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Auguste-Henri Blanc de La Nautte Hauterive (Traducteur)
EAN : 9782841580033
152 pages
Climats (15/05/2003)
4.04/5   50 notes
Résumé :
Tolstoï écrit cette nouvelle en 1859. Elle est perçue, notamment par Romain Rolland, comme étant « l oeuvre la plus pure qui soit jamais née de lui ». Il ajoute également que « c est le miracle de l amour ». Cet ouvrage se démarque du reste de la production de Tolstoï dans le sens où pour la première fois, l'auteur choisi de se glisser dans la peau d'une femme pour raconter son récit. Avec des mots emplis d'émotions il retrace sa propre expérience du mariage et anti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ecrit juste après Trois morts, et avant son mariage avec Sonia/Sophie, « le bonheur conjugal » semble être le journal de la toute jeune Macha, qui, après la mort de ses parents, seule et déprimée, voit un ami de son père s'approcher pour aider les affaires du domaine.
Elle ne sent aucune attirance pour cet homme plus vieux et un peu bedonnant, puis se laisse prendre au jeu de vouloir lui plaire, non pas en jouant de ses charmes, mais en se rendant parfaite, en jouant de la musique pour lui (Tolstoï jouait chaque jour du piano) et surtout en se persuadant qu'il l'aime, même s'il ne veut pas l'avouer.
Etrangement, elle se sent non seulement diminuée par sa jeunesse, mais presque coupable, puisqu'elle veut lui appartenir et ne faire qu'un avec lui…. jusqu'au jour du mariage, où son monde finit : le plus jamais s'impose à elle, et pire encore ;
« Dans mon âme il y avait le bonheur, le bonheur envolé à tout jamais, le bonheur qui n'est pas revenu. » dit-elle à la veille de ses noces.

Les mois passent, entre rires, regards et sonates au piano, ils sont heureux « lui seul existait pour moi sur terre et je le considérais comme l'être le plus admirable, le plus infaillible du monde. »

Le bonheur conjugal se base sur les regards : parfois elle le regarde dans les yeux, ou lui la regarde en pleine face, symbole de la pureté de leur intention de tout se dire, parfois, lorsqu'elle veut aller au bal, elle le regarde d'un air suppliant.
Car, rapidement, cette fusion parfaite, cet accord de deux âmes achoppe dans l'ennui, elle veut du changement et voudrait bien bousculer la tranquillité d'homme mûr de son mari Serge.
Le bal ! là où son idée fixe de plaire à son futur mari, puis mari, de ne faire qu'un l'un avec l'autre lui échappe! le bal où elle devient le centre autour de qui tous les regards tournent, car elle est belle, les autres hommes la regardent et le mari détourne les yeux.
Le ver est dans le fruit, elle accepte, dit-elle, de renoncer aux plaisirs mondains, de se sacrifier, dit-elle et lui, Serge, est offensé par ce mot, elle surprend son regard attentif, sévère et comme chargé de reproche fixé sur elle. .
« A dater de ce jour un abîme s'était ouvert entre nous. »

Comment le bonheur peut-il se dévoyer si rapidement, alors que les deux partenaires veulent construire ?
Comment Tolstoï voit-il le mariage, lui qui va bientôt demander la main de Sonia/Sophie ?
Comment un couple peut-il se déconstruire sans une seule dispute, sans affrontements, sans intérêts contraires ?
Comment ce qui aurait pu continuer avec échange de regards et de complicité, comment la même superbe lune au-dessus de leur toit n'a pas changé, elle, et que Macha sent épouvantée la distance et la froideur de leurs rapports, comme si le regard de Serge était comme dérobé par un nuage ?
Comment l'ancienne plénitude de vie s'est éloignée pour eux deux et pour elle qui y croyait ?
Pire encore, elle lui demande en le regardant dans les yeux s'il regrette le passé, et non, il ne regrette rien, l'amour a changé, d'accord, mais il est toujours là pour lui.

C'est un vieillard.
Tolstoi a été comme Macha, insatiable, changeant, désirant ce qu'il n'a pas. Il voulait se marier, mais ce « bonheur conjugal » donne déjà un son lugubre inquiétant.
Il n'aime pas cette nouvelle « honteuse abomination » dit-il à son éditeur, qui, lui, a de suite compris l'écriture singulière de Tolstoï, prémice de la « Sonate à Kreutzer. »
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De Tolstoï, il y a quelques nouvelles très connues et d'autres bien moins. Celle-là, je n'en avais jamais entendu parler. C'est une oeuvre de jeunesse, rédigée en 1859, alors qu'il voyageait à travers l'Europe et ne faisait que caresser l'idée de fonder un foyer. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il avait déjà une idée précise de ce qu'il voulait chez sa future femme, de ce qu'il ne voulait pas et de ce qu'il craignait.

Ce texte, c'est en quelque sorte l'antithèse de sa plus célèbre nouvelle sur le mariage. Dans ‘La sonate à Kreuzer', le couple est en apparence assorti, ils partagent les mêmes goûts, et la femme finit par succomber aux charmes de son professeur de piano italien, et au couteau de son mari. Dans ‘Katia', les deux ont vingt ans d'écart ; il n'aime que la campagne et les plaisirs simples, elle se découvre une passion pour la ville et la vie mondaine… Mais in fine elle ne tombe pas dans les bras de son vicomte italien, et tout finit bien : les époux se retrouvent, et reconstruisent une relation stable basée sur une meilleure connaissance mutuelle.

Le mariage était visiblement l'une des grandes préoccupations de Tolstoï ; s'il n'envisageait pas de vivre sans fonder de famille, l'incompréhension mutuelle avait l'air d'être sa principale peur. Que faire si le fil du dialogue, ce fil qui semblait si solide, se brise subitement ? Comment le reconstruire, dans une société qui ignore la notion de divorce ou de séparation ? Et si on n'y parvient pas, comment continuer à vivre côte à côte ? Il ne trouva probablement pas lui-même les réponses à ces questions…
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Rentrons dans une librairie et jetons un oeil sur les magazines disposés dans l'étalage. Les mannequins anorexiques en pose lascive côtoient les voitures de luxe et les photos de rénovation de maison, plus parfaites les unes que les autres, se partagent la vedette avec des articles de psychologie de comptoir. Chaque activité a son périodique de référence. Parmi cet enchevêtrement de papier glacé, les inénarrables magazines de bien-être ont une place de choix: “Comment sauver son couple?” … “Comment passer le cap de 7 ans?” …“Sexe, Pimenter ses ébats!”

Ainsi la thématique de l'amour n'est pas nouvelle et façonne l'être humain depuis des siècles. Il suffirait, par exemple, que je prononce le titre d'un roman comme Les liaisons dangereuses pour que cela évoque, chez la plupart des lecteurs, le sujet des relations amoureuses. Il est étonnant de voir à quel point l'amour tient une place prépondérante dans les écrits à travers le temps. Sans faire de bruit, du moins en francophonie, un écrit, ayant cette thématique de l'amour, est injustement méconnu du grand public. Il s'agit de la nouvelle le bonheur conjugal de Léon Tolstoï publiée en 1859. Analyse.

Il convient de rappeler, en premier lieu, que l'écrivain russe, certainement plus qu'un autre, a produit des romans qui s'inspiraient de son réel. Dans le bonheur conjugal, cette histoire d'une jeune fille tombant amoureuse d'un homme plus âgé n'est pas sans rappeler sa relation avec Valérie Areniev mais surtout avec celle qui deviendra sa femme, de seize ans sa cadette, Sophie Tolstoï.

Maria, l'héroïne de la nouvelle, n'a alors que dix-sept ans quand elle tombe en pâmoison pour un ami de son père. Elle n'est déjà plus tout à fait une enfant et pas encore totalement une adulte quand son coeur flanche pour Sergueï. Là où lui a conscience que l'amour a des conséquences, elle, est dans la naïveté et l'amour fantasmé:

“Il y avait encore tout un monde étranger dans lequel il jugeait inutile de me laisser pénétrer et c'était cela qui, plus fortement que tout, nourrissait mon respect et m'attirait vers lui. »

Au fur et à mesure de leur relation, Maria sera confrontée au réel. Elle devra se défaire de ses constructions mentales pour comprendre ce qu'est réellement une vie de couple. Dans ce sens, le Bonheur conjugal est aussi le récit de l'initiation à la vie d'adulte. J'en veux pour preuve le passage où Maria fait une scène à Sergueï au sujet de son besoin de bouger – d'avoir de la nouveauté:

“Je n'ai rien contre toi, dis-je. Seulement, je m'ennuie et je voudrais ne pas m'ennuyer. Mais tu dis qu'il doit en être ainsi et, encore une fois, tu as raison!”

L'apprentissage de la vie va ainsi de pair avec celui de son amour pour Sergueï. On dirait aujourd'hui qu'elle doit faire “sa vie de jeune chien”, d'expérimenter par elle-même, de tomber, réfléchir, se relever et avancer afin de gagner en maturité.

Maria apprend, à ses dépens, que l'amour-fusion n'est qu'une chimère et qu'elle devra accepter qu'un couple est, avant toute chose, la rencontre de deux identités clairement différentes qui décident à chaque instant de passer du temps ensemble ou de se séparer.

A ce titre, le Bonheur conjugal sera toujours une nouvelle contemporaine car Tolstoï a identifié le mécanisme de maturité chez l'être humain, de ce passage à l'âge adulte et de le plaquer sur l'histoire d'un couple. Ainsi les tiraillements intérieurs de Maria ne disaient, déjà, pas autre chose que certains articles de psychologie, soit-disant, actuels.

« Nous avions même cessé de nous émouvoir du fait que chacun eût son monde à lui, étranger pour l'autre. Nous étions accoutumés à cette pensée et, au bout d'un an, notre vue cessa même de se troubler lorsque nous nous regardions. Disparus ses accès de gaieté avec moi, ses enfantillages, disparues cette miséricorde et cette indifférence à tout qui m'indignaient autrefois, disparu ce regard profond qui jadis me remplissait de trouble et de joie, plus de prières, d'enthousiasme à deux. Nous ne nous voyions même plus souvent ; il était sans cesse en déplacements et ne craignait plus, ne regrettait plus de me laisser seule: j'étais constamment dans le monde, où je n'avais pas besoin de lui. »

Enfin pour la petite histoire, originellement, Tolstoï baptisa cette nouvelle « Anna » avant de se raviser et de lui préférer le Bonheur Conjugal. Cette histoire serait-elle l'antichambre de son roman phare Anna Karenine? Il est permis d'y songer sérieusement…
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Ah l'Amour ! Serge mikhaïlovitch retrouve les enfants de son ami, mort un an auparavant. Depuis la disparition de leur père, l'aînée Katia, la petite Sonia et Macha coulent des jours tristes à la campagne, dans leur domaine de Nikolskoïé. La venue de cet ami considéré comme un oncle qui les a vues grandir leur donne du baume au coeur et apporte la joie et la sérénité qui caractérisent le vieux mikhaïlovitch. Enfin, vieux... A 35 ans, c'est pourtant ainsi qu'il se sent après avoir tout vécu et ne désire plus que le calme de la campagne et s'occuper des affaires de son domaine.

Aussi est-il fort surpris de découvrir une Macha devenue jeune femme et fort jolie de surcroît. Son coeur se remet à battre. Mais que peut-il espérer avec cette différence d'âge qui les sépare ? Macha n'a rien connu, n'a rien vécu et il serait dans l'ordre des choses qu'une jeune fille rêverait d'une vie trépidante à la ville, entourée d'ami(e)s, comblée et courtisée par des jeunes gens de la bonne société, au lieu de vouloir s'enterrer au fin fond de la campagne russe.
Mais quand l'amour vient à naître aussi dans le coeur de Macha pour cet homme charmant, bon et calme, quel avenir les attend ? Je vous laisse le plaisir de le découvrir !

Non seulement c'est un très beau roman d'amour mais aussi une réflexion sur l'union, les aspirations de chacun, la différence d'âge dans un couple (bien que ce soit une chose parfaitement courante à l'époque), la confiance et la sincérité ou le doute et la futilité. Quel est le sens que nous voulons donner à notre vie ? L'auteur nous apprend qu'il faut d'abord apprendre à se connaître soi-même pour faire des choix que l'on ne regrettera pas.

Décidément, TolstoÏ est un excellent conteur, même dans le domaine de l'amour.


Et je vous dis, à bientôt les babéliami-e-s ! :-))
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Les Trois questions
L'éon tolstoï. 1903.

Conte philosophique d'une dizaine de pages, écrit en août 1903 à Iasnaïa Poliana.

Un roi pensa un jour, pour dissiper tout ennui, poser trois questions aux gens de son royaume. Il le fit et promettait une forte récompense à celui qui lui donnerait la réponse.

Ces 3 questions étaient :
Comment savoir le temps opportun pour chaque affaire ?
Quelles sont les gens les plus nécessaires ?
Comment ne pas se tromper dans le choix de l'oeuvre la plus importante de toutes ?

Des savants se précipitèrent pour répondre à la première question mais ne surent apporter la bonne réponse. Aucun n'était d'accord.
Un deuxième groupe de gens tentèrent de répondre à la deuxième question. Là aussi la réponse ne fut satisfaisante et les avis divergeaient.
Cette fois, un troisième groupe plancha sur la troisième question, et là aussi même constatation vaine.

Alors le roi devant la diversité des réponses les réfuta toutes et ne récompensa personne.

Il décida de consulter un ermite réputé être un sage. Celui-ci vivait dans la forêt, n'en sortait jamais et ne recevait que des gens simples.

Alors le roi pour ne pas compromettre ses chances se déguisa en pauvre. Il fit arrêter son escorte avant la cellule de l'ermite et se présenta seul.

L'ermite était en train de cultiver sa terre. Il était maigre et faible. le roi le salua et lui posa donc ses trois questions, et l'ermite ne lui répondit pas;

Embarrassé, le roi proposa à l'ermite de l'aider considérant qu'il devait être fatigué. le roi prit la pelle et releva la terre. A un moment donné, il fit une pause et renouvela ses questions, mais l'ermite resta muet.

Le roi entreprit alors de poursuivre sa tâche. pelle à la main. le temps passa jusqu'au soleil couchant. Et là l'ermite interrompit le roi et lui dit : -regarde le pauvre homme qui court là-bas. L'homme se rapprocha d'eux et visiblement tenant son ventre protégeait une vilaine blessure à cet endroit ; du sang coulait à l'intérieur de son habit. Il s'affala devant le roi et se mit à gémir. le roi alors entreprit de le soigner, lava sa plaie et mit un bandeau..

Au bout d'un certain temps, le sang s'arrêta de couler, et le pauvre homme se mit à parler au roi ..-Tu ne me connais pas, mais moi je te connais, je suis ton ennemi, celui qui a juré de se venger de toi, parce que tu es mon frère et tu m'as ravi mon bien . Ayant appris que tu venais seul chez l'ermite, j'avais résolu de te tuer. je voulais t'attaquer à ton retour, mais ne te voyant pas, je suis tomber par malchance sur tes compagnons. Ils m'ont reconnu, et m'ont blessé ; J'ai réussi à prendre la fuite ..


Je m'arrête là sinon je vais dévoiler la fin. Ce conte est connu dans l'oeuvre de l'auteur russe, mais pas autant qu' il le mérite. Il a influencé d'autres artistes qui l'ont interprété à leur manière, je pense à Jon J Muth qui en a fait avec succès un conte pour enfants.

Je ne me lasse pas de relire cette petite merveille. Cette année là qui fut pour l'écrivain russe une année paisible et laborieuse à IasnaÎa Poliana, il avait renoncé alors de passer l'hiver à Moscou, Il écrivit dans la même veine, avec la maîtrise totale de son art, Après le bal, le Faux coupon, dans la foulée de Hadji Mourat dont Troyat disait qu'il signa cette oeuvre romanesque pure, d'une extraordinaire beauté, comme s'il voulait se montrer à lui-même que l'artiste n'était pas mort. Voilà pour situer un peu un tolstoï pourtant occupé à la propagation de sa doctrine ..

tolstoï note dans son journal 1903 qu'il n'est pas content du premier jet de ce conte. J'imagine qu'il va le retravailler pour en faire cet écrin de littérature. Par contre il note pour Après le bal toute sa satisfaction de la nouvelle qu'il écrit en une journée. Et là, pour une fois, je suis pleinement d'accord avec lui !! Il ne s'arrêtera jamais de pourfendre sa littérature, ses distractions comme il disait. C'est là qu'on mesure toute la complexité de sa personnalité, il y avait vraiment de l'animal en lui : satisfait, pas satisfait, nonobstant son incroyable exigence, bien entendu !
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Soudain, il m’arriva quelque chose d’étrange : tout d’abord, je cessai de voir ce qui m’entourait puis son visage disparut devant moi, seuls ses yeux brillaient et semblaient être tout près de moi ; ensuite, j’eus l’impression que ces yeux étaient en moi . Tout se troubla, je ne vis plus rien et je dus fermer les yeux pour m’arracher au sentiment de délice et d’effroi que produisait en moi ce regard.
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Lorsque je regardais en avant, dans l’allée que nous suivions, j’avais tout le temps l’impression qu’on ne pouvait pas aller plus loin dans cette direction, que là-bas le monde du possible prenait fin, que tout cela devait être fixé à jamais dans sa beauté. Mais nous avancions, le mur enchanté de la beauté s’écartait et nous laissait passer ; notre jardin familier semblait être là-bas, lui-aussi, avec ses arbres, ses sentiers, ses feuilles mortes… Mais à chaque pas, derrière nous et devant nous, le mur enchanté se refermait , et je cessais de croire qu’on pût encore aller plus loin, cessais de croire en tout ce qui était.
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Serge Mikhaïlovitch arriva. Je le vis par la fenêtre approcher dans son petit traîneau,et, aussitôt qu'il eut dépassé le coin, je me rendis en hâte au salon et voulut faire semblant de ne pas l'avoir attendu du tout. Mais dès que j' entendis dans l'antichambre le bruit de ses pas, sa voix sonore et les pas de Katia, je n'y tins plus et allai moi-même à sa rencontre. Il parlait à haute voix et souriait en tenant Katia par la main. Lorsqu'il m'aperçut, il s'arrêta et me regarda sans me saluer. Cela me mit mal à l'aise et je sentis que je rougissais ..
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- Est-il possible que chez toi il n'y ait pas aussi une espèce de nostalgie qui se mêle à la délectation de la nature, une espèce de regret du passé?
Il retira sa main qui caressait ma tête et se tut un instant.
- Oui, autrefois cela m'arrivait aussi, surtout au printemps, dit-il, comme s'il cherchait à se souvenir. Moi aussi, je passais des nuits à désirer, à espérer, de belles nuits!... Mais alors j'avais tout devant moi, maintenant tout est derrière moi; maintenant, ce que j'ai me suffit et c'est merveilleux, conclut-il avec une assurance si désinvolte que, bien que cela me fît mal d'entendre cela, je pensai qu'il disait la vérité.
- Et tu ne désires rien? lui demandai-je.
- Rien d'impossible, répondit-il, en devinant mon sentiment. Tu vas te mouiller la tête, ajouta-t-il, en me caressant comme une enfant et en passant encore une fois la main sur mes cheveux; tu envies le feuillage et l'herbe parce que la pluie les mouille, tu voudrais être l'herbe et le feuillage et la pluie. Moi je me contente de les contempler avec joie, comme tout ce qui est heureux, jeune et beau sur cette terre.
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Il y avait encore tout un monde étranger dans lequel il jugeait inutile de me laisser pénétrer et c’était cela qui, plus fortement que tout, nourrissait mon respect et m’attirait vers lui
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