AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Jacques Lefrère (Éditeur scientifique)
EAN : 9782907681667
240 pages
Tristram (07/05/2008)
3.67/5   20 notes
Résumé :

Tous les personnages du Tutu sont des excentriques, des extravagants, voire des monstres - au sens propre du mot. Le premier d'entre eux, Mauri de Noirof, épouse une riche héritière obèse et portée sur la boisson, engrosse une femme à deux têtes qui s'exhibait dans les cirques, devient député, ministre de la Justice, et se livre en compagnie de sa mère à des orgies de débris anatomiques. Imprim&#... >Voir plus
Que lire après Le tutuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Petit plaisir décadent, pour amateur de provocation vintage, millésime 1891.

Une sotie placée quelque part entre l'À rebours de Huysmans (pour le transhumanisme) et Les onze mille verges d'Apollinaire (mais dans une obscénité plus tranquille et avec plus de variété dans le propos), avec une pointe de Jarry, voire un soupçon de Mirbeau. En tous cas une sotie réussie, légère. Il ne fait pas trop lui en demander, mais elle le fait bien.

Il est probable que l'auteur anonyme ait été quelque peu en froid avec la hiérarchie catholique de son époque. Une ambiance farcesque en contrepoint avec le Jean Barois de Roger Martin du Gard et son récit de la crise du modernisme.

Reste une question obsédante : à quoi la grenouille sert-elle ?




Commenter  J’apprécie          20
Lorsqu'il se trouva sur le trottoir, une pluie fine, persistante, pareille à de l'eau pulvérisée, et si ténue, si ténue qu'elle tombait à peine, de sorte qu'il était difficile de reconnaître si elle venait d'en haut ou si elle s'élevait de la terre; une pluie impalpable, telles des molécules d'air liquéfiées, ouatait le boulevard d'un brouillard que les becs de gaz avaient peine à percer. Mauri de Noirof, la tête un peu étourdie, s'aventura au hasard, s'arrêta, tournoya sur les talons, reprit sa marche biscornue, ayant un souvenir confus de la chose qu'il venait de commettre pour la première fois.
Commenter  J’apprécie          21
Dans un style virevoltant, l'auteur anonyme nous emmène sur les traces de Mauri de Noiroff, énergumène patenté, semblant sortir tout droit de nul part et qui pourrait bien, lui aussi, attendre Godot tant sa vie est absurde. Il faut dire, pour sa défense, qu'il fut échangé et perdu à sa naissance, puis retrouvé par ses parents au bout de quelques semaines dans des conditions rocambolesques et qu'une telle aventure à un age si jeune ne pouvait que perturber légèrement le jeune homme. Mais de là à s'adonner sans haine ni plaisir à la fornication avec des soeurs siamoises dont l'une est atteinte de gangrène et à inventer la guillotine phallique pour les coupables d'adultères, il y avait de la marge! Bref, vous l'aurez compris, ce livre est un joyeux foutoire qui ne respecte rien ni personne et c'est justement ce qui fait son charme...
Lien : http://asclepieia.free.fr/bl..
Commenter  J’apprécie          50
Pour celles qui comme moi aiment les tutus et ce qu'il y a en dessous. Un extrait croustillant dans la revue finissante Amer. Comme un avant goût, lorsqu'on y met la langue.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
Telerama
28 octobre 2015
C'est surréaliste avant l'heure, rabelaisien, décadent et sulfureux. Incontournable, donc.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Une vision fantastique fit loucher Mauri.
Dans le mitan de la serre, s'élevait un arbre aux branches duquel poussaient des corps humains en formation ou presque parfaitement constitués. Le tronc de cet arbre ressemblait à tous les troncs d'arbres ; en revanche, ses feuilles, carrées, avaient l'épaisseur et le lisse d'une portion de courroie de cuir, et elles étaient pourvues de soupapes microscopiques dont les accélérés mouvements indiquaient l'activité de la respiration des êtres qui se balançaient, en l'air, comme des pendus. Les branches étaient fortes ; chacune d'elles ne portait qu'un fruit humain. Celui-ci y adhérait, par la tête, au moyen d'un pédoncule qui se brisait lorsque le corps était mûr. Mais le docteur pouvait toujours, à son gré, prévenir la rupture du pédoncule et laisser, pendant un très long temps, le bonhomme suspendu à la branche. Ainsi, il y avait un fœtus de quatre mois, un enfant de deux ans, un autre de six ans, un troisième de dix ans. Une jeune fille de seize ans, admirablement belle, conversait avec un barbu qui avait dépassé la trentaine et qui fumait une pipe. L'arbre avait treize branches, et chaque branche produisait un être de race différente. Français, Anglais, Grec, Russe, Scandinave, Italien, Hongrois, Espagnol, Chinois, Japonais, y étaient représentés. La collection se complétait par un aveugle, un sourd-muet et un décapité.
Commenter  J’apprécie          50
Et lorsqu'il l'entretint finement des plaisirs charnels que le mariage autorisait entre personnes de différents sexes, elle lui fit entendre qu'elle n'aimerait jamais ça, que cela n'était pas propre, qu'elle ne se mariait pas pour cela, qu'elle était réfrigérante comme la machine de la Morgue.
- J'ai déjà essayé, dit-elle, je n'ai pas pu.
- Pu quoi ?
Elle baissa les yeux, ne rougit pas et répondit, toujours d'une voix engorgée :
- Mais ça !
- Avec qui ?
- Oh ! avec mon moral. Plus je pense à ça, plus je deviens cadavérique, plus je m'encercueille les sens ad hoc. Tenez, si nous continuons à parler de ça, je vais m'enrhumer.
Elle allait s'enrhumer ! Il croyait rêver. Détraquée, elle aussi ? Mais c'était le bonheur, alors !
Commenter  J’apprécie          80
Il avait mal à la tête et la mémoire lui était infidèle. Elle lui était tellement infidèle qu'il lui arrivait souvent de rester des heures entières dans une stupéfaction profonde : il ne se rappelait plus son propre nom. Cela lui venait de son père qui oublia, un jour, de vivre à la suite d'une légère blessure que lui fit une locomotive en lui passant en travers du corps. L'accident rapporta à la veuve trois ou quatre cent mille francs de dommages-intérêts. Cette fortune, inespérée, permit à la mère de mettre son fils en pension, et de lui donner une bonne instruction. Mauri, diminutif de Maurice, suivit les cours de la Centrale où il ne se distingua par rien du tout. Il n'apprit rien, et fut nommé ingénieur. Quand il sortit de l'école, il entra au bordel. Quand il sortit du bordel, il voulut y rentrer.
Commenter  J’apprécie          30
En ce moment, tous les hommes mangeaient. Avec une adresse aussi remarquable que celle d'un adolescent qui plonge un stylet dans le cœur de sa sœur bien aimée, Dieu fit déposer, dans leurs nourritures, une étincelle électrique surchargée d'acide prussique, et instantanément..., le Ciel fut envahi par une nuée d'âmes excessivement noires. Des crocodiles surgirent de toutes parts, ils avalèrent les cadavres, et c'est du haut d'une montagne de carpes vivantes que Mauri jouit d'un spectacle véritablement grandiose. Un voile de pourpre flottait dans l'espace, strié de lamelles de consciences pures ; les quatre coins du voile étaient tenus par des anges nus, transparents, cependant que la terre se dissolvait et que l'orchestre divin exécutant la marche triomphale suivante : LA FIN DE LA CHAIR (partition).
Commenter  J’apprécie          20
Il passa devant la glace extérieure d'un marchand d'antiquités, et se regarda; il se regardait probablement pour la première fois , car son étonnement fût extrême. Comment, c'était lui, cette grande carcasse mouillée, avec une figure tirant sur le vert-cadavre-de-noyé-ayant-séjourné-trois-mois-dans-l'eau, avec cette cravate nouée de travers, les boutons de la redingote passés dans les boutonnières du gilet, et des sillons de pluie sur la joue, et de la saleté partout? Il se dit:
- J'ai l'air d'un mendiant, je vais me donner deux sous.
De la main droite, il prit un sou dans la poche de son gilet, et se l'offrit généreusement.
- Tient, mon vieux, c'est de bon cœur.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : 19ème siècleVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (53) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11089 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}