Le Sentier forestier et autres nouvelles

Je n'ai lu que la première nouvelle de ce recueil, celle qui lui a donné son nom, "le sentier forestier". Plus qu'une nouvelle, il s'agit d'un court roman de facture classique écrit vers 1840 par l'autrichien Adilbert Stifter et traduit de l'allemand en 2014 ( très bien traduit si on en juge par l'agrément et la fluidité du style.) Un riche original surnommé Tibérius, poursuivi par la réputation d'être un sot comme feu son père, ne sait que faire de sa vie. Peu sociable, velléitaire, misanthrope et hypocondriaque, il vit dans un luxe égoïste qui ne le rend pas heureux. Il se replie dangereusement sur lui, jusqu'au jour où son unique et dernier ami, médecin de son état, (on disait "docteur" ) lui conseille de faire une cure à la montagne. Tibérius suit ce conseil et lui doit son salut. Durant son séjour en effet, la beauté de la nature, jamais ressentie jusqu'alors, lui est révélée : il s'ensuit une ouverture progressive à l'art et au sentiment amoureux. Le héros, qui n'est plus du tout sot même si son entourage met du temps à s'en apercevoir, se consacre désormais au dessin et reproduit en clair obscur chaque pierre, chaque mousse, chaque arbuste de ce sentier forestier où la beauté lui a été révélée. Puis il se marie à une très belle paysane du pays. Enfin il ne se sert plus de sa fortune qu'à bon escient et fait construire non loin du lieu de sa renaissance, ou plutôt de sa naissance, une modeste mais lumineuse maison dans laquelle il installe sa toute neuve famille et accueille son beau-père, resté seul dans son chalet vide. Cette nouvelle est un conte moral, esthétique, philosophique drôlement bien tourné.