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EAN : 9782707329790
176 pages
Editions de Minuit (03/10/2016)
3.68/5   14 notes
Résumé :
A l’image du romancier américain Morgan Robertson, qui raconta le naufrage du Titanic avec quatorze années d’avance, les créateurs semblent disposer d’un accès privilégié vers l’avenir, qui leur permet d’anticiper les guerres, les dictatures ou les catastrophes naturelles.

Prendre la mesure de cette capacité prémonitoire ne devrait pas seulement inciter à leur confier des responsabilités politiques et à les associer aux recherches de la science, mais ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En 1898, Morgan Robertson écrit le naufrage du Titan, roman dans lequel il raconte le naufrage du paquebot transatlantique prétendu insubmersible ayant heurté un iceberg. Ses canots de sauvetage étaient en nombre insuffisant et 3000 passagers sont morts dans cette catastrophe fictive. Quatorze ans plus tard, l'histoire déjà écrite s'accomplit.
C'est le point de départ de cet essai de Pierre Bayard dans lequel il se demande comment certaines oeuvres de fiction ont ainsi semblé précéder la réalité. L'auteur considère que des écrivains et des artistes ont pu, dans leur oeuvre de fiction, annoncer des événements n'ayant pas encore eu lieu. Pourquoi pas. Si le postulat de base est original et intéressant, cette affirmation ne coûte rien et je regrette que l'ouvrage repose en grande partie sur cette hypothèse invérifiable et ne la mette pas plus en débat. J'ai beaucoup aimé les autres textes que j'ai pu lire de l'auteur, notamment sur la littérature, le plagiat par anticipation et les réinterprétations de classiques. Mais là, je trouve que le psychanalyste prend trop le pas sur le professeur de lettres ; la preuve en est qu'il en appelle souvent à Freud pour justifier ses idées. Les analyses m'ont semblé excessivement tirées par les cheveux et l'ensemble moins amusant que ses autres essais, peut-être parce que moins novateur, ou peut-être parce que je n'y ai pas trouvé la distance critique et le décalage humoristique attendus. le filon, comme l'attrait de la nouveauté, commence peut-être aussi à s'épuiser. Les conclusions sont redondantes, chaque fin de chapitre martèle que les politiques devraient davantage s'inspirer des artistes et leur réserver une place de conseiller.
Si Jules Verne, Tom Clancy, Akira Kurosawa, entre autres, ont pu inventer des catastrophes qui ont ensuite réellement eu lieu, c'est aussi parce qu'ils ont réfléchi et envisagé des événements possibles, probables, à partir de leurs connaissances et capacités d'invention et de déduction. Mais n'est-ce pas aussi le propre de l'artiste que de réfléchir sur son époque, de se documenter scientifiquement sur un sujet et d'en tirer certaines hypothèses, si possibles effroyables, ou au moins, sensationnelles ? Leur but n'est-il pas toujours de susciter de l'émotion chez leur public, et quel meilleur moyen d'y parvenir que de jouer sur ses peurs ou ses espoirs ?
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Il serait faux de penser que toute oeuvre artistique, et plus particulièrement littéraire, est annonciatrice d'événements à venir, mais l'intérêt de ces oeuvres, quand elles sont en avance sur leur temps, quand elles ont su capter une étincelle du futur, c'est qu'elles nous aident à penser l'impensable... et c'est bien le sujet de ce livre qui, par le biais de nombreuses oeuvres littéraires, mais aussi picturales (Ludwig Meidner) ou cinématographiques (Akira Kurosawa, Jean-Luc Godard), tente à nous faire découvrir ce qui était écrit à l'avance. Pierre Bayard est non seulement très cultivé, et généreux, puisqu'il nous en fait profiter, mais il écrit aussi de manière accessible, souvent amusante, ce qui rend son essai des plus captivant. Il nous donne ainsi pléthore de pistes pour découvrir des anticipations avérées ou dormantes (quand cela ne s'est pas encore produit), comme autant de point de rupture, de ligne de faille, d'éclat de temps : Kafka et sa Colonie pénitentiaire qui présageait les camps de concentration ; l'haïtien Frankétienne, qui écrivit une pièce de théâtre mettant en scène un tremblement de terre terrible, dont il fut peu après lui-même victime comme toute l'île malheureusement ; Houellebecq et Plateforme, ce roman se déroulant en Thaïlande et qui prédisait en quelque sorte les attentats de Bali l'année suivante ; Jules Verne, Franz Werfel, H.G.Wells, Tom Clancy et la liste est longue, vertigineuse même ! et vertigineuse à ce point que Pierre Bayard finit par conseiller à "ceux qui nous gouvernent", "de lire et de relire le célèbre auteur de science-fiction (Jules Verne), non pour admirer abstraitement et après coup sa prescience, mais pour essayer de deviner, dans l'intérêt de tous ceux dont ils ont la charge et dont ils négligent trop souvent les intérêts, de quoi notre avenir sera fait." Comme il a raison - et comme il le prouve bien avec cet essai admirable qui redonne espoir en les arts et la littérature d'ailleurs. Ah... vous vous demandez certainement pourquoi le Titanic fera naufrage comme titre ? Un roman racontait le naufrage identique d'un immense navire appelé le Titan, quatorze ans avant le drame (et je ne parle pas de l'adaptation avec di Caprio et l'affreuse chanson de Céline Dion, mais bien du naufrage du Titanic) !
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Dans sa vaste entreprise d'examen anticonformiste de la littérature, des textes et des écrits, Pierre Bayard explore avec *Le Titanic fera naufrage* un thème qu'il avait abordé par certains égards dans *Il existe d'autres mondes*. Il traite pour notre plus grand plaisir des oeuvres qui présentent, dans leur nature même ou dans certaines lectures qu'on peut en faire, des éléments de prospective, d'anticipation ou de prophétie, le roman *Futility* de Robertson faisant office d'étalon, lui qui, quatorze ans avant le fait, imaginait le naufrage d'un gigantesque navire appelé le *Titan*. Bayard analyse ce corpus d'oeuvres visionnaires, fait la part des choses et nous livre quelques pistes pour entrevoir comment certains écrivains démontrant une sensibilité extrême ont pu saisir, à même un télescopage de la temporalité, une part de futur, comme une lueur dans les entrailles du temps. Bien sûr, notre lecture de certains écrits peut à tort leur conférer une qualité visionnaire quand on trouve un nombre qui nous apparaît élevé de coïncidences, alors que ce phénomène apparemment surprenant ne relève que du nombre considérable de cas desquels est tiré l'échantillon. Cela pourrait s'apparenter aux théories qui voient une utilisation du nombre d'or dans une somme d'oeuvres picturales ou architecturales alors que c'est tout probablement le hasard qui a joué dans la proximité des proportions. Toutefois, sans parler de prophétie, Bayard accorde à certains écrivains une capacité de décrire avec un temps d'avance des évolutions et des événements qui ne sont pas encore survenus. Il serait donc fondamental, dans cet esprit, que les politiques prennent des dispositions permettant d'interpréter réellement ces anticipations et d'en tirer les conséquences. Voilà une autre contribution que la littérature de fiction pourrait offrir au monde réel.


Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Encore une fois très adroit et incroyablement sûr dans sa démonstration, Pierre Bayard met ses bonnes idées et son impertinence au service de l'Histoire de la littérature. Ainsi, s'il s'interroge sur la "conception linéaire de la temporalité" et s'amuse à perturber l'ordre des choses à base de "causes postérieures" et de "conséquences antérieures", il offre surtout au lecteur un cours magistral, au sens propre comme au sens figuré, et l'invite à à remettre en question sa lecture des oeuvres.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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critiques presse (1)
LaPresse
12 janvier 2017
Petit éloge du catastrophisme littéraire, idéalement destiné à ceux qui nous gouvernent.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Certains évènements comme le naufrage du Titanic semblent posséder une telle charge émotionnelle qu’ils ne peuvent, selon le mot de Proust, tenir tout entiers dans le temps trop bref qui leur est imparti et qu’ils produisent des effets avant même de s’être produits, projetant derrière eux et vers les créateurs qui les précèdent et les écoutent, de fugitifs éclats de temps.
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Personne, surtout parmi ceux qui détiennent une forme de pouvoir, ne semble tirer de conséquences pratiques de la capacité annonciatrice de la littérature. Devenue un lieu commun, cette prescience demeure en effet un fait abstrait dont un grand nombre d’observateurs reconnait l’existence, mais sans que lui soit octroyé pour autant le statut de découverte scientifique à part entière.
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"C'est donc à une tout autre manière d'écrire l'histoire de la littérature et des arts qu'invite la prise en compte des divers anticipations dont les œuvres sont porteuses.
Une histoire qui ne serait plus fondée sur une conception linéaire de la temporalité, mais sur une vision en vrille - attentive au jeu des causes postérieures et des conséquences antérieures -, grâce à laquelle les œuvres, situées au point de rencontre des traces du passé et des éclats du futur, pourraient compléter par leur connaissance du monde les expertises sur lesquelles s'appuient, de manière insatisfaisante, ceux qui ont en charge de notre destin."
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La littérature ne s’inspire pas seulement d’évènements passés ou présents, comme on pourrait s’y attendre, mas également d’évènements à venir.
On n’en finirait pas en effet de dénombrer les oeuvres littéraires, relevant de genres variés, qui, avec une plus ou moins grande précision, semblent décrire le futur et donner le sentiment que l’auteur a disposé un moment d’un accès privilégié à des évènements qui ne se sont pas encore produits.
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Si les scientifiques japonais, ne se limitant pas à l'expertise de leurs pairs, avaient embauché des créateurs et leur avaient ouvert leurs laboratoires en se soumettant à leur regard, et même à leur contrôle, l'une des plus grandes catastrophes industrielles de l'Histoire aurait pu être évitée.
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Videos de Pierre Bayard (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bayard
Nancy Murzilli invite Pierre Bayard & Yves Citton
Dans l'essai de Nancy Murzilli, la fiction est analysée sous le prisme d'une expérience de pensée. Raconter des histoires, jouer au pirate, interpréter un personnage de théâtre ou un rôle social, faire des projets, mentir, rêver, parler aux fantômes ou aux anges, communiquer avec le règne animal, lire l'avenir dans les tarots ou dans les astres, jeter des sorts, écrire des romans… Souvent perçues comme des échappatoires au réel, ces opérations mentales nous permettent de « savoir » et d'« agir » sans utiliser les moyens ordinaires d'information.
En avril et avec la complicité de la comédienne Anne-Laure Sanchez, Nancy Murzilli tirait les cartes à la Princesse de Clèves. Pour cette deuxième rencontre, elle invite deux « personnages » de son livre, Pierre Bayard et Yves Citton, chercheurs reconnus pour leurs travaux sur les fictions littéraires et sociales.
« Tout écrivain qui a discuté un peu longuement avec un lecteur attentif connaît cette expérience d'inquiétante étrangeté où il se rend compte de l'absence de correspondance entre ce qu'il a voulu faire et ce qui en a été compris. » Comment parler des livres que l'on a pas lus ?, Pierre Bayard
À lire – Nancy Murzilli, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, 2023 – Pierre Bayard, Et si les Beatles n'étaient pas nés ?, éd. de Minuit, 2022 – Yves Citton, Altermodernités des Lumières, Seuil, 2022 – Yves Citton, Faire avec. Conflits, coalitions, contagions, Les liens qui libèrent, 2021.
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