faut un certain nombre de pages avant de comprendre à peu près la situation générale et quel est le sujet de l'enquête.

Stanislas Lem, à tout le moins, me semble un auteur atypique et le Rhume, en tous cas, l'est. Bien sûr, il n'y a pas les codes du polar. Ni ceux de la SF. On navigue dans les eaux troubles d'un narrateur malade (un rhume). L'approche analytique des morts mystérieuses dévoile un Stanislas Lem scientifique dans le développement de sa trame narrative.

Le roman peut paraitre un tantinet opaque. L'ambiance y est quelque peu étrange et pourtant, bien structuré. L'évolution de la tension policière va crescendo et se conclut parfaitement.

Que dire de plus ?
Lien : http://livrepoche.fr/le-rhum..
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Un roman exigeant de Stanislas Lem qui nous permet de rentrer dans l'intimité du personnage principal (un cosmonaute réformé) qui va vivre une aventure périlleuse qui lui fera connaitre l'expérience de la folie.
Comme toujours avec St. Lem c'est très intelligent et tellement pensé qu'on est comme ensorcelé par le récit qui est pourtant à la limite de l'aridité.
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Un astronaute de réserve, privé d'espace à cause de son allergie aux pollens, est envoyé à Rome comme "appât". Une série de morts suspectes laissent penser qu'un tueur en série sévit dans la région. Notre homme est donc chargé d'adhérer au profil des victimes passées, en espérant parvenir à résoudre cette enquête qui nous plonge en pleine guerre froide.
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Un formidable exemple de ce que l'on n'appelait pas encore "l'effet cocktail".
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Saussure commença à m’expliquer que le progrès n’était rien d’autre qu’un renoncement progressif à l’idée que le monde est un phénomène simple. L’homme voudrait que tout soit simple, même si le monde doit rester mystérieux. Un modèle unique de divinité, qui plus est, au singulier ; un modèle unique de lois naturelles ; un modèle unique d’apparition de l’intelligence dans l’univers, etc. Prenons l’exemple de l’astronomie. Elle a d’abord prétendu que rien n’existait en dehors des étoiles ; au présent, au passé et au futur, avec leurs résidus, les planètes. Il lui a pourtant fallu reconnaître que de nombreux phénomènes cosmiques ne cadraient pas avec ce schéma. La soif humaine de simplicité a permis au rasoir d’Ockham de faire une brillante carrière, interdisant la multiplication des êtres, donc les cellules de classification, au-delà de ce qui était nécessaire. Cependant, cette diversité que nous ne voulions pas admettre a fini par vaincre nos préjugés. Aujourd’hui, les physiciens font bon marché de la formule d’Ockham en soutenant que tout ce qui n’est pas défendu est possible. Tout ce qui fait part de la physique. Or la multiplicité des civilisations est plus grande que la multiplicité physique.
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La mission séculaire de l’Europe était chose révolue ; tous ces diplômés de Nanterre et ces Normaliens le comprenaient mieux que la plupart de leurs compatriotes. L’Europe n’était sortie de la crise que sur le plan économique. La prospérité était revenue, pas le moral. Évidemment ce n’était pas la terreur du cancéreux que l’on vient opérer et qui craint les métastases ; mais plutôt la conscience d’un fait précis : l’esprit de l’histoire s’était envolé ; si jamais il revenait, il ne s’arrêterait plus au même endroit. La France était impuissante ; ils pouvaient donc tranquillement s’occuper des misères du monde : ils avaient quitté la scène pour descendre dans la salle. Les prophéties de Mac Luhan s’accomplissaient, mais à rebours, comme presque toujours en pareil cas. Son fameux « village collectif » était en voie de formation ; malheureusement il était coupé en deux. La moitié pauvre souffrait d’innombrables misères, tandis que l’autre, la plus riche, importait celles-ci par l’intermédiaire de la télévision et se contentait de compatir à distance. Nous savons déjà que tout cela ne pourra pas durer longtemps…
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 On en parle au public comme de quelque chose de passionnant ; or, en réalité, c'est la routine, l'ennui, et encore la routine, avec de brefs moments d'excitation.
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La civilisation commence avec l'eau courante. Les cabinets du roi Minos en Crète. Un pharaon avait ordonné à ses sujets de confectionner une brique avec toute la saleté enlevée de sa peau durant sa vie ; il voulait la mettre à son chevet, dans sa tombe. Les ablutions ont toujours quelque chose de symbolique.
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Quand on veut repousser quelque chose, on est soi-même projeté en arrière, et quand on veut s'asseoir les jambes remontent jusqu'au menton. En faisant un mouvement trop brusque on peut même se mettre complètement K.O. en heurtant sa tête avec ses genoux. Le corps se comporte comme s'il était possédé, alors qu'il est au contraire comme dépossédé, privé des résistances salvatrices que la Terre lui oppose sans cesse.
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Videos de Stanislas Lem (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stanislas Lem
Extrait du livre audio « le Congrès de futurologie » de Stanislas Lem, traduit par Dominique Sila, Anna Labedzka, lu par Frédéric Souterelle. Parution numérique le 24 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/le-congres-de-futurologie-9791035415150/
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