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EAN : 9782266084093
717 pages
Pocket (18/01/1999)
4.19/5   32 notes
Résumé :
Quand, en 1848, la jeune Américaine Olivia O'Rourke débarque à Calcutta, sa tante, digne aristocrate britannique, espère que cette villégiature se conclura par un bon mariage.
Mais, contrevenant aux règles de la bienséance, Olivia s'éprend de Jai Raventhorne, un énigmatique paria, bâtard d'un Anglais inconnu et d'une Indienne de basse caste.
Jai incarne à lui seul tous les charmes de l'Orient. Et il serait si bon de s'y laisser prendre... Les âmes char... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un réjouissante trouvaille faite dans une boîte à livres, entre Les Hauts de Hurlevent et Autant en emporte le vent, mais dans l'Inde coloniale, au 19° siècle (et avec des qualités littéraires légèrement moindres). le genre de bouquin qu'on dévore un peu honteusement, mais qui, loin d'être une romance écervelée, reste durablement dans la tête et aborde des sujets profonds et importants !

Olivia, une jeune Américaine indépendante, passe les vacances chez sa cousine anglaise à Calcutta. Sa tante veut absolument lui trouver un mari, mais Olivia a d'autres chats à fouetter. Elle ne s'intéresse pas vraiment aux hommes de la société anglaise de la ville et les trouve tous superficiels et pleins de préjugés qu'elle, en tant qu'Américaine libre, n'a pas. Un soir, lors d'une réception à laquelle il n'a pas été invité, elle rencontre Jai Raventhorne, un entrepreneur métis dont tout le monde parle en chuchotant. Il a une réputation terrifiante et un horrible caractère, mais témoigne un intérêt étrange à Olivia. En dépit des mises en garde et des signaux d'alerte, cette dernière ne reste pas insensible au charme vénéneux de Jai...

J'ai mis un peu de temps à me décider à lire ce livre, que j'avais pris sur un coup de tête. L'Inde est un pays qui m'intéresse beaucoup depuis toujours, et je trouve cette période de la colonisation britannique, avec cette culture unique qu'elle produit, le choc de deux mondes et les débuts d'une conscience nationale indienne particulièrement riche. Mais la lecture des premières pages ne m'a pas convaincu et j'ai dû m'y reprendre plusieurs fois avant d'être littéralement happée dans l'histoire (comme quoi, on ne peut pas juger un bouquin sur une page ou un début un peu mou !). Je pensais m'être embarquée dans une romance plate et un peu mièvre : j'ai été bien détrompée… si vous n'accrochez pas tout de suite, je vous conseille de continuer quand même. Il y a un énorme retournement au milieu du roman et à partir de là, l'histoire change complètement de ton. Elle passe de gentille romance niaise entre une « fille pas comme les autres » et un badboy à la tragédie épique. Les rebondissements s'enchainent, et à la fin, tout s'emboite parfaitement : on remarque alors qu'il n'y avait pas un détail superflu dans le roman !

Heathcliff et Catherine en Inde

Le roman est surtout marquant pour le protagoniste masculin, Jai, dont l'histoire hantera longtemps le lecteur. Tout le long du livre, on oscille entre la haine et la pitié : en tout cas, il ne laisse pas indifférent. C'est le prototype même de l'antihéros romantique, un genre de Heathcliff. Beaucoup de protagonistes masculins sont bâtis sur ce modèle, mais c'est rare que ce soit vraiment réussi : Heathcliff est vraiment très méchant et haineux dans les Hauts de Hurlevent, absolument irrattrapable. Ce n'est pas du tout un gentleman protecteur : il demande tout et ne donne rien d'autre que de la douleur et de l'amertume. Jai est le digne héritier de Heathcliff (c'est d'autant plus vrai lorsqu'on sait que Heathcliff est lui-même un « fils de bohémien » ramassé dans la rue par Earnsham, pour une raison obscure… comme Jai).
Quant à Olivia, c'est un genre de Catherine Earnshaw. Elle est tout sauf niaise, et tout en étant effectivement différente des autres filles de la colonie, elle ne tombe pas dans le stéréotype de l'héroïne « différente ». En réalité, elle apprendra elle aussi à nuancer ses jugements (on verra à cette occasion que les ladies britanniques ne sont pas toutes de sucre, loin de là) et fera de nombreuses erreurs, dont certaines auront des conséquences quasi insolubles. À plusieurs moments dans le roman, je me suis demandé comment Olivia allait se tirer de là, et comment l'auteur allait l'extirper de telle ou telle situation.
La galerie de personnages nuancés ne s'arrête pas au couple Olivia-Jai : il y a d'autres personnages marquants dans ce livre, comme l'oncle Joshua – qui va progressivement tomber de son piédestal de riche marchand britannique –, la cousine Estelle – que vous allez adorer détester – et Sujata, la jeune danseuse indienne entretenue par Jai Raventhorne. D'autres, pourtant morts, vous hanteront tout le long du livre : c'est le cas de la mère de Jai… mais je laisse au lecteur curieux la joie de découvrir tout cela. Comme dans toute romance, il y a les alliés, les rivales et les ennemis, mais aussi les non-dits, les lourds secrets, les malentendus aux conséquences tragiques et les incompréhensions qui ont fait les grandes heures du romantisme britannique et façonné toute la littérature de genre, des soeurs Brontë à Jane Austen. le tout sur une peinture de moeurs anglo-indienne parfaitement rendue. En cela, le roman est une masterclass qui coche toutes les cases.

Le seul défaut, dirais-je, c'est la langue, parfois maladroite, notamment dans la concordance des temps de certains passages (des souvenirs racontés au passé simple – le même temps que l'intrigue principale – alors que cela aurait été plus compréhensible au plus-que-parfait) ou la description du point de vue d'Olivia dans certaines scènes clés (dont la plus importante : les trois ou quatre pages de sexe explicite).D'ailleurs, l'autrice ne se gêne pas pour écrire des phrases choc, et certains passages, non édulcorés, choquent par leur violence. Derrière cette recension du mode de vie de cette société, l'autrice nous fait sentir l'injustice de la situation des serviteurs, le racisme, et réfléchir à la place des femmes, qui, sous couvert de galanterie et de bonnes manières, vivaient des choses assez dures, entre l'alcoolisme et la violence de leurs époux, le viol conjugal et les grossesses non désirées.

J'ai été très surprise que le roman ait été écrit par une autrice indienne, Asha Banjdeo, qui a pris un pseudonyme anglais pour le publier. le point de vue des colons britanniques qu'elle prend de manière si naturelle me donnait vraiment à penser – surtout au début – qu'il s'agissait d'un roman écrit par une Anglaise elle-même née dans cette société coloniale, et qui n'avait donc aucun problème pour faire état du racisme incroyable et des préjugés de cette société. Je trouvais le ton particulièrement bien trouvé parce que, si aucun des personnages ne condamne directement ce racisme structurel sur lequel, à l'époque, il n'y avait que très peu de recul, on sent pendant tout le roman à quel point il est injuste, cruel et infondé, notamment à travers le personnage de Jay, qui est le produit des deux cultures. Les personnages indiens sont très bien écrits aussi et n'ont pas du tout le rôle un peu caricatural qu'on peut retrouver dans d'autres romans décrivant l'Inde coloniale, comme la Mousson de Bloomfield par exemple. Les relations étroites qui existaient entre Indiens et Britanniques sont très bien décrites, et il apparaît que, plus encore qu'une société raciste, il s'agissait surtout d'une société de classe, avec les riches et les puissants d'un côté (riches commerçants, lords et maharajas) et les pauvres de l'autre (parias, métis, serviteurs, aventuriers blancs sans le sou, etc.).
Je me suis également étonnée de la finesse de la description de la société et des coutumes indiennes (religieuses, notamment), dépeintes sans aucun culturalisme. Je comprends mieux maintenant que je sais que l'autrice est directement concernée !

J'ai appris qu'il y avait une suite : le Voile de l'illusion. Et aussi un film allemand, qui m'a l'air un peu caricatural (avec une blonde déguisée en maharani et un genre d'Antonio Banderas)… ce roman ferait un film épique, à condition d'être fait avec des moyens et un réalisateur digne de ce nom ! Personnellement, je verrai bien Keanu Reeves pour le rôle de Jai !
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Le Trident de Shiva, c'est un peu un Autant en emporte le vent indien. Nous sommes à la moitié du 19e siècle à Calcutta alors colonie anglaise. L'impétueuse américaine Olivia, la petite vingtaine, est venue passer un an chez son oncle et sa tante. Au détour d'une fête ennuyeuse, elle rencontre le mystérieux Jai Raventhorne. L'homme est maudit par l'intelligentia en place, ce qui le rend d'autant plus attirant aux yeux de la jeune femme...

Dans l'Inde des colonies, Rebecca Ryman, nom de plume d'une indienne de souche, nous entraîne dans une formidable histoire d'amour passionnée sur fond de senteur exotique et de commerce maritime. Les personnages sont présentés assez rapidement et la plume de l'autrice les rend attachants dès les premières pages. Dans des décors très bien décrits sans en faire trop, le lecteur plonge littéralement dans cette fresque où l'on nous emmène chasser le grand tigre à dos d'éléphant, où le commerce de l'opium avec l'Europe fait la richesse de certains au désespoir des autres, où la maharani se révèle être une femme beaucoup moins effacée que l'histoire nous ne le laisse parfois croire...

Le roman de Rebecca Ryman est envoûtant et même s'il fait plus de 700 pages, il se lit très vite malgré quelques longueurs en milieu d'ouvrage. Olivia, la femme au caractère bien trempé, n'a décidément rien à envier à Scarlett O'Hara et Jai, le bad boy de l'époque, supplante même parfois ce cher Rhett Butler.
Une vraie découverte que ce roman indien qui se laisse dévorer.
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une très belle histoire d'amour où se mêle l'inde, la violence des sentiments, l'amour, la passion..une histoire très forte et superbe
On a toujours envie de lire un chapitre en plus pour connaitre la suite
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J'ai commencé ce roman un peu par hasard. le titre m'a attirée car je m'intéresse à l'Inde, mais les romances ne font pas du tout partie de mes lectures. Mais comme c'était pour passer le temps dans les transports publics, j'ai décidé de lui accorder une chance.
Et j'ai été happé malgré moi par la narration, autant par le décor que par les personnages et l'histoire d'amour passionnée entre Olivia et Jai.
J'ai particulièrement apprécié la description de la "bonne" société anglaise, colonie d'Inde, enclavée par ses préjugés, paralysée par ses règles.
J'ai apprécié aussi les descriptions très sensorielles : Rebecca Ryman n'oublie ni le toucher ni le goût. le climat, si important en Inde, est très présent, tantôt chaleur écrasante, touffeur assommante ou pluie diluvienne.
Il y a quand même des bémols. D'abord des longueurs dans le milieu et dans la toute fin du roman, surtout après le duel très prenant entre les deux personnages.
Ensuite une propension un peu exagérée à l'impassibilité. Enfin, une crispation des caractères, notamment celui d'Olivia qui n'est pas entièrement justifié ou qui aurait mérité d'être plus expliqué. Ce qui est dommage, car tous les personnages sont très humains, avec leurs défauts, leurs qualités et leurs contradictions (qu'ils assument ou pas).
Bref, un bon moment de lecture, une agréable surprise.
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C'est ma tasse de thé !
On cite trop souvent Autant en Emporte le vent, Love Story ou La Nuit des Temps dans le genre des romans d'amour. Comment j'ai découvert le Trident de Shiva dont trop peu de gens parlent ? Je ne me souviens plus...

Et pourtant...Sans sombrer dans le fleur bleu romantico-cucu, on se laisse envouter par les effluves de thé, les yeux dorés de l'Homme, le charme de la Femme, les couleurs de l'Inde coloniale. A recommander à toutes et tous les romantiques et ceux qui ne le sont pas mais qui en auraient besoin !!

A mettre dans la valise pour les vacances !!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Parce que Calcutta n'est rien d'autre qu'un village et le téléphone arabe y marche très bien. Et parce qu'une femme blanche censée s'y fait autant remarquer qu'un oiseau de paradis au milieu de poules caquetantes.
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