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Lew Archer, détective privé tome 4 sur 18

Ross MacDonald (Autre)Jacques Mailhos (Traducteur)
EAN : 9782351786857
254 pages
Gallmeister (04/04/2019)
3.62/5   40 notes
Résumé :
Drapée de vison et couverte de diamants, Una Larkin envoie Lew Archer sur la piste de la jolie Lucy, sa femme de chambre qu'elle accuse de lui avoir volé ses bijoux. Mais après une journée de filature, notre détective découvre la jeune femme égorgée dans un motel miteux de la Vallée Centrale de Californie. Una volatilisée, Lucy morte, un autre détective privé sur les mêmes traces que lui : il semble à Archer que l'affaire mérite qu'il s'y attarde. Mais ne lui resten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je découvre Ross MacDonald sur le tard et ça me botte.

Ce que j'aime dans ces polars à l'ancienne, outre cette ambiance de flipper où chaque protagoniste ferait office de bumper, c'est ce temps ramassé .
Une enquête se jouant sur quelques jours alors qu'il est de coutume, désormais, de pratiquer l'aller-retour spatio-temporel un rien convenu histoire de prouver que le mal prend forcément ses racines dans le passé.

Lew Archer est sur la brèche.
Point de départ, la disparition de Lucy, femme de chambre potentiellement adepte du vol, non pas à l'étalage, mais de sa patronne, elle-même amatrice féroce de pétage dans la soie.
Aux dires d'Una Larkin venue embaucher ce privé, Lucy, c'est rien qu'une malfaisante qu'il conviendra d'appréhender rapido.

Bienvenue en Californie où tout ne semble pas que luxe et volupté.
Non.
Disparitions en série assorties d'entubages collectifs parviennent à s'y faire une place au soleil, itou.

Lire MacDonald, c'est se frotter au genre humain dans tout ce qu'il a de plus sordide, de plus cupide.
Archer, privé essentiellement gavé à la répartie virile mais correcte légèrement saupoudrée d'ironie désabusée, le connait bien, ce milieu.
Plus rien ne le surprend exceptées des apparences qui paraitraient vraiment ce qu'elles sont, et encore.

Une nouvelle enquête rondement menée à base d'opiniâtreté farouche et de guide de survie dans un panier de crabes hostile.

Très bon moment.
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« Je suis du côté de la justice, quand j'arrive à la voir. Quand je n'y arrive pas, je suis du côté des pauvres gars. » Cette déclaration résume la vision éthique et humaniste de Lew Archer. Lorsqu'il croise le chemin d'une vieille indienne fouillant une poubelle, il est saisi par l'intensité de son regard chargé d'humanité. Il dénonce le racisme latent de la société américaine dans plusieurs passages. La ville de Bella City est composée de deux communautés distinctes, la première est blanche et aisée, la seconde est populeuse et est noire ou hispanique. Une infirmière de couleur peine à trouver un emploi correspondant à ses qualifications. Elle ne peut pas réserver une chambre d'hôtel. Une mère accepte les fantaisies et les fugues de son fils prodigue mais elle se sentira insultée si vous insinuez qu'il est parti aux bras d'une Afro-américaine. Enfin, il y a le comportement du lieutenant de police qui étale sans complexe ses préjugés raciaux. A ses yeux, un suspect noir est forcément coupable. Il faut garder en tête que le roman a été publié en 1952 dans un pays où des villes appliquent toujours la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Cette dénonciation est donc loin d'être anodine.

Pour ce qui est de l'enquête, Archer déclare : « Il y a beaucoup de monde dans cette affaire, alors ça ne peut pas être simple. » Et effectivement, l'histoire est complexe. Une femme petite et trapue se présente au bureau du détective sous une identité qui s'avèrera fausse. Elle demande à Archer de trouver une ancienne employée qui serait partie en emportant des bijoux. Il la trouve quelques heures plus tard mais il va découvrir que cette jeune femme de couleur est liée à une autre affaire. Une millionnaire californienne offre une récompense de cinq mille dollars à toute personne qui retrouverait son fils Charles, disparu mystérieusement depuis plusieurs jours. Archer traversera des quartiers populaires et foulera le gazon de résidences luxueuses et il rencontrera au cours de son enquête plusieurs spécimens de la faune californienne : un médecin dépravé, un truand syphilitique, une beauté fatale & fanée, un peintre atypique…

Le récit est admirablement construit autour de la fameuse énigme : « Où est Charlie ? ». J'apprécie particulièrement les descriptions de Ross Macdonald « 5L'asphalte de la nationale se déroulait sous mes phares comme un vieux ruban de machine à écrire »), sa douce ironie (« des hommes qui n'ont jamais vraiment à prendre le moindre risque. Sauf peut-être pour ce qui concernait leurs choix d'épouses » et avant tout, son humanisme.
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Le détective Lew Archer est contacté par une femme aussi mystérieuse que désagréable pour se mettre à la recherche d'une jeune fille noire, Lucy, que sa cliente accuse de lui avoir dérobé des objets de valeurs. Mais s'il retrouve Lucy à Bella City, dans l'arrière-pays, celle-ci est néanmoins rapidement tuée et les suspects s'accumulent. Archer, curieux et déterminé à faire la lumière sur la sale affaire dans laquelle il se trouve embarqué, va avoir fort à faire pour démêler le vrai du faux.

Dans ce quatrième volet édité dans une nouvelle traduction des enquêtes de Lew Archer, Ross Macdonald continue sa radioscopie de la société californienne de son temps. Délaissant les villas du bord du Pacifique ou les propriétés de Palm Springs au profit d'une petite bourgade de la Vallée, il met son héros en contact avec un autre monde ; celui des petits notables et de ceux, noirs ou latinos qui travaillent pour eux et sont les suspects habituels dès lors qu'a lieu un crime ou un délit.
Mais si ce monde est différent de celui qu'il fréquente habituellement lors de ses enquêtes, Lew Archer y trouve les mêmes éternelles motivations criminelles : sexe et argent n'ont pas moins d'importance ici que dans les villas de Beverly Hills et les motifs psychanalytiques continuent d'imprégner l'oeuvre de Ross Macdonald.
Lew Archer se trouve ainsi confronté ici à de drôles de frères et soeurs, a un inquiétant cabinet de médecin et à la non moins inquiétante jeune épouse du docteur, à une jeune fille désespérée par la disparition de l'homme qu'elle aime, à un jeune noir qui semble tout faire pour apparaître comme le suspect idéal… de quoi former un imbroglio de taille dans lequel il s'échine à mettre de l'ordre avec cette ténacité et cette forme de cynisme qui sont sa marque de fabrique.

Digne successeur de Spade et Marlowe, Archer nous invite une fois encore dans une Californie oubliée avec femmes fatales, shérif un peu bas du front, petits bourgeois médiocres, gangsters du Nord se mettant au vert et répliques cinglantes :

« -Dites-moi, est-ce qu'il vous arrive souvent de trancher la gorge de vos clients ? J'ai eu quelques expériences décourageantes.
-Avec des détectives ?
-Avec des êtres humains. Les détectives sont des êtres humains.
-Vous débordez de compliments ce matin, madame… »

Avec son charme un peu suranné mais surtout une construction d'intrigue intelligente et au cordeau au service d'un portrait vitriolé de la société de son époque mais surtout des êtres humains en général, ce Sourire d'ivoire, comme les volumes précédents des enquêtes de Lew Archer se révèle séduisant. À lire comme on regarde un vieux film noir.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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La grimace d'ivoire est le quatrième roman de John Ross MacDonald paru en 1952 aux Etats-Unis. Il a été publié une première fois en France en 1953 sous ce titre originel aux Presses de la Cité, avant de reparaître une soixantaine d'années plus tard aux éditions Gallmeister sous un titre légèrement différent : le sourire d'ivoire.
On y suit un détective privé travaillant à Bella City, Lew Archer. Il est commandité par une riche femme mystérieuse qui le somme de suivre une autre femme, noire, qu'elle soupçonne d'avoir volé des bijoux. Archer accepte, même si cette mission lui paraît saugrenue tant c'est un travail que sa cliente pourrait faire elle-même. Il suit donc sa cible, dénommée Lucy Champion, jusque dans un motel miteux où elle trouve la mort. Alors que son fiancé est accusé du meurtre (l'arme du crime est un coutelas lui appartenant), Lew Archer trouve un détail intrigant sur le corps de Mrs. Champion : une coupure de journal parlant d'un riche héritier, Charles A. Singleton, porté disparu. Voilà que l'affaire s'épaissit, se complexifie.
On parle beaucoup d'un triangle d'or, dans le monde du polar noir, figuré par Dashiel Hammett, Raymond Chandler et John Ross MacDonald. Reprenant le concept du détective privé insolent mais loin d'être idiot, MacDonald s'impose effectivement comme un maître du genre, et le sourire d'ivoire – désolé, je vais prendre la dernière traduction en date – est son chef-d'oeuvre.
Les détraqueurs du genre stipuleront que c'est toujours plus ou moins la même histoire et on ne peut vraiment pas leur donner tort. Cela dit, c'est au niveau du traitement que la différence va se jouer et l'auteur réussit particulièrement bien son coup. Lew Archer relève parfois davantage du justicier que du détective privé, croyant à l'innocence du suspect numéro 1 concernant le meurtre d'une jeune noire dans un motel sordide, et doutant fortement de l'intégrité de sa cliente et de quelques personnes auxquelles il a à faire, à l'image de cette femme d'un médecin qui paraît d'entrée de jeu manipulatrice et fourbe. Il croise à plusieurs reprises un autre détective privé, engagé par la même personne, et dont la seule motivation reste l'argent et, peut-être le sexe.
Finalement, peut-être que cette histoire de vol de bijoux n'est qu'un prétexte, d'autant plus que la commanditaire porte un faux nom au moment où elle se présente à Lew Archer.
Notre détective privé évolue dans un monde ultra-violent, raciste, faux. Ce pourrait être les Etats-Unis des années 1950 comme ça pourrait être ceux des années 2010-2020. La ségrégation raciale existe toujours de manière officieuse, les lynchages subsistent toujours ; le Klu Klux Klan, bien que devenu une organisation illégale, laisse ses tentacules s'immiscer dans les affaires publiques.
Archer tente de raisonner les racistes, d'innocenter les types louches, et il y arrive, son intégrité n'étant jamais corrompue. On pourrait se dire que c'est trop beau pour être vrai, et ça l'est sans doute, ça manque de réalisme, surtout pour un polar noir – soit une plongée simple et directe dans l'humanité la plus crasse, la plus sombre et donc irrécupérable.
N'étant pas un fan absolu du polar – je ne lis qu'un hard-boiled par an, et encore -, je ne suis pas très objectif concernant ce roman qui m'a pourtant fait passer un excellent moment. Il se lit vite et bien, la plume de McDonald n'étant pas dénuée d'une certaine poésie et sonne encore comme un roman contemporain de part ses multiples thématiques malheureusement encore, pour certaines d'entre elles, trop actuelles.
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C'est toujours un immense plaisir que de lire un roman de Ross Mc Donald (merci aux éditions Gallmeister de rééditer les aventures du privé Lew Archer !). Les intrigues sont carrées, denses, haletantes. On rentre dans l'histoire dès la première phrase (ici , "elle était là, à attendre, devant la porte de mon bureau"). Et difficile de lâcher l'enquête une fois la lecture débutée...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le faisceau de ma lampe claqua sur le sourire d'ivoire de la mort.
A quinze centimètres au-dessus du niveau de mes yeux, les orbites noires d'un squelette pointaient leur regard vide vers le bas. Le temps du choc, je crus qu'il s'agissait des ossements d'un géant, mais je vis que les longues phalanges d'orteil pendouillaient à presque un pied du sol. (...)
Ca m'avait l'air d'être un individu de sexe masculin et je ressentis l'antique envie fraternelle de le prendre par sa main décharnée. Il était seul et triste. Je n'eus pas le cran de le toucher.
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Le ventripotent revint vers son bureau en ballottant de la bedaine. Ses avant-bras arboraient des tatouages qui ressemblaient aux tampons apposés sur les couennes d'entrecôtes. Celui de droite disait : JE T'AIME ETHEL. Ses petits yeux disaient : je n'aime personne.
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Una avait l'air malade. Ses cernes verdâtres avaient gagné en noirceur autant qu'en extension. Dans son pyjama japonais rouge, elle ressemblait moins à une femme qu'à un lutin asexué qui aurait vieilli en enfer.
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-Dites-moi, est-ce qu’il vous arrive souvent de trancher la gorge de vos clients ? J’ai eu quelques expériences décourageantes.
-Avec des détectives ?
-Avec des êtres humains. Les détectives sont des êtres humains.
-Vous débordez de compliments ce matin, madame…
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Elle ferma ses paupières à petits cils énergiques sur ses yeux noirs et durs. Peut-être entendait-elle une bande-son de violons fort lointains. Tout ce que moi j’entendais, c’était les bruits de moteurs et les klaxons des embouteillages sur le boulevard, un étage plus bas.
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Videos de John Ross MacDonald (3) Voir plusAjouter une vidéo
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